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Alter et ego (Carnet)
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11 septembre 2014

Tout va bien !

On s'est inquiété de mon mutisme. C'est souvent le cas lorsqu'un blogueur [masculin grammatical] ne publie pas durant un délai qui dépasse ses habitudes. Cela m'est déjà arrivé dans le passé et il est toujours venu une lectrice [féminin par réalité] pour me demander si tout allait bien.

Figurez-vous que de mon côté je me demandais, non pas si j'allais bien, mais quelles pouvaient être les raisons de mon silence. Aucun évènement saillant ne pouvant expliquer cette situation, j'en ai conclu qu'il s'agissait probablement d'une convergence de faits mineurs, parmi lesquels :

  • un travail fort prenant, qui m'occupe l'esprit toute la journée et absorbe forcément une énergie qui fait défaut le reste du temps
  • le retour des beaux jours, après un été qui en a singulièrement manqué, m'attirant au dehors.

Voilà pour les raisons compréhensibles par tout un chacun. Il y en d'autres, que peut-être seuls les "écrivants du net" comprendront :

  • la "fin" récente de quelques blogs-amis que je lisais depuis une dizaine d'années. Suite logique et inévitable d'une érosion lente et continue, la raréfaction des témoins des origines ravive une nouvelle fois le sens de ma propre continuation : jusqu'à quand ?
  • parallèlement une certaine "usure" de ma pratique de blogueur, quoique cette sensation fluctuante se soit déjà produite; avec là encore une question : que dire encore ? N'y a t'il pas risque de répétition, voire de rabougrissement ?
  • le sentiment un peu bizarre de faire partie d'une myriade de "parleurs de soi", racontant chacun les menus détails de son quotidien. Est-ce vraiment utile ? Qu'est-ce que cela apporte au sens du monde ?

Je ressens l'envie de parler d'autres choses que de futilités plus ou moins égocentrées, diffusées à un petit cercle d'entre-soi. Tout cela me semble - sans idée de jugement - un peu étriqué ; manquer d'amplitude et de souffle. Mais que puis-je apporter d'autre que ce qui me touche ? Que puis-je exprimer d'autre que ce qui m'anime et m'émeut à l'échelle réduite de mon petit monde ?

À une autre échelle le grand monde, à la fois immensément vaste et circonscrit aux dimensions de notre planète, me donnerait presque le vertige. Sans parler de la montée en puissance d'un obscurantisme religieux, fort peu réjouissant, notre monde m'inquiète quelque peu avec son dérèglement climatique en cours, aux perspectives apocalyptiques, ainsi que par la surexploitation suicidaire des ressources naturelles sur fond de logiques financières à courte vue. De sombres scénarios semblent se profiler. À côté de ça les préoccupations nombrilo-centrées de la sphère médiatico-hexagonales, dont les échos ne me parviennent plus que de loin en loin, sont d'une importance très, très, relative.

Alors, puisque mon pouvoir à faire changer les choses est infinitésimal, j'ai choisi de porter mon attention sur mon propre équilibre. Je fais en sorte de vivre bien, et j'y parviens. J'en veux pour preuve cet extrait d'une conversation, dans laquelle je suis entré par hasard parmi mes collègues :

P. [émotif] : on a tous besoin d'amour, besoin d'avoir un(e) autre près de soi.

X. [pragmatique] : C'est ça notre difficulté : on a toujours ce manque d'amour en nous

L. [le psychologue du groupe]: C'est normal, le manque fait intrinsèquement partie de la vie, donc il y a toujours souffrance.

Moi : Mouais... plus ou moins. Si le manque est bien le moteur du désir, il ne crée de la souffrance que lorsqu'il est besoin de ce qui ne dépend pas de soi. Je peux avoir envie sans souffrir de ne pas obtenir. Ne pas être en état de dépendance...

X. [se faisant complice] : Toi t'as tout compris. Ça se sent que tu es bien dans ta vie. Regardez-le, il vit seul, sans femme, et il est heureux ! Il a trouvé son équilibre avec sa vie tranquille, et personne qui l'emmerde...

