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Alter et ego (Carnet)
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9 mars 2006

Hommes et femmes

J'ai envie d'aborder un de mes sujets de prédilection, pourtant peu exploré dans ce blog. Je veux parler de la distinction hommes/femmes.

Je suis... extrêmement circonspect dès que je vois apparaître cette différenciation, pour ne pas dire méfiant... S'il y a bien des différences comportementales (oui, physiques aussi...), je crois qu'elles sont très fortement accentuées par la société et la culture. Et bien souvent je vois une tendance marquée à se fier à des observations pour en tirer des conclusions hâtives.

Exemple: je suis en formation, et nous explorons l'adolescence. Il y est beaucoup question de différences comportementales entre garçons et filles, et certaines de mes "collègues" de formation, se lâchent quelquefois pour villipender le comportement "des hommes", comme s'ils étaient une masse homogène bien distincte des femmes sensibles-intuitives-attentives-expressives-émotives... bref ce que j'appelle des clichés. En tant que seul homme je me permets d'apporter une autre version des faits, qui bouscule parfois quelques certitudes. On me répond alors en plaisantant un  « oui, mais toi t'es spécial... ». Je ne rentre pas dans le cadre "homme", alors on m'en sort, comme si j'étais un cas à part. C'est quand même bizarre... Plutôt que de se dire « tiens, ça ne colle pas avec l'étiquette que je colle sur les hommes », il semble plus facile de la laisser en place et de me considérer comme un spécimen isolé, un peu bizarre.

C'est assez intéressant à observer (et je dois dire que je me régale...). D'une part parce que ce sont les femmes les plus "militantes" et revendicatrices de la condition féminine qui caricaturent ainsi les hommes. D'autre part parce qu'en accentuant cette distinction, ces femmes ne font que renforcer et entretenir le système qu'elles prétendent combattre. En considérant qu'un homme est trop balourd pour comprendre certaines subtilités, trop aveugle pour comprendre ses enfants, trop incapable de bien effectuer certaines tâches domestiques elles s'aproprient de fait certains domaines qu'elles réservent au féminin. Elles excluent les hommes du féminin. Je me retrouve donc à avoir des propos plus féministes que des femmes qui se plaignent de l'inégalité des rapports homme-femme ! A noter aussi que ces femmes-là sont très sûres de leurs certitudes ! Et même si mon insistance à vouloir gommer ces fausses différences est confirmée par une formatrice, psychologue, je vois une moue dubitative sur mon interlocutrice signifiant clairement qu'elle n'est pas convaincue par nos arguments. Je me régale d'autant plus qu'il y a quelques années je faisais partie de ceux qui surévaluais nombre de différences comportementales en les attribuant à des différences quasi-génétiques. Que de bêtises on affirme à coup de « mais c'est évident ! », ponctués d'exemples observés dont il est aisé de tirer des généralisations.

Je pense à des bouquins du genre "Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus" qui colportent et entretiennent ces différences comportementales, enfermant un peu plus chaque sexe dans un rôle prédéfini dont il ne pourrait pas s'extraire. Ce déterminisme me sidère ! Car même si le rôle explicatif de ce genre de bouquin est utile (mieux comprendre l'autre), circonscrire les individus dans un cadre me semble non seulement stupide, mais en plus sclérosant. Et au détriment de qui ? Des femmes ! Entretenir cet ordre "naturel" (avec gros guillemets) encourage à l'immobilisme, donc au maintien des inégalités. C'est vraiment le genre de bouquin à double tranchant, qui fait autant de mal que de bien. Et le pire... c'est que c'est devenu toute une collection de best-sellers... Affligeant !

Certes il existe des différences comportementales entre sexes, et Freud en a largement expliqué les fondements, ancrés dans la sexualité. C'est d'ailleurs assez passionnant de comprendre comment tout cela se met en place et conditionne tout notre psychisme. C'est bien cette différence, cette altérité sexuée qui fait que nous nous "recherchons", masculin et féminin, mais elle est bien moindre que celle est qui mise en avant. Et surtout dûe à une reproduction des modèles parentaux et sociétaux.

En tant qu'homme, pourtant bien masculin, je ne correspond pas vraiment à diverses étiquettes, telles que « les hommes ne se posent pas de questions psychologiques ». Et si je sais avoir une tendance à beaucoup intellectualiser, rationnaliser, je constate aussi que je me prive ainsi de toute ma part émotionnelle. Si j'agis de cette façon, ce n'est pas parce que je suis homme, mais parce que j'ai intégré un certain modèle masculin (dont j'ai bien du mal à me défaire...). Je pense avec ma raison parce qu'on m'a appris que c'est ainsi que je devais penser. Toute la part émotionnelle est longtemps restée en friche, voire niée, et ce langage là ne me "parlait" pas. Je ressentais une part émotionnelle, qui influait, mais elle n'avait aucun sens parce que je ne savais pas la décoder.
Si les femmes sont plus intuitives dans certains domaines (fait observable), ce n'est pas parce qu'elles sont femmes, mais parce qu'elle ont très tôt appris à sentir et reproduire l'intuition dite "féminine" de leur mère, ou de tout autre modèle féminin.

