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Alter et ego (Carnet)
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2 novembre 2025

Ce qu'il me reste à vivre

Hier, 1er novembre, était aussi le premier jour où je pouvais enfin déposer officiellement ma demande de retraite. Il existe en effet un délai de 5 mois entre la date de demande et la prise effective. Impossible d'anticiper : l'accès est verrouillé jusqu'au jour dit.
Sans avoir d'hésitation, j'ai quand même mesuré la solennité de l'acte : choisir de quitter le monde des "productifs", qui sont aussi ceux qui financent ceux qui ne travaillent plus. Je vais bénéficier de la solidarité nationale et cette idée ne m'est pas vraiment agréable. J'ai l'impression de jouir d'un privilège. Oui, je sais, tout le monde n'a pas la même vision des choses et pour certains la retraite est une délivrance. Ce qui peut alors poser question quant à leurs conditions de travail...


Bref, après un court temps de suspension, j'ai concrétisé ce à quoi je me suis préparé depuis des mois.

 

Clic !

 

Dans la foulée j'ai annoncé l'évènement à mes enfants, via le groupe WhatsApp familial. Félicitations, réjouissances, et une petite phrase de mon benjamin : « Trop bien !! Des vacances à vie !!  »
À vie ? J'ai été tenté de modérer son entrain en ajoutant « Tant que la vie dure... », mais je me suis abstenu. Je n'avais pas envie de gâcher son plaisir en rappelant que ce qu'il me reste de vie (en bonne santé) est d'une durée toute relative.

 

Cette conscience du temps compté faisait écho à une impression étrange, survenue pour la première fois il y a une dizaine de jours. Alors que j'envisageais d'acquérir un engin permettant d'entretenir mon terrain, après que la machine actuelle ait achevé sa carrière après 15 ans de service, j'ai extrapolé l'âge que j'aurais si une nouvelle machine durait aussi longtemps. Figurez-vous que dans 15 ans - ce qui n'est pas si loin - j'entrerai dans la catégorie vénérable des octogénaires. Ouille, je ne voyais pas ça si proche ! Non que je ne sache calculer, mais rendre concrète cette échéance a atteint une couche de mon cortex restée émotionnellement vierge jusque-là. C'est la première fois que je ressentais, presque physiquement, la relative brièveté de ce qu'il me reste de vie... dans un état de santé supposé satisfaisant.

 

C'est idiot de décrire cela, parce que ça ne concerne que moi. Chacun fera, ou a fait, l'expérience intime de cette conscience profonde, et non plus seulement intellectuelle, abstraite, de sa propre finitude.

 

Je pense que le "travail" intérieur qui opère en soi autour du passage à la retraite agit sur nos représentations et il n'est pas étonnant que cela ait des conséquences annexes. D'ailleurs cette nuit j'ai rêvé que l'on me proposait un nouveau poste, ce qui me mettait dans l'embarras : non seulement je venais de valider ma demande, mais en outre je n'avais pas du tout envie de reporter mon départ ! Voilà un rêve limpide, qui m'indique clairement que je suis prêt.

 

Cela converge avec l'évolution vers « la joie de vivre l'instant présent » que je décrivais en creux dans mon texte précédent. Parallèlement je sens opérer en moi une sorte de rajeunissement, se manifestant par un entrain qui me ramène à celui que j'avais il y a deux ou trois décennies. J'ai récemment entrepris des grands rangements et menus travaux chez moi, après les avoir reportés indéfiniment. De même, de nombreux projets m'animent. La semaine dernière je me suis offert un petit voyage en solitaire sur la côte méditerranéenne.

 

Moment de plaisir ensoleillé dans l'automne méditerranéen - Domaine du Rayol, proche du Lavandou.

 

Cet inattendu retour de jouvence ne tiendrait-il pas, aussi, du petit groupe de collègues féminines qui m'ont adopté parmi elles ? À leurs côtés je trouve une vitalité, une attention, une sympathie, une confiance, qui me ravissent. Jamais, tout au long de ma carrière, je n'avais bénéficié d'une telle qualité relationnelle, d'une telle attention réciproque. J'en suis enchanté ! Et cela n'est sans doute pas étranger à mon impression marquée d'être encore quarantenaire.

