Écouter le monde de l'autre
Les incompréhensions dans les relations interpersonnelles me fascinent depuis longtemps. J'essaie toujours de comprendre à partir de quel moment s'insère le grain de sable qui fait que chacun s'oriente vers des chemins divergeants. Bien souvent je ne trouve pas, parce que ce sont deux logiques de pensée différentes qui s'affrontent. On dirait qu'il n'y a pas de langage commun, alors qu'en apparence on utilise bien les mêmes mots.
Sur internet ce processus est exacerbé puisque l'écrit prive de l'intonation, des gestes, du regard, et on voit très bien à quelle vitesse les incompréhensions peuvent s'installer. Auparavant, lorsque ce genre de situation apparaissait, je cherchais un terrain d'entente. Je pensais naïvement qu'avec de la bonne volonté on ne pouvait que finir par se rejoindre sur une sorte de compromis d'acceptation mutuelle des points de vue de l'autre. Je passais des heures, souvent des jours sur des forums plongés dans des discussions rapidement stériles (alors qu'elles auraient pu être durablement enrichissantes), dépensant une énergie considérable à essayer de trouver des points d'accord ou de fluidifier l'échange. Mais il semble que l'accord est parfois impossible... Il arrive qu'on ne voie pas le monde de la même façon, de multiples façons. Apprendre à écouter le monde de l'autre demande une ouverture d'esprit hors du commun... que manifestement je n'ai pas suffisamment. La curiosité n'y suffit pas. Je crois qu'il est aussi question de confiance en soi.
Et comme le temps à consacrer aux échanges n'est pas illimité, j'ai fini par renoncer aux dialogues de sourds, lassé de voir tant de tentatives rester sans écho, voire susciter le rejet et l'agressivité. Maintenant je ne perds plus mon temps lorsque je ne sens pas de volonté d'entente. Je préfère consacrer mon énergie aux relations avec qui la volonté de construire quelque chose est partagée.