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Alter et ego (Carnet)
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4 août 2023

Ce qui fait sens

Il y a donc cet espace d'expression, que je n'occupe pas. Que je ne sais plus comment occuper. Parce qu'il est "ouvert" et, implicitement, appel à la rencontre. Rencontre d'autres sensibilités, d'autres perceptions, compatibles avec mes aspirations. Je reste un assoiffé de dialogue porteur de sens, enrichissant, fécondant. J'aime beaucoup lorsque les mots et les idées se répondent, s'engrènent, pour le plaisir et la satisfaction des contributeurs.

Ce n'est même pas que j'aime : c'est un besoin. Un besoin de rencontre de l'altérité compatible.

Mon écriture en partage est née de ce besoin. Elle s'est cherché un chemin, au gré des sensations, des émotions, des découvertes. Je me suis laissé guider par le plaisir. J'ai trouvé de quoi me sustenter dans les échanges d'idées, d'impressions, d'opinions, de visions, d'imaginations. Ma récompense était la satisfaction de ressentir un enrichissement réciproque.

Autrement dit, ce n'est pas tant d'écrire qui m'est important que de participer à un enrichissement réciproque. C'est se nourrir mutuellement en partageant ce qui fait sens pour chacun.

Or « ce qui fait sens » n'est pas immuable. S'il y a "sens" c'est qu'il y a trajectoire. Ce qui a fait sens à un moment donné de l'existence peut devenir suranné, dépassé, anachronique. Les quêtes de sens sont évolutives. Si je commençais aujourd'hui à écrire en partage, ce ne serait pas sur un blog. Ce ne serait pas sur les mêmes thématiques que lorsque j'ai entamé celui-ci, il y a dix-huit ans. Et d'ailleurs, aurais-je seulement envie d'exposer publiquement mes réflexions ?

D'une certaine façon, continuer à écrire ici est donc anachronique. Ce qui reste contemporain est l'idée de continuité et, peut-être, d'une forme de loyauté [terme ô combien désuet...]. Loyauté envers celui que j'ai été et suis devenu grâce à ce qui s'est échangé ici. Loyauté envers ces quelques personnes qui m'honorent encore de leur fidélité attentive et laissent quelques précieuses traces de leur passage. Sans ces signatures que je reconnais je perdrais toute motivation à poursuivre.

Si quelque chose a encore du sens, ici, c'est de continuer à partager les liens qui se sont constitués ici-même. Liens singuliers qui, pour la plupart, n'existent qu'ici et ne se manifestent que si j'écris.

C'est donc la question du lien qui m'interpelle lorsque je tergiverse autour de la continuation...

C'est une question centrale dans mon parcours, qui irrigue puissamment mon écriture. Avant même ce blog, qui n'est qu'une émanation d'un questionnement inabouti autour du lien et de sa pérennité. Ce blog résulte de la tentative de contournement d'une rupture.

Des liens j'en ai évidemment ailleurs, quoiqu'ils sont en nombre relativement restreint. Dans la "vraie vie" il y en a peu, mais ils sont d'une solidité propre à garantir mon équilibre : familiaux. Il en existe d'autres, beaucoup plus volatils car conjoncturels, sans avenir au delà de leur fonctionnalité du présent : ceux du milieu professionnel. Ils constituent néanmoins une large part des échanges qui me nourrissent [plus ou moins...] actuellement et pèsent dans mon choix de travailler encore.

Il existe aussi des liens affinitaires assez fondamentaux, quoique largement distants : toute une sphère de réflexion, d'information et d'expression autour de questions existentielles, voire vitales [au sens littéral]. Ces liens opèrent ponctuellement au sein de différents milieux engagés, associatifs, citoyens ou politiques, mais surtout quotidiennement via quelques réseaux sociaux. Je passe un temps considérable à lire les contributions de personnes que parfois je "connais" dans la vraie vie mais que, le plus souvent, je n'ai jamais rencontrées en chair et en os. Par contre je ne m'y exprime pratiquement pas, faute de compétence sur des sujets pointus.

Ce temps que je consacre à m'informer, je n'en dispose plus pour écrire. Je privilégie, là encore, ce qui me nourrit. Ce qui répond à mon besoin. Or mon besoin, depuis quelques années, c'est de tenter de comprendre ce qu'il est en train de se produire à l'échelle globale. Tenter de comprendre ce qui est en jeu, de comprendre pourquoi ni moi ni mes contemporains avertis ne parvenons à abandonner une logique mortifère. J'ai besoin de constater, au jour le jour, à quel point "nous" sommes inconséquents, tandis que la plupart semblent inconscients du péril.

