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Alter et ego (Carnet)
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23 novembre 2006

Responsable mais pas coupable

On se souvient de cette formule rendue célèbres par Georgina Dufoix lors du scandale du sang contaminé. Pour ma part c'était la première fois que je faisais attention à cette distinction entre deux concepts parfois confondus et pourtant fondamentalement différents.

Comme il en a été question dans les commentaires de mon texte précédent, je suis allé voir ce que je trouvais à ce sujet sur le net.

Wikipedia pose les bases:

« Le terme culpabilité possède deux sens différents selon qu'on l'envisage sur le terrain juridique ou psychanalytique.

En droit la culpabilité est un état déterminé à l'issue d'un jugement porté sur le comportement d'une personne.

En psychologie ou en psychanalyse la culpabilité est un sentiment qui affecte un sujet que cette celui-ci soit justifié ou non. On distingue le sentiment de culpabilité conscient du sentiment de culpabilité inconscient.»

Je crois qu'il y a déjà là de quoi réfléchir sur l'association qui est souvent faite entre culpabilité et faute, concept issu du droit.

Ensuite, dans la culpabilité qui se développe au sein des relations interpersonnelles, il apparait bien cette distinction entre sentiment conscient et sentiment inconscient. On peut se croire dégagé de toute culpabilité, par une construction de l'esprit, tout en agissant sous l'influence d'une culpabilité refoulée.


Sur le toujours intéressant Redpsy, on trouve une autre distinction: la "bonne" et la "mauvaise" culpabilité.

La saine culpabilité serait « l'expérience que je vis quand je pose délibérément un geste qui est en désaccord avec mes valeurs. »

L'autre forme, appellée "culpabilité-camouflage" serait « un déguisement de mon refus d'assumer mes propres désirs, sentiments ou choix. »

Dans le premier cas elle sert à comprendre que « l'action que j'ai posée a créé un déséquilibre en moi. Ce déséquilibre consiste essentiellement en un désaccord avec moi. La culpabilité m'indique donc que j'ai été infidèle à moi-même dans une situation où j'avais le choix d'être fidèle à moi. »

Dans le second, elle sert à « me donner bonne conscience et contrôler la réaction de l'autre. Elle est pernicieuse parce c'est un subterfuge pour éviter de s'assumer. »

La première est utile est constructive, tandis que la seconde produit les effets inverses. Voila peut-être une explication à quelques malentendus sur le sujet.

Il y a tellement de mots importants qui ont des sens multiples...


Enfin, on peut aller plus loin en lisant sur psycho-ressources ce que des psychologues et philosophes en ont dit. On y découvre que la culpabilité appartient, selon la psychanalyse, aux fondements de la construction de la pensée... et en lien direct avec l'amour sous sa forme la plus primitive (nourrisson avec sa mère). Autrement dit : on n'est pas prêt de l'évacuer de soi !

On peut constater que les théories de Winnicot et Mélanie Klein sont tout à fait éclairantes à ce sujet, et expliquent tout ce qui se joue ultérieurement dans toute relation à l'autre, et notamment dans le lien amoureux.

Parmi toutes les intéressantes contributions, je retiendrai celle de Engel et Ferguson « quand une personne ne se sent pas capable de faire quelque chose, elle se sent coupable de son incapacité. Inversement, lorsqu'elle se sent coupable, cela la rend souvent incapable d'agir. »

Pour finir, je laisse la parole à Spinoza (qui la mérite cent fois plus que moi...):  « C'est ce sentiment [de culpabilité] qui provoque la prise en charge de soi par soi (la responsabilité). »

Et voila, entre culpabilité et responsabilité, la boucle est bouclée...

