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Alter et ego (Carnet)
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5 mars 2006

Abstention

Imaginez que vous soyez fâché avec quelqu'un de cher à votre coeur. C'est assez préoccupant...
Imaginez que vous teniez un blog... et que cette personne en connaisse l'adresse.

Vous feriez probablement comme moi: il devient impossible d'écrire sur ce qui vous préoccupe.

J'en suis là.


Ce n'est pas que j'ai des choses à cacher, puisque je suis un partisan de la sincérité et de la transparence. Mais... chaque sujet que je voudrais aborder risque de faire référence à cette relation en souffrance ["en souffrance", dans le sens de "en attente"]. D'autant plus que mon blog est précisément orienté vers les relations avec autrui.

Bref, me voila coincé !

D'autant plus coincé que... c'est précisément autour de nos visions respectives de la sincérité, la franchise, l'authenticité, que cette relation de grande complicité s'est peu à peu grippée. Si nos avis convergent bien vers le même but, ils se sont révélés divergeants sur la façon d'y parvenir. Et plus encore sur la façon de restaurer une confiance qui se dégradait.

Il faut quand même que je précise, pour ceux qui ne me connaissent que sur ce blog, que jusqu'à il y a peu de temps j'écrivais sous le regard singulier de cette personne qui m'est très chère. Et cela depuis que je dépose mes pensées sur internet, c'est à dire six ans. La relation que j'ai avec cette amie intime devenue amoureuse est née de nos écritures croisées (elle aussi écrit sur internet...) dans cet espace internautique qui mélange intime et public. Histoire privée racontée publiquement d'une très belle rencontre par les mots, puis dans le face à face, qui bouleversa le cours de mon existence (et, je crois, la sienne). Pour diverses raisons, que je n'expliquerai pas ici, il a fallu suspendre cette relation et ce fût très douloureux pour tous les deux. C'était il y a dix-huit mois.
A partir de ce moment-là nos avis ont divergé encore plus puisque mon amie considéra rapidement que notre relation était devenue impossible et que nous devions nous "oublier" dans un silence définitif. De mon côté je pensais le contraire et faisais tout mon possible pour maintenir le contact.
Un an et demi d'une situation ambiguë durant laquelle j'ai continué à écrire sous son regard, tandis que nos contacts directs étaient espacés, parsemés de sujets devenus tabous. Semi-silence et faux-semblants, demi-vérités et simili-secrets. Bien plus malsain que je n'aurais imaginé. Durant tout ce temps j'ai tenté de "communiquer" via cette écriture détournée, lue par mon amie. Jusqu'à il y a un mois, lorsqu'elle a décidé de renforcer le silence en le rendant total pendant six mois, ce qui m'a profondément révolté. Je lui ai alors demandé de ne plus me lire nulle part.

Il a résulté de cet épisode une très forte tension, publiquement exprimée. Ce qui fût à la fois regrettable (aspect public) et bénéfique (crever l'abcès).


Depuis... je ne trouve plus l'espace pour écrire librement. Je préfère m'abstenir d'évoquer des sujets qui concernent de près ou de loin cette relation, et veux surtout éviter une communication détournée. Car bien que je lui ai demandé de ne plus me lire... je sais que la curiosité peut être tentante.
Je ne souhaite pas davantage que puisse se perçevoir un règlement de comptes par blogs interposés (nous avons un lectorat partiellement commun...), alors que mon désir est celui de la pacification. Impossible, donc, d'évoquer quoi que ce soit qui puisse faire référence à nos différents. Ne pas jeter d'huile sur le feu...

Or cette relation, tant par ses côtés enrichissants que complexes nourrissait très largement mes réflexions sur la communication relationnelle, sujet principal de ce blog. De ce que je vivais je pouvais extrapoler une compréhension élargie et "universelle" qui m'était très utile. Désormais, si je veux éviter d'y faire référence, je ne vois pas comment faire autrement que bannir certains sujets. En même temps, aborder la communication, sujet principal de ce blog, sans évoquer ses limites (les silences, les non-dits, la sincérité, l'inconscient...) ça laisse vraiment peu à dire. Ce sont pourtant les sujets qui  me préoccupent et me fascinent le plus.

