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Alter et ego (Carnet)
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28 avril 2008

Réagir face au silence

Voici quelques requêtes récentes ayant amené des lecteurs à découvrir mes écrits :

  • Le silence est parfois signe de bien-être
  • Réaction face au silence de l'autre
  • Silence face à une demande d'explication
  • Épreuve douloureuse du silence de l'autre

Il est vrai que j'ai déjà longuement abordé le thème du silence, mais voilà une excellente occasion de revenir sur ce sujet ô combien passionnant...

* * *


Le silence est parfois signe de bien-être. Il permet d'entendre l'imperceptible et bien des choses essentielles s'y vivent. Il est donc important de lui laisser de l'espace. Dans le silence on peut vivre de grands bonheurs et trouver des moments de sérénité. Il est même nécessaire pour mieux capter ce qui n'est pas du domaine de l'audition.

Dans une relation le silence remplit aussi ces fonctions, offrant des respirations, des temps de recentrage ou de partage. Il peut en découler un profond bien-être.

Lorsqu'il ne correspond pas à cela le silence révèle parfois un mal-être. Mais quand il s'installe, c'est le signe d'un refus de communiquer. Or on sait que l'humain est un être fondamentalement communicant. Si ce n'est par les mots, ce sera par des attitudes et comportements. Le silence en fait évidemment partie. En communication tout fait sens...

Quelle réaction face au silence de l'autre ?
Tout dépend de la posture que l'on prend. Si on se situe dans une relation d'écoute et d'accompagnement le silence sera accueilli et accepté. Il est une forme de communication comme une autre dont le premier sens est « je n'ai pas envie de m'exprimer ». Mais en fait il s'agit plutôt d'un « je ne sais pas comment exprimer ce que je ressens ». Peut-être parce que le ressenti est flou, mal cerné, ou effrayant. Ou peut-être par crainte des réactions face à ce ressenti, par peur d'être "incompris". Il y aurait beaucoup à dire de cette forme d'isolement, refuge-prison.

Ce peut aussi être un « je sais que tu as envie que je parle et je ne le ferai pas, exprès pour te déranger ». Ce qui sera sans grand effet sur une personne formée à l'écoute...

Quoi qu'il en soit, faire sortir quelqu'un du silence demande tact et patience.

Si on est dans une relation affective le principe est le même... sauf qu'on ne dispose pas du recul de l'écoutant qui reste "à distance". De ce fait cela devient beaucoup plus complexe. Dans l'affectif on est pris dans la dynamique relationnelle et les actes de chacun entrent en résonance avec ceux de l'autre. D'ailleurs le silence peut prendre ici un sens supplémentaire : « je n'ai pas envie de te donner les explications que tu attends ». On voit bien tout l'enjeu relationnel que cette rétention peut induire.

Quelle réaction avoir ? À la fois accepter ce silence pour ce qu'il est, et exprimer ce que l'on ressent à ce propos. C'est à dire prendre acte de la "communication" de l'autre, tout en se positionnant en réaction : « si tu n'as pas envie de me parler je n'insisterai pas, par respect envers toi ». Ainsi chacun reste responsable de son côté de la relation, sans empiéter sur le territoire de l'autre, sans le prendre en charge ni le renvoyer à son mal-être. La meilleure attitude serait probablement de dire : « c'est ta problématique est il te revient de la gérer à ta façon, mais si tu as besoin de moi tu peux toujours me faire signe ».

Ceci est évidemment une vision idéale, proche de la relation d'accompagnement, nécessitant une solidité personnelle de la part de celui qui accepte le silence de l'autre. Dans cet idéal le silencieux, une fois qu'il serait au clair, reviendrait éventuellement vers l'autre et verrait s'il est toujours disposé à renouer le dialogue. Avec le risque que ce ne soit plus le cas...

Silence face à une demande d'explication
En général le silence n'est pas total, mais ciblé : poursuite du dialogue avec d'autres, ou expression directe du strict nécessaire. Il correspond donc bien à quelque chose qui se joue au sein de la relation, entre le silencieux et son partenaire. Ce message non-dit présente l'inconvénient majeur de ne pas donner de clés explicatives. Il interfère puissamment dans la relation sans dire comment. Une attitude logique va consister à aller vers le mutique et lui demander ces explications manquantes. Sans réponse il conviendra d'opter pour une nouvelle stratégie : ne pas insister.

La blessure narcissique ressentie peut être douloureuse, mais là c'est en soi que se situera le problème. Il vaut mieux éviter de le faire interférer avec le silence de l'autre car les deux problématiques n'ont certainement rien de commun, à part de se nuire l'une et l'autre.

Épreuve douloureuse du silence de l'autre.
Pour ma part je crois que face au silence il faut savoir rester "chez soi", quitte à suspendre la relation. Peut-être en tendant des perches au mutique, si l'on s'en sent les capacités. Plus sûrement en entrant soi-même dans le silence pour se préserver de la douleur ressentie. Car c'est une épreuve qui peut être douloureuse que d'être confronté à un refus de communication dans une relation affective. C'est une petite mort, une absence de l'autre, un vide dans la relation. Je crois qu'il faut absolument éviter que ce soit un mode de "communication" qui deviendrait enjeu de pouvoir. Celui qui connaît le pouvoir du silence sur l'autre pourra être tenté de s'en servir sans même en avoir conscience...

Le pire serait que le silence s'installe, signifiant de fait l'arrêt de la relation. Plus le silence dure et plus sa sortie devient complexe, combinant une éventuelle peur du rejet et un orgueil mal placé. On imagine à quel enfer cela peut mener au sein d'un couple cohabitant... tout en sachant que cette complicité malsaine nécessite deux partenaires qui l'acceptent.

Par contre, disparaître dans un silence indéfini tenant lieu de rupture relationnelle est un acte qui s'inscrit dans d'autres enjeux. Explorer ce qui peut motiver un acte aussi définitif lorsqu'il s'agit de familles, de couples, ou d'amitiés fortes, dépasserait le cadre de ce bref billet tout autant que celui de mon objectivité...

Voir aussi, sur le même thème :

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