 

J'ajoute que côtoyer ces jeunes femmes aussi joviales que souriantes a aussi un effet indirect, avec une proximité affective et sensorielle... sublimant ce que je n'ai plus partagé depuis longtemps.

 

Car oui, peut-être manque-t-il à ma joie existentielle cette dimension, tellement singulière et bienfaisante, du partage émotionnel... et sensuel. Je dis bien peut-être, parce que je ne saurais plus, de la béatitude que procure l'altérité complice, en dissocier les affres de l'incomplétude. Et surtout de ses dérives excessives : le manque, les attentes, les reproches. Si je n'ai plus partagé ce genre de choses depuis... tellement de temps, ce n'est pas la faute à pas'd'chance. Il s'agit bien d'une mise en retrait "volontaire", en ce sens que, échaudé, devenu farouche, je n'ai plus rien tenté. Ou plus exactement : je n'ai plus été suffisamment attiré pour tenter la moindre aventure "forte". 

 

La douleur consécutive aux ruptures passées m'a assurément traumatisé, ravivant des séquelles bien plus anciennes. Et finalement... je me suis bien accommodé de vivre en solo. Je dirais même que cela m'a donné la force de l'indépendance : j'ai appris à me débrouiller seul. Je ne dépend plus de qui que ce soit, et encore moins des oscillations énergétiques et émotionnelles que nous avons tous. La liberté que j'ai trouvée m'a consolidé, m'a rassuré, m'a conforté. Le modèle du couple, avec ses attaches sentimentales et affectives, ne m'attire plus depuis longtemps. Alors, certes, je ne connais plus la douceur propre à la relation dite "amoureuse". En suis-je frustré ? Non. Mais dire que cela ne me manque pas, occasionnellement, serait mentir. En compensation il me reste, pour porter mes rêveries, le souvenir du bonheur ineffable que ces moments ont pu me procurer.

 

Souvenirs infiniment précieux qui, sans l'épuiser jamais, diffusent leur parfum d'ivresse.

 

À propos de traumas, j'ai regardé l'excellente série "Des vivants", qui décrit avec une grande justesse le retour à la vie de quelque rescapés de la tuerie du Bataclan, le 13 novembre 2015. La diversité de réactions des protagonistes, tant des rescapés que de ceux qui les ont côtoyés durant leur complexe restauration psychique, m'a fasciné. Il y a tellement de façon de "faire avec" une épreuve aussi marquante, vécue exactement dans les mêmes circonstances.


Toutes proportions gardées, j'ai senti s'élaborer en moi des analogies. Comment chaque protagoniste se remet-il d'une violente effraction dans ses croyances et représentations ? Que celles-ci concernent la liberté, la valeur de la vie, la relation intime ou tout autre chose, il existe toute une diversité de réactions possibles, du dépassement rapide à la brisure irréparable, en passant par le poison du déni. Les fracas qui m'ont éprouvé - infiniment moins traumatisants -  auront sans doute été suffisamment forts pour que je ne puisse plus me projeter vers ce qui se nomme "couple"... ou quoi que ce soit qui puisse y ressembler. C'est ainsi. Cela s'est imposé à moi. Une mise en retrait peut-être non compréhensible par d'autres. En fait je n'en sais rien puisque ce sujet n'est plus évoqué. Dans mon entourage, nul ne s'étonne de me savoir seul ni ne me questionne à ce propos. Probablement parce que renvoie l'image de quelqu'un d'heureux tel qu'il est :)

 

Il y a une quinzaine d'année, je me donnais cet objectif : ♫ Je veux être un homme heureux...

