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Alter et ego (Carnet)
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7 septembre 2006

Amitié: des âmes mises autour de soi

Une de mes amies, connue sur un forum il y a quelques années et rencontrée en face à face (rien ne remplace le face à face pour créer un lien authentique qui s'ancre en profondeur), a expédié un mail collectif pour exposer la situation difficile dans laquelle elle se trouve. Les réponses n'ont pas trainé, chacun ayant apporté ses réflexions comme autant de pistes à explorer. Je ne connais pas toutes ces personnes, confidentes de mon amie, mais j'ai parfois longuement correspondu avec certains d'entre-elles. Je connais leur capacité à se poser des questions pour avancer, à être attentif à l'autre, à se responsabiliser. De belles personnalités, à la fois franches et authentiques, respectueuses des différences même si parfois des désaccords importants nous ont mis à distance. Il y a même eu de grosses colères réciproques (oui, je sais parfois me mettre en colère...). De la part de ces personnes vis à vis de notre amie commune j'ai senti une empathie, une solidarité, une humanité. Ce cercle constituant "la garde rapprochée" de mon amie, selon l'expression d'un des intervenants.


J'ai été touché à plus d'un titre par ces échanges, qui se poursuivent depuis trois jours. D'abord par la confiance que nous faisait cette amie. En exposant quelque chose de fort concernant le devenir de son couple, elle offre d'elle une part infiniment précieuse: son intimité. Tant dans ses sentiments que dans ses espoirs, ses fragilités, ses attentes, elle s'est mise à nu devant nous. La nudité de l'âme, ce n'est pas rien ! Pour moi c'est toujours émouvant.

J'ai aussi été sensible à ces présences qui se sont manifestées pour venir en aide auprès de celle qui en a besoin et l'exprime. Avec beaucoup de respect et d'attention dans les réponses, chacun ayant le souci de ne pas être "conseilleur", sans non plus minimiser les ressentis, sans dire « c'est pas si grave ! ». Non, il s'agissait d'une vraie écoute et de propositions... à suivre ou à laisser. Il se trouve que les personnes qui ont répondu ont, pour celles que je connais, eu à affronter des situations de couple difficiles, souvent dans la douleur (on ne peut l'éviter...). Ce qui leur donne un recul et une humilité que j'apprécie. Avec aussi toujours la lueur d'un avenir qui redeviendra apaisé. Ni déprime, ni fatalisme, ni résignation. Non: le lâcher prise comme première solution, la reconstruction ensuite. Se protéger de ce qui fait souffrir. Se préserver.

Mais je ne vais pas me lancer ici dans un traité relationnel à l'usage des personnes de bonne volonté. Des spécialistes le font fort bien et, de toutes façons, chacun ne l'apprend que par l'expérience et le "travail" sur soi.


Non, ce qui me fait évoquer cela c'est l'idée d'amitié et de solidarité, à laquelle je suis particulièrement sensible. Le hasard des circonstances fait que, pas plus tard que le week-end dernier, j'y ait fait appel pour un aspect beaucoup plus matérialiste: un coup de main. Depuis plusieurs jours je travaillais par intermittence à vider l'incroyable fatras d'objets accumulés dans une vieille grange que nous (ma future-ex et moi) vendons. Au rythme où ça allait il y en avait pour des semaines. Ou au minimum une semaine de boulot à plein temps. Alors on a appellé à la rescousse quelques couples de copains-famille pour une journée de nettoyage. Plusieurs d'entre eux ont répondu à l'appel, accompagnés de quelques uns de leurs ados.

Tout le monde a retroussé les manches (façon de parler, vu la météo superbe d'un retour d'été...) et à plongé dans la poussière (façon de parler aussi...). Vingt-quatre bras ça abat un travail considérable ! En trois ou quatre heures on avait vidé, jeté, rangé, déplacé, nettoyé. Du bon boulot efficace. Et sympathiquement puisque chacun pouvait discuter entre les nuages de poussière. Le repas s'est fait dans le jardin, à une grande tablée, autour d'un repas préparé la veille conjointement par Futurex et moi.

