Impressions du Liban (6) - Fin du voyage

Pour terminer ce récit de voyage voici notre ultime escapade, dans la vallée de la Qadicha. On y trouve deux forêts de cèdres assez différentes. La première est la réserve naturelle de Horsh Ehden, qui protège une riche biodiversité tant faunistique que floristique. On y voit en mélange de nombreuses espèces de chênes, qui cèdent la place aux cèdres en altitude. Plus suprenants sous cette latitude, des sapins très ressemblants à ceux qui poussent dans les Alpes, sous un climat nettement plus humide. Il y a là des paysages que je ne pensais pas trouver dans un pays aussi méridional.

L'aspect très verdoyant contraste fortement avec la végétation sèche de basse altitude

Sous les grands cèdres et les sapins, dans la fraîcheur de l'ombre, j'avais l'impression de me trouver dans une forêt du Vercors. Mon fils, sevré d'herbe verte, en manque de montagnes et de nature, a trouvé ici une belle destination pour de futures excursions.

 Les versants nord sont boisées, tandis qu'au sud les arbres sont épars

La vallée de la Quadicha, particulièrement étroite et profonde, n'est occupée en son fond que par des monastères isolés. Les villages s'étirent le long de la corniche et surplombent les versants.

Le secteur est de confession chrétienne. Ici pas de mosquées, mais des églises. J'ai eu la surprise d'entendre une messe... en arabe. Et sous les statues de la vierge les inscriptions sont aussi en arabe. Je n'y avais jamais songé...

 Dans la falaise, insinuant leurs racines dans les fissures de la roche, des arbousiers au tronc d'une couleur spectaculaire.

La seconde forêt de la vallée est celle de Bcharré, du nom du village dont elle dépend. C'est de loin la plus célèbre du Liban. Considérée autrefois comme sacrée, on y dénombre encore plus de trois cent arbres pluricentenaires, dont trois arbres dépassent le millénaire. La forêt est en fait un bosquet isolé, situé sur un plateau enserré dans une chaine de montagnes totalement dénudée. Situé à 1900 m d'altitude, le site est aussi... une station de ski.

La forêt de Bcharré

Pour protéger cette forêt des chèvres et moutons il a été érigé un mur tout autour, au 19° siècle. 

Quelques arbres sont des monuments naturels absolument remarquables pour leurs dimensions. Malheureusement le site, assez touristique, est entretenu avec zèle, ce qui atténue la magie des lieux : des chemins ont été soigneusement tracés et les arbres sont "nettoyés" d'un peu trop de leurs branches, quitte à leur retirer pas en même temps mal de leur charme. Des paratonerres (l'un est visible sur la photo) protègent les plus grands arbres de la foudre...

Il n'empêche que le lieu est magnifique et les dimensions colossales de nombreux arbres sont impressionnantes. Je n'ai malheureusement pas pu prendre autant de temps que nécessaire pour faire de "belles photos" en soignant les cadrages. Le soleil baissait sur l'horizon...

Ainsi s'achève ce récit de voyage...

Comments

[Passion nomade]

super, sublime, je vous invite à voyager vers nous... belle journée

[Pierre]

> Lukéria, je me sens bien en phase avec ce que tu dis de nos cycles de vie :)



> Eva, tes quelques mots ici me font plaisir. J'ai souvent pensé à toi en préparant ce voyage, puis en parcourant ce pays qui t'es cher :)

[Eva]

Merci pour ce beau récit de voyage que j'ai lu avec une grande attention ! J'ai bien aimé ton regard sur ce pays dans lequel je vais à nouveau me rendre dans quelque semaines.

[Lukeria]

C'est vraiment très beau cette expression de sentinelles du temps qui passe et aussi tellement juste. Et ce que j'aime aussi dans ces arbres, c'est qu'ils nous montrent ce cycle de vie/mort/vie, c'est une vision optimiste qui peut beaucoup nous aider dans les moments difficiles que nous traversons. Je ne parle pas de réincarnation, car je ne sais pas quoi en penser, mais de ce cycle que nous connaissons plusieurs fois dans nos vies où l'on meurt à ce qui était pour mieux renaître.



Encore de très belles photos et je trouve aussi que la dernière est magnifique. Une fin de voyage de toute beauté.

[Pierre]

Françoise, pour ma part les arbres qui portent les marques de leur âge m'impressionnent : ils viennent de tellement loin, ils ont vu passer tant de saisons... et sont toujours là. Je les vois comme des témoins, des sentinelles du temps qui passe. Et cela relativise l'importance de nos vies humaines :)

[Françoise]

Je ne sais pas pourquoi, mais quand je vois ces arbres, si gros, si vieux, si beaux, cela m'émeut. J'aimerais pouvoir les toucher, les entourer de mes bras... euh non, mes bras seraient trop courts... (sourire). Je le fais régulièrement lorsque je me balade vers chez moi : entourer un arbre de mes bras, j'ai l'impression de communier avec lui, et aussi de me recharger en énergie positive.

Comme tu le dis, c'est vrai que certains paysages (les premières photos) ressemblent à des paysages de chez nous. Mais les autres, par contre, sont bien dépaysantes. Et pour finir, superbe la dernière photo... :-)



Merci pour ce partage, Pierre. La balade était très belle :-)