C'est fait
La tension résiduelle a finalement pu être résorbée lorsque Futurex est revenue de son travail, à la mi-journée. Quelques mots on suffi pour rétablir un contact ouvert à l'autre. Nous avons alors pu échanger quelques phrases réconciliatrices, sans nécessité d'approfondir. Chacun de notre côté nous avions eu le temps de réfléchir et d'admettre que nos incompréhensions étaient issues de la période d'exacerbation émotive que nous vivons et que nous ne gérons pas de la même façon. Parfois même dans des sens antinomiques puisqu'elle préfère le silence alors que je choisirais la parole. Trouver un juste équilibre qui satisfasse à peu près les deux partenaires est donc nécessairement délicat à trouver, et insatisfaisant dans l'immédiat. Là encore il y a une question de temps et de patience. Ne pas forcer les choses. Accepter de part et d'autre la différence dans les réactions. Finalement une séparation est une très bonne leçon de communication en situation délicate : il faut être particulièrement attentif aux ressentis de l'autre !
Par ailleurs il est des sujets que nous ne pouvons pas aborder entre nous actuellement. Comme il m'est rappelé très justement dans un commentaire: « on ne peut pas être à la fois la source de souffrance et sa consolation ». Et c'est peut-être une des choses les plus difficiles à vivre dans une séparation : on ne peut plus s'entraider pour ce qui concerne le lien. Je l'aurais appris ces derniers mois.
Réconciliés nous avons pu entreprendre le transfert dans de bonnes conditions, aidés aussi par la joviale excitation de nos grands enfants. Ils ont pris en main une partie des tâches en laissant libre cours à leur imagination débridée et leur fantaisie. Notre fille est un boute en train infatigable. Ces grands gamins couraient dans les escaliers de l'immeuble nouvellement investi, riaient fort, et nous entrainaient dans leur bonne humeur. Je crois qu'ils sentent très bien tout ce qui se joue, le comprennent, et savent comment participer à la détente. A cinq le déménagement a été prestement liquidé, malgré des meubles encombrants et lourds à monter par les escaliers étroits. Une frénésie d'efficacité les a saisis pour porter les cartons, puis ranger et aménager en un temps record un semblant de cadre convivial pour Futurex. Ensuite nous nous sommes mis au fameux repas (crudités et steak tartare) et à la confection d'un délicieux gâteau au chocolat. Le repas s'est passé dans une ambiance très détendue pour eux... et probablement plus absorbée pour nous. Nous savions bien ce qui se jouait durant cette soirée particulière.
Plus tard les deux aînés ont pris leur train pour regagner leur ville d'étudiants. Je suis reparti avec le plus jeune, laissant Futurex seule dans son nouvel appartement, au milieu de ses cartons. J'espère qu'elle ne déprimera pas trop. Demain soir notre fils dormira chez elle et c'est moi qui serait seul. Mais j'en ai désormais l'habitude.
Voila, c'était prévu depuis longtemps. C'est fait. Une page se tourne. Il faudra un certain temps pour que je réalise vraiment tout ce que cela implique, même si intellectuellement je le subodore...