Automne

Autrefois, épris de grands espaces, de paysages et de nature, je voyageais loin pour trouver la puissante sensation de solitude. En automne de préférence, pour bénéficier du surcroît de colorations que révèle cette saison.

Désormais, voulant réduire l'impact de mes déplacements, j'ai fortement réduit mon périmètre d'exploration. Ce qui reste à ma portée est moins sauvage, certes, mais néanmoins fort esthétique. Surtout en automne. Quant à la sensation de solitude...

Photos prises début novembre dans le Parc Naturel Régional du Queyras
 

Comments

[Célestine]

Les paysages que tu as publiés sont de toute beauté, soit dit en passant. quelle merveille !
J'ai évidemment remarqué les points de suspension après le mot solitude. Il est toujours fascinant de constater que chaque personne a ses thèmes de prédilection. La solitude est l'un des tiens, tout comme la liberté dont nous discutions récemment. Mes thèmes seraient plutôt l'amour et l'émerveillement. C'est ce qui fait la richesse de l'altérité, lorsque l'on confronte sa façon d'appréhender le monde et son rapport à la vie.
J'ai quand même une interrogation : quand tu réponds à Julie que tu ne retrouves plus cette sensation, alors que ces espaces réservés ne semblent quand même pas surpeuplés, surtout en cette saison, je me demande si tu ne confonds pas solitude et sérénité. La sérénité, ce sentiment profond d'unité avec le paysage, avec l'univers tout entier, avec tous les êtres vivants, cette respiration large et agréable que donne la contemplation des infinis, l'horizon, la mer, les étoiles... Cette sérénité qui nous emplit quand rien ne vient la troubler, mais que l'on peut éprouver même assis à côté de quelqu'un, dans la mesure où aucune parole ne vient troubler le silence.
Le sentiment de solitude, pour ma part, j'ai pu l'éprouver parfois même au milieu d'une foule, et ce n'est vraiment pas agréable.Cela ressemble à un vertige d'angoisse. Un sentiment de glisser vers un gouffre glacé. Une perte de connexion.
Les deux sensations commencent par la même lettre, mais elles ne provoquent pas du tout la même chose dans le corps comme dans l'âme. Mais bien sûr, ce n'est que mon ressenti et il n'engage que moi.
Je t'embrasse cher Pierre.
 •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

[Couleur Pierre]

Me lasser de la solitude, écris-tu, Julie ? Hmmmm, si depuis quelques temps je m'interroge sur mon penchant vers celle-ci, je n'en suis pas encore à m'en lasser ;)

Disons qu'apprécier les moments de convivialité n'est pas contradictoire avec le désir de solitude.

[Couleur Pierre]

Tu as l'art de commenter en m'ouvrant à la réflexion, Célestine :)

Oui, nous avons des thèmes de prédilection qui se rejoignent parfois et la solitude, dans une certaine mesure, en fait partie. La liberté davantage encore. L'amour, cela va de soi. L'émerveillement aussi, quoique cette notion me semble moins partageable (sans que je puisse dire pourquoi).

Ton interrogation autour du sens que nous donnons respectivement à la solitude m'interpelle. D'emblée je souligne que j'évoquais la *sensation* de solitude. À mon sens cette nuance est importante puisqu'elle distingue le ressenti de l'état. Cette "sensation de solitude", que j'ai trop succinctement mentionnée, voulait décrire ce que je ressens lorsque je ne perçois pas de présence humaine (ou traces humaines). J'aurais pu choisir un autre terme, comme isolement, voire "solitarité" si ce terme existait. Il s'agit pour moi d'une recherche de connexion directe à la nature dans ce qu'elle a de... virginal. C'est à dire le moins possible altérée par la présence humaine. Tu conviendra avec moi, je suppose, que trouver de tels espaces demande un certain éloignement des zones habitées et généralement, hélas, dégradées par cela.

Alors bien sûr j'oriente le choix de mes escapades vers des paysages encore préservés et trouve ainsi un ersatz de ce que je cherche. Cela fait plus ou moins illusion et je m'efforce, dans mes photographies, de masquer ce qui pourrait nuire à un imaginaire de solitude-isolement-naturalité (je pense que le terme de Wilderness traduit assez bien ce que je veux dire). Et bien sûr, le sentiment profond d'unité avec l'ensemble du vivant jusqu'à l'univers, que tu décris avec justesse, fait partie de ma quête. D'ailleurs, avant d'écrire mon texte, un terme me venait : « sentiment océanique ». En cherchant son sens exact il m'a semblé ne pas vraiment y correspondre.

Donc, pour en revenir à ton propos, le sens que je donne à sérénité diffère de "sensation de solitude". Je peux ressentir de la sérénité hors de la solitude telle que je viens de la décrire. Disons que même dans une solitude relative, c'est à dire "avec des humains autour" (ou leurs traces), je peux ressentir une certaine sérénité. Mais moins entière que celle à laquelle je peux aspirer (temporairement). Avec des personnes que j'apprécie et avec qui je me sens bien, je parlerais plutôt de joie ou de félicité. Voire de plénitude. Sensation toutefois assez rare...

Pour ce qui est de la sensation de solitude au milieu d'une foule, je dirais que je m'en accommode assez bien... parce que c'est une situation que je ne vis que rarement. Je fuis la foule, y compris celle que l'on peut trouver dans des lieux aussi apparemment "sauvages" que la dernière photo. Typiquement, c'est une illusion : il y avait ce matin là "foule" autour de ce lac ! Beaucoup trop de monde pour pouvoir ressentir ce que j'espérais trouver. Du reste, c'est cette situation qui a inspiré mon texte :)

J'aurais pu écrire au sujet de ce qu'on appelle "surtourisme" et qui est un fléau humain de plus mais je n'avais pas l'énergie pour cela. Et en plus j'y contribue, ce qui est assez désagréable comme sensation.

Pour ce qui est de l'amour et de l'émerveillement, je passe mon tour ;)

Merci pour tes mots inspirants, Célestine.
Je t'embrasse

[Julie]

Bonsoir Maîtresse 😊 Avec le recul, je ose penser que Pierre commence à s'en lasser de sa solitude chérie 😀

[Julie]

"Quant à la sensation de solitude..."
Bonjour Pierre, j'ignore le sens que tu donnes à cette dernière phrase. Dans le doute je m'avance :) Bien même que tu puisses croiser quelques personnes, cela te pèse autant ? Dans notre monde de plus en plus réseau-dissociabilisé, question solitude tu seras servi 😀
Merci pleinement pour ces belles photos, je me régale !
Doux weekend automnal, bises.
Julie

[Couleur Pierre]

« Quant à la sensation de solitude... » eh bien je ne la retrouve guère, alors qu'elle a pu m'apporter tellement de plénitude lorsque je l'ai respirée, autrefois. C'est difficile à décrire comme sensation.

Tu as donc fort pertinemment remarqué l'importance de ces points de suspension. Ils s'expliquent par le fait que je me suis trouvé face à plusieurs pistes à explorer qui dépassaient ma capacité du moment à le faire. Mais je le ferai peut-être ultérieurement ;)

Belle journée à toi !