Moi [sans préciser les approximations] : disons que je sais ce que je veux et ce dont je ne veux pas :)

P. [mystique] : Tu as trouvé la béatitude !?

Non, je n'ai certainement pas trouvé la béatitude, mais peut-être une forme de plénitude. J'y cueille ma sérénité. Voilà en effet des années que je me sens bien dans ma vie, heureux. Pas du tout dans le discours ambiant qui répète à l'envi que "les Français" sont moroses, inquiets, las, déprimés. Peut-être parce que je refuse d'écouter ce que je suis censé penser ? Objectivement je n'ai guère de raisons de me plaindre, si ce n'est pour des faits mineurs dans les interactions professionnelles avec ceux que je côtoie. Mais c'est le propre des relations vivantes et évolutives !

La vie que je me suis choisie me plaît et je profite, si ce n'est de chaque instant, au moins de la plénitude que m'offre mon âge. Ma vie est pleine, remplie, comblée. Je ne manque de rien [mais j'ai peu de besoins...], je ne cherche pas à vivre autrement, je n'ai pas de désirs inatteignables, je n'envie pas autrui. Que demander de mieux que ce que j'ai déjà ? Qu'est-ce qui pourrait bien me rendre triste de mon heureux sort ?

Alors c'est vrai : pour ne pas me laisser contaminer par l'anxiogène morosité médiatique, j'évite autant que possible d'être informé de l'actualité immédiate. Je ne veux pas savoir ce qui se passe. Je ne regarde pas, ni n'écoute, ce qui pourrait ternir ma joie de vivre et blesser ma sérénité. Je choisis ce que j'ai envie de comprendre. Je laisse le temps filtrer l'écume bouillonnante de l'actualité en laissant l'essentiel imprégner doucement le monde. Les grands enjeux planétaires sont finalement les seuls qui m'intéressent et ceux-là ne se jaugent pas à l'échelle du quotidien.

Mon quotidien n'est pas celui du grand monde, mais celui de mon petit monde : un travail qui me captive; un lieu de vie dans lequel je me ressource; des moments d'échange qui me ravissent; des enfants épanouis que j'aime. 

Alors avec tout ça... et bien il y a des moments où je n'ai rien à raconter ici. Mais... tout va bien :)

 

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Le bonheur, c'est simple comme la lune en plein jour : il suffit d'ouvrir les yeux

