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Alter et ego (Carnet)
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31 janvier 2016

Tenir le cap

Suite des palpitantes aventures professionnelles qui me préoccupent quelques peu ces derniers temps. Billet "sérieux", donc...

Je me suis fixé un cap : agir pour que l'humain soit davantage pris en compte dans la structure - à finalité sociale - qui m'emploie. Depuis trop longtemps j'ai cédé devant des positions de principe qui, par blocage répété, m'ont découragé d'insister [c'était leur but...]. Aujourd'hui, face aux conséquences d'une inertie dont les effets démobilisateurs sont palpables, je veux voir réellement prise en compte la problématique laissée en deshérence. Je veux que les choses changent vraiment, qu'un authentique dialogue s'ouvre, et sans tarder. Même s'il faudra du temps, qu'au moins le mouvement s'enclenche.

Avec un certain plaisir je constate que mes récentes prises de position ont eu de l'effet puisque le sujet abordé la semaine dernière est revenu à l'ordre du jour, cette fois à l'initiative de mon directeur, en réunion de direction hebdomadaire. En a découlé un échange de points de vue plus poussé, élargi, et avec une inhabituelle franchise réciproque. De nouveau j'ai mis les pieds dans le plat, rappelant mes alertes répétées restées sans suite, pointant clairement les dysfonctionnement managériaux, les désaccords, les risques dûs au surmenage, quitte à paraître alarmiste ou dépassé. Clairement, j'ai lâché ce que j'avais sur le coeur. La posture est délicate : clamer son sentiment d'impuissance et son découragement pourrait laisser penser qu'on ne maîtrise pas son poste ! J'ai parlé avec fermeté, mais calmement, en alternant les faits et les ressentis. Je n'ai pas occulté l'aspect émotionnel qui, d'ailleurs, aparaissait certainement avec évidence dans ma détermination. Une de mes homologues, plus ancienne que moi dans la fonction, a surenchéri en évoquant son propre désinvestissement au fil des ans, faute d'avoir été entendue. La direction a encaissé, visiblement ébranlée par ce ralliement à mes propos. Ce "soutien" m'a fait grand bien.

Le mouvement s'amplifie, donc, voire s'emballe quelque peu : un vent de révolte collective s'est levé après qu'une grille des salaires soit opportunément apparue, révélant quelques inéquités flagrantes. Grosse colère de la part des lésés, nourrie par un sentiment d'injustice et une insatisfaction latente. 

Cette effervescence a quelque chose de réjouissant : on se prend à croire que les choses pourraient changer, par la force du groupe. D'un autre côté je reste lucide : ça ne sera pas simple. Je ne crois pas aux miracles, ni aux conversions instantanées, et la direction ne va pas changer subitement de politique en matière de ressources humaines. Quant aux déclarations les plus virulentes entendues dans le microcosme des salariés revendicatifs, je m'en méfie : face aux décideurs elles se dégonflent comme un soufflé.

L'important, maintenant, c'est de convertir colère et ressentiment en initiatives constructives, avant que le découragement ne reprenne le dessus. Cela tient de l'alchimie : transmuter du plomb en or. Il y a un potentiel à organiser, à fédérer, à orienter afin de ne pas le voir se dissiper en gesticulations stériles. Il y a des idées à organiser, une stratégie à mettre en place, un plan d'action à élaborer. Et comme toute transformation cela demande un apport d'énergie...

J'ai une force : croire que le changement est possible. J'ai des atouts : avoir envie d'impulser le mouvement et les capacités pour le faire. Mais j'ai une limite : le risque de découragement. J'ai aussi des freins : le syndrome de l'imposteur. Qui suis-je pour prendre la parole ? Quelle est ma légitimité ? Suis-je représentatif ? Ai-je raison ? Et si c'était moi qui étais inadapté en voulant que l'humain ait sa place dans l'économique ? Et si mes utopies étaient incompatibles avec le monde réel ? J'ai donc besoin de me sentir soutenu par mes collègues et entendu par les responsables. La conjonction actuelle semble favorable et j'en profite. Maintenant il me faut clarifier mes idées afin de proposer des axes de travail, une stratégie d'action. Bref, prendre un rôle de leader... quitte à empiéter sur les prérogatives de mes supérieurs.

