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Alter et ego (Carnet)
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22 juin 2007

Ces arbres qu'on abat

Bon, je ne vais pas rester obnubilé par mes problèmes de dualité [mais j'y reviendrai, n'ayez crainte], il y a d'autres choses importantes qui se passent dans le monde. Des ruptures amoureuses, par exemple. Et ne me dites pas que ce n'est pas important, vous ne seriez pas crédible.

Figurez-vous que chez Google, à la requête "F. Simpère", mon blog apparaît sur la même page que celui de... Françoise Simpère. « Qui c'est celle-là ? », vont se demander certains d'entre vous... Elle est l'auteur de plusieurs ouvrages concernant les relations amoureuses, et notamment "Aimer plusieurs hommes". Cette femme vit ouvertement plusieurs relations, dans un esprit de "fidélités plurielles". Un concept qui ne va évidemment pas de soi et fait ouvrir à chaque fois un oeil soupçonneux et un demi-sourire goguenard, lorsque j'en parle. C'est un mode relationnel sur lequel je me suis beaucoup penché lorsque que j'ai aimé deux femmes simultanément, sans l'avoir vu venir. Je conseille vivement ce livre à tous ceux et celles qui se trouvent pris dans ce genre de problématique. Il remet en question nombre de nos idées reçues sur ce qu'est le couple, la fidélité, le lien conjugal (attention lecture subversive !). Je conseille aussi à tous ceux qui ne l'ont pas lu de ne pas se hasarder à lancer des anathèmes inconsidérément...

Sur son blog, que je viens donc de découvrir, elle évoque un autre thème qui m'est devenu cher, par la force des choses : la séparation amoureuse.

En voici quelques lignes : « On n’est pas « nul » parce qu’on n’est plus aimé, on n’est pas « salaud » parce qu’on n’aime plus. L’amour et le désamour ne s’expliquent pas. Ce n’est pas une raison pour estimer que tout est fini  parce que ce n’est plus comme avant. Toute relation évolue par cycles, avec des hauts et des bas. Rompre parce que ce n’est plus pareil, c’est comme abattre un arbre qui a perdu ses feuilles en hiver en oubliant que le printemps existe. ».

J'aime beaucoup cette dernière métaphore, qui correspond exactement à mon mode de pensée concernant la fidélité à la relation. Décidément, les idées de cette femme me plaisent...

Pourtant dans l'idée généralement admise il faudrait savoir rompre, trancher, tourner la page, pour être de nouveau libre d'aimer... selon un mode exclusif. Il est certain qu'en restant dans cette conception de l'amour unique il est préférable de se libérer l'esprit si on veut partir en quête d'un nouvel amour. Mais si, comme je conçois désormais les relations, l'exclusivité sentimentale ET sexuelle n'est plus un préalable, pour quelle raison faudrait-il tirer un trait définitif sur ce qui ne fonctionne plus à un moment donné ? L'amour, la sexualité, la tendresse, peuvent être vécus en diverses combinaisons avec l'amitié et le partage intellectuel. Faudrait-il renoncer à tout si seul le désir s'estompe ?

Pour ma part je réponds progressivement à ces questions en passant par l'expérience vécue : les limites sont celles que peut supporter chaque partenaire. Tout le reste est largement conditionné par des conventions sociétales et constructions mentales. A chacun de voir s'il souhaite tenter de s'en émanciper...


Nota: sur ce sujet, qui peut éveiller quelques réactions, je mettrai en ligne les éventuels commentaires que je recevrai.

