Ça tient à peu de choses
Ma petite famille étant dispersée, avec trois enfants d'un côté et (future-ex) épouse de l'autre, je me suis laissé inviter pour une journée de vacances, hier. Une petite journée et une nuit dans une vieille ferme du Vercors. La chaleur était nettement moindre que dans mes collines, au point que le petit vent imposait de s'abriter pour ne pas ressentir sa fraîcheur.
J'aime ces paysages de montagne. Sombres forêts de conifères qui s'étendent sur les pentes jusqu'au pied des falaises, larges espaces de prairies dans les vallons. Ciel bleu. J'ai beaucoup de souvenirs d'enfance là-haut. D'autres plus récents aussi...
Heureux ou tristes, je ne sais pas trop... Ils ont un parfum hésitant de nostalgie.
Hier soir je me suis endormi en regardant par la fenêtre les falaises qui surplombent les gorges, ouvrant une perspective jusqu'à l'horizon tiède d'un ciel couchant. Ce matin ces mêmes falaises se sont illuminées de rose, sous la lumière d'un jour naissant. Je suis reparti alors que le soleil balayait de son pinceau de lumière le sommet de chaque versant, laissant encore dans l'ombre les fonds de vallée. Contrastes. Un voile de brouillard nappait les terres les plus basses, tandis que juste au dessus le bleu du ciel était encore tout frais.
Je suis redescendu vers la ville et son animation avant de bifurquer vers mes tranquilles collines. Me voila seul pour quelques jours.
Seul... c'est un bien grand mot. Je ne suis pas seul tant que ceux que j'aime existent et tant que ceux-là m'aiment.
Seul ? C'est lorsque mes proches sont loin que je mesure mieux ce qu'ils représentent pour moi.
Hier j'ai pu brièvement en avoir un aperçu lorsque j'ai appris que la voiture censée transporter mes trois enfants et trois de leurs cousins avait... perdu une roue sur l'autoroute !!! La jeune cousine chez qui ils se rendaient transmettait l'information sans paraître affolée mais n'en savait pas beaucoup plus. Appel immédiat auprès des intéressés: en fait ils avaient bien dû s'arrêter d'urgence à cause de vibrations, mais la roue n'était pas encore tombée. Elle n'avait que perdu tous ses boulons. Gloups ! Plus de peur que de mal. Peur retrospective...
Bordel, ça tient à tellement peu de choses parfois !
Je n'aime pas savoir mes proches sur les routes. C'est (un peu) irrationnel et j'évite d'y penser sinon ça me prend aux tripes et me donne une immédiate nausée.
Tout à l'heure c'est futurex qui m'a téléphoné. Elle aussi a été prise de violents maux de tête en ayant appris de son côté ce qui n'aura finalement été qu'un incident minime. Aux dernières nouvelles nos enfants avaient repris la route, avec une autre voiture. Hum... ça sera encore mieux quand ils seront arrivés à destination...
J'ai beau avoir un naturel optimiste et confiant, il ne parvient pas toujours à me masquer certaines angoisses.