Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
9 mai 2006

Dynamite

Opposer doutes et certitudes, c'est comme voir le monde en noir ou blanc.

J'en suis certain !

Euh... peut-être.

Ou pas...

Euh...


Finalement, affirmer que je doute, c'est avoir une certitude. Affirmation contradictoire. Pan sur le bec (merci Alainx...).

Parfois je m'amuse à dire que la seule certitude que j'ai, c'est que je doute. C'est bien évidemment faux: je suis plein de certitudes... tout en sachant qu'elles peuvent être fausses [mine de rien, il y a trois affirmations et aucun doute dans cette seule phrase]. Il est impossible d'être dans le doute permanent, sous peine de ne pas avancer [quatre et cinq...]. Ne serait-ce que pour mettre un pied devant l'autre [quel pied ? c'est où devant ? lequel est l'autre ?].

En fait, lorsque je parle de doute, c'est de la capacité de remise en question permanente que je pense. Ce qui ne signifie pas qu'il faille en permanence se remettre en question.
Je me trouve parfois face à des personnes qui affirment leurs certitudes avec aplomb. Et pourquoi pas ? C'est aussi de l'authenticité ! De mon côté, quoique me voulant sans certitudes inébranlables... j'en ai quand même beaucoup. Par exemple face à un xénophobe, j'ai nombre de certitudes à opposer aux siennes. Et il m'est difficile de rester "ouvert" à sa différence de point de vue.

Bon, en fait je crois que lorsque je rejette l'autre, c'est aussi parce qu'il me fait voir une part de moi-même que je refuse. Honnêtement, je n'ai aucun scrupule à refuser tout ce qui en moi peut être excluant [mais le refus est une exclusion...], prenant sa source dans la peur de la différence. Et ce qui me dérange chez le xénophobe, c'est que lui se laisse dominer par sa peur de l'autre. Ce que pour ma part je m'efforce de refuser.

Mais je m'égare. Sans aller jusque dans les excès, la peur de la différence s'exerce de façon bien plus subtile et "invisible". Lorsque deux personnes ne sont pas du même avis, chacune a tendance à croire en ses "certitudes" et à les affirmer, face à l'autre qui représente une potentielle menace. S'il insinue le doute en moi... je perds mes repères, ma stabilité apparente péniblement acquise. Voila pourquoi il est bien plus difficile [en suis-je certain ?] d'accepter la remise en question.

Inversement, lorsque je suis trop dans le doute, ou l'ignorance [le doute vient parfois de là...], les certitudes apparentes de l'autre peuvent me servir de repères. C'est comme ça que l'enfant se construit, adulte en devenir. En fait cette juxtaposition permanente de doutes et de certitudes nous permet de nous positionner en tant qu'adultes, et d'acquérir euh... cette certitude « qu'on ne sait jamais », comme chantait Gabin.

De questions en questions, on en sait toujours plus... tout en sachant qu'il n'y aura pas de fin aux questionnements. Le paradoxe du savoir, c'est qu'il permet de comprendre l'étendue de son ignorance. Plus on sait, et plus on mesure ce qu'on ne sait pas. Alors comment ne pas douter lorsqu'on sait tout ce qu'on ne sait pas ? [Vous me suivez ?]

Bref, c'est un sujet sans fin. Une fois de plus voila deux pôles, aussi invivables l'un que l'autre, et c'est de leur dosage que dépend le juste équilibre... propre à chacun. C'est dans cette appropriation individuelle que se situent à la fois la richesse et la complexité des rapports humains.

Yep ! Je viens de réinventer la poudre ! Celle qui dynamise ou rend explosives les relations, selon le singulier dosage des différences...

Commentaires
M
l'idéaliste, en fait il faut avoir lu tout le tractacus. Cette phrase en est simplement la conclusion...Wittgenstein étant un philosophe il ne pouvait certe pas se passer des mots. C'était juste une boutade pour dire que la certitude n'est pas de ce monde sauf pour les choses que l'ont peu voir ou toucher...
Répondre
H
Et tu dynami(t)(s)es quoi, là? Nos certitudes ou incertitudes?<br /> Il n'y a pas si longtemps, on évoquait Galilée, car elle n'a pas toujours tourné. Vas comprendre, aujourd'hui c'est Lucrèce qui me vient à l'esprit... De connaissance en méconnaissances... dans notre quête de savoir et de compréhension en vue de l'idéale et inaccessible ataraxie... Ataraxie comme un rêve...<br /> Remise en question, de la certitude de soi. Aïe ! J'ai plongé un peu profond et je n'ai pas encore émergé. Question de temps aussi... Ré-explorer de vieilles profondeurs dans le dédale de nos erreurs et se donner le moyen de nos réussites manquées.<br /> <br /> Refuser l'autre – avec violence. Ça, je veux me décortiquer un peu plus car je n'accepte pas ces violences que je fais parfois subir à cet autre sans pour autant que je le refuse - bien au contraire. Je n'ai pas ton talent du décorticage... mais j'ai aussi besoin de comprendre ça.
Répondre
I
Intéréssante prolongation, Pati... Sans parler de rêve, je concois volontiers que les projections que les autres ont de moi m'aident à me définir. Soit en accord, soit en opposition. C'est donc, en partie, l'autre qui contribue à me définir. Et je contribuie à définir les autres par le regard que je porte sur eux. Ainsi pour chacun de nous.<br /> <br /> mcl38... alors là... je reste perplexe. Oui, assurément les mots déforment et induisent une expression faussée des perceptions, faussée d'avantage par la réception de celui qui entend ou lit ces mots (appropriation personnelle). Mais "taire ce dont on ne peut parler" (qu'est-ce que "POUVOIR" parler ?) me semble aller à l'encontre du principe de communication qui relie et fait évoluer l'humanité. Parler est certes "faux", mais cela conduit à une recherche d'approche d'une "vérité". Travail d'élaboration qui est en lui même porteur de sens...
Répondre
M
"Comme le disait Wittgenstein (un des plus grand logicien de tous les temps) dans le Tractatus Logico Philosophicus : "il faut taire ce dont on ne peut parler". Cette petite phrase qui clot le TLP, malgre son sens anodin, a bouleversé les consciences. Remise dans son contexte elle est la conclusion de la philosophie antiphilosophique qu'il a construit avec le cercle de Vienne dans les annees 1930, et elle accuse le langage de n'etre qu'un vecteur imprecis de nos sensations, incapable de rendre compte des informations que nos recepteurs sensoriels nous livrent, donc le monde n'est pas". <br /> Voila une sacré certitude...Raaaa je taquine ;-)
Répondre
P
ton texte me fait penser à ce philosophe, dont le nom m'échappe, qui nous pensait être le fruit des rêves d'un autre, lui-même étant le rêve d'un autre encore... etc, vision en spirale, qui étourdit et fait perdre pied...<br /> <br /> où est la réalité ? suis-je réelle, ou suis-je le reve de quelqu'un qui lui-même rêve... vaste choix, non ?<br /> <br /> j'aime bien, ces questionnements à la Devos.. ça fait pas avancer le schimili-miliblick, comme dirait papy mougeaud, mais c'est amusant :)
Répondre