Ça m'embête parce que je vois que mes réflexions intéressent du monde, vu l'audience croissante de ce site et les commentaires qui me sont faits ici ou par mail. Alors vraiment, je ne sais pas comment je vais pouvoir évoluer. Il va me falloir un peu de temps.

Voila, vous savez maintenant les raisons de mon "silence".



N.B.: je demande que les éventuels commentaires ne fassent aucune allusion personnelle à mon amie et ses choix, que je respecte... même si je suis en désaccord.

Commentaires
I
Alainx, le problème est moins celui de mon authenticité que celui du respect de ma partenaire...
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I
Intéressantes question Alauda...<br /> <br /> Je peux bien assumer "en pleine lumière"... mais pas en parlant de quelqu'un d'identifiable. C'est trop facile, et pas franc.<br /> C'est en face à face que je dois être authentique, et pas "en douce" sur mon blog.<br /> <br /> Tu as raison, il serait absurde de se dérourner de soi pour garder une relation, et je ne crois pas l'avoir fait. Au contraire, j'ai toujours voulu être authentique. Mais bon... pour diverses raisons complexes et responsabilités partagées cette authenticité s'est trouvée contrariée. Je dirais presque "empêchée"...<br /> <br /> Difficile d'en parler ici sans entrer dans le domaine privé.<br /> <br /> Ce qui est certain c'est qu'il ne faut ni feindre, ni refuser la fin du chemin.
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A
Si je comprends bien la personne dont tu parles et avec laquelle tu "es en relation" a, de son coté de la relation, décidé de ne plus l'être avec toi. Ce qui un acte de sa liberté.<br /> Tu espères encore qu'il en soit autrement et décide donc de ne plus évoquer ici de pret ou de loin ce qui concerne cette relation, ses joies et surtout ses difficultés (en particulier sa décision du silence que tu n'acceptes pas). Ceci semble-t-il pour préserver je ne sais quel avenir hautement hypothétique entre vous deux.<br /> <br /> Mais dans ce cas te voila coincé et bien coincé ! Pourquoi biaiser avec ta propre perception et ton authenticité ? Si tu le ressens comme invivable, il te reste à fermer ton blog ... Il perdra forcément de sa saveur, et pour toi et pour tes lecteurs qui ne viennent pas ici pour lire les dernier potins de Voici ou des recettes de cuisine !
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A
Je reviens "mettre mon grain de sel"… ou de poivre.. Mais je ressens comme une contradiction dans ce que tu dis dans ce passage :<br /> " Ma démarche était d'assumer "en pleine lumière" ce que je suis. Là, ça devient impossible parce que je ne suis plus seulement face à un "public", mais aussi (potentiellement) devant une personne bien particulière avec qui je suis en relation."<br /> Qu'est-ce qui fait, au fond, que tu ne puisses plus "assumer en pleine lumière" ce que tu es sinon la "peur de perdre" cette relation.<br /> La question que je pose alors est jusqu'à quel point peut-on se détourner ce que l'on est, de ce que l'on ressent profondément pour garder un ami, un amour ou qui que ce soit d'autre…<br /> Cette relation peut-elle alors être juste pour l'un et pour l'autre ? <br /> Si des divergences de vue, de pensées, de façon d'être etc.. apparaissent faut-il les taire, les ignorer… ? <br /> Faut-il "feindre pour durer" ? <br /> Ou faut-il savoir accepter que le chemin commun - qui n'est pas forcément le chemin de toute une vie – s'arrête là… ?<br /> Ce ne sont que des questions, en aucun cas des jugements, crois-le bien. (Je me les pose à moi-même par la même occasion… )
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I
