Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
31 mars 2017

L'avenir n'est plus ce qu'il était

Depuis quelques temps je témoigne ici de la transformation d'un mode de pensée. La perspective lointaine que j'avais de l'existence a été changée et tout le reste a suivi. Reprenant les mots de Paul Valéry, je pourrais dire qu'à mes yeux, désormais, « l'avenir n'est plus ce qu'il était ». Je suis passé de « l'avenir lointain paraît inquiétant » [je ne me sentais que moyennement concerné] à « l'avenir imminent pourrait bien être très inquiétant » [et là je me vois hautement concerné]. Il n'est plus question des fameuses  "générations futures" mais bien de celles du présent. Le raccourcissement d'échéance conduit à un changement de perception. Rien de fondamentalement nouveau, seulement la sensation d'être beaucoup plus près de ce qui était confusément redouté.

En même temps je prends conscience, au fil de mes lectures, que beaucoup plus de gens que je ne l'imaginais sont déjà dans cette transformation des esprits. Pour des milliers (des millions ?) de personnes la transition est engagée, ne serait-ce qu'à minima. La perspective est donc un peu moins vertigineusement angoissante. Mais cette perception est à prendre avec précaution : ce n'est pas parce que le nombre de "conscients" augmente que le danger diminue. Et puis c'est quoi "être conscient" ? Quel est le niveau de conscience et en quoi correspond-il à la réalité du danger ? À qui se fier ? À ceux qui pensent que la transition sera possible sans trop de difficultés, du moment que chacun y met de la bonne volonté, ou à ceux qui affirment que, quels que soient les efforts consentis, il y a aura des pleurs et des grincements de dents ? Non que tout serait perdu, mais parce que ce qui est issu du confortable monde technologique et énergivore dans lequel nous vivons est condamné à disparaître. À très court terme. C'est à dire quasiment maintenant.

Rester optimiste et positif, dans ces conditions, m'a d'abord paru être hors de portée. Certains y parviennent pourtant, comme le désormais charismatique promoteur de la Transition, Rob Hopkins. Il en va de même pour la mouvance Colibris et les inombrables mouvements et initiatives (Transitionneurs, Alternatiba...) qui éclosent et essaiment un peu partout. Je les connais assez mal et, je l'avoue, ai quelques réticences face à certains aspects un peu farfelus. D'un côté j'admire ces mouvements porteurs d'espoirs (ils sont l'avenir), de l'autre je me demande si chacun de ceux qui s'en réclament ont pris la mesure de l'effort à consentir et, surtout, de la chaine de changements à mettre en place pour aller vers le monde d'après. La dimension colossale du défi, tel que je le perçois, tel que je le découvre avec effroi, me met plutôt face à la sidération : par quoi commencer ?

Lorsque je réfléchis à ce que je pourrais devrais mettre en place pour aller vers un avenir relativement serein, l'ampleur des changements à mettre en oeuvre pèse lourd sur mes épaules fatiguées. Par exemple je sais que, seul, je ne pourrai pas subvenir à un de mes besoins les plus élémentaires : m'alimenter. Je suis donc très dépendant du système actuel s'il devait s'effondrer soudainement. Je me sens vulnérable. Renforcer ma capacité à tenir le choc (résilience), qui consisterait à acquérir une relative autonomie, me porte vers des solutions encore difficiles à imaginer. Il y a belle lurette que mes ancètres paysans sont morts et leur savoir s'est perdu depuis plusieurs générations. Certes je sais faire pousser quelques légumes, mais de là à en vivre toute l'année... j'en suis très loin. 

 

IMGP9555

Autosuffisance énergétique ?

 

Je vis à la campagne, à l'écart d'un village. C'est une chance : je dispose de surface cultivable et de bois de chauffage en quantité suffisante. Mais c'est aussi un inconvénient : je suis isolé. Or l'avenir réside dans la solidarité, l'entraide, l'association, les regroupements. L'individualisme est mal barré. Je vois bien que vivre seul dans une maison faite pour cinq est un "luxe" intenable dans une logique de sobriété. J'envisage donc la cohabitation. Accueillir qui y serait prêt, le moment venu, permettrait de... de faire quoi, en fait ? Eh bien de s'entraider ! Ce qui me semble certain c'est que d'autres bras que les miens pourraient être les bienvenus pour subvenir à des besoins élémentaires communs.

Autre question : faudrait-il dès à présent viser l'autonomie énergétique, en allant vers une autoproduction électrique, par exemple ? Panneaux photovoltaïques, batteries de stockage, petite éolienne... Sauf que je sais aussi que ces technologies, absolument pas neutres en carbone, contribuent à l'épuisement des ressources planétaires et au réchauffement climatique ! Idem pour la voiture électrique, fausse solution à la raréfaction du pétrole. Me faudra-t-il opter un jour pour le seul vélo ? Et pourquoi pas le cheval ? Il me faudra alors faire les foins et engranger le précieux fourrage pour son alimentation hivernale...

Voilà le genre de pensées en cascade qui me viennent à l'esprit quand j'imagine l'avenir. Se préparer à la vie sans pétrole est un fabuleux exercice d'anticipation. Total délire ? Allez savoir...

 

 

IMGP9795

 Un autre chemin à découvrir...

