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Alter et ego (Carnet)
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15 juin 2006

Fertiles paradoxes

Lorsque je suis très occupé, et de façon variée, les journées passent à toute vitesse. Mais à l'inverse le temps écoulé semble lui aussi s'éloigner à toute vitesse. Un peu comme si les journées comptaient double ou triple.

Tout ça n'est pas logique: ça va plus vite... ou moins vite ? Faudrait savoir...

Ce qui amène cette réflexion chrono-temporelle c'est de me dire qu'il y a une semaine j'étais en compagnie de trois autres tenanciers de blog [ah, on dit pas tenancier ?]

J'ai l'impression que c'était il y a un mois !

Eux ont écrit à ce sujet, et pas moi. Vilain cachotier que je suis... C'est pas que c'était pas intéressant, ni que j'aurais été déçu, ou quoi que ce soit de négatif. Au contraire ! J'en ai été vraiment très content ! Un vrai moment de convivialité chaleureuse. Mais ma vie, en ce moment, est très remplie. Attention, c'est pas que je cherche à remplir ma vie pour combler un hypothétique vide, hein. Elle se remplit toute seule de bonnes choses. J'ai une vie é-pa-nou-ie.

Fantastique, n'est-ce pas ?

L'inconvénient, comme je le répète un peu sur tous les tons... c'est que je n'ai plus vraiment le temps de raconter ma vie. Et donc cette rencontre est passée à la trappe, comme nombre d'autres choses que je voulais décrire écrire. Hmmmm... peut-être que je culpabilise un peu n'avoir pas donné ma version de notre rencontre ? Ou bien de ne pas délivrer ma dose régulière d'écrits ?

C'est idiot: je ne dois rien à personne !

En fait, si je n'avais pas pris l'habitude d'écrire sur le net, je n'aurais jamais l'idée de le faire maintenant.

Non, c'est bête ce que je dis: c'est parce que j'ai écrit sur le net que ma vie est épanouie. Et là je fais bien allusion à ma "vraie" vie, ma vie terrestre, matérielle, sensorielle.
Allusion discrète à ces élucubrations fumeuses qui prétendent qu'internet favoriserait notre individualisme... Pfff, vision à court terme, ou subjectivement séléctive. Moi je le dis tout net: internet à changé ma vie.
Non, il l'a révolutionnée.

Enfin... disons que grâce à internet j'ai révolutionné ma vie.

Internet est un outil et chacun l'utilise selon ses aspirations. Moi je voulais m'ouvrir aux autres et j'y parviens au delà de tout ce que j'aurais pu imaginer. J'ai mis l'outil à mon service. Sans cet outil, jamais je n'aurais été confronté à des moments cruciaux de l'existence humaine, tels que celui vécu hier par une jeune fille qui apprend, effondrée d'angoisse et de pleurs, qu'elle est enceinte alors qu'elle n'y est absolument pas prête. Ça c'est bien du réel, et je vous assure que question émotions... ben ça secoue ! Voir en face à face la détresse de l'autre, ça brasse... Je n'en menais pas large, dans mon rôle d'apprenti écoutant, en tant que stagiaire dans un centre de planification familiale. Chaque jour j'entre en relation avec l'autre, j'entre en compassion, en empathie. Je ne sais pas si j'ai pu participer à accompagner cette fille, si forte, qui se sentait coupable d'avoir été "imprudente", mais à ses côtés j'ai vécu quelque chose d'humainement très enrichissant. Toute son histoire, racontée entre ses sanglots, était émouvante tant elle montrait de ténacité face à un cumul impressionnant d'épreuves dont elle s'était acquitée avec courage. Son ambivalence face au désir d'être mère, viscéralement enraciné en elle, et l'impossibilité actuelle d'assumer un enfant, était enfouie plus profondément que sa réaction première face à cette grossesse "non désirée".
Aujourd'hui une autre fille était tout autant désemparée devant le choix à faire: garder ou pas ce qu'elle sentait déjà comme une vie en elle, prenant une place dans sa tête et interrogeant son désir de maternité bien plus tôt que prévu. Nous devions l'accompagner vers un choix éclairé qu'elle seule pourra faire, en conscience.

Quel est le rapport avec internet ? Et bien le stage que j'effectue découle directement de ma réorientation professionnelle, elle-même issue des questionnements autour de ma séparation conjugale, consécutive à une rencontre amoureuse parallèle, cette dernière provenant de ma soif d'échanges approfondis, découverte grâce à mes conversations sur internet. Vous avez suivi l'enchainement ? C'est très schématiquement simplifié, mais le lien entre ma vie actuelle et les échanges via internet est indéniable. Je n'en serais pas là sans cet outil. Ma vie aurait été autre, avec une évolution infiniment plus lente.