Plus j'avance dans la connaissance de nos comportements respectifs et de leur origine, et plus je me rends compte que nos différences intrinsèques sont réduites. Infiniment moindres que les représentations culturelles que l'on en a. A se demander si, hormis notre anatomie et tout ce que cela implique, nous serions vraiment différents...

Commentaires
I
Lablonde, il est vrai que j'essaie d'avoir le mot le plus juste possible, surtout par écrit, pour éviter les incompréhensions :o)<br /> <br /> Je ne sais pas s'il y a une "fierté masculine", mais je pense que le fait d'être dans le domaine des arguments et du rationnel permet peut-être de croire "avoir raison", tandis que la subtilité et la subjectivité procurent moins d'arguments-massue. Par expérience ancienne, je me souviens que je ne comprenais pas le langage de mon épouse, parce que nous ne parlions pas dans le même registre. Ce qui pouvait donc passer pour de la "fierté" à ne pas reconnaître... ce que je ne comprenais pas. Il se peut aussi qu'il faille une certaine humilité à laquelle les hommes ne sont pas habitués ?
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L
L'idéaliste, je voulais biensûr dire pas "identique". Je n'ai pas autant de facilité que toi ou les autres pour l'expression écrite. Je m'essaye et c'est propablement comme cela que je pourrais progresser... ;-). En vous lisant... <br /> Ce que je constaste dans nombre de mes amis masculins, c'est qu'ils ont encore du mal à concevoir qu'une femme leur donne tort...La fierté masculine a encore de beaux jours devant elle semble t'il ;-). Mais les femmes y travaillent d'arrache pied...et c'est tant mieux.
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I
De tous vos commentaires je retiendrai quelque chose qui me semble important: le mode de communication. Effectivement nous n'abordons pas, hommes et femmes, les choses de la même façon. Et souvent nous ne nous comprenons pas.<br /> <br /> Jean des nuages, oui, bien davantage de ressemblances que de dissemblances, je le pense aussi. Mais toute l'amabivalence de l'humain est là: chercher à la fois ce qui me différencie de l'autre... et ce qu'il a de pareil que moi. Entre hommes et femmes cette quête sera infinie, parce que nous sommes définitivement différents sur le plan sexué, avec tout ce que ça peut entraîner dans le psychisme profond.<br /> <br /> Solovely, la "serpillière" Mars et vénus peut avoir du bon pour décrypter le mode de fonctionnement comportemental de l'autre sexe. Mettre un sens sur ce qui semble parfois "incompréhensible". Ceci dit observer un comportement ne signifie pas qu'on doive l'accepter, et c'est là le côté nuisible de ces bouquins. Aider les gens à mieux se comprendre, c'est bien. Perpétuer leurs différences les plus grossières, ça me semble très con...<br /> <br /> Ségolène, la revendication égalitaire ne concerne que les droits (salaire, travail, liberté...). L'égalité n'est pas l'identique. Je ne pense pas que qui que ce soit puisse souhaiter qu'homme et femmes tendent à devenir identiques. Nous sommes bel et bien différents et c'est ça qui nous enrichit mutuellement. Aucun modèle, masculin ou féminin, n'est meilleur que l'autre. C'est l'alliance des complémentarités qui est intéressante.<br /> <br /> Alauda, tout à fait d'accord: hommes et femmes nous sommes composés de "masculin" et de "féminin", et ces deux pôles ont tout intérêt à coexister en synergie plutôt que de vouloir se conformer à son identité sexuelle en ne privilégiant que la part comportementale qui s'y lie. Nous sommes un tout, et il n'y a aucun avantage à s'amputer de toute la part de soi qui tient de l'autre sexe.<br /> <br /> Cassymary, tout à fait d'accord avec cette problématique de la communication. En ce qui concerne le "je t'aime"... il y aurait aussi beaucoup à dire sur le sens de ces mots, mais c'est un tout autre sujet.<br /> <br /> Lablonde, tu veux ne pas être l'égale de l'homme ou ne pas être son identique ? Ce n'est pas la même chose...<br /> Par contre, je me permets de t'arrêter tout de suite dans la distinction comportementales des petits garçons et petites filles: ne pas oublier qu'ils imitent tout ce qu'ils voient ! Ne surtout pas croire qu'ils seraient "programmés" génétiquement à être "bavards " ou "intrépides". C'est totalement faux. Chacun pourrait trouver des contre-exemples qui infirment cette théorie. Et c'est ce que fait Hydrogène juste après toi...<br /> <br /> Hydrogène, tu trouves les femmes très différentes des hommes. Je pense que ça depend de quelles différences on parle. Parfois on peut se retrouver davantage dans nombre de caractères de l'autre sexe que dans celui auquel on appartient, sans pour autant avoir le moindre doute sur son identité sexuée. Personnellement je me sens bien plus à l'aise en compagnie de personnes qui combinent leurs deux parts sexuelles que celles qui sont très ancrées dans un comportement sexué "typique".
