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Alter et ego (Carnet)
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10 juin 2009

Je l'aimais

Un homme se lance dans le récit d'une période qui, des années plus tôt, a profondément bouleversé sa vie. Marié, il a vécu une rencontre amoureuse intense avec une femme libre vivant à l'autre bout du monde. Relation épisodique, alternance d'absences et de retrouvailles selon leurs possibilités. Pour toutes sortes de bonnes et mauvaises raisons, il ne s'est jamais résolu à abandonner sa femme, à oser changer de vie en allant vraiment vers celle qu'il aimait et qui l'aimait. Alors elle l'a quitté, s'est effacée, a disparu. Sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Sans qu'il l'ignore totalement.

Hein ? quoi ? une ressemblance ? Euh... ceux qui ont cru lire ma propre histoire n'ont effectivement pas tout à fait tort... et pourtant ils se gourrent ! Car ce récit est la trame d'un roman d'Anna Gavalda : « Je l'aimais ». Le narrateur, un homme d'âge mûr, raconte cette aventure à une femme qui, effondrée, vient d'apprendre que son mari la quittait pour une autre. Ce dernier, fils du narrateur, a osé, lui, aller au bout de son désir... Le narrateur considère que ce choix à sauvé le jeune couple du naufrage dans des faux-semblants dont lui-même goûte l'amertume depuis longtemps. La jeune femme délaissée saura t-elle entendre ce point de vue ?

Que se passe t-il quand un autre amour survient ? Comment choisir, entre appel de la vie et considérations de fidélité ? Comment laisser un autre aimé ? Que ressent celui qui est quitté ? À travers plusieurs personnages le roman utilise habilement leurs diverses postures et montre toute la complexité de certains choix existentiels majeurs. Je mentirais si je disais que ce genre de problématiques n'éveille plus aucun écho en moi...

Ce roman je l'ai lu il y a quelques années, par un drôle de hasard (?!), dans l'avion qui me menait vers... une femme libre qui vivait au bout du monde. J'étais marié et avais audacieusement décidé de vivre en suivant mon désir. Ce n'était pas rien de faire ce choix et d'en accepter les conséquences ! Par anticipation j'avais donc lu ce qui pouvait advenir si je ne faisais pas des choix suffisamment clairs, engagés et rapides : perdre l'objet du désir. Je sentais confusément la fragilité de ce bouleversement amoureux...

Advint de qui devait advenir.

La demaine dernière je suis allé voir l'adaptation de « Je l'aimais » au cinéma. Le film était à l'affiche depuis déjà quelques semaines et je craignais de l'en voir disparaître. Divers aléas m'avaient fait reporter plusieurs fois ma ferme décision d'y aller. Je voulais le voir seul, de préférence, sachant que je ressentirais quelque chose d'impartageable parce qu'imprégné d'un vécu personnel. Le hasard en fit autrement : dans la file d'attente je me suis trouvé à côté d'une collègue de travail, qui m'annonça qu'une autre collègue était déjà dans la salle. Je suis donc entré, accompagné de cette femme... et j'ai vu un visage connu qui me souriait, puis un autre : un couple dont la femme est une élue, comme moi, de notre commune ! Mais à peine avais-je eu le temps de les reconnaître que de l'autre côté de l'homme j'aperçevais... Charlotte, ma femme ! [ Oui, je sais, on dit "ex-femme", mais je m'en fous]. Après lui avoir dit un rapide bonjour je suis allé m'installer à côté de mes collègues, c'est à dire juste derrière elle !

J'ai donc vu le film dans le dos de ma femme, avec sa présence entre l'image et moi. Question solitude, ce n'est pas vraiment ce que j'avais prévu...

J'ignore quel regard Charlotte a porté sur le film puisqu'à la sortie nous nous sommes assez prestement quittés, sans aborder le thème qui a été à l'origine de notre séparation. J'ai été assez surpris de la voir, pensant qu'elle continuait à éviter ce genre de sujet qui a pu être douloureux pour elle auparavant...

Quant à moi, entre effet cathartique et un certain masochisme, je ne sais pas trop ce qui m'a poussé à revivre, par procuration, un épisode contrasté de bonheur contrarié dont je connaissais la douloureuse fin. Peut-être était-ce une façon de savoir où j'en étais de tout ça ?