Pourquoi ne croyons-nous pas ce que nous savons ?

La question me fascine. Et c'est actuellement, pour moi, ce qui fait sens.

 

 

Capture d’écran 2023-08-04 à 10

Illustration : température moyenne mondiale actuelle, très largement au dessus des moyennes relevées depuis 1979
et au dessus des records absolus (14/08/2016 et 24/07/2022) depuis plus de trente jours !

J'ai choisi cette illustration pour son côté statistique absolument sidérant, mais j'aurais pu mettre mille autres
illustrations potentiellement alarmantes... toutes aussi inopérantes les unes que les autres : nous n'y croyons pas !

Source : climate reanalyser

Commentaires
R
Une courbe en corrélation avec celle de (sur)population !
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S
Je te retrouve bien là dans cette quête de sens et cette volonté de sonder en profondeur, avec loyauté, c'est ça. Cette fidélité à toi même et cet engagement moral (le mot est dit) , me réjouissent, me rassurent même. Réjouissance de te retrouver sur cette trajectoire, pleine et entière, respectueuse, réassurance sur la nature humaine et sa capacité à s'émouvoir, à questionner, à chahuter son propre rapport au monde et aux autres. Bref, contente de te savoir dans cette permanence toujours en éveil. Je confirme le sens donné à ce blog au regard des rencontres et des liens qui s'y sont noués. Avec toute mon amitié !
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C
L'idée du fil rouge est intéressante mais je parlerais plutôt de ligne de vie me concernant. <br /> <br /> Parfois, cette ligne s'est déroulée de manière rectiligne et ensuite, des courbes sont apparues de plus en plus accentuées, la ligne s'est alors entremêlée, jusqu'à se tordre et se perdre quelques fois...dangereusement et je ne sais par quel "miracle", la ligne s'est retendue filant plus calmement sur le chemin de la vie.<br /> <br /> Je crois que ce qui nous est vital à un moment donné peut s'étioler au fil du temps, comme ton envie d'écrire "au monde" par exemple, comme l'envie d'interactions avec un ou une congénère, l'envie d'aimer et de partager...liste non exhaustive.<br /> <br /> Ce que je trouve aussi intéressant, quand j'ai lu ton post précédent, c'est la venue "des anciens combattants" ;) j'ai même failli faire une réponse liée à cela ^^ mais tu connais ma paresse j'ai laissé filer...<br /> <br /> Je n'avais pas le temps, malgré ma mise à la retraite toute fraîche, j'ai déménagé, fini le bord de mer, je me retrouve en campagne dans une zone peu peuplée de France où il fait chaud ! 37°!<br /> <br /> On en vient à tes préoccupations essentielles depuis quelques années, et oui Pierre, nous ne sommes toujours pas prêts à faire le deuil de notre confort, de notre consommation mais, bah oui y a un mais, là aussi la ligne bouge, elle frémit ok mais c'est un début, on en est pas aux décisions radicales qu'il faudrait mais bon...est ce qu'on peut contrôler/rectifier nos erreurs ? <br /> <br /> est ce que la terre n'est pas en train de nous dire y en a marre (méga feux canadiens ou ailleurs, sécheresses et chaleurs, inondations etc...) et basta les humains ! <br /> <br /> C'est un début je crois, il tombe des balles de tennis en grêlons, le moustique tigre pique et repique, la Jussie et autres plantes invasives gagnent du terrain, les cyanobactéries reprennent leur place d'êtres premiers, les fôrets brûlent, les déchets s'entassent...la liste est longue et pourtant, le fil se déroule.<br /> <br /> Alain parle de buisson ardent, bof je ne dirais pas ça, le feu est bien mou alors, je ne suis pourtant pas pessimiste mais mon réalisme m'empêche de "m'enflammer", d'où l'emploi de frémissement.<br /> <br /> Là où Alain a juste il me semble, c'est assurément de faire sens avec soi-même quelque soit la ligne de vie sinon gare aux dommages !<br /> <br /> Bonne fin d'été Pierre, j'ai une pensée pour nos cousins canadiens auxquels tu es très lié en cette année de dévastation, je me rappelle tes superbes photos...<br /> <br /> Ps : j'avais fait une trêve concernant les voyages en avion selon mes convictions et j'ai succombé en début d'année pour une traversée de l'Atlantique...on n'est prêt ! on n'est pas prêt ! ;)
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P
