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Alter et ego (Carnet)
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13 juin 2007

En cas d'accident...

Il y a les blogs qui s'éteignent doucement, ceux qui sont abandonnés dans un oubli qui s'étire, ceux qui sont fermés du jour au lendemain. Et puis il y a les blogs qui restent ouverts parce que plus personne ne viendra les fermer...

Un homme est parti. Bien plus vite qu'il ne le pensait. Mais son blog lui survit et ses amis lui laissent des commentaires. Parce qu'il vit encore en eux. Et moi je ne l'ai vu vivre, croire, parler, sourire, qu'une fois mort.


« À chaque fois qu’on apprend la mort de quelqu’un qu’on a croisé, y’a comme un vent froid dans l’air qui nous jette une dose de réalité en plein visage. Je suis étonnée à chaque fois de voir comment on arrive à vivre en niant aussi fortement la présence de la mort. Et ça me fait me rendre compte à chaque fois comme je ne suis pas prête à l’affronter, que ce soit d’un point de vue légal (une petite visite chez le notaire), technique (les mots de passe à refiler, les infos de la banque, des assurances, les objets à léguer) ou émotif (beaucoup trop tôt pour dire aurevoir à qui que ce soit). »

Martine Pagé - Ni vu ni connu

Et moi, suis-je prêt à ma mort ? Certainement pas. Dans l'abstrait, oui, mais pas dans la matérialité terre à terre. Je ne la prévois pas pour demain. Je plains donc ceux qui auraient à s'occuper de mes affaires ! C'est le bordel complet. Dans mes papiers je suis probablement le seul à pouvoir m'y retrouver. Et encore...
Ma maison, en coloc avec mon fils, est pleine de choses mal rangées, entassées, de cartons pas encore défaits depuis mon ré-emménagement. Ma chambre est un vrai foutoir [hum... au sens figuré...]. Des vêtements vaguement sales qui traînent dans un coin. Vous imaginez les vétements encore imprégnés de l'odeur vivante d'un mort ? Qui s'en occuperait ? Mes enfants ? Mon ex-épouse-amie ? Mes parents ?
Dans mon armoire ils trouveraient quelques lettres précieusement gardées, et de menus objets vestiges d'un amour récent. Peut être ce qui m'est le plus personnel. Une part de moi étrangère à tous mes proches, sauf mes enfants.

Et mon ordinateur... oh la la, que de confidences là-dedans ! Quelqu'un irait-il farfouiller dans mes fichiers ? Trouverait-il mes années de correspondances ? Celles avec quelques femmes dont j'ai croisé la route ? Les traces de ma vie amoureuse et ses murmures intimes, les photos de moments qu'ils n'ont pas connus ?
Et mon journal faussement secret, accessible à tous sur le net...

Qui annoncerait que je suis mort ? Personne ne connaît mes amitiés du net, hormis par leurs seuls prénoms. Ah si, une carte de mariage franco-québecois trône sur une étagère ! Il y a quand même aussi une adresse collée en évidence sur mon bureau depuis des années, avec la mention " En cas d'accident, prévenir..." suivi d'une adresse mail et d'un numéro de téléphone. Je devrais peut-être mettre d'autres noms, au cas où... Parce que je n'aimerais pas qu'on puisse penser que j'ai disparu d'un coup, comme si j'étais indifférent aux liens qui se sont noués. Jamais je ne l'ai fait et je crois pouvoir dire que jamais je ne le ferai.


Tiens, dans le même ordre d'idée... quelqu'un saurait-il ce qu'il est advenu de Forestine ?

Commentaires
A
Pierre, tu dis à propos de la mort : j'ai opté pour l'insouciance.<br /> Pour ce qui concerne ma propre mort, je me sens tellement « en sursis », qu'il me semble que je ne la crains pas. Après tout, je l'ai côtoyé plusieurs fois, et elle semble s'être montrée plutôt sympathique, d'une part en accordant des rallonges, d'autre part si elle devait faire son oeuvre, cela ne me semble pas si terrible, lorsqu'on est allé lui titiller le bout du menton.<br /> En revanche je redoute avec une quasi permanence la mort de mes proches que j'aime, ma compagne, mes enfants, quelques amis intimes.<br /> Mais là encore, c'est sans doute des peurs projetées. Car bons nombres de mes proches sont déjà décédés et, finalement, ceux qui restent finissent toujours par se consoler, parce que la vie se poursuit...<br /> <br /> Je ne suis pas insouciant vis-à-vis de la mort. Au contraire, j'y pense souvent. Cela n'est pas morbide. Je crois même que la perspective qu'elle puisse survenir demain est un profond moteur pour vivre pleinement l'aujourd'hui.
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P
T'en fais pas, Anne, je vis ;o)<br /> Si c'est le bordel chez moi, c'est bien que je préfère vivre que ranger.<br /> <br /> Et pour prévenir Trista, je garderai mon dernier soufffle pour ça :op<br /> <br /> Marie, je suppose qu'il y a des gens qui pourraient disparaître en paix sur ce plan là : tout prêt, comme s'ils partaient chaque matin sans être sûrs de rentrer le soir. Moi j'ai opté pour l'insouciance... en me disant que j'aurais bien le temps de penser à ça le moment venu. Sauf quand la vie se charge de me rapeller que nous ne sommes pas éternels.
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M
tu imagines ... si on devait mettre tout en ordre en permanence (les papiers, la maison, les affaires perso , les listes de gens à prévenir ...) dans l'idée que peut-être demain on ne sera plus là ...<br /> sûrement que des gens le font, non ?<br /> déjà toi, tu y penses ... et moi, je l'avoue, ça m'est arrivé aussi de me poser ces questions et d'en avoir quelques inquiétudes.<br /> vaut-il mieux l'insouciance pour profiter de la vie ?<br /> ça m'angoisse totalement tout ça : je n'aurai pas du passer !!! ;)
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A
Juste un tout petit conseil léger : pour que tout le monde soit au courant, prévient Trista : c'est une relayeuse d'info hors pair sur les blogs ! Et c'est chez toi que je la remercie. Un peu comme pour entrouvrir le cercle d'amitiés fraîchement nouées.<br /> <br /> Mais avant de penser à mourir, pense à vivre, Pierre.
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