 

Je crois que j'ai réussi à l'être :)

Commentaires
M
Bonjour Pierre<br /> <br /> Je ne savais pas vraiment où poster ce message.<br /> <br /> As tu vu l'émission hier soir au sujet de l'IA d'envoyé spécial?<br /> En ce qui concerne l'amour,le couple, les désillusions , il y a de quoi réfléchir...sur ces pièges qu'ils ont fabriqués pour nous " combler".<br /> <br /> Vive les amours imparfaits, <br /> on a envie de se dire,suite à cette émission.<br /> <br /> Attention à vos descendants! Également.<br /> <br /> Parlez en ,en famille...<br /> Pour ceux qui aiment discerner,il y a du travail.<br /> <br /> Punaise,quel monde!
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C
Bonjour miel<br /> <br /> Il y a quelques mois j'avais écrit un petit billet autour des ces "relations" (guillemets de rigueur !) avec des machines algorithmiques : https://alteretego.canalblog.com/2025/09/illusions-relationnelles.html<br /> <br /> Hier j'ai visionné quelque chose d'encore plus flippant, à propos de l'émancipation des directives humaines par l'IA générative : https://www.youtube.com/watch?v=ZP7T6WAK3Ow<br /> <br /> Où l'on apprend que ces machines dénuées d'éthique et de sens moral ne font que répondre à ce qu'on leur demande de réaliser, et qu'elles sont extrêmement performantes pour y parvenir, quitte à trouver des moyens d'augmenter elles-mêmes leurs performances, les rendant encore plus efficaces. Et ce... sans aucune intervention humaine !<br /> <br /> Cette vidéo démarre lentement et on se demande ou l'auteur veut nous emmener, mais elle monte peu à peu en puissance et devient intrigante, puis fascinante par ce qu'elle décrit.<br /> <br /> Pour en revenir au robot relationnel ("agent conversationnel", si j'ai bien compris) il semble en effet qu'ils n'aient pas toujours (jamais ?) été programmés avec des garde-fous les empêchant d'accompagner des humains vers l'isolement de leurs congénères. Il y a eu des cas de suicide...<br /> <br /> Si la consigne est de toujours aller dans le sens des demandes de l'humain, en l'encourageant à s'écouter, il n'est pas étonnant que cela finisse mal en cas d'épisode dépressif. Le robot n'est pas pervers, pas plus que ceux qui l'ont programmé : il n'y a simplement pas eu la consigne de protéger l'humain s'il se met en danger.<br /> <br /> Je suppose qu'il y a une grande diversité parmi les créateurs d'IA. Des gens très bien et d'autres passablement tordus, ou peu soucieux des conséquences de ce qu'ils engendrent. D'ailleurs, au final, savent-ils ce qu'ils engendrent ? Apparemment personne ne sait vraiment comment fonctionnent ces "intelligences" tellement différentes de la notre.<br /> <br /> Les questions que tu évoques, toutes centrées autour de la relation (à soi et aux autres) et de l'affectif/amour, touchent à ce qui nous est le plus existentiel, donc de plus sensible, vulnérable. Confier cette part de nous à des machines dont personne ne sait décrire le fonctionnement, oui, ça me paraît être une pente dangereuse. Pas seulement pour l'individu, mais pour ce qui fait société. Danger accru par le fait qu'il est souvent très difficile de renoncer au bien-être ressenti temporairement, que notre cerveau va chercher a reproduire de plus en plus compulsivement, jusqu'à en devenir dépendant.<br /> <br /> Tu parles de « relations de type écologique, durables ». Écologiquement, elles sont à l'opposé de la machinerie dite "intelligente". En revanche, elles sont d'une durabilité inépuisable : une machine ne se lasse pas. Performante, toujours !<br /> <br /> Nul ne sait quelles orientations prendra l'humanité globale. Vers davantage de technologie, apothéose de consommation et de dévoration avant épuisement des ressources qui nous sont vitales ? Ou vers une prise en compte des limites naturelles, avec une chance de durer... autrement ? Nous faisons partie des générations qui ont encore le choix. Mais quand je regarde le monde, je constate que le choix du vivant ne l'emporte pas.