Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
28 mars 2006

Bonsaï

Coumarine a récemment écrit qu'elle détestait le mot "bonsaï". Pour ceux qui connaissent ma profession, ce mot ne pouvait que me faire cogiter.

C'est quoi un bonsaï ?

Une atrophie artificielle. Une contention, une maîtrise, une contrainte permanente. Certains parlent de torture. Raffinée et esthétique, certes, mais torture quand même. Ce dont se défendent évidemment ceux qui exercent cet "art".

Je suis très mitigé sur le sujet. Certes un bonsaï demande des soins constants, une très bonne connaissance de sa physiologie, et donc nécessite beaucoup d'amour d'attention. Mais à l'inverse c'est aussi une forme de domination absolue. Sans soins le bonsaï meurt. Il dépend entièrement de celui qui le soigne tout en le maltraitant. Tiens... ça me fait penser à la maltraitance des enfants. Ce lien de folie qui interdit de haïr le bourreau qui leur permet de vivre...

Un bonsaï c'est avant tout un grand arbre qu'on empêche de grandir. On le nanifie artificiellement, tout en l'obligeant à prendre la forme, parfois invraisemblable, qu'on veut qu'il ait. On lui donne l'apparence d'un beau et vieil arbre vénérable, mais on l'empêche de le devenir librement et vraiment. C'est une caricature d'arbre. Une caricature de vie. Et pourtant, certains bonsaïs sont de véritables oeuvres d'art. Ils sont rares...

En fait il existe des "bonsaïs" naturels. Ils poussent dans des enfractuosités de rocher, battus par les vents, dans des conditions de survie extrême. Ce sont des arbres-pionniers, des arbres-héros qui s'accrochent à la vie parce qu'ils ont une résistance particulière. Ils sont nains, mais parce qu'ils ne peuvent faire autrement. Ils ne demandent qu'à croître dans l'étroit espace de vie qui s'est offert à la graine. Un peu comme ces hommes qui survivent dans des lieux désertiques parce qu'ils sont nés là.

Mais le bonsaï "artificiel", celui qui a été maîtrisé par l'homme, n'a aucune liberté. Aussitôt qu'il tente de se développer on le rabaisse. On le taille, on le coupe, on le tord. Et pour restreindre encore ses envies de grandir, on taille aussi ses racines nourricières. Coupé en haut, coupé en bas, coupé sur les côtés. Orienté, mutilé. Mais avec amour...

Oui, d'une certaine façon c'est beau, un bonsaï bien soigné, qui a déjà vécu des décénnies. Arbre miniature il nous place à une autre échelle. On le domine, ce chétif. On est géant à côté de lui, ou bien on peut s'imaginer minuscule à côté de lui. Quelques instants...

Je ne sais pas trop pourquoi, mais en lisant la remarque de Coumarine je me suis dit que j'étais peut-être un peu comme un bonsaï qui chercherait depuis longtemps à devenir le grand arbre qu'il peut potentiellement être. Car si on lui rend sa liberté, il retrouve une croissance tout à fait normale. Mais c'est un peu comme si je ne parvenais pas vraiment à oser élancer mes branches, trop habitué à ce qu'elles soient taillées dès qu'elles tentent de s'émanciper. C'est comme si je cherchais le sécateur qui allait me trancher, me contenir, me rabaisser, me maîtriser. M'humilier. Comme si j'étais inquiet des soins qu'on pouvait m'apporter ou me soustraire, oubliant que je peux vivre sur mes propres racines et puiser moi-même ma nourriture et l'eau qui m'est nécessaire.

Non non non, je ne veux plus jamais être un bonsaï !

