Au turbin !

Cet après-midi je reprends mon travail d'enseignant. J'ai eu deux semaines de "vacances" durant lesquelles j'ai pu reprendre mon activité indépendante. Mon vrai métier quoi.... Travail professionnel et travail... psychanalytique (je me demande lequel est le plus vorace en énergie...). Je suis retourné labourer les terres de ma psyché, m'occuper un peu de mon égo en reconstruction. Du coup j'ai déserté le blog, plutôt consacré à l'ouverture au monde. Non que le travail sur l'égo n'ait pas un but identique, à long terme, mais disons qu'il agit sur le fond. Lentement, laborieusement.

Je vais donc renoncer pour encore un mois à ma liberté chérie. Cette liberté dans laquelle je m'égare, faute de me donner des contraintes. Cette liberté d'organisation dont je jouis depuis des années... mais par laquelle je m'appauvris inexorablement. Car comme le montre Samantdi, qui ne veut plus travailler, quand on n'est pas obligé de le faire, ou pas suffisamment motivé... on est vite tenté de profiter et de faire ce qui plaît. Hélas s'enrichir de l'intérieur, se faire plaisir, si cela nourrit l'esprit et fait "vivre",  ne permet pas d'échapper aux contingences matérielles.

Oui, on s'en doutait un peu...

Donc : au turbin !

Déjà deux semaines que les Crocus ont pointé leur nez...

Comments

[julie70]

être de la joie, mais cela dépend de quel travail, j'ai arrivé dans ma vie, la plupart de temps, combiner l'utile avec l'agréable

maintenant, que je suis à la retraite, je travaille six à sept heures par jour sur le web, avec mes photos, dans ma groupe photo où chaque mois il y a un autre enseignant (et nous sommes 2000 élèves environ) et bien sûr, mes blog et les blogs que je lis.

de temps en temps, récompensé par un contact plus personel avec les "élèves" ou avec ceux lisant mon blog ou mes journaux

[Pierre]

Forestine, je découvre effectivement l'effet "Sopalin" des élèves: ils absorbent beaucoup. Il y a une sorte d'inertie due à l'effet de masse, face au prof qui gesticule pour capter une attention prompte à décrocher. Aujourd'hui ils se sont déridés quand j'ai imité quelque chose plutôt que de le décrire laborieusement et imparfaitement par des mots. Samantdi me disait que le prof est en représentation théatrale, et je commence à comprendre...
Pour ma part je parviens peu à peu à les percevoir non plus comme une "masse" homogène (les élèves/le prof), mais bien comme des individualités. Et ça passe bien par le regard, et une sorte de "relation" qui s'établit peu à peu. J'aime beaucoup ces quelques instants "hors cours" lorsque quelques phrases peuvent être échangées avec deux ou trois élèves. Il y a un autre contact, sans la barrière du statut. En fait... dès qu'on effleure le côté plus indidividuel. Je ne dirais pas intime, parce qu'effeurement intime... surtout avec des mineures, ça deviendrait tendancieux ;o)

Finalement je me rends compte que l'intime, le "soi", l'ego, est bien toujours ce qui m'intéresse le plus...


Charlotte, la formule est bien trouvée ;o)

[Charlotte]

Le travail psychanalytique: un travail à temps "plein" qui coûte chair...

[Forestine]

Je crois qu'avec les élèves aussi, on est amené à travailler son ego...(Indépendamment du questionnement sur sa compétence et la manière dont on est perçu, qui accompagne toute activité professionnelle)
De prime abord, ce n'est pas soi-même que l'on voit dans leurs yeux parce qu'ils sont très préoccupés de leur image auprès du prof et des autres élèves, de leurs notes, et d'eux-mêmes en général.
Une métaphore qui me vient, c'est qu'ils absorbent énormément de lumière et d'énergie et ne renvoient apparemment pas grand-chose. Ils ne souhaitent pas non plus investir dans la relation, ou ne savent pas quoi investir.
On perçoit juste une curiosité vis à vis de l'enseignant,("c'est votre voiture, là-bas?") ou bien on en reste à leurs jugements hâtifs (elle est cool/chiante/ etc)
Mais en fait, avec le temps, et avec certains, il y a des regards plus personnels qui s'échangent, et une relation plus... je n'ose pas dire "intime", mais disons fondée sur une intuition ou une connaissance, une recherche plus authentique de l'autre. Je me rappelle une fille qui m'avait dit un jour de fin d'année (c'est souvent un moment où les langues se délient) "c'est drôle, les autres profs, je ne les imagine pas avec une vie en dehors du lycée, mais vous oui." Cette phrase m'avait interpellée.

Au fait, pour la reconstruction de l'ego, attention: il y a beaucoup d'élèves mineures ;))