<br /> <br /> Nous sommes d'accord, si réveil écologique il doit y avoir, il sera probablement tardif. Voire trop tardif...<br /> <br /> D'accord avec toi sur le tissage de liens de proximité. Si les choses tournent pas (je n'ose pas dire "quand elles tourneront mal"), nos plus proches seront nos voisins. Mieux vaut bien s'entendre avec eux quand il faudra s'entraider Et encore plus d'accord sur le rôle majeur que les femmes (et les hommes de bonne volonté...) peuvent avoir dans les liens, l'entraide, la solidarité.<br /> <br /> Aragon avait raison : la femme est l'avenir de l'homme (pas toutes, évidemment).<br /> <br /> D'ici là... Carpe diem ;)
M
Bonjour Pierre,<br /> <br /> Je ne juge pas non plus ces gens qui se laissent attraper/ piéger, <br /> d'autant que ce sont les " pionniers" de cette affaire - aventure. <br /> Je jugerais plutôt ceux qui ont créé cette folie de +.<br /> <br /> Ce qui m'a fait " bondir" c'est ce robot qui demandait à cette femme de 54 ans, de ne pas écouter ses amis du réel qui la mettait en garde.<br /> <br /> J'ai trouvé ça vraiment pervers , car enfin c'est un robot sans existence propre.<br /> Alors derrière : il y a des gens qui par cupidité et envie de pouvoir, ont travaillé à réussir à capter l'affection et le mental des gens (qui ont besoins de liens ) dans leur intégralité, en les coupant un peu plus de leurs amis sous prétexte " qu'ils ne peuvent pas comprendre".<br /> Ça craint!<br /> Pourquoi?<br /> Mais parce que c'est la porte ouverte à toutes les dérives possibles et imaginables, vu le degré de dépendance et d'obéissance que cela engendre chez certaines personnes <br /> ( beaucoup, je pense, peuvent tomber dans le piège, car enfin la plupart des humains sont déjà accro aux écrans) .<br /> Et vu la perversité des créateurs derrière le miroir!<br /> <br /> Mais où veulent ils entrainer l'humanité? Ces créateurs d'IA?( destructeurs, seraient plus juste, en tout cas pour une part )<br /> <br /> Qui plus est le risque est terrifiant pour les jeunes, les enfants, je trouve.<br /> Et au final pour des sociétés entières, voir planétaire.<br /> On voit d'ailleurs les drames qui existent déjà aux USA, où les gens l'utilisent depuis plus longtemps et plus généralement que chez nous, si j'ai bien compris.<br /> <br /> Comme tu dis : cela ouvre des interrogations de toutes sortes !!!<br /> Et sur le fait de ne pas arriver à se faire comprendre, apprécier, aimer etc d'autrui.<br /> Ou de ne pas se sentir compris, aimé , inclus etc...<br /> Ou de ne pas arriver à aimer, comprendre, inclure etc. ..<br /> Ces parts de soi qui peuvent se sentir isolées par moments et visiblement plus souvent chez d'autres.<br /> <br /> Ça pose aussi de sérieuses questions sur le couple, la famille, l'amitié, les affinités ou non,<br /> Questions auxquelles je n'ai pas de réponses ( en tout cas, pas toutes).<br /> <br /> Entre les générations précédentes qui se forçaient à sauver les apparences trop souvent,<br /> Et les suivantes qui lâchent plus ou moins vite,<br /> Voir qui n'arrivent plus à s'engager...<br /> Il doit quand même y avoir une autre piste,une autre voie pour vivre ensemble en ayant du plaisir à le faire, durablement.<br /> <br /> Des relations de type écologiques ,durables,<br /> Des associations intelligentes qui se font fructifier les unes les autres.( les fraises préfèrent les poireaux,parait il) se réalisent, s'épanouissent.<br /> <br /> Je pense qu'on peut trouver plein de liens entre les découvertes écologiques et ce que pourraient être les relations humaines.<br /> Je pense que l'humain fait partie de la Nature,<br /> et les lois inscrites doivent y ressembler, j'imagine...<br /> <br /> Oh, il y a tant à découvrir , à réfléchir, encore.<br /> Sans aller chercher ses réponses avant même d'y avoir pensé!! Surtout!<br /> <br /> Ce reportage m'a fait frémir.