Commentaires
R
Bonjour Couleur Pierre.Merci pour votre réponse quant à replanter "mon "Bonsaî en pleine terre.J'ai pu savoir qu'il s'agit d'un orme de Chine "Ulmus Parvifolia"...Je vis dans l'Indre :aux alentours de la ville " Le Poinçonnet",à rien du tout de beaucoup de forêts domaniales et plaines. Le temps est plutôt humide durant l'année et sérieusement froid la deuxième moitié de l'hiver : gel ,neige...Je suis originaire du Midi : d'où mon vif ressenti à ce propos, depuis plus de trente ans.Par prudence je le garderai au chaud tout l'hiver dans ma maison .Il ne risquera rien même s'il est chez une famille exclusivement végétarienne et si je suis jardinier à l'occasion autant que je le peux , respectueux de la nature, le plus possible en fonction de mes moyens "intellectuels", sans effort, aimant fortement celle-ci , depuis toujours .Je ne suis pas trop d'accord avec les gens qui veulent faire le "sorcier" avec elle ,comme par exemple cette pratique du bonsaï,mais étant pour la liberté,ça les regarde.C'est, je crois compliqué de tout juger.Le mieux est de faire filtre soi-même,ce qui est déjà pas mal je crois .Je dirais que comme j'ai lu un jour à propos de Beethoven :"Ma liberté commence avec celles des autres"et non pas :"où s'arrête celles des autres",c'est plus espérant, me semble-t'il, plus amical, etc.Je m'excuse si j'ai été un peu long .Merci aussi pour votre réponse à nouveau .
Répondre
R
Partageant les mêmes sentiments quant à l'article par rapport à Coumarine , on m'a offert hélas un Bonsaï par "gentillesse" ,puis-je secrètement le remettre en liberté, en pleine terre, sans qu'il ne risque rien? Pour enfin se développer "heureusement" dans forêt par exemple ou un jardin que j'ai , mais dont il me génerait de l'y voir , en raison de sa torture subie malgré tout ; même s'il y a pire en ce monde...Merci pour votre réponse.Robert M .
Répondre
T
En effet bonsai signifie arbre dans un pot .. n’importe quelle plante Dans un pot est est pour ainsi dire un «  bonsai «  même so elle n’est pas entratenue avec les techniques bonsais .. en effet si en plus ie veritable bonsai fait fleurs bourgeons et fruits signifie que aprés tout ne souffre pas autant que ce la ! Neanmois les techniques extremes jun suari sabamiki etc je le trouve violentes .. un peu comme si on prenait un enfant et on le «  travaillait pour le faire paraitre vieux usé frappé par les événements de la vie et se rejouir de cette vision .. je trouve que on va de plus en plus dans le caricaturale on fait des gnomes avec des racines des bases invraisemblables inexistantes dans la nature et qui extasient les amateurs .. in bonsai format réduit miniaturisé d’un arbre tel que dans la majorité des plantes dans la nature est plus compréhensible .. je crois que la vision culturelle japonaise y est pour quelque chose. Mais malgré tout dans le temps c’ etait standardisé , tandis que de nos Jours l’occident comne d’ab s'en approorie le denature et en fait un enjeu commercial au niveau mondiale ...
Répondre
M
moi aussi je voyais comme une sorte de souffrance et une domination encore une fois de l'homme sur la nature.;;;;mai squand tu vois quelqu'un mettre à la poubelle trois bonzaïs pour cause de déménagement,que faire sinon les sauver,alors c'est que j'ai fait et je ne suis pas mécontent de moi!!! de plus ils ont l'air parfaitement heureux!!! de là a parler de maltraitance il suffit e voir ce qui se passe dans certaines ehpads ou h.p ,ou dans les services des urgences ou à l'usine et j'en passe car la liste est longue.Et puis l'homme a toujours domestiqué la Nature a à son grand dam mais c'est comme ça. il suffit de voir les paysans quand ils taillent leurs arbres fruitiers pour avoir des fruits.. sans parler des traitements monsento ou bayer. je suis un écologiste convaincu ,bouddhiste et anarchiste (cf:Gary Snyder,grand poète américain prix Pulitzer. sic !
Répondre
P
