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Alter et ego (Carnet)
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1 décembre 2006

Au bout du fil

Bon... on est pas là pour rigoler, hein. Revenons aux choses sérieuses...


Question de Charlotte, à l'occasion d'un coup de téléphone impromptu: « Tu la vis comment, toi, la séparation ? ». C'est marrant parce qu'auparavant elle n'aimait pas que je parle de ce sujet. Là ça fait deux ou trois fois qu'elle l'aborde. Comme quoi, c'est pas la peine d'insister quand c'est pas le moment...

Je lui réponds que je la vis finalement très bien. C'est presque quand on se voit que c'est parfois un peu plus sensible, parce qu'elle en est encore à aller vers le marquage d'une "désintimité" dans les gestes et attitudes. Mais bon, comme j'ai décidé d'accepter qu'elle prenne toute la distance dont elle a besoin...

Du coup je lui tends la main pour lui dire bonjour, hé hé. Ah ben faut savoir ce qu'on veut, hein !
Non mais je fais ça pour rigoler, ensuite elle quand même droit à la bise réglementaire, sur la joue. Tiens faudra que je parle un jour de ce processus bizarre qu'est la "désintimité".

J'aime bien les conversations qu'on a en ce moment. Ça ne dure pas très longtemps, tantôt dans les aspects du quotidien, tantôt pour des choses plus aprofondies. Là elle m'a dit « ça devait être lourd pour toi de me rassurer tout le temps ? ». Ah ben non, ce n'était pas lourd ! Je le faisais avec évidence, parce qu'elle aussi avait ce rôle avec moi. On se soutenait tous les deux, selon les moments où l'un en avait besoin, selon les forces de chacun. On a toujours fonctionné ainsi, pour restaurer une confiance en soi depuis toujours défaillante. Je crois qu'on ne s'en rendait même pas compte. On a "grandi" ensemble. On s'est construits ensemble. Entraide réciproque, deux décennies durant.

Et maintenant qu'on est suffisamment solides... ben on a pu prendre notre autonomie l'un par rapport à l'autre !



Juste après c'est ma fille qui me téléphone pour un détail pratique. Et puis elle me parle de la réalisation de soi dans un métier choisi, des attentes parentales, des projections. Avec ses mots à elle. Bien consciente de tout cela, elle me demande si je me souviens de ses désirs professionnels lorsqu'elle avait cinq ans, avant éventuelle contamination par des rêves parentaux ! Euh, non, à part maîtresse d'école, je ne me souviens pas. Elle me taquine, disant que je l'ai poussée et influencée à prendre ma suite. S'il y a bien une chose sur laquelle je les ai laissés libre de leurs choix, c'est pour leur orientation !

Et puis subitement elle me demande ce qu'il faut penser du fait qu'elle ne soit pas avec un garçon. Elle a vingt ans, et pas de "petit copain", ce qui est de plus en plus rare dans son entourage. Je lui demande si cette situation la dérange, et devant sa réponse négative lui dis qu'il n'y a a alors aucun problème. Elle sourit (ça se sent au téléphone). Ce qui compte c'est qu'elle se sente bien, quelle que soit sa situation. « Oui mais le regard des autres...». Eh oui, la pression de la "normalité" ! Les petites questions l'air de rien, qui font bien sentir que...

Remarquez qu'on me dit aussi que je devrais m'ouvrir à d'autres coeurs...


Je lui ai demandé si la séparation de ses parents avaient pu la rendre méfiante vis à vis des relations amoureuses, mais elle a semblé n'avoir jamais envisagé cette hypothèse saugrenue.

Je l'ai rassurée, lui montrant qu'avoir des relations avec beaucoup de monde la comblait probablement suffisamment. Elle a acquiescé, puis m'a affirmé qu'elle n'avait pas envie d'avoir une relation juste pour prouver qu'elle était "normale", me laissant comprendre que cette pression sociale lui pesait un peu. Je lui ai dit aussi qu'elle avait probablement suffisamment confiance en elle pour ne pas avoir besoin d'être rassurée par une relation. Une confiance profonde, qui lui permet de vivre en autonomie. Il faut dire qu'elle a quitté la maison à l'âge de 15 ans, pour aller en internat. Ça dégourdit !

Voila, quelques échanges tout simple, à la fois légers et approfondis. Conversations détendues et confiantes, comme je les aime.

Finalement une séparation fluide a quelques avantages...