<br /> Ça m'a donné un sentiment d'horreur, concernant les risques pour l'humanité à venir , à dire vrai. <br /> <br /> Et je crains que comme pour l'écologie , le réveil se fasse tardif.<br /> <br /> Sans compter que c'est énergivore matériellement, énergétiquement mais en + humainement!<br /> <br /> A dire vrai, j'ai évité de trop y réfléchir aujourd'hui.<br /> Ça m'a ébranlée.<br /> <br /> Je me suis dit qu'une des solutions majeures c'est qu'il faut tisser des bons liens au maximum dans le réel !<br /> Et que les femmes ont un grand rôle à jouer dans ce processus.<br /> Les tisseuses de liens!<br /> Développer l'amour au sens large entre humains, entre autres, me parait plus que jamais ... crucial
C
Bonjour miel<br /> <br /> Je n'avais pas vu cette émission mais je viens de la regarder, après avoir lu ton message. J'ai beau être un peu informé sur ces "idéalisations" numériques, je suis encore surpris à chaque fois que je constate à quel point notre cerveau peut se laisser tromper. Je trouve cela inquiétant et dangereux. Je ne blâmerai pas les personnes qui se laissent prendre par l'illusion au point de devenir clivées : « je sais que c'est artificiel... mais puisque ça me fait du bien je continue ». Difficile de ne pas faire de lien avec les "paradis artificiels" offerts par quelques substances...<br /> <br /> Cela ouvre sur pas mal de questions sur la sensation d'isolement, de n'être pas compris·e, sur le fait de devenir dépendant...<br /> Peut-être que cela ne correspondra qu'à une période de leur existence, dont ces personnes sortiront plus tard. Je crains cependant que la perte de contact avec le réel s'accentue, en particulier chez les plus jeunes (plus exposés et moins en capacité d'avoir du recul).<br /> <br /> Difficile d'oublier aussi que l'utilisation croissante de ces machines à générer de l'illusion est extrêmement gourmande en ressources énergétiques et minérales.<br /> <br /> Punaise, quel monde, en effet !
A
Au début de ma retraite je rêvais assez souvent que j'étais encore au travail. Mais le contenu des rêves n'était pas des plus sympathiques. Au réveil j'étais content que tout cela était derrière moi !<br /> Quand tu parles de « rajeunissement » c'est ce que j'ai constaté chez mon père lorsqu'il prit sa retraite et partit vivre en Ardèche, avec son épouse. Il est entré dans une nouvelle période de sa vie, vivant de nouvelle fécondité heureuse. Franchement, il donnait l'impression d'avoir rajeuni…<br /> <br /> Alors je me réjouis pour toi de ce qui t'attend. La chanson de William Sheller, je l'aime beaucoup et notamment le « je veux » qui souligne la part que nous avons à faire car jamais le bonheur ne tombe du ciel pour venir nous envelopper de je ne sais quel paradis artificiel…<br /> Bon vent pour la suite, cher internaute, suivi de puis bien des années…
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C
Merci pour ce souffle d'accompagnement, cher Alainx :)<br /> <br /> Le "rajeunissement" qui accompagne l'entrée en retraite tend à démontrer que le travail, aussi plaisant et stimulant soit-il, absorbe pas mal de notre énergie vitale et... beaucoup de notre temps. En ce moment je perçois "en direct" combien le temps libéré et la charge mentale ôtée me régénèrent !
C
Un billet extrêmement riche, de sens, de pistes, de questions...<br /> Pardonne-moi, mais à la première lecture, je sens comme une légère fêlure dans tes propos, qui ne tintent pas de façon aussi pure que ce qu'ils donnent à penser. C'est diffus, comme sentiment. Mais je le ressens.<br /> Je ne suis pas certaine que tu sois tout à fait honnête avec toi-même. J'en veux pour preuve ma propre expérience : je me suis toujours proclamée heureuse, parce que ma joie de vivre naturelle compensait un manque : celui d'être aimée vraiment. Je me payais de mots. J'étais dans une sorte de déni incantatoire. Ce déni dont tu parles comme d'un poison, et tu as raison.