Commentaires
P
Je pense qu'il est très difficile d'excuser/accepter sans "comprendre" un minimum des motivations de l'autre. Voila pourquoi les mots sont, à mon sens, essentiels. Ils donnent des clés de compréhension.<br /> <br /> Mais c'est la même chose pour s'accepter soi-même : comment éviter la culpabilité sans SE comprendre ?<br /> <br /> On peut aussi comprendre l'autre sans l'excuser pour autant, et sans accepter la récidive (dans le cas que tu cites, de violences conjugales).<br /> <br /> Je suis d'accord pour la pensée magique, mais accepter cela ne doit pas non plus conduire à un comportement fataliste « bah, de toutes façons la vie est souffrance, alors un peu plus ou un peu moins... ». La souffrance psychique existe, oui, mais on se doit de la réduire autant que possible. Et souvent on peut la réduire par la parole. C'est le sens même des psychothérapies.<br /> <br /> Quand à cela « Et donc cette fameuse culpabilité dont on voudrait sortir par de la "compréhension" de la part de celui que nous faisons souffrir (quand on ne réclame pas son pardon !! supreme offense !), est un chemin délétère. » c'est l'inverse de ce dont je voulais parler :o)<br /> <br /> Je parlais de la compréhension à l'égard de celui par qui on souffre ! Tenter de comprendre son mal-être, qu'il "communique" et me transmet malgré lui.<br /> <br /> Bien sûr que demander pardon peut n'être qu'un moyen de s'absoudre à bon compte... pour mieux récidiver (et puis se refaire pardonner ensuite...). Il existe toutefois la demande sincère de pardon, à "usage unique". Et heureusement qu'on peut pardonner, ou se faire pardonner, les fautes et erreurs.
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A
"Je crois que la souffrance psychique ne s'évacue que par la verbalisation, et que tout peut être compris."<br /> <br /> Comprendre, n'est pas le plus difficile.<br /> Et même c'est parfois "excuser" et pire "autoriser".<br /> La victime qui comprend son bourreau fait le jeu de sa perversion (Cf les femmes battues, puisqu'on en parle actuellement).<br /> <br /> Je pense qu'il nous faut assumer (dans la douleur parfois) nos errements, nos erreurs, et la manière volontaire ou non dont on a fait souffrir l'autre.<br /> Espérer une vie sans souffrance et sans assumer sa pauvre condition d'auteur de cette souffrance, relève de la pensée magique...<br /> <br /> Et donc cette fameuse culpabilité dont on voudrait sortir par de la "compréhension" de la part de celui que nous faisons souffrir (quand on ne réclame pas son pardon !! supreme offense !), est un chemin délétère.
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P
Forestine, je crois que si on se sent responsable de soi on ne considère pas que les autres nous rendent malheureux, mais que soi-même on accepte aussi de l'être.<br /> Et de la même façon, en étant malheureux on ne gâche pas à soi tout seul la vie des autres : eux aussi acceptent qu'elle soit gâchée en prenant à leur charge ce qui ne dépend pas d'eux. Je ne parle pas là des enfants, qui n'ont pas la capacité de prendre du recul et absorbent tout ce que vivent leurs parents.<br /> <br /> M'enfin tout ça c'est en théorie, et à vivre c'est un peu plus complexe...<br /> <br /> Par ailleurs, "faire ce qui me plaît" ne me rendra disponible aux autres que si je le fais de façon ouverte et altruiste. Je ne crois pas qu'un "bonheur" strictement égoïste (ça me semble presque incompatible !) soit transmissible. Il me semble qu'il faut qu'il y ait don, ou partage, pour nourrir l'autre de mon propre bonheur, non ? Le bonheur est dans l'ouverture aux autres.<br /> <br /> Pour ce qui ne tue pas, etc... je suppose que c'est ce qu'on dit pour rebondir plutôt que de se lamenter sur sa souffrance. De toutes façons on est blessé, alors plutôt que d'en "mourir", autant vivre avec et s'en servir.<br /> J'aime bien ce que tu dis du bonheur qui vient de l'élan et du don de soi. Je le perçois aussi de cette façon.<br /> <br /> «quand on est du côté de celui qui inflige la blessure, je ne sais pas non plus comment on surmonte le fait d'en avoir été la cause...»<br /> <br /> Pour ma part c'est difficile. Il y a une tristesse, une gêne, une peine, que j'essaie de compenser par beaucoup d'attention. Non pas pour effacer la souffrance, mais pour que la confiance en soi n'en soit pas atteinte, et pour tenter d'apporter un baume, d'apaiser. Ce n'est pas forcément accepté, et là ça peut rendre deux personnes malheureuses.<br /> <br /> En fait je ne sais pas si on surmonte vraiment ça. Je me demande si, avec les années, cette "culpabilité" (terme impropre puisqu'il n'y a pas de faute) s'efface. Elle "s'oublie" en apparence, mais je crois qu'elle reste éternellement. Je me sens encore coupable de gaffe que j'ai pu faire il y a des décennies. Ça ne m'empêche pas de vivre, mais je les regrette. Et je les "porte" en moi.<br /> <br /> En parler, et voir que l'autre est "passé par dessus", est certainement un apaisement.<br /> <br /> Parler, toujours parler. De tout !