Mais ce que j'ai trouvé amusant, et dont je me demande si cela tient vraiment du hasard, c'est que chaque personne présente était seule représentante de son couple. Ce qui veut dire que chacun d'eux est venu "en célibataire", attitude suffisamment inhabituelle pour que je la remarque. Ironie, nous étions donc, avec Futurex, le seul "couple", aussi séparé soit-il. En outre, chaque représentant des demi-couples était celui que nous connaissions avec le plus d'ancienneté. C'est à dire des amis d'adolescence, connus chacun de notre côté avant notre mariage. Le premier cercle, les vétérans, les fidèles d'entre les fidèles. La "garde rapprochée", en quelque sorte, réunie ici parce que notre "couple" partage encore quelque chose en commun.

Alors je me suis rendu compte que les conjoints d'amis restent souvent "pièces rapportées": amis parce que conjoints. L'implication affective reste généralement moindre. J'en viens à me demander quels liens demeureraient si ces couples, à leur tour, se séparaient. Finalement, l'amitié est peut-être plus souvent circonstancielle que ce que j'imaginais. Et l'amitié entre couples probablement largement bâtie sur des liens conjoncturels à l'illusoire pérennité.




porteouverte
Porte ouverte sur mon intérieur...

Commentaires
P
Christine, il est vrai que l'absence de l'autre modifie les sujets de conversation. C'est aussi une façon d'exister par soi-même.<br /> TRès juste ce que tu dis sur la nécessité de "rassurer" les amis, qui ne savent plus bien quelle position avoir, et s'il faut éviter certains sujets. C'est pour cette raison que je souhaitais que les choses soient dites très clairement. Surtout éviter les non-dits et les silences. <br /> <br /> Pati, je me rends compte que le genre de bouleversement que je vis permet de faire apparaître les "vrais" amis. Ceux qui restent présents quoi qu'il se passe. C'est un des avantages des situations de crise :o)<br /> Pour les relations amoureuses... peut-être que cela dépend aussi si elle était aussi relation d'amitié. Cette double appartenance complexifie nettement les séparations. Du moins pendant un certain temps nécessaire à la clarification.
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P
quand j'ai divorcé, mes choix ont fait que la quasi totalité de mes amis et membres de ma famille ont choisi de soutenir mon ex et non moi.<br /> <br /> ainsi, personnellement, je ne peux qu'abonder dans votre sens. par contre, je pense que mon ex en aurait une vision diamétralement opposée ;)<br /> comme quoi... ^^<br /> <br /> en ce qui concerne l'amitié, il est vrai que les liens tissés dans l'enfance ou l'adolescence restent souvent extrèmement forts, quand ils passent le stade de la jeunesse insouciante.<br /> mais je pense que c'est la fougue de nos premières émotions qui en fait le tissu particulier.<br /> en tout cas, à mes yeux, l'amitié est un des sentiments les plus nobles, les plus forts qui puisse exister entre deux personnes. à mon sens, elle perdure bien plus longtemps qu'une relation amoureuse et de fait acquiert une sépcificité bien à elle. :)
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C
Les seules liens d'amitié que je n'ai pas perdu lors de mon divorce ont été les liens tissés avec mes frères qui sont de véritables amis pour moi en plus d'être mes frères. Il est difficile de garder le contact "après". On a l'impression de ne plus rien avoir à dire car on ne peut plus parler de l'autre. J'ai gardé aussi des liens très forts avec mes amis d'enfances qui eux sont toujours présents même si on se voit très peu souvent. <br /> En conclusion, souvent les liens amicaux acquis dans la communauté, se perdent après sauf si, comme toi, Pierre, on essaie de garder le contact. Les amis sont souvent perdus, il faut aussi savoir les rassurer simplement en reprenant le contact, ce que je n'ai probablement pas su faire.
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P
