Enthousiaste
Absent depuis quelques jours, je n'étais pas parti en voyage. Quoique... je crois que c'est une belle aventure que j'entreprends.
En fait j'ai commencé une formation en vue d'accueillir des personnes en difficulté affective et relationnelle. C'est très probablement un tournant décisif dans mon parcours. Cette évolution mûrissait depuis quelques années (sans que je ne le sache) et se précisait depuis près d'un an. Alors j'ai osé me lancer, suivant à la fois une forte aspiration et une sorte d'intuition: c'est par là que doit passer mon chemin. Maintenant. En rupture assez radicale avec ma profession, mais dans une continuité tout à fait évidente de ce que je vis depuis près de six ans et dont mes écrits sont autant témoin qu'acteur. Dans cette formation tout est fondé sur l'écoute et la communication, dans le domaine spécifique des relations parent-enfant et de couple. Avec de tels sujets, je ne peux qu'être enthousiaste.
Pour le moment j'apprends de quelle façon opère la construction de la personnalité durant l'enfance, ce qui se met en place depuis l'avant-naissance, et c'est fascinant. Non parce que je découvrirais des éléments totalement inattendus, mais parce que cela précise, affine, et donne sens à tout ce que j'avais assemblé dans ma perception des choses par des lectures, des échanges, et des expériences de vie. Je retrouve ce que j'avais élaboré en autodidacte. C'est tout à fait cohérent. C'est comme s'il y avait une validation de ce que j'ai construit.
Je constate aussi l'étendue immense de mon ignorance, et c'est tout à fait stimulant: tant de choses à apprendre encore, à découvrir, à croiser. Cela me donne une curiosité insatiable. Plus j'en sais, plus je me rends compte de ce que je ne sais pas. Mais je vois déjà que mon bagage de connaissances est conséquent, pour "l'amateur" que je suis.
Ce qui est très enrichissant est l'échange qui se pratique avec les autres personnes. Elles sont d'origines professionnelles assez diverses quoique généralement déjà en rapport avec le social. Seul homme parmi dix femmes, mon approche est forcément singularisée. Et il ne me déplaît pas d'apporter ma vision des choses, sans doute pas tout à fait typique de ce qui peut être attribué à un regard masculin. Je sens que j'ai pris ma place. Et j'ai même renoncé avec plaisir à la prééminence d'usage des règles grammaticales, le genre masculin étant en large sous-représentation. Je ne m'offusque pas d'un « vous toutes... ».
J'aime beaucoup les rapports qui se sont établis entre nous, durant les temps de repas. Moments privilégiés de discussions qui se sont naturellement orientées vers des sujets "profonds". La plupart des participantes ont une sensibilité développée dans les matières enseignées et certaines affinités ont été immédiates. J'observe aussi les micro-groupes qui s'assemblent, selon les façons d'être soi. Je vois aussi avec qui je me sens d'emblée plus en confiance.
Une des caractéristique de ce genre de formation, basée sur la psychologie, est le possible réveil de vécus personnels. Il y a parfois une émotion palpable selon les sujets abordés. Réfléchir à ce qui se passe dans l'enfance peut faire remonter à la surface des pensées enfouies...
Il y a une telle densité de concentration qu'en rentrant le soir je me trouve incapable de penser à autre chose. Besoin d'en parler, de me décharger, de partager. Mais pas par l'écrit, bien trop lent et désincarné. Et en plus, je me sens épuisé. Hier je me suis mis devant ce blog... et il y avait tant d'idées que je ne pouvais rien exprimer, tandis que je sentais le sommeil me terrasser. D'ailleurs, je ne peux que déclarer forfait: impossible de restituer ce que j'ai appris ces derniers jours. Mais je sais déjà que ça a changé ma perception de bien des choses.