Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Alter et ego (Carnet)
Alter et ego (Carnet)
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
24 janvier 2010

P'tit coup d'mou

Petite baisse d'énergie, ces derniers jours, suite à ce que j'ai relaté récemment de ma vie professionnelle. Ma façon de réagir face à des situations qui heurtent mes valeurs personnelles me pose question. L'épisode est d'importante toute relative, mais il est venu se greffer sur d'autres questionnements en cours, rajoutant ainsi une couche à ce qui me travaille dans plusieurs pans de ma vie simultanément.

Quelques jours plus tôt il y avait eu le malheur d'Haïti et mon « je m'en tape », visiblement assez mal compris [ce qui ne m'a pas vraiment surpris...]. Mon sentiment d'impuissance a été la cause de cette formule maladroite, je le concède, en me mettant face au malaise de ma conscience. En fait il s'agissait d'un dialogue intérieur assorti d'une autoprovocation. J'aurais du utiliser un « tu t'en tapes », bien plus en accord avec la contradiction interne qui m'agitait. Sauf que, agacé par un concert de "bon sentiments" qui me rappelaient trop l'hypocrisie d'une culture chrétienne, j'ai généralisé mon interpellation. Que les personnes que j'ai choqué veuillent bien m'en excuser.
Le déclencheur de ma réaction m'est apparue plus clairement au fil des jours : je n'ai pas pour habitude de suivre les informations imagées. Or il se trouve que j'ai récemment changé mon ordinateur de lieu et la télé, désormais à proximité, m'attire sournoisement. Je me laisse davantage tenter par la consommation facile de ce que diffuse la boite à image. Et là j'ai pris en pleine figure des images violentes auxquelles je ne suis pas accoutumé. J'en ai ressenti un malaise : voir et ne rien pouvoir faire. Voir ça tous ensemble et ne pas pouvoir faire grand chose d'autre qu'en parler m'a exaspéré. J'ai cependant suivi jour après jour les évènements, dans une contemplation à la fois compassionnelle et morbide. J'avais un désir de lucidité en affrontant une réalité que généralement j'évite. En même temps que je ressentais un désir de connaître l'évolution de cette tragédie, il y avait une dimension voyeuriste qui m'a dérangé. Je suis assez farouchement hostile à ce genre de spectacle, que je ressens comme ayant des composantes néfastes et probablement "destructrices" de quelque chose de fondamental dans l'humain. Personnellement je ne sors jamais indemne du spectacle de la douleur et de la détresse...

Alors... pourquoi regarder ? La question reste sans réponse...

Tout cela a fait irruption dans ma vie à un moment où j'étais déjà un peu affaibli, préoccupé par des réflexions personnelles, à l'œuvre depuis plusieurs mois, sur le versant relationnel de mon existence. Récemment j'ai vu se réactiver un sujet qui reste pour moi toujours à fleur de peau : la confiance en l'autre. Vaste domaine d'exploration, visiblement prédominant dans ma façon de me lier. Ce qui n'est pas sans interférer avec un accroissement de ma prise de conscience de la solitude dans laquelle je me suis installé. Et ça aussi, ça me travaille et me fait me poser des questions. Notamment parce que vivre en solo n'avait jamais été un objectif pour moi. Ni même une éventualité ! Le regard que je portais antérieurement sur la solitude amoureuse ne me la rendait pas particulièrement attirante et c'est donc à un renversement de perspective que je suis conduit depuis quelques années. Si en moi l'évolution se fait tout naturellement au fil des ans, je me sens devoir désormais faire face au regard des autres... qui ressemble à celui que j'avais antérieurement : on subit sa solitude plus qu'on ne la choisit. Tout cela m'amène à réfléchir en cascade sur bien des plans de ce qui constituait ma façon de penser et d'être.

Solitude réelle ou fausse solitude ? Les échanges internautiques mettent en évidence un décalage qui, par ailleurs, me préoccupe aussi : qu'est-ce qui est réel et ne l'est pas ? Que penser d'une vie sociale et relationnelle qui, pour une part notable, se déroule dans un monde largement déconnecté du réel ? Ouais... ça me travaille tout ça...