* Forestine, je ne sais pas si TON commentaire T'A attristé (joli lapsus), mais ce n'est aucunement le cas pour moi :o)<br /> <br /> Et si ça avait été le cas je t'en aurais parlé.<br /> <br /> Il est vrai que je me sépare, mais dans des conditions que je crois proches de l'idéal auquel j'aspire: en plein accord avec ma future ex-épouse. Je dirais presque "en harmonie". C'est précisément parce que je ne ressens pas ce besoin de scinder les amitiés que je constate ce qui se passe plus où moins à l'insu des personnes concernées. Je ressens chez nos amis une certaine gêne face à notre situation, comme si une ambiance conflictuelle était redoutée. Il a fallu un certain temps pour que nos proches constatent que ce n'était pas la guerre et qu'on s'entendait bien. Il ne leur est d'ailleurs pas facile de comprendre une séparation entre personnes qui s'entendent bien ;o)<br /> <br /> Une séparation de proches remet un peu en question les représentations que chacun se fait de son couple...<br /> <br /> Je cherche effectivement à préserver les liens, tous les liens, par delà les aléas de l'existence. Ce qui relie aide à construire, apporte une sécurité, des racines. Il me semble que rien ne peut être construit de durable sans liens. Et les liens qui ne tiennent pas n'étaient sans doute pas de vrais liens, mais de circonstance.<br /> <br /> J'imagine qu'un divorce peut-être douloureux pour les amis (je n'ai pas d'amis divorcés...). Surtout lorsque le divorce est conflictuel et qu'on est "sommé de choisir son camp". J'avoue ne pas comprendre ce genre d'exigence... Pour moi un lien existe de personne à personne, et les autres liens ne devraient pas interférer. Ce que tu racontes a du être difficile à vivre pour toi.<br /> <br /> * Madame Proprette, je suis d'accord avec toi: les liens créés du temps de la maturité sont différents parce que davantage choisis en toute connaissance de cause. Investis différemment, davantage fondés sur l'immédiateté, peut-être...<br /> <br /> Pour les "pièces rapportées" dans le cercle familial les coupures de liens peuvent être encore plus flagrantes. Parce que si on ne choist pas sa famille, on choisit encore moins celle de son conjoint. De plus les cultures familiales, parfois fort différentes, font que la greffe n'est pas forcément très compatible.<br /> <br /> Si tout cela est douloureux, cela présente au moins l'avantage d'être instructif et révélateur de ce qui demeurait caché ;o)
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F
Encore moi, avec une inquiétude... J'espère que mon commentaire ne m'a pas attristé, ou blessé: tu te trouves du côté de ceux qui se séparent et je m'aperçois en me relisant que mes remarques évoquent peut-être une forme de culpabilisation que je n'avais pas du tout en tête... Je n'en veux pas à mes anciens amis, évidemment, je ne leur reproche rien. Ce sont de simples regrets que j'exprime, et qui ne te concernent pas particulièrement. Il me semble au contraire que sans doute, tu cherches à préserver les liens d'amitié autant que possible...
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F
Les couples d'amis qui se séparent... cela mériterait un billet en soi. A chaque divorce, j'ai l'impression de perdre mes amis. Je pense à un premier couple où chacun tenait à me prendre à témoin des fautes de l'autre alors que je les aimais bien tous les deux; ma réserve a fini par créer un climat de reproche, il fallait que je prenne parti... je les ai perdus l'un comme l'autre.<br /> Un autre couple où le conjoint a estimé que j'avais comploté contre lui (j'étais la confidente de l'épouse volage, d'accord, mais enfin je ne l'avais pas poussée dans le lit de l'autre, non plus!)Bon, game over.<br /> Un troisième où le côté "pièce rapportée" a dû jouer parce que celle que je voyais comme une amie m'a ignorée du jour au lendemain...<br /> C'est douloureux, un divorce, même pour les amis!!!
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M
Comme ta conclusion est exacte! Pour l'avoir éprouvée à mon heure, j'ai la certitude que seules nos vraies amitiés de jeunesse survivent sans nuage aux tournants de nos vies. Non pas que l'on ne puisse tisser des liens solides et chaleureux en avançant en âge, mais ces amitiés là procèdent d'une autre nature, plus réfléchie peut-être, plus sensible à l'échange qu'au don spontané, encore que je connaisse quelques belles exceptions.<br /> Quant aux conjoints de nos amis, tu as raison de les appeler "pièces rapportées". Mais cela me fait sourire, parce que dans les familles de nos conjoints, c'est nous qui sommes pièces rapportées. Et l'expérience d'un divorce puis d'un veuvage, me permet de te confirmer qu'effectivement, il ne reste que peu de chose des attachements "beaux-familiaux" après une séparation. Encore heureux lorsqu'il n'en demeure ni reproche ni rancune ...
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