 

Commentaires
B
De toute façon, nous n'avons pas le choix : il faut changer de vie. Je voix que déjà vous avez du bois pour l'hiver. Mais pour un seul hiver ? Ne faudrait-il pas anticiper et en prévoir un autre ? Allez, courage.
Répondre
M
Quand je regarde les deux photos si belles, si évocatrices pour moi montagnes et bois cordé, champs avec animaux qui broutent paisiblement ça m'aide à continuer à poser des gestes de sauvegarde, de partage en actions mais aussi en paroles. Dire, dénoncer, allumer les lampes de la conscience car penser à ce qui s'en vient donne froid dans le dos.<br /> <br /> Cette nature si belle comment la protéger et comment se protéger.... <br /> <br /> Que faire, se préparer comment devant une telle ampleur destructrice fruit d'une inconscience sans borne.<br /> <br /> Oui il y a des actes concrets à poser mais tant et aussi longtemps que dans le cœur des êtres une paix profonde, une clarté, une compréhension de la valeur de la vie ne sera pas l'essentiel la catastrophe nous guette.
Répondre
E
Je t'avoue que je fais moi aussi mes "trips" dans l'imaginaire d'un après (après quoi je ne sais trop, mais un après qui fait peur...). Je ne fais pas grand chose pour me "préparer". J'ai de quoi tenir trois semaines sans faire de courses, probablement. Mais ce sera dérisoire, en principe. Et l'eau, le gaz, le chauffage, la sécurité viendront vite à manquer. <br /> <br /> <br /> <br /> Je crois à la solidarité, en dépit de ce qu'on pense, mais pas la solidarité globale. Certains amis fermeront leur porte, d'autres que l'on connait moins l'ouvriront, sur base de quoi, je ne sais pas, des "feelings" très puissants qui apparaissent en temps d'urgence. Et voilà... je ne peux pas m'assurer de survivre. Je n'en sais rien. <br /> <br /> <br /> <br /> Alors souvent j'arrête d'y penser. Parce que ça n'est utile que si je peux mettre en place quelque chose d'infaillible, et ce n'est pas le cas...<br /> <br /> <br /> <br /> Mais j'y reviens de temps en temps, et j'aime pas :)
Répondre
Q
C'est amusant (enfin, amusant !) car mes réflexions personnelles me mènent justement là... A ma petite échelle.<br /> <br /> <br /> <br /> J'aime bien que les jeunes prennent des initiatives. Ils ont l'âge et l'énergie. Ce n'est peut-être pas vecteur de grands changements (un jour, un groupement a muselé toutes les grandes statues bruxelloises et mis des pancartes pour améliorer la qualité de l'air qui laisse nettement à désirer à bruxelles), mais c'est déjà bien. <br /> <br /> <br /> <br /> Par contre, j'ai des amis qui semblent militer pour les échanges dans les quartiers, la gratuité, le marché bio (d'une cherté outrancière), la permaculture (je trouve cela très intéressant), l'habitat groupé, les jardins partagés... Mais je remarque que c'est peu suivi d'effet. On veut faire un jardin partager, mais on ne le partage surtout pas. Toutes les personnes que je connais qui ont un jardin en ville et l'occupent peu n'y invitent jamais ceux ou celles qui, vivant dans un appartement n'ont pas cette chance...<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a donc, comme tu le soulignes, beaucoup de chemin à parcourir. Si on ne partage déjà pas son jardin, comment va-t-on en arriver à cohabiter - en se réservant un espace personnel (c'est en effet très difficile de cohabiter avec des personnes étrangères). Je ne connais personne qui soit prêt à cela.<br /> <br /> <br /> <br /> La seule cohabitation devient finalement forcée, le home pour personnes âgées (où la plupart ne savent pas se payer une chambre seule) , et je vais en rester là... Les jeunes étudiants colocatent tout de même pas mal, eux ont compris, mais ils ont des centres d'intérêt commun (leurs études, la télé, les compétitions sportives et les émissions de télé réalité, le désordre... Et amener leurs copains/copines). Une liberté de cinq années.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais à part ça, je ne me fais pas beaucoup d'illusions...
Répondre
K
Totalement divertissants vous deux ! <br /> <br /> "les bras écologiques" je la retiens celle-là
Répondre
A
Wahou !!<br /> <br /> Prêcher le chaos pour un bon plan drague !<br /> <br /> Viendez Mesdames, J'ai les bras écologiques grands ouverts !<br /> <br /> Alors là, mon cher Pierre, tu te surpasses !…
Répondre
C
Une maison pour 5 ?!!!!<br /> <br /> J'arriiiiiiiive !<br /> <br /> ;)
Répondre
C
Farfelu ? Délire ?<br /> <br /> Certains de tes mots me choquent un peu.<br /> <br /> Ce qui me semble farfelu et délirant, c'est l'inconscience des gouvernants du monde.Trump en premier mais pas que...Tous les politicards à courte vue, ceux qui parlent encore de « croissance » dans leur programme...<br /> <br /> Pour ce qui est de cohabiter, m'est d'avis que tu trouveras facilement...<br /> <br /> Perso, je trouve que cohabiter avec toi serait moins pénible que de s'enfoncer une écharde dans l'orteil. ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Quant à tes facultés d'adaptation, n'en doute jamais: l'être humain est un être profondément adaptable, et ce n'est pas Robinson Crusoë qui te dira le contraire.<br /> <br /> En situation extrême, les vieux réflexes ancestraux reviennent très bien. <br /> <br /> <br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
Répondre
A
Tu cohabiterais ? ;-)<br /> <br /> Tu pourrais commencer par de la permaculture, où tu es ?
Répondre