Sans oublier les déclinaisons infinies de mes réflexions consécutives à quelques pertes essentielles, en cours depuis plusieurs années...

Bref : j'ai beau me situer dans une démarche globale de sérénité, tout cela ne va pas de soi en permanence et il m'arrive d'avoir une petite baisse de régime. Une envie de repli. De toutes façons trouver un nouvel équilibre me pousse souvent vers un relatif isolement. Actuellement j'ai fréquemment besoin de me retrouver "seul" et il est probable que cela va durer un certain temps. Même si je sais le plaisir que je peux ressentir en compagnie, ainsi que les enrichissements et moments de bien-être que cela peut m'apporter.

D'ailleurs, comme pour me rappeler, la présence de ma fille ce week-end m'a changé les idées. M'ouvrant à d'autres champs de réflexion cela a été l'occasion de bons moments de partage, entre activités et discussions.
.
.

IMGP7892

Effleurement sans confusion, proximité et indépendance.


Commentaires
P
Je découvre votre inquiétude juste après avoir mis en ligne un billet "expérimental".<br /> <br /> Mon silence s'est imposé de lui-même, pour diverses raisons qui sont en lien avec mon écriture ici et la pensée en mouvement qu'elle induit dans ma vie. Écrire ici, m'exposer sous vos regards, me "travaille" dans divers registres. Notamment dans mon rapport à autrui, à la conscience que j'ai de moi-même, et m'emmène parfois dans des pensées vertigineuses jusqu'aux confins de la raison/déraison, du réel et de l'imaginaire. <br /> <br /> Mais physiquement et matériellement je vais très bien :o)
Répondre
M
plus d'articles depuis quelques jours <br /> j'espère que ce "petit coup de mou", pour vous ne soit pas annonciateur d' un coup dur pour nous,<br /> qui serait de ne plus voir d'articles ici..<br /> <br /> si ce silence est voulu alors tout va bien ..<br /> mais s'il était imposé par des aléas, je souhaite que tout s'arrange très vite pour vous.<br /> <br /> Amie-Calmant <br /> Martine
Répondre
P
Merci pour la précision, Carole :o)
Répondre
C
"je est un autre" : Arthur Rimbaud
Répondre
P
Assez d'accord avec cette idée d'oscillation, Alainx. Quant à ta question, elle est fort judicieuse. Et la réponse dépend évidemment du point d'oscillation :o)<br /> <br /> Actuellement j'ai besoin de solitude pour respirer. Demain, ou dans quelques temps, il en sera peut-être autrement.<br /> <br /> Tinuviel, je suis content que tu interviennes. En relisant la phrase que tu cites je me suis rendu compte que le OU qui relie les deux "identités" est inapproprié. C'est ET qui convient. Je suis l'un ET l'autre, différent selon les contextes, et cependant toujours "moi-même". Je ne sais plus qui à dit « je est un autre » et je m'en suis inspiré en écrivant un jour « je est plusieurs ». Tu parles d'une identité fragmentée et je pense que cette pluralité du moi est plus perceptible sur le monde internet. Peut-être parce qu'on est en un même lieu physique (devant son clavier), mais d'un seul clic dans des "mondes" différents ?<br /> <br /> Parfois j'ai été tenté de réunir ce qui est fragmenté, pour tenter de trouver une identité plus cohérente. Maintenant je crois que non seulement c'est un leurre inatteignable, mais aussi ce serait "dangereux" parce que trop exposé. Je ne saurais dire pourquoi mais je crois qu'il est important de garder ces identités variables, toutes "vraies" mais en même temps incomplètes.<br /> <br /> Merci pour ton apréciation.
Répondre
T
