Quelques lignes et des remous...
Mon tout petit billet d'hier a pu surprendre. Évoquer un espace "inacessible", peut effectivement éveiller la frustration. Pourtant, si j'avais évoqué un lieu géographique tout aussi inaccessible, je ne crois pas que la réaction aurait été la même.
Certains guides touristiques se gardent bien de dévoiler certaines de leurs découvertes, afin de les préserver d'une surfréquentation qui les dénaturerait. C'est dans ce sens qu'il faut le comprendre.
Bon, il est vrai que j'aurais pu m'abstenir d'en parler et ainsi de "mettre l'eau à la bouche"... mais j'étais inspiré, un peu ébloui, et me suis spontanément laissé aller au plaisir des mots.
En fait, sans y réfléchir, je m'adressais à une part de ceux et celles qui me lisent, comme je le fais bien souvent de façon plus élargie. Chacun de mes écrits est "adressé" à un ensemble de personnes plus ou moins identifiées, un "public" qui m'est fidèle. Là c'était plus restreint, c'est tout.
Ce faisant j'ai mis en évidence qu'il y a de la vie derrière la façade de nos blogs. Tout ne s'étale pas au grand jour dans la plus absolue transparence. L'expression de soi, plus ou moins intime, reste fragmentaire. Rhôôlala, si vous saviez tout ce que vous ne savez pas de moi !
Justement, là est peut-être la question : vaut-il mieux ne rien montrer que de laisser voir un petit bout qui dépasse ?
A l'évidence, comme beaucoup, j'ai diverses sortes de lien avec des personnes qui me lisent. Parfois ces complicités sont perceptibles, parfois non. Dans les personnes qui commentent ici certaines me sont inconnues, d'autres rencontrées de visu. Il nous arrive même que nous écrire, téléphoner, retrouver en quelques occasions. Nous partageons des affinités, et parfois même des confidences. Ces liens d'amitié durent, pour certains, depuis des années. Et certaines de ces personnes n'interviennent jamais sur mon blog...
Tout cela est-il bien différent de la vie hors d'internet ?
Non, parce qu'à la longue les deux mondes s'interpénètrent.
Ce n'est pas parce que nos écrits ont une certaine ressemblance avec un "journal intime", ou une "correspondance publique", que tout devrait être transparent et affiché au vu de tous. Il y a la face ouverte, choisie, et tout ce qui, pour diverses raisons, est caché. La scène et les coulisses.
Mais on sait bien que les coulisses intéressent. Les magazines people ne font pas recette par hasard.
Depuis pas mal de temps j'ai opté pour la discrétion, après avoit été excessivement transparent. Je ne dis plus publiquement qui je rencontre, j'essaie de ne pas rendre évidentes les diverses affinités et complicités que je peux avoir. C'est désormais du ressort de mon intimité et de celle qui me lie à d'autres. Parfois je regrette cette posture, parce que j'aimerais bien témoigner de cette vie, de ces amitiés "virtuelles" qui ont pris corps. Il y a là une vie faite d'échanges riches et féconds. Mais le mélange intime/public est très vite complexe à gérer, dès lors que la moindre tension apparaît.
La preuve...
Je sais aussi que laisser trop apparaître des complicités peut devenir "excluant", or j'ai envie que cet espace d'expression soit ouvert à tous. Je trouverais dommage que des personne n'osent pas s'immiscer en ce lieu par peur de "déranger", de ne pas y être autorisées, de se sentir intruses. Moi-même je le vis parfois ainsi sur certains sites.
Faut-il pourtant faire comme si cette vie souterraine n'existait pas ? Je me le demande. Je n'ouvre là qu'une petite fenêtre de transparence... en m'empressant de dire qu'elle n'est pas souhaitable en toutes circonstances.
Mais avouons-le, ce montré/caché n'est-il pas une des sources d'intérêt de nos récits de vie ? La curiosité d'en savoir plus sur ces inconnus qui se dévoilent n'est-elle pas un des forts attraits de nos blogs intimistes ?