Pas simple...

Tout ça pour dire que la démarche que j'entreprends et le mouvement qu'elle entraine m'occupent beaucoup l'esprit. Il ne reste guère de place pour le reste. Est-ce la raison pour laquelle je me sens... "vide" ? Sans désirs ? J'ai l'impression [sans doute fausse...] de n'avoir rien à offrir. C'est comme si mon énergie vitale avait disparue. D'ailleurs je privilégie la solitude, autant par besoin personnel que pour ne pas imposer aux autres ma présence anémiée. Mais du même coup je me prive d'éventuels apports extérieurs, qui pourraient m'être profitables...

Aaaarh, tout ça m'embête un peu [d'autant plus que ça dure !]. J'ai hâte de retrouver de la ressource ! Et même de la joie de vivre communicative, si ce n'est pas trop demander.

Heureusement, le moral tient bien le coup :)

[c'est quand même bizarre ces variations d'énergie vitale...]

 

 

IMGP9585

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Commentaires
A
Etant de ceux qui sont devenus "lecteurs-non-commentateurs".... pour de multiples raisons, je n'en demeure pas moins attentif à quelques blogs des rares personnes que je lis encore.<br /> <br /> L'importance, à mes modestes yeux, des enjeux sous-jacents à ton action professionnelle actuelle, et le positionnement qui est le tien m'incitent à t'écrire par mail privé. Il me faut juste un peu de temps pour le faire....
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E
Je pense qu'il va y avoir une tentative de recul du côté de la direction, qui aboutira à freiner l'emballement, sans quoi ça va "basculer" et ce n'est pas une bonne chose non plus. Mais je suis certaine qu'un nouveau regard est maintenant posé. Les choses dites par toi et puis renforcées par d'autres témoignages ne peuvent plus s'effacer, il faut en tenir compte. C'est sans doute ce qu'on décrit quand on dit "qu'un dialogue es entamé"... Et c'est bon de te dire que tu as initié le mouvement... que tu as vraiment voulu faire changer les choses...
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J
Se "flageller" est peut être trop fort, mais se penser comme imposteur, n'ayant rien à offrir, etc..est-ce juste un questionnement? N'y a t-il pas un fond de "dépréciation de soi" ?
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J
Je lis ce blog depuis quelque temps, mais c'est la 1ière fois que j'ai envie d'écrire, parce que tes lignes font un écho vraiment fort: le sentiment d'imposture, de quête de légitimité! ....mais en même temps le sentiment que tu as été efficace....alors pourquoi se"flageller"? Comme le film de François Ruffin sorti hier : "Merci Patron" , ton post m'a redonné espoir: ne rien lâcher!
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K
Moi aussi je crois "au pouvoir des petites graines, des grains de sable et des gouttes d'eau" qui sculptent les rochers. <br /> <br /> Tu ressens le besoin d'agir dans l'intérêt des autres tout en étant conscient que cela pourrait possiblement nuire à ton propre intérêt. Faire la part des choses n'est pas si facile. Choisir les actions qui mèneront au résultat qu'on entrevoit est délicat. Cela demande premièrement beaucoup de clarté et d'accepter d'avance les résultats... en plus des doutes qui se mettent de la partie "qui suis-je pour vouloir changer les choses ?" Vouloir changer les choses, je pense que tu n'y peux rien, c'est du fond de toi que ce besoin provient. Sans doute pourrais-tu l'abandonner et le refouler. C'est certainement ce que tes "supérieurs" (je n'aime vraiment pas ce mot mais pas le temps d'en chercher un plus approprié) ont dû faire pour monter dans l'échelle, refouler !... parce que je pense qu'au fond de chacun il y a ce désir de vouloir améliorer le monde actuel (qui en a tellement besoin), mais on l'abandonne par sentiment d'impuissance ou par conflit avec ses propres intérêts... et c'est comme ça qu'on s'en va directement dans le mur. L'écho que tu a vu résonner chez ton "supérieur" lorsque tu as osé être toi-même et authentique montre bien qu'en lui aussi se trouve cette sensibilité, mais quel courage ça lui prendrait pour continuer de nourrir cela. En premier ça prend l'étincelle et lorsqu'elle est allumée c'est difficile ensuite de l'éteindre. C'est pourquoi je suis de tout cœur avec toi.<br /> <br /> J'ai écrit sans réfléchir, alors je ne sais pas trop ce que ça donne.