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H
« A se demander si, hormis notre anatomie et tout ce que cela implique, nous serions vraiment différents... »<br /> <br /> Je trouve les femmes très différentes des hommes. Mais difficile de faire la part des choses et définir ce que nos différences physiques ont pu produire de différences comportementales.<br /> Si on regarde ne serait-ce que ce que l’instabilité hormonale d’une femme peut engendrer comme ambiguïté comportementale…<br /> <br /> Après… j’ai un petit garçon… « une vraie pipelette » ; m’a dit sa maîtresse (pipelette au féminin …) qui est bien moins téméraire que sa sœur. Il aime la musique et je ne vais bien évidemment pas l’inscrire au foot pour qu’il « devienne un homme, un vrai » !<br /> Leur père est un homme (un vrai ;-) ) sensible, délicat… Il a une réelle capacité d’écoute et de compréhension. Il aime dialoguer et faire chauffer ses méninges. Mais nous avons réellement une manière très différente d’appréhender les choses et d’en parler.<br /> <br /> Pêche, chasse et barbarie… goûts différents. Non, je ne crois pas. Ma grand-mère tenait très bien le fusil… sa mère aussi. Jeunes, elles participaient à des divertissements d’une rare barbarie (dans notre regard d’aujourd’hui…) et montaient en amazone (? femme guerrière ) et couraient derrière le brame.<br /> S’il n’est plus très à la mode de tirer sur la colombe et la gazelle… ce n’est qu’une question d’époque. <br /> Et la question que je sens venir… « Alors pourquoi les femmes ne participaient aux chasses dans les sociétés tribales ? »<br /> Parce qu’elles étaient enceinte ou allaitaient quasiment tout le temps, et ceci dès l’age de 14 ans. Donc pragmatiques… nos ancêtres ont dû vite se rendre compte qu’il n’était pas rentable de leur apprendre à chasser pendant des heures et d’essayer de les faire courir derrière le mammouth , car il n’y aurait pas de retour sur investissement.<br /> <br /> Et donc, une nouvelle fois, il ne s’agit que de différence physique … et tout ce que ça implique
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L
Que rajouter à tout cela si ce n'est que je suis d'accord avec le fait que l'éducation y est pour beaucoup. <br /> Cependant je revendique mes différences en tant que femme et j'en suis fière. Je ne veux pas être l'égale de l'homme, ni qu'il soit le mien. Dès le plus jeune age on distingue des différences de comportement entre garçons et filles. Le garçon est intrépide et peu bavard alors que la fille est plus prudente et plus bavarde (dans les cas les plus courants). Des différences existent et c'est tant mieux. On voit peu de femmes dans les sports extrèmes par exemple. Je pense qu'il ne s'agit là que d'une question de goûts. Nous avons des goût différents et des passions différentes. De même que pour la pêche, la chasse... on trouve peu de femme qui aime tuer des animaux. Cela se retrouve même jeune. Je me rappelle d'un garçon qui adorait faire griller des grillons avec des allumettes, je ne me rappelle pas avoir jamais vu une jeune fille faire cela. <br /> Nous sommes différents et c'est tant mieux. L'un bouste l'autre pendant que l'autre le tempère. <br /> Cela ne veut pas dire que les hommes ne sont pas sensibles. Je pense même qu'il le sont plus que les femmes mais le montre moins. J'ai vu beaucoup plus d'hommes souffrir réellement que de femmes. Elles relativisent peut-être plus vite ou s'adaptent mieux à des situations difficiles. <br /> Petit à petit les différences se restraingnent mais il est important qu'elles continuent d'exister...à mon humble avis.
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C
Moi je crois qu'on n'est pas si différent que ça en fin de compte. Notre gros problème, c'est sans doute que nous n'avons pas la même façon d'exprimer les choses, et je pense que si notre langage était uniquement "télépathique", on se comprendrait bien mieux. Nous parlons un langage étranger. Mais "étranger" ne veux pas dire " différent" , il faut juste apprendre à " se traduire".<br /> "Je t'aime" veut dire la même chose, dans toutes les langues du monde !
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A
