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Alter et ego (Carnet)
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4 janvier 2006

Liens attachants

Il y a eu quelques commentaires après ma note précédente, concernant ces liens d'un type nouveau qui se créent sur internet par le biais des blogs. Pas si nouveaux que ça, en fait... Il y a déjà pas mal d'années que des gens laissent leurs pensées sur le net, son lus, et que des affinités interactives se créent.

Comment tout cela va t'il évoluer ? Difficile de le dire puisque les premiers journaux intimes ont moins de dix ans d'existence. De ce que j'en sais, beaucoup de ces pionniers n'ont eu qu'une durée de vie limitée. Qu'est-il advenu des liens d'amitié qui s'étaient éventuellement développés ? Je l'ignore. Pour ma part je sais que certaines correspondances que j'ai durent depuis plus de cinq ans, et il n'y a guère de raisons qu'elle disparaissent. Du moins pas davantage que toute relation établie et que les aléas de la vie conduisent parfois à un éloignement progressif.

Le système du blog a toutefois la particularité de mettre en contact de façon bien plus constante que lorsqu'il fallait passer par les courriels: on se lit et s'entrelit, s'intercommente, dans des cercles relationnels qui se recoupent. On se "voit" (lit) les uns chez les autres. Il existe une sorte de copinage, presque une familiarité, avec parfois quelques liens privilégiés en coulisses. Voire un peu plus si affinités...

Et peu à peu on "s'attache" les uns aux autres. A force de suivre ces morceaux de vie tissés jour après jour, j'ai l'impression de partager un peu ces vies. Vos vies. Comme ce pourrait l'être avec des collègues de travail que j'apprécie, ou de tout autre participant à une activité régulière. Vous, là, qui me lisez et que j'identifie, faites partie d'un de mes cercles relationnel. Vous en savez plus sur moi, dans certains domaines, que mes proches. Je vous glisse mes réflexions ou confidences, espérant que cela touche quelque chose chez vous. La régularité des visites semble le confirmer...

Ainsi, par vous j'existe et je conforte ma solidité, mon assurance, ma confiance en moi. Certes il y a toujours ce côté impalpable et invisible qui rend le tout un peu plus "léger" que si c'était en face à face, mais à mon avis ça reste tout à fait valable. L'un n'empêche d'ailleurs pas l'autre, au contraire, puisque les contacts les plus proches se concrétisent tôt ou tard par une rencontre réelle.



Dans les commentaires il est aussi question de la disparition, ou de l'arrêt d'un blog. Pour moi, qui commence à avoir de la bouteille dans ce milieu, la question n'est pas inquiétante. Même si parfois je me suis demandé si je ne ferais pas mieux d'arrêter, cela n'a jamais eu de réelle prise. Cela correspondait à des moments d'ajustement, lorsque je craignais d'avoir trop dévoilé de moi. Je crois qu'avec le temps chacun apprend à doser sa capacité à s'ouvrir sans remords. Pour ma part, je ne vois pas de fin à cette écriture mi-publique, mi-amicale. Plutôt une évolution, à l'instar des plus anciens journaux encore en activité: espacement des interventions, mais sans extinction du journal.

Par un hasard qui n'en n'est pas un, il se trouve que les trois personnes dont les écrits m'avaient le plus touché lors de ma découverte des journaux en ligne, il y a plus de cinq ans, sont toujours "vivantes" (internautiquement parlant...). Et je dois dire que... oui, si elles cessaient d'écrire, je me sentirais sans doute un peu orphelin. Seul rescapé d'une époque révolue. Il faut dire aussi que je les ai toutes rencontrées...
Heureusement d'autres écrivants, quoique plus "jeunes" dans l'écriture en ligne, ont déjà une belle ancienneté. Cette continuité me semble importante et, oserais-je dire, porteuse d'espoir quant à la pérennité de ces liens.

Cependant, l'espacement des interventions maintient bien le contact, mais pas de lien à proprement parler. Sans entretien régulier un lien s'effiloche inévitablement. Ça fait aussi partie de la vie...

Je ne sais évidemment, pas plus que personne, comment tous ces liens évolueront dans le temps. Ni si des amitiés nouées sur internet, parfois concrérisées par des rencontres, pourront durer des années. Mais je ne vois pas quelle raison ferait qu'il y aurait une différence majeure avec des formes de liens établis de façon plus conventionnelle.

Peut-être que dans vingt ans des bandes de papis et mamies myopes et munis de dentiers continueront à tenir leur blog (en relief et odorama, avec le progrès...) et à raconter leurs vies. Peut-être qu'ils seront enrichis de ces réflexions croisées... à moins qu'elles ne soient devenues que des rabachages stériles et autre tourne-en-rond...

Quant à la question de disparaître brutalement, sans laisser de trace... oui, c'est quelque chose qui peut exister. Pour ma part je ne conçois pas les choses ainsi. Je me suis toujours dit que si j'arrêtais je le signalerais. C'est pour moi une question de respect du pacte tacite de l'écrivant vis à vis du lecteur. Même si le lecteur, lui, ne prévient généralement pas de sa disparition. Cependant, peut-être qu'un espacement croissant des textes mis en ligne peut avoir le sens d'un arrêt progressif. Et que, lorsqu'on en vient à se désintéresser de cette forme d'expression, que les échanges sont devenus inexistants, on peut disparaître sur la pointe des pieds... se sentant loin du monde des écrits en activité.