Commentaires
C
Et bien tu vois, moi aussi je souris aussi en te lisant :)
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L
Quand on suit un blog depuis des années, que ce blog nous a permis de beaucoup échanger avec son auteur, un lien s'est créé, et il est normal de s'inquiéter d'un silence. Alors j'ai aimé ce billet, simplement pour dire que tu vas bien et que tu es dans la sérénité. J'ai souri en le lisant.
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N
Eh bien moi j'ai envie de jeter un pavé dans la mare, histoire de faire des remous quand l'eau est trop tranquille. Je branche la radio tous les matins pour écouter les informations et je suis abonnée à Courrier International pour avoir du recul face à la monomanie française.<br /> <br /> Je n'ai pas envie de m'enfouir la tête dans le sable et cela ne m'empêche pas de vivre!<br /> <br /> J'ajouterai que je ne suis pas fanatique des épanchements, il y a les amis intimes pour ça. J'ai le blog joyeux ou instructif, indigné ou faussement naïf. <br /> <br /> Mais j'aime bien ce blog, pas pour ce qui est raconté mais pour le style de l'auteur
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D
On dit que les gens heureux n'ont pas d'histoire.... Il est pourtant rassurant pour ceux qui ne le sont pas de savoir qu'ils existent!
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E
Je te ressemble en tout cas sur un point: je me tiens peu au courant de ce qui se passe (surtout de ce qu'on choisit de nous dire!) dans le monde. Je remarque que mes soucis, absents au chorus de ceux des autres, ne font pas la différence sauf pour moi:je suis cool :)<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis "bien dans ma vie" aussi sans dire que j'ai tout ce que je voudrais, mais je me garde de trop vouloir, d'autre part. Be careful what you wish for, isn't? Il faut ne pas se contenter sans rien vouloir de mieux pour soi, mais savoir que tout vient avec son côté ombre et qu'il faut éviter de remuer trop de choses pour provoquer la chute de la manne dans mon petit panier :)<br /> <br /> <br /> <br /> Contente de te retrouver!
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F
C'est vrai que lorsque tout va bien, on a finalement moins de choses à dire... et on culpabilise presque... d'aller bien... :-)<br /> <br /> Ta photo est vraiment très belle.<br /> <br /> Belle semaine à toi, Pierre.
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C
Ta photo est quand même extraordinaire, j'avais oublié de te le dire l'autre jour.<br /> <br /> ;-)
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C
J'espérais que mes mots allaient faire du bien à d'autres, alors tant mieux si ça fonctionne avec vous, Cath :)<br /> <br /> <br /> <br /> [J'imaginais même qu'il y aurait davantage de réactions face à ce billet que je trouve "positif" mais ce qui les déclenche est tellement imprévisible !]<br /> <br /> <br /> <br /> L'extrait de conversation que j'ai rapporté n'est pas significatif des échanges habituels dans le cadre professionnel, généralement beaucoup moins impliqués personnellement. Mais effectivement il nous arrive, avec deux ou trois collègues, d'aller dans un registre personnel. Pour ma part je n'y entre que très peu, ayant par ailleurs d'autres personnes avec qui parler. Contrairement à mes écrits je me livre très peu en public. Mais j'écoute beaucoup :)<br /> <br /> <br /> <br /> Ici je constate que j'écris de moins en moins, mais je n'ai pas encore prévu d'arrêter. J'ai envie d'une autre tournure mais je ne sais pas laquelle. Alors en attendant une éventuelle inspiration, je continue lorsque l'envie, et surtout la motivation, sont là. Et elles peuvent survenir n'importe quand :)<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne journée, Cath
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C
""Mais que puis-je apporter d'autre que ce qui me touche ? Que puis-je exprimer d'autre que ce qui m'anime et m'émeut à l'échelle réduite de mon petit monde ?""<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Mais c'est déjà énorme ! Vous semblez avoir la chance de travailler dans un environnement professionnel qui réfléchis, pense, analyse, qui est curieux, qui exprime ses émotions, etc... je peux vous dire que c'est loin d'être le cas partout ! ! sortie des derniers potins, je fais office de monstre si j'exprime une émotion ou un point de vue un peu plus élaboré....à tel point que pour éviter les jugements, je n'ose pas avouer que j'écoute France Culture le matin ! ! je dis toujours "à la radio, ce matin...."<br /> <br /> Alors votre blog que je découvre depuis peu est une respiration ! un souffle nouveau, une bouffée d'air pur ! ! que je sois d'accord ou pas, peu importe, vous m'apportez toujours une réflexion, un point de vue nouveau,...une amplitude comme vous dîtes mais vous ne la voyez plus parce qu'elle fait partie intégrante de vous.<br /> <br /> <br /> <br /> De plus, je ne vois rien de nombriliste là-dedans ; vous savez exprimer les choses de façon à ce qu'elles aient une portée universelle. C'est tout l'inverse de l'égocentrisme. <br /> <br /> Et puis, il faut bien partir de quelque part, alors pourquoi pas de ce qu'on connaît le mieux, soi ? ?<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant, j'entends bien votre lassitude mais comme vous le dîtes vous-même : dans ce monde devenu si fou, il faut bien quelques sages pour équilibrer...<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis ravie de vous savoir en paix et heureux ! ça aussi, ça fait du bien, mine de rien !<br /> <br /> Alors j'espère vous lire encore longtemps...<br /> <br /> Cath
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C
En tant que lectrice féminine grammaticale, je me sens un peu visée. Déjà qu'il paraît que je lis " trop" Prévert... Mais lit-on jamais trop Prévert...<br /> <br /> Ben oui, je suis du style à venir demander des nouvelles aux gens que je considère comme des amis, même si ce mot est évidemment a prendre avec des pincettes, étant donné l'utilisation abusive que l'on en fait de nos jours sur les réseaux dits sociaux... Alors disons que certains blogueurs grammaticalement masculins écrivent des choses intéressantes, qui font que l'on se est en droit de se demander légitimement si tout va bien quand ils ne disent plus rien. <br /> <br /> Me voilà donc rassurée. Tu vas bien, tu n'as besoin de rien, tu ne manques de rien. J'aime ces états de plénitude peut être parce que chez moi, ils alternent, comme je le disais chez Alain, avec des moments de manque.<br /> <br /> Bises syntaxiquement féminines. ;-)
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