Commentaires
P
Merci Françoise, d'avoir précisé cela en rappellant le temps qu'il vous a fallu pour y parvenir. C'est bien dans ce sens que je ressens les choses, omettant probablement de rappeler ce que cela demande comme "investissement" de la part de chaque membre du couple...
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F
Ouh la, le débat fait rage comme d'hb' sur cette question d'amours plurielles. Je voualis dire que ce n'estpas théorique, c'est l'inverse: nous avons essayé, corrigé, tâtonné...avant de trouver exactement ce qui nous rend heureux. Avec deux avantages: la satisfaction de se dire que même conditionné par des pulsions inconscientes et un modèle social, on peut intégrer une autre façon de vivre (de même que j'étais aquaphobe et qu'aujourd'hui je fais de la plongée sous-marine!) et le fait que ce rafting conjugal de 30 ans nous a préservé de la routine :) Mais ça demande de l'énergie, de l'écoute, de la confiance en soi et dans l'autre, de l'humour aussi. Bref, cela va à certains, pas à d'autres!
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P
C'est intéressant que tu parles de ton expérience, Christine, et la qualifie de trio. C'est probablement ce qu'on ressent quand on est "l'un(e) des deux" puisque j'ai souvent lu ce genre de ressenti. Pour ma part je vivais vraiment deux relations distinctes, alors que c'est moi qui étais "au milieu", donc le plus sujet à une éventuelle confusion. Je n'ai jamais eu l'impression d'un trio (mais il n'y avait aucun lien direct entre mes deux amours, aucune rencontre !)<br /> <br /> Tu parles des « pires mois de ta vie et en même temps les plus vivants sur le plan émotionnel ». Je conçois que cette intensité émotionnelle puisse être déstabilisante, épuisante, et très contrastée. Peut-être est-ce "trop vivant" pour être vécu sur le long terme ? <br /> <br /> Pour ce qui est de la cellule familiale, je considère pour ma part qu'elle est "sacrée" tant que les enfants sont jeunes. Ensuite, au moment ou les parents redeviennent peu à peu un duo... cette cellule familiale se transforme beaucoup. Le temps passé tous ensemble s'amenuise très rapidement.<br /> <br /> Je ne prône pas cette façon de vivre comme une panacée, mais plutôt comme une façon de ne pas tout détruire. Lorsqu'au sein du couple s'insinue une forme de routine, d'usure, de lassitude, et finalement un manque d'élan vital commun (ce qui est le lot commun de la plupart des copuples...). Plutôt que de vivre des histoires cachées et compliquées (ce qui est aussi des amours pluriels...), plutôt que de se séparer alors que ce n'est pas souhaité (n'oublions pas qu'il s'agit d'AMOUR), pourquoi ne pas se donner cette possibilité d'ouverture à d'autres formes de lien privilégié ? Chacun ayant déjà ses amitiés privilégiées, pourquoi s'interdire de vivre aussi des relations d'intimité fortes, si elles se présentent ? Ce sont les questions qui se sont posées à moi et auxquelles j'ai tenté de répondre, il y a quelques années...<br /> Ma femme a essayé de voir si elle pouvait me suivre dans ces idées. Ça n'a pas été le cas et elle a préféré la séparation.<br /> <br /> Alainx, pour ne pas se soucier du regard des autres sur de tels sujets, il faut être suffisamment au clair avec soi même. Cela ne se fait pas tout seul quand une certaine morale est fortement incrustée en soi. Et même en dépassant cela, le regard de la société sur les amours pluriels est loin d'être bienveillant. Parce que ces idées réveillent bien des craintes pour chacun au sein de son propre couple. Je rencontre rarement des réactions intéréssées ou accueillantes, et bien plus souvent des mises en garde ou de franches désapprobations...<br /> <br /> Mais ce n'est effectivement pas la part la plus importante de ce qui est enjeu. Je suis entièrement d'accord avec toi : la spéculation intellectuelle seule ne mène à rien. Il faut donc expérimenter dans la pratique (pas pour le plaisir de le faire, mais parce qu'il ne reste que ça pour savoir comment on le vit vraiment). Je ne peux que témoigner de ma pratique en tant qu'homme aimant deux femmes, ne m'étant jamais trouvé dans la posture inverse. Je peux aussi témoigner de l'engourdissement qui saisissait mon couple, et de l'effet résolument stimulant sur mon existence qui s'est mis en route lorsque je me suis autorisé à m'approcher d'autres femmes. Je n'ai jamais regretté cette ouverture, bien que mon couple ait dû aller jusqu'à la séparation... sans pour autant aller jusqu'à une rupture définitive. En quelque sorte je n'ai pas tout perdu de l'amour de ce couple puisque nous sommes devenus "amis".<br /> <br /> Actuellement je me sens bien mieux qu'auparavant, plus épanoui, plus ouvert, plus vivant, et cela n'aurait pas existé si j'étais resté sagement dans mon couple. C'est une certitude. Et pour ce que j'en sais, ma future ex-épouse apprécie aussi beaucoup sa nouvelle vie indépendante. Même si, tous les deux, ne nous départissons pas d'une certaine tristesse à voir notre cellule familiale dispersée. C'est précisément cela que j'aurais aimé éviter en inventant ensemble une façon de vivre plus librement en couple...