Je me suis ainsi éloigné jusqu'à disparaître de certains forums, autre mode relationnel, où j'étais parfois assez actif... Mais je ne sais pas si c'est comparable. Un forum est avant tout un lieu de passage, alors que je vois le blogue comme un jardin que l'écrivant aménage à son image tout en le laissant ouvert au regard des passants. Chaque texte, chaque photo, sont autant d'éléments d'un décor qui finit presque par appartenir autant à ceux qui les regardent qu'à celui qui les a plantés là. C'est en tous cas ainsi que je le ressens: ce site ne m'appartient plus vraiment, il fait partie du paysage de ceux qui le lisent. Et mon plaisir et d'essayer de le rendre attrayant...

Commentaires
I
Coumarine, je comprends bien cette "pression" exercée par le nombre, et le désir de ne pas décevoir...<br /> <br /> Je crois qu'il y a toujours cette ambivalence entre le désir d'avoir une certaine audience (ça fait du bien à l'égo...) et le désir contraire de rester discret pour pouvoir se sentir libre.<br /> <br /> Lorsque je ressens cette perte de liberté, je m'octroie un temps de silence. Ou j'aborde un nouveau sujet.<br /> <br /> Pour ce qui est des liens virtuels et de la séduction... je pense que nous sommes nombreux à nous y être frottés, avec plus ou moins de bonheur. Oui, le contact est rapidement intime, accélère le processus de la rencontre des esprits, mais se connaît-on vraiment sans tout un temps d'apprivoisement ? N'a t'on pas besoin de ce temps ?<br /> <br /> Bon, tu sais bien que tout ça me fascine...<br /> Alors ce texte dont tu parles m'intéresse.
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C
Il y a des endroits où on n'ose pas intervenir, comme tu l'expliques si bien...<br /> Un peu comme il est difficile d'arriver dans une réunion amicale où tt le monde se connaît, et où il faut creuser sa place<br /> Lire comme ça sans intervenir jamais me met pourtant mal à l'aise, c'est comme si j'étais une "voyeuse", et j'aime pas ça<br /> 18 mois de blog quant à moi, et d'avoir été référencée comme blog du jour, m'a apporté de nombreux lecteurs qui se sont fidélisés. cela m'effraie parfois de voir que le nombre de mes visiteurs monte fameusement...comme si je leur DEVAIS désormais quelque chose, et ne surtout pas les décevoir. Cela me met la pression des fois, comme si je devais absolument être "performante" désormais<br /> Je suis aussi passée du virtuel au réel avec certains qui sont devenus des ami(e)s, et avec lesquels la relation a été d'emblée plus forte que si on avait dû s'apprivoiser lentement dans le réel...en fait le virtuel nous rend proches les uns des autres...on ne crée des leins virtuels que avec ceux qui nous touchent<br /> Idéaliste, j'ai écrit la semaine dernière tout un récit (dans l'autodérision)sur l'écriture d'un blog au jour le jour, basé sur mon expérience et celui d'autres qui m'en ont parlé, ou que j'ai pu obsrver...<br /> Ainsi que d'une réalité dont on ne parle sans doute peu mais qui existe bel et bien: la séduction sur, via ou à partir des blogs...
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S
Une fois de plus, nous devons reproduire nos schémas comprotementaux habituels... Il n'y a pas de raison que la blogosphère y échappe...<br /> Phénomène d'appartenance à un groupe, marqueurs et codes sociaux, culturels... l'économique y tient peut-être moins de place, quoique tout ça est lié... Nous sommes des primates dans nos tribus !
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I
Ah tiens, c'est intéressant ce que tu dis, ségolène ! <br /> «C'est d'ailleurs pas facile de débarquer et de laisser une trace de son passage sans avoir le sentiment de s'inscruster...»<br /> <br /> J'ai la même impression quand je vais sur les blogues des autres: je n'ose pas m'immiscer dans un cercle que je sens constitué. Je me sens presque un intrus et je viens et sors sur la pointe des pieds. Surtout si je perçois une connivence dèjà bien installé entre les participants.<br /> Pourtant je suppose que comme ici tous les commentaires ont les bienvenus. Et tout spécialement ceux qui viennent de personnes que je ne connais pas encore...
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S
L'attrait de ton journal est indéniable.<br /> Quant aux liens dont tu parles, ils sont à l'image de la vie, durables ou fluctuants... le virtuel semble le calque de cette géométrie variable, même s'il met davantage en exergue la volatilité des liens. A l'air libre,il se peut qu'ils s'éventent plus que d'autres inscrits dans la réalité. Les liens affectifs par le net sont comme un demi-sommeil peut-être ? Un entre deux mondes...<br /> Et il n'est pas toujours facile de s'éveiller un jour et de réaliser que tout cela ne tenait qu'à un fil. Mais les vôtres semblent assez solides pour perdurer. C'est d'ailleurs pas facile de débarquer et de laisser une trace de son passage sans avoir le sentiment de s'inscruster...
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