"Mais perçu de l'intérieur, dans l'intimité de soi, ce décalage peut être perturbant. Qui suis-je réellement ? Celui qui s'écrit "librement" ou celui qui vit "contraint" par les limites du réel ?"<br /> <br /> Je viens lire ce carnet depuis un moment déjà, et bien que souvent je sois interpellée par tes billets, je ne suis encore jamais intervenue.<br /> <br /> Mais ce que tu dis dans cette phrase m'interpelle, parce qu'on n'a pas l'habitude de prendre "le problème" dans ce sens là. Généralement, dans les relations via le web, c'est vrai, on se pose la question de l'authenticité, de la sincérité de l'autre, celui qui est en face.<br /> Mais je trouve que se poser la question telle que tu la présentes est assez perturbant... et intéressant !<br /> Je m'aperçois que je me la pose fréquemment d'une manière inconsciente, ou en tout cas que je ne l'ai jamais conceptualisé comme ça.<br /> <br /> Evidemment que j'ai l'impression d'être moi-même quand je me révèle sur l'un de mes blogs (oui, j'en ai plusieurs, mais pas pour vivre plusieurs identités, simplement parce que consacrés à des choses différentes !). Mais bien évidemment, ce n'est que partiellement moi, un seul aspect, à un seul moment... c'est authentique et menteur à la fois, un peu comme une photo, qui ne capte qu'un moment, une expression hors de son contexte habituel de vie.<br /> <br /> Ce moment suspendu peut d'ailleurs se présenter sous forme d'une réflexion construire et un peu "dépassionnée", ou bien au contraire être porteur d'un excès d'émotion ponctuel qui ne reflète pas non plus ma réalité, selon que j'écris de manière "informative", ou émotionnelle/créative.<br /> <br /> Mais souvent, c'est vrai, je réalise les limites de ce mode relationnel, le côté beaucoup trop parcellaire, qui ne conduit à ne montrer de soi que des fragments séparés. <br /> Même d'ailleurs quand on "relationne" de façon intensive, la plus sincère et authentique possible, très fréquente, qu'on donne et reçoit de l'autre de manière vraiment approfondie... au moment de la rencontre réelle, et de faire quelques pas ensemble dans la vraie vie, il y a toujours, comme tu le dis, un décalage, un moment d'adaptation nécessaire.<br /> <br /> C'est aussi une réflexion qui me travaille beaucoup, et j'en profite donc pour mettre mon grain de sel et te dire, par la même occasion, que j'apprécie de venir picorer ton blog de temps en temps :-)<br /> <br /> Cordialement.
Répondre
A
l'oscillation entre besoin de solitude et besoin de rencontres, est-ce que ce n'est pas une composante intrinsèque du vivant ?<br /> J'avais un peu l'image d'un métronome. c'est très zen un métronome ! ça rythme le temps et les heures. Mais c'est sans cesse dans cette oscillation, pour vivre...<br /> <br /> on peut avoir une question-guide : qu'est-ce qui me fait le plus respirer ma vie aujourd'hui ?<br /> Solitude ou rencontre ?
Répondre
P
Débla, j'imagine assez bien à quel point tu peux avoir envie d'échapper aux codes, d'après ton parcours :o)<br /> <br /> Je ne crois pas avoir lu des blogueurs à identités multiples mais je comprends le sentiment d'avoir été trompée. Il y a bien longtemps une blogueuse avait mis en scène sa mort accidentelle, ce qui avait ému son lectorat... avant qu'elle vienne annoncer la supercherie. Très désagréable de se sentir ainsi trompé sous couvert d'authenticité.<br /> <br /> Pour ce qui est du réel/imaginaire dans cette vie internautique, c'est un sujet qui me travaille depuis longtemps sans que je sois parvenu à vraiment clarifier ma position.<br /> <br /> Calamity... tu constates que même en position de repli je suis toujours dans les parages ;o)<br /> Le repli est évidemment "intérieur", je pourrais presque dire "intime", et ne transparaît pas forcément à l'extérieur.