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F
Si on me rend malheureux, je suis tellement triste que ça va gâcher la vie des autres. Donc autant que je fasse ce qui me plaît et ma bonne humeur ainsi que ma disponibilité pour expliquer mon bon plaisir vont dissiper les regrets.<br /> Oui.<br /> Ah bon?<br /> Je ne suis pas convaincue... <br /> <br /> Ce qui ne tue pas rend plus fort. hum.<br /> Vraiment?<br /> Plus blindé, sûrement. Plus heureux, je ne sais pas. Plus détaché, sûrement.<br /> Mais plus le temps passe et plus je me demande si le bonheur, la joie de vivre sont dans le détachement, justement.<br /> Il me semble que je trouve mon bonheur dans un investissement et dans un élan, dans un don de moi. Si je n'ai plus envie de me donner, la vie devient insipide...<br /> <br /> Et quand on est du côté de celui qui inflige la blessure, je ne sais pas non plus comment on surmonte le fait d'en avoir été la cause...<br /> C'est ce dont tu parles à Alainx, Pierre, et ta réponse m'intéresse beaucoup.
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P
Gourmande, c'est exactement ça !<br /> <br /> Je crois que, même s'il faut du temps, la mise en mots et l'écoute peuvent venir à bout des souffrances. Je crois que la souffrance psychique ne s'évacue que par la verbalisation, et que tout peut être compris.
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G
Ma "culpabilité" c'est de n'avoir pas su faire pour qu'il n'y ait pas de souffrance. Défi impossible, j'en suis bien conscient...<br /> <br /> Phrase tout à fait intéressante.<br /> Comment peut-on faire pour agir en respectant son propre moi et en ne faisant pas souffrir les autres ?<br /> <br /> Si cela était toujours possible nous n'aurions "jamais de sentiments de culpabilité.<br /> Parfois nous faisons des choix, que nous jugeons "vitaux" pour nous, et cependant ce qui est vital pour nous peut avoir des répercutions sur les autres.<br /> Il faut pourtant choisir, entre le fait de prendre une direction qui nous sortira de notre "carcan" et espérer vivre heureux (je pense à la décision d'une séparation par exemple) ou rester dans la relation et le vivre mal.<br /> c'est l'un ou l'autre, je reste je suis mal, je part, je serais bien.<br /> Si on prends la décision de rester il faut savoir aussi que notre mal être quotidien, aura aussi une répercution sur les autres, ils veront ma mauvaise humeur quotidienne, ma tristesse, ou peut-être même ma dépression.<br /> Si je pars, les autres auront le manque, la cellule familiale éclatée, etc...<br /> Ici nous avons donc un exemple, ou quel que soit le choix, les autres peuvent souffrir.<br /> C'est donc dans ce cas là que nous devrons opter pour rester le plus attentif à nos besoins. ça peut paraitre égoite au premier abord, mais finalement en y regardant de près, les autres finissent par comprendre que c'était la meilleure chose à faire. Avec un bon dialogue, les douleurs de chcacuns peuvent être exprimées, entendues, et comprises. Finalement si tout ce passe bien, chacun en ressort plus fort, ne serait ce que parce que le "choix" aura permi.<br /> Alors : "n'avoir pas su faire pour qu'il n'y ait pas de souffrance" je pense qu'il était impossible qu'il n'y ait pas de souffrance, la souffrance était là, pour celui qui a pris la décision et pour les autres.
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P
Alaix, je crois qu'il y a des personnes qui refusent de ressentir la culpabilité, en ayant décreté qu'elle était néfaste (ce qui est partiellement vrai, comme on a pu le voir). Mais je ne crois pas que refouler ce ressenti par une démarche intellectuelle puisse le supprimer. Au contraire cela crée des rapports faussés où celui qui accepte cette part se voit systématiquement "perdant" face à celui qui la refuse (mais agit pourtant en fonction de cette culbabilité "fantôme", non-dite, secrète).<br /> <br /> Pour le reste je suis d'accord avec ce que tu dis.