Commentaires
V
J'ai également lu le livre où tout est dit avec sobriété et pudeur, puis vu le film duquel je suis sortie totalement bouleversée (le pouvoir de l'image étant plus fort que celui des mots) peut être parce que je m'y suis instantanément projetée, y retrouvant une part de mon histoire. <br /> <br /> Les conclusions que l'on peut en tirer c'est osons vivre la vie, osons aimer et n'ayant pas peur de souffrir car la souffrance fait partie intégrante de la vie.<br /> <br /> J'ai choisi également de tout quitter par amour, après de nombreuses années de mariage... Lorsque l'on est persuadé d'avoir rencontré le ou la personne de sa vie, peu importe le temps que l'on passera avec elle, que ce soit six mois, un an ou toute une vie. L'important c'est de vivre intensément ces moments qui nous donnent une terrible pulsion de vie intérieure. Vaut-il mieux vivre de remords ou de regrets?
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J
C'est assez "fou" cette petite histoire! Ta vie est drôlement palpitante dis-donc, rire, tu me fais de la concurrence, rire. :O<br /> <br /> Ta description est saisissante pour ne pas reprendre Yogi ;-) et pour le compléter je dirais que souvent "la réalité dépasse la fiction" :-)
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P
Oufff, un peu de temps pour "répondre" à vos commentaires...<br /> <br /> Yogi, la réalité est parfois plus improbable que la fiction ;o)<br /> <br /> Rdt, effectivement on peut comprendre que certains préfèrent voir ce film seul-e plutôt qu'avec leur conjoint-e. Ne serait-ce que pour éviter d'avoir à mettre en plein jour des tentations ou craintes secrètes...<br /> <br /> Ellen, combien sont touchés par le sujet ? Certainement une grande proportion des couples !<br /> <br /> C'est un peu ce que tu dis, Alainx. <br /> Tourne t-on la page ? On tourne une page, peut-être plusieurs pages, mais referme t-on un jour le livre ? Je ne crois pas. Ce que l'on vit laisse toujours des traces, alors un lien de couple qui dure des années...<br /> <br /> J'ai pensé au possible "inconfort" pour Charlotte... mais les circonstances, les "hasards" ont fait que les choses se sont passées ainsi. J'aurais pu me placer ailleurs, il est vrai, mais du coup ça aurait peut-être paru bizarre. Surtout pour toutes ces personnes qui me connaissaient.<br /> <br /> Une de mes collègues m'a demandé ce que j'avais pensé du film. Que pouvais dire d'autre que des platitudes ? Je n'avais pas envie de dire que j'avais vécu ça de l'intérieur ;o)<br /> Et moi je n'ai pas non plus posé trop de questions. Le sujet demande une certaine intimité qui n'existe pas avec ces personnes.<br /> <br /> Nadine, tu as raison de rappeller qu'en de telles circonstances, si l'amour est au milieu, tout le monde est malheureux. Qu'on fasse le pas ou pas...<br /> Ce peut aussi être une occasion de réfléchir au lien d'attachement, à la façon d'aimer, à la place que l'on donne à l'autre dans notre vie. C'est évidemment cette voie que j'ai choisi et qui nourrit depuis pas mal de temps ma réflexion, et donc ce blog...<br /> <br /> Ellen... merci pour les remerciements :o)<br /> <br /> Charlotte, bien que connaissant ce titre je crois ne l'avoir jamais lu/vu. Dans le genre "choix" il y a bien évidemment le légendaire "Sur la route de Madison"...<br /> <br /> Fact O'post [bienvenue], au delà de la scène Lelouchienne, la problématique qui règne autour de la définition de fidélité à longtemps été l'objet de mes réflexions. Je distingue désormais sans hésitation "fidélité" et "exclusivité", même si, dans le vocabulaire commun, cette distinction est rarement faite. Si je trouve le temps j'aimerais écrire prochainement quelque chose sur le sujet, puisque j'y suis de nouveau confronté, indirectement.<br /> <br /> Nadine... bien que globalement d'accord avec ton commentaire je serais un peu moins net que ça : oui, si une rencontre extérieure devient possible c'est parce que nous ne sommes pas entièrement occupé par la présence de l'autre. Mais pas forcément parce que quelque chose serait "cassé" (irréparable ?). <br /> Je ne pense pas que l'on puisse être dans l'état amoureux envers plusieurs personnes, tant cet "investissement affectif" est important. Par contre, quand cet état cède la place à une implication plus modérée... il commence à se libérer une place ouverte à de nouveaux désirs. Vient un jour où la place est suffisamment grande, ou le désir suffisamment fort, pour qu'un nouvel investissement sentimental nous envahisse sans crier gare. Mais l'amour (attachement, respect, comme tu dis) envers la première personne peut demeurer ! Ce n'est pas incompatible. Même si c'est d'une autre nature, moins enflammé.