Commentaires
Y
oh ! parler comme tu parles avec ta fille ! C'est si magnifique père et enfant, un adulte face à un autre adulte aussi.<br /> <br /> et c'est bien de continuer sa vie séparément qu'il s'agit et non la refaire. Depuis la naissance et bien au delà du dernier jour (?) la vie = des choix, des actes qui chacun est un renoncement et une continuité dans l'adaptation seconde après seconde.<br /> C'est parfois par amour que l'un ou l'autre ou les deux dans un couple décident de dire, prochain arrêt ! Il s'agit de savoit lequel et l'assumer s'il est nécessaire.
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P
Alainx, ce n'est pas exclu ;o)<br /> <br /> Christine, le cas que tu décris est d'une certaine façon plus "évident" que celui de mon couple. Mais sur le fond tu as raison, c'est forcément difficile. Que ce soit dans une séparation brutale ou dans une séparation fluide, il y a des difficultés.<br /> <br /> C'est le "refaire sa vie" qui attire mon attention. Je dirais plutôt "poursuivre sa vie", ou "changer de vie", mais on le la "refait" pas ;o)
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C
Pivoine, il y a des relations que l'on ne peut plus entretenir, dont on ne veut plus, dont le corps et l'esprit ne veulent plus non plus. Lorsqu'on en arrive au divorce c'est que la cassure est trop grande pour pouvoir la recoller comme un gouffre qui s'est ouvert. La vie avec l'autre n'est plus possible tout simplement moralemet et physiquement. Alors, il n'y a pas d'autre choix que la séparation même si elle est difficile à vivre. Il faut aussi savoir accepter ce qui en sera plus, qui ne peut plus être parce que trop de choses se sont passées qui font que les chemins se sont éloignés. Le divorce c'est aussi donner une chance à l'autre de refaire sa vie.
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A
Pivoine !<br /> Pierre est un vieux célibataire qui s'ignore !!<br /> Une vocation tardive au célibat !<br /> :))))
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P
Beaucoup de questions Pivoine...<br /> <br /> On peut avoir une relation fluide sans pouvoir vivre ensemble. Des amis peuvent avoir une relation fluide...<br /> <br /> Si on se sépare c'est parce que tout ne va pas bien au sein du couple... sans pour autant que ce soit la guerre. Conquérir des espaces de liberté, certes... mais où commence, et où finit la liberté ? Et de quelle liberté parle t-on ? Quels sacrifices est-on prêt à faire pour l'autre ?<br /> <br /> Je ne comprends pas la réaction au sujet de la "désintimité". Pourquoi faudrait-il m'envoyer paître, alors que je l'accepte ?<br /> <br /> Financièrement oui, ça coûte cher. Mais bon, est-ce une raison suffisante pour ne pas se séparer ? Pour le moment c'est moi qui vais en subir les plus lourdes conséquences, et... très rapidement.<br /> <br /> Et le "cas de force majeure"... parfois il s'appelle simplement "fidélité à soi-même". Ça peut effectivement côuter très cher, financièrement, affectivement, familialement...
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P
Heu, mais pourquoi se sépare-t-on si on a (encore) une relation fluide? Si on s'aime encore suffisamment pour parler à l'autre de choses perso - du couple, même en séparation - ? <br /> <br /> Je vous lis, depuis quelque temps déjà, et j'esaie de comprendre. Si tout va, pourquoi se séparer? Evidemment, je pourrais remonter au début du journal, et tout relire, et peut-être qu'après, je comprendrais mieux... <br /> <br /> Evidemment, à mes yeux, la séparation est indispensable surtout quand il y a violence ou prise de pouvoir de l'un sur l'autre (à tel point qu'il ne peut plus rien faire...) Sinon, je pense que même à deux, il doit y avoir de conquérir des espaces de liberté? Non? Je me trompe peut-être...<br /> <br /> Oh! La désintimité! Mais je trouve ça terrible. Elle a un bon caractère votre femme. <br /> A sa place, je crois qu'un mari qui parle ainsi, je l'enverrais paître! Et définitivement. A cette place-là, je dis bien... (Sauf si j'avais un amant - ou une amante cachée)... <br /> <br /> Et puis, comment faites-vous pour gérer l'économique? Parce qu'enfin, une séparation, c'est une perte financière sèche: deux apparts, deux connexions Internet, deux abonnements électricité, chauffage, téléphone, plus toujours de vacances... etc. etc. Tout ce qu'on pourrait faire de passionnant avec ça! Moun Dioun! <br /> <br /> Je vous jure que le jour où on va au Palais de Justice et que le juge vous demande si vous êtes d'accord pour divorcer et qu'il faut dire "oui", de nouveau "oui", même si on est parti pour sauver sa peau, eh bien, je vous jure que c'est un sale moment, comme une répétition grimaçante et déformée du oui du mariage. Je souhaite ça à personne. Même si le divorce, est, je le répète, une délivrance.<br /> <br /> Je trouve ça terrible. Alors si on n'y est pas obligé par un cas de force majeure, pourquoi s'exposer à ça ?