<br /> <br /> Avec une nuance, toutefois: le ressenti de culpabilité à faire souffir l'autre malgré soi. Il ne s'agit alors pas de "geindre", mais de porter le poids d'une souffrance infligée à l'autre. L'égoïsme, quoique sain dans une certaine proportion, n'évite pas les états d'âme quant aux conséquences qu'il induit.<br /> <br /> En clair, même si je sais que j'ai eu raison de suivre ma route, je ressens une "culpabilité" à avoir profondément déstabilisé la vie de personnes qui me sont chères. Et pourtant je ne crois pas avoir commis de "faute" en étant fidèle à moi-même u en respectant mes limites.<br /> <br /> Mais peut-être que le terme de "culpabilité" n'est pas le plus adapté. Celui de "regrets" ne l'est pas davantage. "Responsable" oui... mais quel dommage que cela entraine des souffrances, que j'aurais vraiment voulu éviter.<br /> <br /> Ma "culpabilité" c'est de n'avoir pas su faire pour qu'il n'y ait pas de souffrance. Défi impossible, j'en suis bien conscient...
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A
Le SENTIMENT de culpabilité, lorsque l'on fait son jeu, dé-responsabilise.<br /> Je ne nie pas son existence (il faudrai etre assez con de le faire, alors que ce sentiment est répandu comme la vérole sur le bas-clergé !!)<br /> Je dis qu'il est néfaste d'en faire le jeu.<br /> C'est juste une "porte d'entrée" vers la responsabilisation, qui, au demeurant, est souvent BIEN PLUS DIFFICILE à accepter et à assumer !!<br /> Geindre dans sa culpabilité (c'est ma faute, c'est ma tres grande faute) est somme toute assez confortable...<br /> Pendant qu'on est là, on ne fait rien qu'attendre la bonne ame qui dira : mais non mon petit chéri !! :)<br /> Et après, on pense que l'on peut passer à autre chose.... <br /> Mon oeil !! :))
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P
Rosalie, tu dis « Nous avons souvent l'impression que ce que nous vivons de douloureux prend ses racines dans l'enfance, dans l'éducation. Probablement, parce que nous souhaitons trouver là une réponse à cette douleur. C'est si simple et si facile de regarder de ce côté là ! »<br /> <br /> J'aime beaucoup cette idée. Regarder vers l'enfance donne des explications, une origine, mais pourrait être une façon de dire "c'est pas d'ma faute, c'est à cause de mon enfance", attitude déresponsabilisante de la "victime de ses parents". Non, c'est bien moi qui fais quelque chose de mon enfance, et qui y donne un sens en devenant adulte.<br /> <br /> Plume, d'accord avec toi: « il "faudrait" aller reconnaître ce "pourquoi" on "souffre" inconsciement et malgré soi de quelquechose qui ne devrait pas "autant" nous faire souffrir... »<br /> <br /> On retrouve la sens que l'on donne à son passé, qui est bien une construction mentale dans laquelle on trouve un certain équilibre. Et c'est en regardant pourquoi on choisit un équilibre qui nous fait souffrir qu'on peut comprendre pourquoi on adopte cette stratégie... qui non seulement nous pénalise, mais pénalise aussi ceux avec qui on interagit.<br /> <br /> Non non, pour moi c'était pas flou du tout ;o)
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P
Nous avons souvent l'impression que ce que nous vivons de douloureux prend ses racines dans l'enfance, dans l'éducation. Probablement, parce que nous souhaitons trouver là une réponse à cette douleur. C'est si simple et si facile de regarder de ce côté là !<br /> <br /> J'ai bien envie de pousser plus loin le bouchon !...Ce n'est pas vraiment ce que "nous vivons de douloureux" qui prend racines dans fal'enfance...c'est , et je le ressent comme cela, ce que nous vivons "comme douloureux" qui prend racine...<br /> Et on ne peut trouver que de ce "côté-là", dans l'enfance...la compréhension, la réponse à ce "comme".<br /> Ce que nous vivons "de douloureux" aujourd'hui est absolument nécessaire à "nos bonheurs" aussi !. Etre vivant c'est cela aussi...accepter de "souffrir" déjà, de ressentir de la souffrance...de la voir passer...de la laisser couler...et de la voir partir !...tout d'un coup me vient comme une "petite évidence" : il "faudrait" aller reconnaître ce "pourquoi" on "souffre" inconsciement et malgré soi de quelquechose qui ne devrait pas "autant" nous faire souffrir...Puis, ne surtout pas se dire qu'on ne "souffrira plus"...mais qu'on en "saura" désormais l'origine et donc le chemin du "lacher-prise" par rapport à celles-ci.<br /> Ce n'est pas aller chercher "dans l'enfance" une déculpabilisation de cette "souffrance", non ! juste une compréhension de son chemin...<br /> Bon c'est un peu flou j'avoue... trop peu de sommeil en ce moment...! A suivre...<br /> Bonne journée.
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