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Alter et ego (Carnet)
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19 février 2006

Non-dits

Je parle souvent du silence des non-dits. Je me demande si, en dehors de la situation particulière que j'évoque ici, je n'ai pas été marqué par le silence. Je crois que j'ai appris à me taire, faute de pouvoir exprimer ce que je ressentais. J'ai compris qu'en étant silencieux, en évitant d'exister, j'étais protégé de la maltraitance exercée par mon père...
C'est un peu caricatural parce que je n'étais pas un enfant taciturne. Seulement discret. C'est en entrant dans l'adolescence que je suis devenu "effacé", très timide et introverti. En écrivant abondamment ici, et devant autant de regards, je prends une sorte de revanche.

Je crois que je n'ai jamais évoqué mon enfance ici. Pourtant je crois savoir que certaines choses s'y sont nouées. Je le sens de l'intérieur et lorsque certaines émotions me submergent, mais ne sais pas encore de quoi il s'agit. Quelque chose en moi se serait cassé, de l'ordre de l'élan de vie, de la créativité, de la spontanéité. Toutes choses que je ne sais pas vraiment vivre et que j'essaie de faire naître fort tardivement, avec d'énormes difficultés. Tout cela est bridé, mais je ne sais pas par quoi. Tant que je n'aurai pas trouvé, une injonction inconsciente me retiendra. Mais une autre traquera les origines de ce frein, pour tenter de le faire sauter.

Ailleurs c'est Samantdi qui évoque son enfance et le silence qui aura entouré une part de ses origines. Elle redonne la parole à la petite fille qu'elle était, elle cherche à mettre des mots sur le silence et les non-dits.

Ils sont terribles ces non-dits. Ils expriment quelque chose que l'on capte, mais comme si c'était une langue étrangère. Un expression muette et incompréhensible auquel on ne peut donner de sens. Et pourtant, quelque chose passe...
Il y a peu une spécialiste me disait qu'on considère que le langage non-verbal représente 60 % de l'expression. Davantage que le contenu du message. Les jeunes enfants sentent très bien ce langage là, qui a été la première forme d'expression à laquelle ils ont donné un sens. Ou plutôt, c'est le sens qui s'est fondé sur ce langage-là. Ce n'est qu'en grandissant qu'on élabore, puis privilégie le sens littéral. On se déconnecte peu à peu de cette expression spontanée, bien qu'on la perçoive toujours. Et c'est lorsque verbal et non-verbal ne concordent pas qu'on sent bien que quelque chose ne va pas. Il y a dissonnance, parfois non perçue par celui qui croit s'exprimer selon les seuls mots qu'il prononce.

De plus en plus je cherche à me mettre à l'écoute de ce langage. Autant en moi qu'avec autrui. C'est loin d'être évident...

Et euh... l'écrit ne m'y aide pas beaucoup.

