Dynamite
Opposer doutes et certitudes, c'est comme voir le monde en noir ou blanc.
J'en suis certain !
Euh... peut-être.
Ou pas...
Euh...
Finalement, affirmer que je doute, c'est avoir une certitude. Affirmation contradictoire. Pan sur le bec (merci Alainx...).
Parfois je m'amuse à dire que la seule certitude que j'ai, c'est que je doute. C'est bien évidemment faux: je suis plein de certitudes... tout en sachant qu'elles peuvent être fausses [mine de rien, il y a trois affirmations et aucun doute dans cette seule phrase]. Il est impossible d'être dans le doute permanent, sous peine de ne pas avancer [quatre et cinq...]. Ne serait-ce que pour mettre un pied devant l'autre [quel pied ? c'est où devant ? lequel est l'autre ?].
En fait, lorsque je parle de doute, c'est de la capacité de remise en question permanente que je pense. Ce qui ne signifie pas qu'il faille en permanence se remettre en question.
Je me trouve parfois face à des personnes qui affirment leurs certitudes avec aplomb. Et pourquoi pas ? C'est aussi de l'authenticité ! De mon côté, quoique me voulant sans certitudes inébranlables... j'en ai quand même beaucoup. Par exemple face à un xénophobe, j'ai nombre de certitudes à opposer aux siennes. Et il m'est difficile de rester "ouvert" à sa différence de point de vue.
Bon, en fait je crois que lorsque je rejette l'autre, c'est aussi parce qu'il me fait voir une part de moi-même que je refuse. Honnêtement, je n'ai aucun scrupule à refuser tout ce qui en moi peut être excluant [mais le refus est une exclusion...], prenant sa source dans la peur de la différence. Et ce qui me dérange chez le xénophobe, c'est que lui se laisse dominer par sa peur de l'autre. Ce que pour ma part je m'efforce de refuser.
Mais je m'égare. Sans aller jusque dans les excès, la peur de la différence s'exerce de façon bien plus subtile et "invisible". Lorsque deux personnes ne sont pas du même avis, chacune a tendance à croire en ses "certitudes" et à les affirmer, face à l'autre qui représente une potentielle menace. S'il insinue le doute en moi... je perds mes repères, ma stabilité apparente péniblement acquise. Voila pourquoi il est bien plus difficile [en suis-je certain ?] d'accepter la remise en question.
Inversement, lorsque je suis trop dans le doute, ou l'ignorance [le doute vient parfois de là...], les certitudes apparentes de l'autre peuvent me servir de repères. C'est comme ça que l'enfant se construit, adulte en devenir. En fait cette juxtaposition permanente de doutes et de certitudes nous permet de nous positionner en tant qu'adultes, et d'acquérir euh... cette certitude « qu'on ne sait jamais », comme chantait Gabin.
De questions en questions, on en sait toujours plus... tout en sachant qu'il n'y aura pas de fin aux questionnements. Le paradoxe du savoir, c'est qu'il permet de comprendre l'étendue de son ignorance. Plus on sait, et plus on mesure ce qu'on ne sait pas. Alors comment ne pas douter lorsqu'on sait tout ce qu'on ne sait pas ? [Vous me suivez ?]
Bref, c'est un sujet sans fin. Une fois de plus voila deux pôles, aussi invivables l'un que l'autre, et c'est de leur dosage que dépend le juste équilibre... propre à chacun. C'est dans cette appropriation individuelle que se situent à la fois la richesse et la complexité des rapports humains.
Yep ! Je viens de réinventer la poudre ! Celle qui dynamise ou rend explosives les relations, selon le singulier dosage des différences...