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Alter et ego (Carnet)
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5 avril 2006

Sur le front

Lorsque je vais faire un tour sur internet, le matin, je croise souvent ma fille sur msn. Elle me raconte les nouvelles du front : les actions anti CPE. Elle fait partie de ceux qui sont toujours en lutte, tous les jours. Manifestations diverses, blocages de la circulation, ruses pour prendre de vitesse les forces de l'ordre, slogans plus ou moins humoristiques. J'ai bien aimé « on-veut des câ-lins et des bi-sous » lancés à la face des CRS casqués...
Hier c'était grande manif. J'ai failli m'y rendre, mais les réalités économiques font que j'ai jugé préférable de rester pour accueillir d'éventuels clients. Et j'ai bien fait: cinquante euros, c'est toujours ça de pris, vu mes revenus.

Ma fille est surprise par la logique agressive des CRS, qui envoient facilement des grenades lacrymogène dans les rues, prenant par surprise des "civils" qui ne font que passer. Elle me dit que ça fait ambiance de guerre, avec toute cette fumée, les gens qui se réfugient dans les halls d'immeubles avec leurs yeux tout rougis par le gaz irritant. Elle a joué à à l'infirmière, les étudiants informés ayant sur eux du sérum physiologique pour rincer les yeux.
Plus agressifs encore les "flashballs", qui lancent des balles en caoutchouc suffisamment fort pour faire saigner. Où bien les brûlures par grenades lacrymogènes. Je m'inquière un peu de savoir ma fillette au milieu de ces échaufourrées. Je dis "au milieu", mais il semble qu'elle soit souvent en première ligne. Le week-end dernier elle nous montrait sur internet les images télé où on la voyait régulièrement. Elle m'a dit ne pas provoquer les CRS, ni rien casser, donc ne pas être "cible" à priori.

Hier, après avoir bloqué une des entrées de la ville, les manifestants se sont fait coincer dans un jardin public qui monte dans les collines. Il y avait là des vieillards, des bébés... et le tout s'est fait arroser de lacrymogène. C'est quand même un peu limite...

Pendant ce temps le petit dernier, encore lycéen, était dans une autre ville, plus petite, assis sur les rails d'une gare envahie...

Pas de nouvelles de l'aîné, qui dans une troisième ville participe aussi au front de lutte.

Quelle famille !!!
Y' m'font plaisir ces petits...


Et moi j'étais dans ma campagne, sous un beau soleil et un petit vent frais, au milieu d'une herbe verdissante. Pas de gaz autour, à part de l'oxygène et de l'azote. Pas de bruit, à part un tracteur ou une tronçonneuse au loin. Pas de foule, à part deux clients. J'ai vu deux lapins aussi... Et une chouette.

Je me sens parfois hors du monde et de ses réalités. Et pourtant, c'est aussi la réalité.

Commentaires
I
Ce que j'aime dans ce refus, c'est bien cette idée de redonner de la valeur à l'humain devant la loi du marché. Résister !<br /> Le faire de façon pacifique ne peut qu'appuyer cette conception des choses.
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L
c'est très joli ce tableau en deux versions...l'une agitée l'autre paisible...évidemment ma philosophie inclinerait <br /> pour le bain de nature car rien d'autre ne permet mieux la réflexion sur le monde et soi même que de s'immerger dans ce qui nous rattache à la terre...mais pourtant rien ne remplace non plus la fraternité dégagée de ces moments où la défense d'un idéal mérite de se confronter à la violence d'une économie...Oui ces fleurs et ces bisous offerts par les lycéens à des CRS ,qui n'en sont pas moins hommes et souvent pères, avait quelque chose de profondément émouvant (comme une tentative ultime de redonner valeur à l'humain devant la loi du marché)Merci Idéaliste pour ce doux portrait inter-générationnel !
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