Je me suis arrêtée sur votre blog au hasard de ma navigation internet . Quoique je ne suis pas une grande lectrice de textes en longueur , mais qu'importe , je m'intéresse malgré tout de temps à autre à des ressentis personnels que des blogueurs puissent laisser sur leur page . Je n'ai pas fait de grandes études dans ma vie , et parfois je ne comprends pas toujours le sens de tous les mots . Je ne dirais pas que je suis ignares non plus , j'ai juste fait mes 3 années inférieurs au Lycée ou Collège , je ne sais pas faire la différence entre les deux par rapport au pays où vous habitez , si vous êtes de France , moi j'habite la Belgique . J'ai 65 ans et retraitée , mais j'ai des passions aussi que je partage sur internet , je me suis mise depuis plusieurs années à composer de la poésie que j'essaye de travailler au mieux , je ne me prétend pas être exceptionnel , mais je vous invite à les lire sur une autre plateforme que canalblog , http://passionetbeaute.eklablog.com/ . Auparavant je réalisais aussi des petits montages vidéos , et ma chaîne Youtube est celle-ci : https://www.youtube.com/@AngeliqueParadise Mais j'ai abandonné tout simplement parce que je ne possède plus le moyen de m'offrir un logiciel vidéo qui me convienne . Les autres logiciels je ne les apprécie pas , j'étais habituée avec un seul que je maîtrisais malgré tout au mieux que je pouvais . Ma chaîne maintenant est devenue un partage divers de vidéos rigolotes de ma personne ou autre , rien de tel que l'auto dérision pour faire sourire les personnes solitaires et tristes . Je vous dis malgré tout bravo de continuer à écrire , cela soulage de pouvoir dire ce que l'on a sur ses épaules , de partager ses ressentis sur un tout qui nous entoure . Voilà je vais arrêter là car mon commentaire serait alors plus long que votre publication ( sourire ) . Bonne continuation
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A
Ce qui fait sens, (expression en vogue), c'est ce qui a du sens pour soi-même, donne cohérence à sa propre vie, la valeur que l'on accorde à ses actes, ses engagements, ses choix, la direction qui semble la bonne option.<br /> <br /> Il me semble que ça se ressent plus que ça ne se discute. Parfois ça ne se raisonne même pas. C'est évident qu'il faut aller dans ce sens. Comme le pressentiment que c'est par là la bonne direction.<br /> <br /> La quête du sens est une dynamique positive. La perte de sens souvent dramatique et même parfois mortelle. C'est donc une thématique très importante que tu abordes.<br /> <br /> Bien entendu cela évolue au long de notre vie. On change de direction parce qu'on croyait qu'on n'était pas sur la bonne. On rompt des relations parce que « ce n'est plus cela ».<br /> <br /> N'empêche que si on prend de la hauteur (grâce à l'avancée en âge…) on finit par percevoir qu'il y a une sorte de « fil rouge » dans notre existence et que ce par quoi on est passé avait du sens, mais on ne le voyait pas encore, ou alors trop tard.<br /> <br /> <br /> <br /> Par rapport à ce que tu dis à la fin, je laisse aux devins , et ils sont nombreux, nous vendre la compréhension de ce qui nous attendrait mais que chacun ignore effectivement, eux compris. Il me semble que ce serait perdre le peu d'énergie vitale qui me reste et que je tente de continuer à mettre au service de ma petite parcelle d'humanité.<br /> <br /> Ce qui me fascine c'est la génération montante que j'évoquais récemment chez moi, qui porte un regard positif et constructif sur le devenir des humains. Et en plus s'engage concrètement dans des actions porteuses. Des jeunes qui ont le feu des buissons ardents.<br /> <br /> Pourquoi rester dans le ressassement stérile du péril qui vient, alors que ça fait des siècles et des siècles que toutes les générations confondues nous disent que c'est pour demain matin la cata des catas… or on attend encore que le ciel nous tombe sur la tête, et ça n'arrive pas bien entendu Rien d'autre que le cycle normal, quoi !<br /> <br /> L'univers n'a pas besoin de nous. C'est nous qui affirmons avoir besoin de lui, et même avons la prétention de le diriger avec nos petits muscles.<br /> <br /> Je ne suis pas du genre « après moi le déluge » je suis plutôt du genre après moi la Vie et encore la Vie.<br /> <br /> <br /> <br /> Donc voilà peut-être que je satisfais quelque peu ton besoin de dialogue et d'enrichissement réciproque ?
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