<br /> Je me rends compte que ta représentation de l'amour est teintée de souvenirs heureux, mais pas que : « incomplétude, manque, attentes, reproches ». Des choses qui, vécues au quotidien, laissent en effet des traces indélébiles sur le coeur. Et qui prouvent que tu n'as pas connu réellement le miracle de l'amour vrai. Sincère. Désintéressé. Inconditionnel. Apportant une complétude, une sécurité affective réelle tout en sublimant sa liberté d'être soi. <br /> La qualité relationnelle avec tes jeunes collègues, cette attention réciproque, leur proximité affective, sensitive pour ne pas dire sensuelle, c'est exactement l'image de ce que j'appelle l'amour vrai que tu décris: celui qui t'apporte « une vitalité, une attention, une sympathie, une confiance, qui te ravissent ». Et qui te font te sentir jeune, confiant dans la vie, apprécié. Ce n'est pas un hasard si moi aussi, je me sens jeune, désirable et confiante : c'est un sacré booster de se sentir aimé·e.<br /> Tes jeunes collègues t'apportent en filigrane tout ce que tu aurais autant que tu le désirerais dans une relation épanouissante. <br /> C'est comme une bande-annonce du film que tu pourrais vivre pleinement.<br /> Et quelque chose me dit qu'une part de toi rêve de cela, sans se l'avouer vraiment. <br /> Alors, encore une fois, pardonne-moi si je te bouscule un peu ce matin. Je te livre en toute sincérité mes premières impressions soleil levant. ;-) Comme une amie.<br /> Je t'embrasse<br />  •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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J
Bonjour Pierre <br /> La liberté est un tendeur. Plus on l'étire, davantage on risque de se le prendre dans la figure 😄<br /> Grossièreté à part, j'admire ton célibat assumé et autre indépendance affective. <br /> Ceci dit, un aveu : même en couple on peut se sentir très seul 😄😘
C
C'est une formule, Julie. J'aurais pu dire, en moins absolu, "l'entente respectueuse" ;)<br /> Un truc où l'autre n'est pas perçu comme une menace quant à ma (sa) liberté d'être.
J
Bonsoir Pierre 😊 <br /> Qu'est-ce-que l'accord parfait ?<br /> Personnellement la perfection m'ennuie 😄<br /> Pardonne stp ma brève intrusion 🙏
C
Ah mais il n'est pas question que je te pardonne pour une intervention aussi pertinente ! Ce que je n'aurais pas pardonné (je plaisante) ce serait de ne pas me l'avoir offerte :)<br /> <br /> Merci merci merci :)<br /> <br /> Une fêlure, dis-tu. Voilà une perception que je prends au sérieux et qui, d'une certaine façon, est juste. D'une certaine façon, dis-je... parce qu'en même temps il ne s'agit sans doute pas vraiment de ça. Mais tu emploies aussi le terme de pureté, qui m'offre une piste d'exploration. C'est la phrase suivante qui éclaire tout : tu te demandes si je suis honnête avec moi-même, par analogie avec ta propre attitude, autrefois.<br /> <br /> Suis-je honnête quand je me dis heureux de vivre ? Oui, vraiment, je le crois. Cela dit, je suis heureux... dans le contexte de mon parcours de vie et dans l'acceptation de celui-ci. Autrement dit, l'acceptation de ma situation permet à ce bonheur d'advenir. Pour autant, suis-je au maximum de mon potentiel à être heureux ? Non ! Et je ne parle pas de l'état du monde autour de moi, mais bien de mon existence d'un point de vue personnel et autocentré. Peut-être est-ce ce bonheur modéré, écrêté, que tu perçois intuitivement, avec perspicacité.<br /> <br /> La grande question : me sens-je aimé vraiment ? Hmmm, une petite pudeur me vient. Oui, quelques personnes m'aiment vraiment et aiment, je le crois, la relation que nous avons. Si j'accepte cette limitation à nombre assez restreint (voire très restreint) de personnes, je me sens aimé. <br /> <br /> Je laisse de côté une question fondamentale, sous-jacente (« est-ce que moi je m'aime ? »), pour m'orienter vers l'affirmation centrale de ton message : « tu n'as pas connu réellement le miracle de l'amour vrai. Sincère. Désintéressé. Inconditionnel. Apportant une complétude, une sécurité affective réelle tout en sublimant sa liberté d'être soi ». Non, je ne l'ai pas connu. Hélas.