<br /> <br /> En ce qui concerne notre "réalité" au delà des écrans et claviers, c'est justement ce qui me pose question : normalement il ne peut y avoir deux réalités différentes d'une même personne. Sauf que, entre le devant et le derrière de l'écran, ça devient possible. C'est ce qui est troublant. La plupart du temps je crois que ce décalage est infime, en apparence. Mais perçu de l'intérieur, dans l'intimité de soi, ce décalage peut être perturbant. Qui suis-je réellement ? Celui qui s'écrit "librement" ou celui qui vit "contraint" par les limites du réel ?<br /> <br /> D'ailleurs quand on se rencontre, même quand l'autre correspond largement à son identité internautique... ce n'est quand même pas vraiment la même personne. Entre internet et le réel il y a bien deux mondes différents, complémentaires, avec chacun leurs limites et leurs dimensions d'expression.
Répondre
C
J’ai lu avec intérêt ton article sur Haïti et ta réaction face à ce grand déballage médiatique, les réactions provoquées selon qu’on s’en sente proche ou pas, selon qu’on puisse apporter ou pas, selon le degré de compassion, le degré d’implication, de culpabilité, d’impuissance ressentie…et l’incompréhension qui s’en suit. Je ne te crois pas indifférent à ce sujet mais c’est encore un questionnement de "notre monde", le notre, face à la souffrance "d’ailleurs", confort contre misère.<br /> <br /> L’existence étant faite d’interférences de toutes sortes, tu exprimes alors ce besoin de solitude, et tu ressens ce coup de mou, de baisse d’énergie face à tout ce mélange des genres, perso, taf, vie sociale, extérieure, je le comprends…et c’est sain de faire le point, d’éprouver le besoin de se recentrer pour mieux comprendre…même si ce besoin n’est pas forcément un idéal, un choix, une raison d’être. Ca m’arrive fréquemment et ça ne me prive pas pour autant d’échanger avec les autres avec bonheur même si intérieurement je suis en phase de repli.<br /> <br /> Quant à la confiance envers les autres…vaste sujet qui amène là aussi à travailler sur soi.<br /> <br /> Et l’Internet, virtuel ou pas, qu’en est il pour chacun ? Y a-t-il manipulation sur les blogs, je pense que oui mais comme dans le réel, les manipulateurs(trices) existent partout, mais en même temps, ceux qui tapotent sur leurs claviers (moi compris), nous existons réellement, le net n’est qu’un moyen parmi tant d’autres pour échanger, rien n’empêche de passer au stade du réel pour donner corps à la relation, avec surprise soit, mais quelle heureuse surprise quand on rencontre la ou les personnes choisies et que le feeling demeure. Il suffit de passer le cap, de lutter contre la timidité, ne pas avoir peur, nous avons tous des défauts et des qualités…bref, le virtuel n’existe plus. Je ne me cache plus sous un pseudo, je suis moi, et mes idées, mes questionnements, mon chemin restent les mêmes et si chacun demeure vrai, il n’y a pas de déception à craindre alors.<br /> « Que penser d'une vie sociale et relationnelle qui, pour une part notable, se déroule dans un monde largement déconnecté du réel ? », déconnecté du réel, je ne pense pas…du tout même, le net fait parti de la vie réel, effectivement nous ne sommes pas comme dans Matrix à voyager dans la matrice ;-) mais tu es Pierre, je suis moi, deux êtres fait de chair, de sang, d'émotions… on se confie un peu, on partage parfois…aspect thérapeutique de la chose ? Peut-être quelques fois, ça fait avancer la réflexion en tout cas.<br /> <br /> La sérénité ! ah la sérénité, nous en avons déjà parlé, j’avais dit à ce moment là que c’était une phase temporaire pour moi…et en fait après réflexion, je ne crois pas l’atteindre en tout cas à ce moment de mon parcours…questionnement…toujours :-), et tant que de nombreuses questions se poseront il n’y aura pas de tranquillité, mais en somme, je me sens en vie de cette façon, en mouvement intérieur, en progression…alors…
Répondre
N
Débla : étrange ce que tu racontes !!!.... comme un goût de déjà vu !!
Répondre