Alors que la découverte récente du passé intime de mes parents me poussait à l'analyse des liens et de la transmission, l'actualité me bouscule et interromp mes réflexions. De nouveau les craintes face à un avenir quelque peu inquiétant viennent interroger l'idée même de transmission...
Jolie image, n'est-ce pas ? Colorée, plutôt gaie, symbolique. Vous la reconnaissez peut-être : c'est celle qui illustre le dernier "rapport du GIEC". Plus précisément il s'agit du résumé pour les décideurs présentant les résultats clés de la contribution du Groupe de Travail I au sixième rapport d'évaluation du GIEC des bases scientifiques au changement climatique. [ouf...]
À moins de vous être isolés de la rumeur du monde ce lundi 9 août, vous avez forcément entendu, vu ou lu cette information. La plupart des média en ont parlé ce jour-là, mettant parfois en "Une" ce qu'annonce ce rapport alarmant. Rien de moins que la confirmation d'une dégradation continue, plus rapide que prévue et en accélération, de la stabilité climatique qui règne depuis des milliers d'années.
Par contre si vous avez loupé l'info ce jour-là, il se peut que vous n'en ayez rien su : dès le lendemain il n'en était plus question. Ce rapport n'aura été en une des médias qu'un seul jour ! Il a été balayé par des sujets dont l'importance relative dans le temps long laisse pantois.
Sujet d'un jour, le groupe I du GIEC n'annonce, entre autre, que des broutilles de ce genre :
- « A.3 Le changement climatique causé par les humains est déjà en train d’affecter de nombreux climats et extrêmes climatiques à travers le monde. Les preuves de changements ont été renforcés depuis AR5 (le précédent rapport, celui-ci étant AR6) concernant des extrêmes climatiques tels que des vagues de chaleur, de fortes précipitations, des sécheresses, des cyclones tropicaux, ainsi que leur attribution à l’influence humaine. »
Exemple de commentaire type, lu sur des sites de presse : Mouah ah ah... avec l'été pourri qu'on à eu, ils me font bien rigoler ces guignols.
- « B.1. La température à la surface du globe continuera d’augmenter au moins jusqu’au milieu du siècle, dans tous les scénarios d’émissions envisagés. Le réchauffement planétaire dépassera les 1,5 °C et 2 °C au cours du XXIe siècle, à moins que des réductions importantes des émissions de CO2 et d’autres gaz à effet de serre n’interviennent dans les prochaines décennies. »
Pfff, encore une manigance du lobby écolo, qui veut nous faire peur avec des annonces catastrophiques...
- « B.2. De multiples changements dans le système climatiques s’intensifient, en relation directe avec l’augmentation du réchauffement de la planète. On peut notamment mentionner l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des chaleurs extrêmes, les vagues de chaleur marine, les fortes précipitations, les sécheresses agricoles et écologiques dans certaines régions, la proportion de cyclones tropicaux intenses, ainsi que la réduction de la banquise arctique, du manteau neigeux et du pergélisol. »
Rhôôô la la, ils veulent nous culpabiliser, ces khmers verts !
- « B.5. De nombreux changements dus aux émissions de gaz à effet de serre, qu’elles soient passées et futures, sont irréversibles sur plusieurs siècles, voire des millénaires, en particulier les changements concernant les océans, les calottes glaciaires et le niveau mondial des océans. »
Que les Chinois et les Américains commencent ! Nous, les français, on n'émet que 1% du total, alors me faites pas rigoler.
- « C.2 Avec l’accroissement du réchauffement climatique, chaque région devrait expérimenter de manière croissante des changements multiples et simultanés touchant les facteurs d’impacts climatiques. Ces changements seraient plus forts avec une augmentation de 2 degrés comparativement à un réchauffement climatique d’1,5 degrés, et plus forts encore avec des scénarios de réchauffement plus marqués. »
Trop drôle, comme si un demi degré en plus ou en moins allait changer quelque chose.
- « C.3 Les résultats à faible probabilité, tels que l’effondrement de la calotte glaciaire, les changements brusques de la circulation océanique, certains événements extrêmes composés et un réchauffement nettement plus important que la fourchette évaluée comme très probable du réchauffement futur, ne peuvent être exclus et font partie de l’évaluation des risques »
Et pourquoi pas la fin du monde, tant qu'on y est !
- « D.1 Du point de vue des sciences physiques, limiter le réchauffement global engendré par l’humain à un niveau spécifique requiert de limiter les émissions cumulées de CO2, et d’atteindre au moins un niveau de zéro émissions nettes de CO2, en plus de réduire fortement les émissions des autres gaz à effet de serre. De fortes, rapides et soutenues réductions des émissions de CH4 réduiraient aussi l’effet de réchauffement résultant de la baisse de la pollution aux aérosols et augmenterait la qualité de l’air. »
Pff, c'est trop compliqué. Ça m'prend l'chou leur infos...
Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous mais pour ma part, je me demande ce qui m'inquiète le plus, entre ces éléments scientifiques factuels approuvés par les représentants de 195 pays... et le fait que si peu de gens semblent prendre la mesure de ce qui s'annonce dans les années et décennies qui viennent. Une catastrophe écologique et humaine est en cours, dont les inévitables effets pourraient être limités - à défaut d'être évités - à condition que, sans délai, de façon drastique et continue, les pays riches infléchissent radicalement leur trajectoire.
« Le rapport du Groupe de travail 1 du GIEC d'aujourd'hui est un code rouge pour l'humanité. Les sonnettes d'alarme sont assourdissantes et les preuves sont irréfutables : les émissions de gaz à effet de serre provenant de la combustion de combustibles fossiles et de la déforestation étouffent notre planète et mettent des milliards de personnes en danger immédiat. Le réchauffement climatique affecte toutes les régions de la Terre, de nombreux changements devenant irréversibles. » [déclaration d'Antonio Gutteres, secrétaire général des Nations Unies]
ll y a une urgente nécessité à changer radicalement notre vision de la croissance. Nous devons passer de celle d'un "progrès" infini, aliénant et destructeur, à celle du bien vivre (mieux avec moins) et du partage. Et cette voie s'appelle décroissance.
- Le rapport original (en anglais)
- Sa traduction en français (non officielle)
- L'essentiel du rapport en 18 graphiques