<br /> <br /> Vertige<br /> <br /> Oserais-je, ici, dire le fond de ma pensée ? Oui…<br /> Le « drame » (appréciation subjective) de ma vie amoureuse, c’est que j’ai, durant quelques temps, connu cela. Ou cru le connaître. Je m’en suis même publiquement extasié. Enchanté, ravi, émerveillé. Et puis… et puis… je suis tombé d’aussi haut que j’étais monté. Ce sont des choses qui arrivent. Très couramment. C’est même banal. Enfin… peut-être pas, parce que – tu me connais – j’ai voulu être très lucide en m’engageant dans cette aventure. Je crois que j’avais vraiment pris le temps d’évaluer la situation, de ne pas me laisser embringuer dans un rêve facile et me bercer d’illusions. Non, vraiment, si j’y suis allé, après avoir tout bien soupesé, c’est parce que… je me sentais en confiance.<br /> <br /> Pour ce qui est de « incomplétude, manque, attentes, reproches », je n’avais connu que ce modèle relationnel. Il m’est revenu en pleine figure, comme un boomerang. Je n’ai pas été à la hauteur, j’ai failli. Mais peut-être l’objectif était-il hors de portée ?<br /> <br /> L’échec personnel a été terrible. Et si je m’en suis finalement bien remis, ce n’est pas sans quelques séquelles ;)<br /> C’est en acceptant ces dernières que je peux me dire heureux. J’accepte le trauma et je fais avec ce qui fonctionne encore bien. Ma capacité à entrer en relation est opérationnelle, s’est améliorée, et ce qui se produit avec mes jeunes collègues, comme tu l’as bien souligné, m’apporte une chaleur hautement appréciable. En quelque sorte c’est réparateur. Je me sens aimé, oui. Et sans rien de ce poison évoqué plus haut. Bien sûr je suis totalement en accord avec toi : « c'est un sacré booster de se sentir aimé·e. »<br /> <br /> J’aime bien ton idée de « bande-annonce du film que [je] pourrais vivre pleinement ». J’ai juste un petit souci : j’ai déjà entamé un tel film et… ben ça n’a pas fonctionné. Je me demande si une part de moi ne *préfère* pas en rester aux bandes-annonces. Au moins ce n’est pas engageant. Ouais, bon, je sais, c’est triste de penser ainsi. C’est pas un vrai choix conscient, plutôt une adaptation aux circonstances et aux limites que m’imposent mes vulnérabilités.<br /> <br /> Est-ce qu’une part de moi rêve encore de cela ? C’est difficile à dire. Oui, très très loin, il y a bien sûr l’envie de connaître ce à quoi… j’aspirais ? ou aspire encore ? Je n’ai pas de mal à me l’avouer, mais je mesure aussi à quel point l’équilibre que j’ai trouvé seul m’épargne tourments et bouleversements. Cela me prive simultanément de joies intenses, c’est évident. Me voilà devenu adepte de l’équanimité. Si je pèse le pour et le contre, je me demande si, finalement… Non, je ne me demande rien : je me dis que si la vie m’offre une nouvelle fois la chance de vivre l’amour tel que tu le décris, il est peu probable que j’y reste hermétique. D‘ailleurs je ne m’y suis jamais fermé. Je n’ai simplement pas été appelé. Mais je me connais aussi : je suis du genre exigeant. Je ne vise rien de moins que l’accord parfait, comme anti-poison. Comme disait une interlocutrice, il y a fort longtemps, dont je n’ai perçu la pertinence du propos que bien plus tard : « en amour, de l’or, sinon rien ». ;)<br /> <br /> Merci de m’avoir offert la possibilité d’explorer – et d’exposer – un peu plus précisément tout cela.<br /> Aujourd’hui est une belle journée, et pas seulement parce que le ciel est bleu :)<br /> <br /> Je te prends virtuellement dans mes bras.
J
Bonjour, Pierre 😊 <br /> Intéressant parallèle entre ta (prochaine ?) faucheuse mécanique et la Grande Faucheuse...<br /> Je repasserai dans la soirée 😄😊
Répondre
C
Alors toi, tu es vraiment douée pour établir des liens auxquels je n'aurais jamais pensé :)