Maintenant, c'est l'outil internet qui devient en partie inadapté à mon cheminement. Mon écriture en ligne se cherche. Mon rapport à autrui dans ce cyber-monde évolue. Certains aspects deviennent lourds.

J'ai un peu de mal à prendre de la distance, et pourtant je sais que c'est nécessaire et que de toutes façons j'y viendrai. De ça aussi je dois me séparer. Ce lien virtuel qui devient parfois une entrave.

Me séparer comme je le fais dans ma vie sentimentale, c'est à dire sans rupture radicale, mais en douceur. Quitter ce qui ne me convient plus, tout en gardant ce qui reste important. Lent travail de déconnection, de détachement, pour trouver mon équilibre de liberté. La séparation est un acte nécessaire pour "grandir" et s'émanciper. S'autonomiser. Il faut savoir couper ce qui empêche d'avancer...

Et-ce que ça veut dire que je vais arrêter d'écrire en ligne ?
Non. Mais probablement évoluer vers quelque chose de plus libre, ou de plus léger. Plus simple. Plus détaché. [qui a murmuré "plus court" ???]
Tendre vers l'essentiel.

En fait j'aimerais me détacher du regard des lecteurs. Voire me détacher des lecteurs... Tout un paradoxe quand on écrit en ligne !

Mais j'adore les paradoxes...
Fertiles paradoxes.

Commentaires
I
Christine... pas d'inquiétude: je parle seulement d'évolution :o)<br /> Ce n'est pas la première, ni la dernière fois, que je m'interroge sur ma pratique de l'écriture en ligne. Et généralement mes évolutions sont lentes.
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C
Idéaliste, serais-tu en train de nous seuvrer à petites doses depuis quelques temps ? <br /> Même comme cela j'aurais du mal à m'habituer à ton absence, après tout tu es celui qui m'a prise la main ici, qui m'a montré le chemin. Je ne sais pas si je suis partie dans la bonne direction mais les heures passées devant le pc augmentent de jours en jours. Je sais aussi que c'est une période de ma vie et qu'un jour j'aurais besoin/envie (je sais plus moi !;-)) de passer à autre chose. Alors si c'est le cas, pour toi, aujourd'hui, si d'autres vagues plus importantes de ta vie diminuent la plage (de connection ;-) et bien vogue ;-) mais n'oublie pas de temps en temps de t'arrêter au passage dans ton port/blog de départ...
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I
Tristana, je pense aussi qu'une des grandes richesses de la vie c'est cette confrontation permanente aux paradoxes, ambivalences, contradictions et autres "entre-deux". <br /> J'aime cette phrase entendue récemment: «je ne suis pas seul dans ma peau». "Je" est plusieurs, avec autant de logiques imbriquées. Ces différents degrés de conscience sont féconds et une excellente source d'évolution.<br /> <br /> Gourmande, tu évoques bien cette contradiction entre la richesse des échanges et l'addiction à ces liens, qui parfois va au delà de ce qui est vraiment souhaité.<br /> Et c'est peut-être parce que j'ai l'impression de me perdre dans des élucubrations qui tiennent davantage du copinage que de la réflexion que je ressens ce désir d'écrire autrement. <br /> Probablement en scindant mon écriture en plusieurs lieux, plus ou moins intimistes ou généralistes. Toujours ce dilemme autour de l'intimité, à divers degrés, exposée en public.
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G
Internet qui participe aux changements dans notre vie... J'en sais quelque chose.<br /> Internet cet outil fabuleux qui nous anime, nous motive à écrire à échanger, à rencontrer. <br /> Internet qui devient parfois comme un drogue, une dépendance, mais parfois je me dis que c'est magique, magique parce que les échanges sont profonds, intimes, parfois puissants et révélateurs.<br /> Puis vient le moment ou on se sent obligé d'écrire, non pas que cela devienne une contrainte, mais une démonstration de solidarité envers nos amis virtuels, non n'a pas envie de les décevoir et on se pose des questions en relation avec notre spontaneité.<br /> J'espère que même si tu changes ta manière d'écrire, tu continueras à nous alimenter par tes réflexions, c'est tellement enrichissant.<br /> Mais je suis peut-être égoïste de dire ça, ou dépendante de mes lectures, de mes échanges.<br /> Bises à toi.
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T
Moi aussi, j'aime le paradoxe, c'est notre vie même qui l'est, tu ne crois pas ? :-) Finie, alors que nous rêvons d'éternité, chaotique, alors que nous cherchons la paix,la sérénité ... mais c'est aussi ce qui en fait toute la valeur, toute la richesse, non ?
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