Commentaires
I
Alauda, absolument d'accord: tenter de comprendre l'autre est bien le piège que tu décris. <br /> C'est bien pour ça que la communication est essentielle pour ramener dans la "réalité" de l'autre. Que chacun échange ses impressions et ressentis, sa "vérité", plutôt que de laisser un vide propice à l'interprétation. On en revient aux non-dits et tout ce qu'ils ont de perturbant et de faussé.<br /> C'est pour ça que je hais le silence lorsqu'il est imposé. Mais peut-être aussi parce que j'ai du mal à acepter de ne pas comprendre le sens des choses...
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A
Je suis d'accord, l'écrit est plus opaque que le face à face pour "décrypter" l'autre..mais comme tu le soulignes, l'écrit est aussi très révélateur sur un plus long terme. Pourtant, je crois profondément qu'il est vain de tenter de "comprendre" l'autre...<br /> On peut l'aimer, le respecter dans ce qu'il est, dans ce qu'il dit etc... <br /> Pour moi, se penser apte à comprendre exactement ce qu'il dit -ou ne dit pas - , ce qu'il vit, ce qu'il ressent, est un piège... On projette souvent ce que l'on est soi-même, on interprète, en positif ou en négatif, mais on ne fait jamais qu'interpréter. Ceci ne signifie pas qu'il faut renoncer à toute relation, au contraire, mais dans la vigilance, le respect, l'humilité... <br /> Que de grands mots... :)))<br /> Ceci dit, heureuse de t'avoir fait sourire !!
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I
Alauda, tu m'as fait sourire...<br /> Oui, bien sûr que l'écriture m'aide à me comprendre, et me fait beaucoup de bien. Elle m'aide aussi dans mon rapport à autrui, très largement modifié depuis que j'écris sur internet. Mais ça ne m'aide pas beaucoup pour décrypter les non-dits, même si je crois mieux les percevoir.<br /> <br /> Quand quelqu'un dit "je vais bien" par écrit, il est difficile de savoir si c'est vrai. En face à face il peut faire illusion aussi, mais moins systématiquement. <br /> Ceci dit, sur internet, on peut aussi sentir sur la longueur si le discours concorde avec le fond. Je crois que la tonalité générale d'un blog est assez représentative d'une part de la personnalité de l'auteur. J'imagine mal un blog sombre dans son contenu être celui d'une personne résolument joviale.
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A
Décidément, j'aime beaucoup ce que tu exprimes...<br /> Je retrouve à travers tes mots une grande part de ce que je ressens..<br /> Cette impression d'être "dans ce monde, mais pas de ce monde" et de percevoir, pas forcément toujours, mais très souvent, un hiatus entre ce que j' entends et ce que je réceptionne, au fond... <br /> <br /> "Et c'est lorsque verbal et non-verbal ne concordent pas qu'on sent bien que quelque chose ne va pas. Il y a dissonnance, parfois non perçue par celui qui croit s'exprimer selon les seuls mots qu'il prononce."<br /> <br /> <br /> Aurais-je manqué un créneau dans le décryptage ou dans l'expression commune ? Comme si un mur de verre s'élevait entre les autres et moi... Pas de la même planète, en quelque sorte .. C'est sans doute pour ça que l'écriture m'attire si fort. Contrairement à toi, j'ai l'impression qu'elle m'aide à cerner au moins un langage, le mien.. et cela me fait du bien !!
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G
j'ai trouvé cette image bien appropropriée. En effet, on capte mais on ne comprend pas vraiment. ALors pour en sortir je pense qu'il faut faire justement comme lorsqu'on vit dans un pays étranger, on commence à dire quelques mots, puis on se sait compris, ça donne du courage et on s'aventure un peu plus. C'est un long apprentissage, mais on y arrive. C'est le chemin de la liberté retrouvée. (liberté d'expression).
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I
Rose et Lablonde, vous décrivez très bien comment on casse la personnalité d'un enfant. Comment on lui apprend à intérioriser et à "être gentil", au mépris de son individualité.<br /> <br /> Très difficile d'en sortir, oui, parce qu'on est en quelque sorte "programmé" de cette façon. Et même en le sachant, on n'en sort pas par simple volonté.
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L
Comme Rose, je dirais que petite je n'étais qu'une enfant parmi deux autres. L'important était d'être sage, d'obéir et de respecter ses parents. Mes parents ne m'ont jamais dit lorsqu'ils étaient fiers de moi...surtout pas...Il ne fallait pas parler en bien devant un enfant pour ne pas qu'il devienne orgueilleux. Il fallait qu'il respecte les autres, qu'il soit modeste.<br /> Après ce type d'éducation, aujourd'hui révolue (peut-être trop même...) il est très difficile de s'en sortir, de s'imposer dans la vie professionnelle comme dans la vie de tous les jours. On est gentil ... peut-être trop et on se fait bouffer si on n'y prend pas garde. J'ai l'impression que tous les autres sont supérieurs à moi et il faut que je me fasse violence pour penser le contraire. <br /> Mais je n'ai encore jamais oser dire à quelqu'un en face que je le trouvais c.. !!! Va falloir que j'y travaille ...;-)
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R
Je pense que c'est l'éducation qui fait de nous -pour l'essentiel- ce que nous sommes, adultes. Après, on peut essayer de se libérer de cet acquis, mais c'est difficile, comme s'il y avait quelque chose de gravé en nous, qu'on peut juste tenter d'aplanir avec le temps... Petite, j'étais une grande bavarde, et ma mère n'a cessé de me répéter: "abrège"... j'ai fini par me taire. <br /> Si je n'ai pas perdu totalement l'usage de la parole -que j'ai compensé par l'écrit-, il m'est parfois difficile d'exprimer verbalement ce que je ressens. <br /> Malgré tout, j'ai su tirer cette leçon: je hais les non-dits, ils me sont intolérables, jamais je n'accepterai.
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