Je n'ai pas parlé de "souffrance" dans mon billet, mais de contention, de maîtrise, de maltraitance, de mutilation... et d'amour ! (une certaine façon d'aimer...). Vous plaquez sur mon propos des idées entendues ailleurs. Ensuite il est faux de dire que vous ne pouvez pas aller contre la nature puisque la technique du bonsaï est précisément d'aller aux limites du contre nature... pour l'imiter en la maîtrisant. Les formes données sont artificielles puisque obtenues en taillant et en ligaturant pour orienter les troncs et branches. même si c'est pour retrouver un aspect "naturel".<br /> Vous comparez "arbre en pot" et "plante en pot", en confondant les deux. Un arbre est bien une plante, mais la réciproque n'est pas vraie. Vous dites qu'un bonsaï vit souvent plus vieux que le même arbre dans la nature. Or à ma connaissance aucun bonsaï ne dépasse les 500 ans alors que beaucoup d'espèces d'arbres le peuvent... et aller bien au delà.<br /> Bref : vous défendez votre "art" est c'est tout-à-fait recevable, mais les arguments que vous avancez ne sont guère convaincant pour quiconque connaît un tant soit peu la physiologie de l'arbre. Il en est de même pour le principe du naturel : sans intervention humaine. Que vous soyez un observateur de la nature n'implique aucunement que vous agissiez dans son sens. Je ne doute pas que vous aimiez vos arbres, mais acceptez que votre façon de le faire et votre vision de la nature ne fasse pas l'unanimité. C'est aussi ça le respect des différences.<br /> <br /> Ceci dit je peux apprécier un beau spécimen de bonsaï, et même être admiratif de la qualité esthétique du résultat. Il n'en demeure pas moins vrai que ce travail sur du vivant est bien une contention, une atrophisation.
Répondre
O
Je suis tombé sur votre article par hasard, et je voudrais rectifier certains points :<br /> Avant toute chose, le bonsai est un art souvent difficile à comprendre car nous occidentaux ne pouvons nous empêcher de faire de l'anthropomorphisme. D'abord pour souffrir, il est indispensable d'avoir des terminaisons nerveuses, les plantes n'en ont pas, l'arbre qui deviendra bonsaï ne souffre donc pas. La forme qui lui est donné est celle qu'il accepte de prendre, on ne peut pas allez contre la nature. <br /> Bonsaï signifie éthimologiquement arbre en pot,n'avez vous pas chez vous, sur un balcon une terrasse ou dans votre salon des plantes en pots ?<br /> Il est intéressant de noter qu'un bonsaï vit souvent plus vieux que le même arbre dans la nature, on ne survit pas longtemps à la torture pourtant. Pis, des arbres condamnés par les hommes, les parasites, la maladie sont souvent sauvés par des bonsaïka.<br /> L'art du bonsaï demande beaucoup d'attention,d'amour pour l'arbre et de connaissance de sa vie, malheureusement les chaines de distribution y ont vu une source de profit et ont fait beaucoup de mal au bonsaï.<br /> Avant de juger, chercher à comprendre afin d'éviter les réflexions péremptoires chargées d'a-priori. Vous l'avez compris, je suis bonsaïka, et comme tout mes pairs, j'ai un profond respect pour la nature, je l'observe et je m'en inspire tous les jours. <br /> L'itinéraire dune ouverture à soi et vers autrui, commence par la connaissance de l'autre permettant le jugement, celui-ci entrainant ou non le respect. Ce commentaire est juste là pour que vous alliez un peu plus dans votre réflexion sur mon art. Encore un détail, celui que l'on cherche à humilier,n'est pas celui que l'on met pas en valeur en l'exposant dans ses plus beaux atours.<br /> En espérant vous avoir incité à aller voir plus, j'espère ne pas avoir été trop long.<br /> Merci de m'avoir lu jusqu'au bout.
Répondre
I
Le soleil... où il est le soleil, déjà ? Où elle est la lumière ? Ah oui, devant moi, au loin ! Ok, je continue à avancer ;o)
Répondre
C
Cherche le soleil, cherche la lumière... tes branches s'élanceront sans même y penser!
Répondre
C
émue émue émue en te lisant...<br /> Oui tu décris exactement ce que "bonsaï évoque en moi...<br /> "Une atrophie artificielle. Une contention, une maîtrise, une contrainte permanente"<br /> et plus loin...<br /> "C'est comme si je cherchais le sécateur qui allait me trancher, me contenir, me rabaisser, me maîtriser. M'humilier"<br /> Je suis "tombée" sur des tailleurs de bonsaï, moi aussi<br /> Je t'ai parlé de ma rencontre fortuite (mais il n'y a pas de hasard) avec B. chirurgien des arbres<br /> c'est un "géant" qui se promène dans des arbres géants, pas des rikiki esthétisants<br /> J'ai reçu un jour un bonsaï...il est mort en très peu de temps..je crois que je l'ai ASSASSINE
Répondre