A la ville...
Ce matin je me suis levé tôt. Six heures. J'ai pris ma voiture jusqu'à une petite ville proche, où je l'ai troquée contre un train régional. Une heure plus tard j'étais à Lyon et prenais la correspondance avec un métro, puis un autre, puis un bus, pour enfin terminer à pied les quelques centaines de mètres qui me restaient. Oufff ! Entre temps j'ai cotoyé des milliers de personnes pressées marchant comme des colonnes de fourmis, sans aucune hésitation, se croisant sans heurts. Et le soir s'est déroulé le même scénario, mais en sens inverse.
Absolument banal pour des millions de gens. Totalement extraordinaire pour le rural que je suis ! Chaque fois que ça m'arrive, j'en profite pour faire mes petites observations socio-ethnologiques...
Et bien vous savez quoi ? En rentrant chez moi j'ai vraiment senti une solitude. J'avais l'impression (fausse) de n'avoir pas dit un mot de la journée. Et pourtant... mon quotidien est bien souvent de ne voir personne. Habituellement je vis très bien cette solitude solitaire, mais la solitude au milieu de la foule à quelque chose d'assez... déshumanisé. Les gens paraissent dans une bulle, parfois à deux ou trois. La promiscuité et l'indifférence. Et il me semble que plus il y a de monde, plus c'est dense, moins on croise de regards. Comme si se matérialisait une sorte de frontière protectrice.
Je me suis demandé comment je ferais pour vivre ça au quotidien... tout en sachant que je ferais comme tous ces gens. Quand on est pris dedans, je suppose qu'on ne se rend pas vraiment compte. Ce genre d'immersion me fait mesurer à quel point j'apprécie de vivre à l'écart du monde, au calme, et ne m'y joindre que de temps en temps.
Tant que je suis dans les surprise du campagnard (pour ne pas dire "cul terreux"), je me suis rendu compte qu'un des métros dans lequel je voyagais n'avait pas de conducteur. A sa place une grande vitre. Et tout le monde semblait trouver ça normal... On monte dans un truc qui s'arrête tout seul, ouvre ses portes pour laisser descendre-monter des gens, les referme, puis redémarre. Et c'est normal ?! Mais qui dirige ce bazar ? Comment y fait si y'a plein de gens ? Mystère...
Bon... mais ces péripéties urbaines n'étaient pas le but de ma journée. Je suis passé à l'étape suivante de ma reconversion professionnelle: me former à former les autres. Ou plutôt à leur transmettre un savoir. Oh la la, c'était dense ! Plein de termes à apprendre et comprendre, qui semblaient tous avoir un sens proche. Mais peu à peu cela s'est clarifié. Je découvre un outil qui me convient tout à fait: apprendre à préciser des besoins, cerner une problématique, et apporter une réponse appropriée. D'une certaine façon ça ressemble au décorticage comportemental auquel je me livre depuis quelques années, mais euh... en moins anarchique. En moins tâtonnant. Ben oui, forcément, quand j'essaye d'analyser ma vie, je ne sais pas vers quoi je vais. Je découvre en avançant...
J'ai aussi retrouvé une logique en arborescence, en sériant les problèmes, en subdivisant, en élaborant un recensement des points-clé. Toutes choses auxquelles je me livre lorsque je cherche les multiples racines qui m'ont conduit à telle ou telle action, mais là encore sans savoir ce que je cherche. Finalement il semble que j'ai l'esprit plutôt à l'aise pour subdiviser et préciser à l'infini (au risque de m'y perdre...).
La personne qui me suit semblait tout à fait satisfaite de ma progression, constatant aussi que j'avais déjà une idée assez précise de mon projet de reconversion, et que j'anticipais bien sur les élements importants à venir. A la fin de la journée, après le premier bilan, elle m'a même dit que j'avais l'air serein. J'avoue que ça m'a fait plaisir tout en me rassurant sur ma capacité à poursuivre. C'est un peu toujours pareil: il n'y a que moi qui doute de moi...
Du coup, tout cela m'a permis de penser à autre chose que mes préoccupations des jours derniers. Et c'est tant mieux.