Quand le voile viole
Coumarine raconte une anecdote vue dans le métro, autour d'une jeune fille voilée.
Je ne saurais comment décrire ce que suscite en moi la vision des femmes voilées, et plus encore des jeunes filles. C'est quelque chose de très mitigé, mais dont je ne peux dire que cela m'indiffère. Toujours, je ressens un certain... malaise.
D'un côté je comprends tout à fait cette démarche personnelle, qui s'inscrit dans des convictions religieuse dont je respecte la liberté. Je peux même ressentir une certaine admiration pour les personnes qui vivent leur foi et leur identité culturelle avec autant de détermination et d'abnégation. J'y vois du courage et de la franchise. Loin de moi l'idée de juger ces comportements dont les motivations m'échappent.
Et pourtant... il y a malaise. Je me sens profondément, viscéralement en désaccord avec cette manière d'être. Mais je ressens la même chose face à des familles de bons-cathos-bourgeois, ou les images de juifs ultra-orthodoxes, ou lorsqu'un président étasunien termine ses discours avec un "God bless America". Je le ressens d'autant plus lorsque c'est en décalage avec notre société occidentale où la liberté de pensée et de conscience me semble être devenues des acquis [ce en quoi je me trompe...].
Ce qui me dérange, c'est l'affichage explicite ou implicite d'appartenance à une des religions du livre. Quels que soient ces affichages ostentatoires, excepté chez les religieux officiels, j'y vois tous les aspects les plus négativement traditionnels de la famille patriarcale. Ils dépassent et neutralisent, à mon avis, les aspects positivement humanistes, que je connais fort bien étant issu d'un milieu catholique convaincu et pratiquant.
En fait, ce que je n'aime pas, c'est l'idée de suivre une religion, et tout spécialement une des trois monothéistes. J'y vois un "prêt-à-penser", que je ressens comme une négation de... de l'esprit humain. Afficher sur soi, dans notre société, « je pense et vis comme ma religion me dit de penser et vivre », ça me révulse. Viscéralement. Quelque chose en moi n'accepte pas cela. Pour moi la pensée s'affirme dans la remise en question, pas dans le respect des traditions.
Bon... c'est évidemment plus subtil que ça. Car je sais aussi que l'effondrement de certains repères, et notamment avec l'atténuation des images du père et de la mère comme cadre de référence, font que notre société se sent parfois flottante, avec risque de dérive vers on ne sait où... J'ai bien conscience que ma vision des religions est certainement étriquée et épidermique. Mon rejet est fort et je sens bien que je friserais l'intolérance si je ne parvenais à faire la part des choses. Mais je dois prendre sur moi : je ressens presque ces rappels visuels de la religion comme une violence faite à ma conscience. Cela m'agresse.
Je devrais me demander ce qui est touché en moi, ce qui m'inquiète...
Je dois avouer que je ressens quelque chose de similaire face à d'autres forme de "prêt à penser" : médias, consumérisme et société mercantile...