Questions difficiles
Dans le cadre de ma formation à l'accompagnement je devais rencontrer un psychologue. Histoire que je sache comment je me situe dans mon futur rôle d'aide aux personnes et déceler d'éventuels points à travailler...
Le psychologue m'a d'abord demandé ce qui m'avait amené vers ce métier. Je m'attendais un peu à cette question et avec évidence je lui ai répondu que les rapports de couple m'intéressaient beaucoup, tout particulièrement du côté de la communication. Brièvement je lui ai raconté ma séparation, que je qualifie de réussie, et mon désir d'oeuvrer auprès des personnes en difficulté dans ce domaine.
Question du psychologue : qu'est-ce que c'est, pour vous, le couple ?
Bigre ! le voila qui pointait précisément sur un concept devenu fort nébuleux à mes yeux. Pas en ce qui concerne une vision "traditionnelle", mais en ce qui concerne MA vision du couple. J'ai parlé d'attention portée à l'autre, à ses ressentis, à ses besoins. De désir de fonctionner ensemble, de communication, de confiance... et de non-exclusivité. Il m'a écouté puis m'a dit que si je voulais écouter des personnes en difficulté dans le registre du couple je devais être sûr de mes propres repères. Que je ne devais pas être dans le flou face à des personnes qui ne savent elles-même plus très bien où elles en sont. Et que peu importait ma conception du couple du moment qu'elle était précise. Rappel des règles du "cadre", qui est un gage de sécurité tant pour l'écoutant que les consultants.
J'ai précisé ma pensée en parlant de fidélité à la relation, de durée, d'engagement, de solidarité...
C'est quoi, pour vous, la fidélité ?
Palsembleu ! En voila une question difficile ! J'ai tenté de scinder clairement entre *fidélité à la relation* et *exclusivité sexuelle* mais visiblement il cherchait à me ramener à la réalité du terrain : pour la plupart des gens la fidélité se définit par rapport au sexuel. Son but était affiché : me pousser vers mes limites. Ce que j'ai accepté volontiers. Je dirais même que j'étais là pour ça...
J'ai parlé du dilemme qui peut se présenter entre fidélité à la relation et fidélité à soi-même... ce qu'il a prestement balayé : la fidélité à soi-même n'a pas de sens et peut autoriser n'importe quoi. Là je me suis senti déstabilisé et j'ai précisé que tenir compte de l'autre faisait évidemment partie de la fidélité à soi-même. Dans le sens de se sentir en accord avec sa conscience, y compris dans le respect de l'autre.
Nous en sommes venus à la nécessité de partager une vision commune du couple par rapport à ces questions. Peu importe ce que chacun y met derrière, du moment qu'il y a acceptation. Pour lui l'essentiel du couple se situe dans cette idée de partage d'une vision commune. Construction commune d'un projet de vie. Sans cela le couple ne tient pas.
Bon, je ne vais pas de nouveau théoriser autour de sujets archi-rebattus et développables à l'infini mais j'ai pris conscience que je n'étais pas très au clair entre mes conceptions antérieures, traditionnelles, et les plus récentes. Je crois qu'il y a un peu des deux : fidélité et liberté. Je garde une part [faut-il que je m'en étonne ?] d'idéalisme... et dois me souvenir que je ne peux attendre des autres qu'ils aient les mêmes idéaux. Je garde une vision très "élevée" du couple et si je me sens actuellement en rupture avec ce concept c'est très probablement parce que je ne sais pas comment y parvenir. Pour autant je n'y ai pas renoncé. S'il m'arrive d'affirmer que je ne crois plus au couple c'est un peu par dépit. Je devrais plutôt dire que pour le moment je ne sais pas comment le vivre. J'ai besoin de clarifier mes attentes, mes valeurs.
Alors en attendant... je préfère rester célibataire. Même si je vis de temps en temps des périodes qui ressemblent à une vie de couple.
Nb : en me relisant je constate que pas plus dans ce billet qu'au cours de l'entretien je n'ai prononcé le mot "amour" ! Significatif, non ?