<br /> <br /> Je suis donc d'accord avec toi, l'irruption d'un-e autre n'est que le facteur déclenchant. D'ailleurs cet autre, parfois tenu pour "responsable" de la faillite du couple devient un bouc émissaire un peu facile...<br /> <br /> Quant à l'idée de "survie affective" elle me semble être au coeur de la problématique : c'est bien au niveau de l'affectif profond, viscéral, venu de la construction même de la pensée que tout se joue. Et comme tout ce qui concerne le psychisme, cela peut se "travailler" de façon à être moins dépendant de "l'amour" de l'autre.<br /> <br /> Merci à vous pour vos commentaires sur un sujet qui ne cesse de me passionner :o)
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N
Il me semble que si on est dans "la capacité" de tomber amoureux alors qu'on est en couple, c'est que quelque chose est déjà cassé, peut être déjà depuis fort longtemps dans le couple.<br /> On sait pertinemment que la vie en couple n'est pas un long fleuve tranquille... il y a des crises, on les surmonte, ça devient presque une habitude de se dire : ça ira mieux après ...<br /> Puis un jour, alors qu'on ne s'y attend pas, un(e) autre passe.<br /> De là à dire il(elle) part pour un(e) autre, il n'y a qu'un pas, que tout le monde franchit avec beaucoup de naturel, mais "l'autre" n'est pour moi que le second facteur déclenchant.<br /> Ceci dit, le nouvel état amoureux, n'enlève en rien l'attachement et le respect que l'on peut avoir pour un "ex".<br /> C'est à mon avis un instinct de survie "affective" qui nous pousse à la rupture.<br /> <br /> Merci Pierre de nous permettre l'expression. ;)
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F
Cinématographiquement parlant la situation exposée (votre épouse à la même séance que vous) est lelouchienne. <br /> <br /> Pour ma part dans une vie de couple, le problème réside dans la définition que chacun donne au terme "fidélité".<br /> <br /> Partir pour un(e) autre, veut-il dire que nous n'aimons plus l'un(e) ? Sommes-nous si restrictifs ?<br /> <br /> Fact O'post
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C
Moi c'est "Les oiseaux se cachent pour mourir" que j'adorais regarder et reregarder pour de bonnes raisons!
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E
Bien vu Yogi :-)<br /> Remercierons-nous jamais assez l'auteur de ce blog pour tout ce qu'il nous donne ?
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N
Ce sujet là est très sensible en effet.<br /> Qui ne se sent pas ou n'est pas concerné par un tel épisode dans sa vie ??( quel que soit le personnage qu'on y joue ... sauf qu'on ne joue pas et qu'on a très mal).<br /> Déchiré entre le désir de vivre et d'aimer à nouveau et la culpabilité à faire souffrir celui avec qui on a construit sa vie et sa famille et qu'on voudrait quitter parce qu'on n'est plus heureux.<br /> Malheureux parce qu'on n'a jamais fait le pas.<br /> Malheureux parce que l'autre a fait le pas.<br /> ................................................
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Y
@Ellen : Disons en tous cas "Combien sommes-nous à fréquenter ce blog-ci et à être touché(e)s au coeur par ce sujet-là ?" ;-)
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A
Je ne connais ni le film, ni le livre. Et je n'ai jamais lu cet auteure. Mais quand même ! Comment ne pas aller voir un tel film sans désirer y trouver quelques éclairages sur des expériences comparables... Car qui ne s'est pas trouvé confronté à ce type de choix au jour d'aujourd'hui...<br /> Et probablement que ton ex cherche encore à comprendre certaines choses...<br /> Tourne-t-on d'ailleurs un jour la page de tant d'années communes ! ?...<br /> <br /> Quant à ton environnement dans la salle... oups ! Je me demande comment ton ex qui t'avait "dans le dos" a bien pu vivre cela... Je me disais que pour ma part une telle situation me serait insupportable....Mais bon, ce que je dis n'a guère d'intérêt et est idiot , je ne suis ni toi ! Et encore moins elle !... ;)). <br /> Dans une petite ville ou plus ou moins tout le monde se connaît et se retrouve aux mêmes endroits...<br /> Je bénis ma chance d'habiter dans une grande métropole !<br /> <br /> Et les collègues et autres personnes connues qui étaient là ? Tu leur as demandé leurs impressions sur le film ?
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