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A
Justement je ne parlais pas des "bonnes moeurs", mais des moeurs "tout court"...<br /> Et que t'importent les appréciations d'autrui, la seule question est celle de savoir si tu trouves ton bonheur et ta plénitude dans les relations pluri-amoureuses que tu vis en ce moment, et si ton/tes partenaires sont aussi épanouies de ces choix. Sinon on demeure dans la spéculation intellectuelle et le conceptualisation, et là évidemment le débat peut rebondir à l'infini...<br /> C'est ce testimonial qui m'intéresse, dans la mesure où pour beaucoup de personnes le "choix électif" (un seul partenaire à la fois) est recherché comme la meilleure source d'épanousssement et de plénitude d'existence.
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C
J'ai vécu une expérience à trois qui m'a été imposée et que j'ai acceptée par amour et peut-être aussi par défit. Il passait un soir sur deux chez elle et un WE sur deux. Il nous a même présentées pour en discuter à trois. J'ai vécu les pires mois de ma vie et en même temps les plus vivants sur le plan émotionnel. Il est finalement revenu vers moi après 4 mois de partage et nous avons vécu quelques années encore ensemble avant que je ne rompe pour d'autres raisons. J'avais apprécié sa franchise. <br /> <br /> Le sujet est intéressant mais dans tout ce que l'on évoque on ne parle pas de la cellule familiale. Je me pose la question pour les enfants. Comment vivraient-ils les relations multiples de leurs parents ? Pour eux, il n'existe que deux parents, leur père et leur mère avec l'amour qu'ils "devraient" se porter et par déduction la famille. <br /> Je ne porte aucun jugement, je m'interroge simplement.
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P
Je ne parlais pas d'outrage aux bonnes moeurs, Alain, mais de ce qu'on me rétorque généralement lorsque j'évoque ce sujet : « ah mais tu rêves, ça ne peut pas marcher comme ça, ce que tu voudrais est impossible, tu ne te rends pas compte, etc. ». Autant de limites énoncées par des personnes qui n'ont probablement jamais tenté d'en sortir.
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A
"Expérimenter par moi-même plutôt que de suivre ce qui est censé se faire "parce que c'est ainsi et qu'on ne peut y déroger". ???<br /> <br /> Mais, où as-tu été cherché ça???<br /> <br /> S'il y a bien une époque où chacun fait ce qu'il veut en matière de moeurs (hormis ce qui tombe sous le coup de la loi), c'est bien celle d'aujourd'hui ! (tout se fait, tout se pratique...)<br /> Et, ne t'en déplaise, tu le dois historiquement à ce que "Mai 68" a engagé comme révolution des moeurs !<br /> <br /> Ne soit pas "en avance" sur le sarkozysme qui va te rogner tout ça !!<br /> Profite-en et vite !!!
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P
Alainx, je ne m'inscris pas dans une suite de 68, que je n'ai pas vraiment connu (trop jeune) et qui ne me fascine pas particulièrement. Il ne s'agit pas pour moi de "jouir sans entraves" (la jouissance comme objectif premier), mais de rechercher ce qui peut faire que la vie est entière, épanouissante, réalisatrice de soi. Et pour cela j'essaie de voir quelles sont mes limites personnelles et celle qui sont universelles dans l'humain (indépassables ?).<br /> <br /> Je dispose d'un temps imparti pour vivre et j'ai envie d'en profiter pour explorer ce qui m'est possible. Expérimenter par moi-même plutôt que de suivre ce qui est censé se faire "parce que c'est ainsi et qu'on ne peut y déroger". Par nature je n'aime pas tellement ce genre de principes qui mène, selon moi, à une sorte de défaitisme statique. Accepter les choses sans les remettre en question correspondrait pour moi à une frilosité qui ne me satisfait pas.<br /> <br /> Par ailleurs je ne conteste absolument pas la fidélité puisque je m'incris pleinement dans cette logique, que ce soit dans les fidélités plurielles ou la fidélité relationnelle après la séparation. Parce que c'est pour moi quelque chose qui m'est important et contribue à mon équilibre. En revanche l'exclusivité ne me correspond pas.<br /> <br /> Charlotte, je crois que personne n'a dit que c'était facile de vivre ainsi. Et dans nombre de couples traditionnels on ne rigole pas tous les jours non plus ;o)
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C
Sartre et Beauvoir ont voulu ce genre de fonctionnement dans leur couple...Simone n'a pas rigolé tous les jours...
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A
Pierre tu es décidément un néo-soixanthuitard !!<br /> "Jouissons sans entrave" !<br /> Reste cependant que le "désir de fidélité" s'est incrit progressivement dans le coeur des humains... non par dogmes ou principes, mais pas évolution de l'espèce humaine, c'est à dire par humanisation de l'homme.<br /> C'est bien pourquoi la rupture amoureuse est source de souffrances parfois profondes. (sinon, si elle était dans la nature humaine, on devrait "désirer la rupture" comme facteur d'accomplissement de l'amour et non pas comme réponse à des échecs).<br /> On peut "espérer" autre chose... mais hélas il n'en sera rien...
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