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P
Désolé pour les fautes .... <br /> <br /> J'ai écris trop vite pour le coup
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P
Bonjour, <br /> <br /> <br /> <br /> On croit souvent que dans ressources humaines, le mot humain est représentatif, mais pas du tout et je travaille dans ce secteur. <br /> <br /> Je ne crois plus à cette notion, jai vite perdu mes illusions, ce qui est triste quand on utilise que je n'ai même pas 30 ans. <br /> <br /> Jai moi aussi des difficultés avec ma direction, qui nous prend pour des marionnettes. <br /> <br /> Tant qu'on ramène du chiffres d'affaires, le reste ne compte pas trop. <br /> <br /> Bon courage et surtout ne désespère pas. <br /> <br /> Garde le cap et j'espère que tout s'arrangera très vite pour toi ! <br /> <br /> <br /> <br /> Garde le moral et le smille ! <br /> <br /> <br /> <br /> Bonne journée
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C
La présence complice peut être silencieuse aussi, m'a dit un jour un ami en parlant de mon blog... ;-) Mais il est vrai que les mots aident quand même davantage à savoir que l'on n'est pas seul et à structurer . Et que dans les moments difficiles que j'ai traversés le moindre mot de mes amis m'a fait davantage de bien que les silences. ;-)<br /> <br /> Garder le cap. Tu connais mon attachement aux métaphores marines, et je trouve celle-ci extrêmement bien choisie. Je t'imagine bien en Christian Fletcher des temps modernes, essayant de faire bouger les lignes d'un capitaine un peu trop imbu de sa personne. J'aime savoir que dans le milieu professionnel comme partout ailleurs, une petite idée de changement et d'amélioration est comme une graine qui finit toujours par germer. Je suis certaine que le plus important est que tu restes fidèle à toi-même, à tes convictions, j'ai vécu ça pendant cinq ans, je n'aurais plus pu me regarder dans un miroir si je n'avais pas défendu les miennes avec force et persuasion. Il est toujours plus facile de tenir un cap auquel on croit que de se laisser malmener par les flots sans contrôle. <br /> <br /> Et pour rebondir sur ton commentaire ci-dessus, tu as quand même un prénom idoine pour poser la première pierre du changement ... ^^<br /> <br /> Bises solidaires<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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C
Je souris avec ta mise entre guillemets du terme "revendiquer". Comme si, effectivement, c'était une incongruité, une sorte de caprice, que de demander davantage de considération. J'ai entendu des phrases à faire frémir : « on ne va pas s'intéresser à la vie privée de nos salariés permanents » (quand je dis que leur salaire ne leur permet pas de décoller du zéro en fin de mois), ou encore « de toutes façons ils ont tous un travail annexe » (comme s'il était "normal" d'avoir recours à un complément de salaire en bossant déjà à plein temps). Il m'a d'ailleurs été reproché de répéter ces phrases, censées rester "off". Mais je les ai trouvées tellement cyniques…<br /> <br /> <br /> <br /> Suis-je courageux ou inconscient ? Je me demande si ce que j'agite en ce moment ne va pas se retourner contre moi… J'ai intérêt à bien m'entourer ;)<br /> <br /> <br /> <br /> Oui, tu as raison, il y a toute une façon de penser à changer, et le management en est la première pierre.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour ta présence complice :)
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C
Que ce post fait écho !<br /> <br /> Sur tant de plans. <br /> <br /> Des années à tenter de faire entendre, à "revendiquer", à s'emporter parfois. Des temps de réunion improductifs, des emportements, des froids que je sais aujourd'hui irrémédiables.C'est pourquoi je suis partie...<br /> <br /> Tu es courageux, je le sais, je sais aussi que les changements se portent à plusieurs. <br /> <br /> J'ai la certitude que le pari réussi lorsque la majorité (directions et salariés) y croit vraiment. J'en ai une autre, tout au fond : celle que nos structures doivent se penser autrement, manager autrement pour continuer à mener à bien nos missions et surtout faire que les salariés qui portent beaucoup vivent et habitent le quotidien de travail autrement...
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