Cassymary, en effet je ne remet pas en question la euh... "qualité" de mes écrits [oups... je vais rougir]. Je sais qu'ils plaisent à ceux et celles qui me lisent, et en général j'assume bien cette authenticité que j'exprime. J'ai cette "facilité" à écrire dans l'intime, qui m'a énormément permis d'avancer et me libérer de mes carcans. Tout ça je ne le remet pas en question.<br /> Je peux aussi écrire ailleurs, ou pour moi tout seul. Je ne m'en prive pas, bien que le résultat soit fort différent, précisément parce que ça reste secret. Ma démarche était d'assumer "en pleine lumière" ce que je suis. Là, ça devient impossible parce que je ne suis plus seulement face à un "public", mais aussi (potentiellement) devant une personne bien particulière avec qui je suis en relation.<br /> <br /> Tristana... si au moins cet exemple de ce qu'il ne faut pas faire peut servir à d'autres...<br /> <br /> Arcadia, tu as raison: c'est parce que cette relation n'est pas clarifiée que c'est devenu impossible. Il y a trop d'émotionnel, de souffrance, de non-dits et de grands risques d'interprétation ou de projection.<br /> Pour la sérénité... -sourire-... c'est justement par l'expression, censée permettre l'apaisement, que je pensais la trouver.<br /> <br /> Coumarine, oui, je demande aux lecteurs d'entrer dans l'abstention en ce qui concerne leur avis sur mon amie (et uniquement ça). Parce qu'elle n'est pas là pour se "défendre" et qu'il n'est pas tolérable de s'exprimer publiquement sur une personne identifiable. J'ai commis l'erreur de le faire, lourde de conséquences, et ne recommencerai pas. Je ne me sens pas le droit d'avancer dans ma connaissance personnelle en portant atteinte à quelqu'un d'autre...<br /> <br /> Il y a des limites entre le public et le privé, qu'il convient de ne pas franchir. Question de respect dû à autrui. <br /> Je pense qu'on ne peut s'autoriser à écrire sur les autres que tant que personne ne sait de qui il s'agit.
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C
Pourquoi ce NB l'idéaliste?<br /> Quelque part en écrivant cela tu nous demandes à nous aussi, tes lecteurs, d'entrer dans "l'abstention"...<br /> Il sera difficile à toi d'écrire, à nous de commenter...
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A
Bien qu'anonyme je me permets un petit mot..<br /> <br /> Je te lis depuis quelques temps déjà, et comme d'autres j'ai pu apprécier tes capacités d'analyse et tes écrits posés.<br /> <br /> De ce que je crois lire entre les lignes, l'espace ni la forme ne me semblent être le sujet. Tant que votre relation et/ou sa transformation/évolution ne sera pas clarifiée, tes mots seront sujets à interprétation...car les émotions sont un filtre complexe.<br /> <br /> Alauda et toi évoquez le mot sérénité, il semble important qu'il prenne son sens, pour chacun..avant que tes écrits puissent à nouveau prendre leur envol.<br /> <br /> A bientot,
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T
Cruel dilemme,en effet,... quand le public et le privé s'emmêlent...
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C
Si je puis m'imiscer dans tes reflexions, voici ce qu'elles m'insiprent:<br /> - c'est compréhensible et logique que tu en sois arrivé à avoir peur de te livrer. Ce blog, tu le dis clairement, est né il y a 6ans et avec lui cette relation particulière et très privilégiée. aujourd'hui tu es prisonnier de cet état de fait: parce que cette relation n'a pas évoluée comme tu le souhaitais en ce qui concerne cette personne, et parce que ce blog a évolué d'une tout autre façon aussi: d'autres qu'elle te lisent et se retrouvent dans tes écrits... ou pas d'ailleurs. Mais tu ne dois pas en être surpris puisqu'au fil des annéees, tu t'es rendu compte de la qualité de ces mêmes écrits, il n'est pas donné à tous les bloggeurs d'écrire avec une telle sincérité et une telle facilité.Du coup tu deviens prisonnier de ton blog, qui était au départ un lieu d'évasion.<br /> Alors pourquoi ne pas trouver une solution ailleurs? gardes ce blog, continues à y poster les sujets qui t'interpellent, qui te donnent envie d'écrire. Et puis ouvres un autre blog à toi, pour toi, et pas forcément en ligne d'ailleurs, mais où tu pourras exprimer sans contrainte des choses plus intimes. l'important c'est ce que tu exprimes, pas ceux qui te lisent. Et puis si c'est en ligne, tu auras un jour d'autres lecteurs qui tomberont par hasard sur ce blog et qui ne connaitront rien de ton "histoire".<br /> Il y a des solutions.....
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I
Rainette, l'écriture en public est un exercice parfois risqué. Je comprends ceux qui préfèrent éviter des déconvenues en ne donnant pas d'éléments personnels...
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