Rebondissements
C'est un peu comme un caillou lancé pour faire des ricochets: on ne sait jamais combien de fois il va rebondir.
La vente de ma vieille maison, dont la signature était prévue demain matin, est reportée...
Le premier compromis de vente a été signé le 11 juin, pour un acte de vente prévu le 11 septembre. Trois mois de relative incertitude (les conditions suspensives pouvaient annuler toute l'opération). Durant de délai, contact a été pris avec un géomètre qui doit partager le terrain. Délimitation fin aôut, sur place, avec convocation des propriétaires riverains. L'occasion de discuter un peu pendant que le géomètre recherche les anciennes bornes, fait ses relevés, et plante les nouveaux repères. Au centimètre près ! A l'issue de la matinée il annonce qu'il y aura un délai de trois semaines, le temps de faire valider le nouveau découpage par le service du cadastre. Bon... ok... on patientera
Finalement ce seront quatre semaines avant que le rendez-vous soit pris pour l'acte de vente chez le notaire. Prévu le 11 octobre. Donc demain.
Et ce matin je reçois ça:
« Afin de permettre de constituer une servitude entre la propriété de M. J. (Cadastrée section AC, numéro 13) et la parcelle que vous vendez à M. S. (... blablabla...)
En conséquence, je vous confirme que le rendez-vous de signature prévu initialement demain mercredi 11 octobre à 9h15 chez Me H. doit être reporté, le temps de me permettre de faire régulariser une procuration à M. J.
Me H. me propose de fixer le rendez-vous de signature mercredi 25 octobre à 9h15 en son Office notarial.»
Et hop, deux semaines de plus !
... respirer un grand coup... et ne pas s'en formaliser. On appelle ça des "impondérables".
Je vais donc dormir encore quelques nuits dans ma maison vide.
L'avantage de ce report est qu'il évitera la délicate période de cohabitation avec ma future-ex, qui déménage bientôt... En effet, après deux ans et demi d'exil je reviens dans "notre maison", qui était devenu "chez elle", et sera désormais "chez moi" (vous suivez ?). Va et vient dicté par les circonstances et nos accords à long terme. Mon ex-compagne s'installera avant la fin du mois dans un appartement qu'elle s'est choisi. Elle est heureuse de ce changement, qu'elle attendait depuis longtemps, et je suis content pour elle. Pour moi aussi. Soulagé par cette mise en acte qui nous "libère" de façon bien plus marquée que le régime de voisinage sous lequel nous retrouvions souvent. Il n'empêche que je ressens une tristesse en la voyant prendre cette distance géographique, qui s'ajoute à celle qu'elle a installée dans notre lien depuis deux ans et demi...
Mais peut-être que cette mise à distance sera une bonne chose ?
Nous en voyons dèjà tous les deux les avantages. Mélange bizarre de satisfaction et de tristesse, dans le gain et la perte, comme tout changement.
Hier soir, une amie apprenant qu'il m'arrivait de sombrer dans la tristesse m'a demandé si, dans ces moments-là, j'en parlais aux autres. A vrai dire j'ai plutôt le réflexe inverse: je m'isole et me recroqueville. Ne me sentant pas d'agréable compagnie, craignant d'être envahissant avec mes soucis, répugnant à me plaindre de mon sort, je reste seul en attendant de retrouver ce qui me permettra de reprendre pied. Je sais que c'est un peu idiot de se replier ainsi. Moi-même j'aime pouvoir accompagner quelqu'un qui, se trouvant en souffrance, ou triste, s'ouvre en confiance vers moi. J'aime contribuer à "remonter le moral".
Bah... c'est vrai que dans la réalité je suis parfois moins "fort" que ce que j'écris. Normal: dans ces moments de déprime je n'écris pas...
Mais peut-être devrais-je accepter de ressentir cette tristesse. L'accueillir, la laisser prendre sa place et s'exprimer, être reconnue dans son existence. La tristesse n'est pas un sentiment négatif, tandis que son refoulement peut conduire au ressentiment qui, lui, est négatif.
Oui, je crois qu'il m'arrive d'être triste.
[Aaaah, ça fait du bien de se laisser aller à le dire !]
Et ça n'empêche pas que d'un autre côté je reste optimiste.
Les deux peuvent coexister sans contradictions.
Je me demande même s'il ne m'arrive pas d'être simultanément triste et enthousiaste. Triste pour ce que je quitte, mais heureux de ce vers quoi je vais.