Et si on parlait plus en terme "d'énergie" que de différenciation de sexe ?<br /> <br /> En effet, je crois que nous avons tous en nous une "part féminine" plus axée sur l'intuition, la réception et une part masculine qui concerne l'action., la raison. <br /> Mais être né femme ou homme n'a aucune importance ! <br /> En tant qu'être humain chacun de nous a à développer toutes ces facettes de ces potentiels. <br /> D'où l'égalité essentielle au sens où aucun de nous n'est "exclu" de cette complétude.<br /> <br /> Etre une femme ne signifie pas se cantonner dans la réception et l'intuition en se privant de toute part active, en s'interdisant l'accès au raisonnement, à la pensée. <br /> Etre un homme n'impose pas, même si le détournement qu'on en a fait socialement l' a longtemps fait croire, de ne pas ressentir ou de ne pas exprimer d' émotions. <br /> Les hommes sont aussi sensibles et intuitifs que les femmes, les femmes sont aussi actives et aptes à raisonner intellectuellement (hors de l'affect) que les hommes …<br /> <br /> C'est tout un réajustement de ces confusions qui semble être à l'œuvre actuellement. <br /> De plus en plus d'hommes revendiquent à juste titre leur sensibilité et cela n'en fait pas pour autant des "femmelettes", des "moitiés d'homme", au contraire, cela en fait des êtres complets. <br /> De même que les "garçons manqués" honnis par nos grands-mères et montrés du doigt comme autant de moutons noirs dans les rangs des filles bien comme il faut, n'étaient que des - futures - femmes qui refusaient de n'être des moitiés d'êtres en faisant d'une part, la totalité.<br /> <br /> A mon sens, homme ou femme, nous sommes avant tout un être dont l'existence est l'apprentissage et le développement de TOUT ce qui est en lui… quel que soit son sexe.
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S
Bon je sens que je vais faire un fausse note, mais tant pis, c'est ça aussi un échange...<br /> Je me demande en quoi revendiquer sa condition féminine passerait forcément par une revendication égalitaire ? La revendiquer sa ne signifie pas pour moi, se calquer sur un modèle masculin. C'est affirmer le droit à la différence et à la complémentarité. Ce qui fait toute le richesse et la densité des rapports hommes-femmes.<br /> Et puis, les femmes utilisent parfois ce genre d'arguments stratégiques à l'encontre des hommes pour mieux les dominer et affirmer leur suprématie :-)<br /> Je reste néanmoins convaincue qu'il y a une grande part de culturel dans nos conduites réciproques en effet ! Ca c'est pour terminer un peu plus consensuelle ;-)
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S
Oui Idéaliste, je suis tout à fait d'accord avec vous! Et je crois que plus l'on côtoie l'Autre, moins l'on peut s'enferrer dans les clichés hommes/femmes. Celà dit un grand MERCI pour le paragraphe sur cette serpillière de "Mars et Vénus"! Petite parenthèse: vous écrivez "qu'il fait autant de bien que de mal"? Sincèrement à part le mérite de se pencher sur un sujet complexe, je ne vois pas vraiment en quoi il aide à l'aboutissement d'une réflexion (même sommaire)
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N
C'est réjouissant de lire sous ta plume ce que je pense moi-même, absolument.<br /> Des différences de départ, parfois réelles mais surestimées, sont amplifiées par la culture, l'éducation, la religion, les préjugés.<br /> Je me souviens de telle amie, fort sujette à ces préjugés "féministes victimistes et moralisateurs" (une branche du féminisme, mais pas tout le féminisme), dire à propos de tel homme : "oh il est très féminin, il a apporté le thé, il est sensible, il écoute....". Rognnntudjûûû ! <br /> Dès lors, toutes les valeurs positives deviennent "féminines" : l'écoute, la compassion, la solidarité, la vie intérieure, la recherche de son "moi" profond, l'intuition, l'amour vrai, la sexualité douce légitimée par le même amour vrai, etc, etc...<br /> Pour les valeurs (?) "masculines", le reste : la compétition, la violence, la vitesse, l'appât du gain, le sexe pour le sexe, et pourquoi pas la côte à l'os, les frites, la bière, le foot, la pédophilie, le génocide tant qu'on y est ?<br /> <br /> Comme toi, et comme Elisabeth Badinter, je pense aussi que ce qui sépare les hommes des femmes est beaucoup moins important que ce qui leur est commun. Mais il est vrai que dans beaucoup de sociétés traditionnelles, et dans la nôtre il n'y a pas longtemps (et encore aujourd'hui dans une certaine mesure), les rôles des "genres" ont été "clichés", "stéréotypés"...
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