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C
C'était pareil à notre époque, il y avait ceux qui avait déjà eu une expérience amoureuse et ceux qui n'en avaient pas eu. Les uns fiers, les autres un peu envieux. <br /> Serait-elle très difficile ? <br /> Serait-ce d'avoir un père compréhensif, à l'écoute, qui fait qu'elle ne retrouve pas cela chez les jeunes ? <br /> Brunette me dit souvent que les jeunes de son age sont très immatures et inintéressants et ses ami(e)s ont souvent quelques années de plus qu'elle. Je pense que c'est la raison aussi de son célibat. Peut-être que ta fille est également dans ce cas ? <br /> L'autre raison est que les études, si on veut les aborder sérieusement ne permettent pas vraiment de débuter une grande histoire d'amour à moins d'avoir des capacités au dela de la moyenne ou que la relation en question soit aussi dans les mêmes cours. Pour ma Brunette ce serait excessivement difficile à gérer car elle en bave dans cette première année de psycho. De plus, le vendredi et le samedi, elle s'occupe du vestiaire d'une boite de nuit pour se faire un peu d'argent de poche.<br /> Et puis n'oublions pas aussi la peur des MST chez nos jeunes. Le sida n'existait pas il y a 25 ans et notre seule crainte était de tomber enceinte. Même les MST étaient assez rares. <br /> Tout cela peut faire que même inconsciemment certaines jeunes filles soient plus méfiantes. <br /> Et puis c'est vrai que nous étions inconscients à notre époque de nous marier si jeunes mais la pression familiale était forte comme elle l'était après pour avoir un enfant. Dans tous les cas il n'était pas question que je découche tant que j'étais chez mes parents. Le mariage était donc un peu une obligation pour vivre avec son amoureux. J'ai ensuite attendu 4 ans après mon mariage pour décider de faire un enfant. Les questions fusaient sur notre stérilité possible...cela me faisait rire..<br /> C'était un autre temps...
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P
Christine, à ma connaissance ma fille n'a jamais eu de "relation", ce qui, aux yeux de ses connaissances les plus anciennes peut lui faire craindre de se voir vue comme vague sujet d'inquiétude: comment se fait-il qu'elle n'ait jamais eu de relation ?<br /> C'est probablement davantage de ça dont elle me parlait que du fait de "former couple".<br /> <br /> Pour la remarque sur le mariage jeune (je me suis moi aussi marié à 21 ans), mes enfants n'en reviennent pas qu'à leur âge j'aie pu prendre un engagement de la sorte ;o)<br /> <br /> C'est vrai que c'était un peu dingue...
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C
Ma fille Brunette a 22 ans, elle a déjà eu des relations mais l'amour n'était pas vraiment au rendez-vous. Aujourd'hui elle est seule et assume très bien cette solitude du coeur. Elle a des amis, elle sort, elle n'est pas pour autant anormale ou introvertie bien au contraire. Elle s'affirme dans ce qu'elle est, ce qui n'est quelquefois plus possible lorsqu'on est en couple avec les "calme toi", "ne dit pas ceci ou cela". <br /> Elle est heureuse et a énormément d'ami(e)s dans son cas, qui sont aussi célibataires. <br /> Ce qui me surprend de la part de ta fille est justement cette question qui me semble décalée par rapport à la réalité actuelle où de nombreux jeunes ne commençent leur vie de couple que très tard.<br /> Lorsqu'il m'arrive de dire à mes filles qu'à leur age j'étais mariée ou presque pour les taquiner, elles me repondent invariablemet "on voit où cela t'a menée" pour me taquiner aussi ;-). <br /> Elles n'ont pas tord les bougresses ;-)))) Mais c'était il y a plus de 20 ans...
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P
Plume, je pense qu'on bouscule souvent la vie des gens, comme ils bousculent la notre. Et en amour peut-être davantage que pour tout le reste.<br /> <br /> En ce qui concerne ma file, oui, je crois qu'elle a suffisamment de recul pour percevoir ce poids de la "norme" sociale, et de solidité intérieure pour ne pas en être influencée outre mesure. En cela je vois une "récompense" de mon rôle de père, d'adulte.<br /> <br /> L'extrait que tu cites et fort, et mystérieux. Et fort mystérieux. Il touche quelque chose en moi...
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