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Alter et ego (Carnet)
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15 avril 2017

Renaissance ?

Parler d'autre chose ? Oh oui : par exemple de ce printemps hâtif qui bat des records de douceur. La bourgeonnante verdure éclate en nuées de fleurs. Une profusion de parfums capiteux s'entremêle aux mélodieux chants d'oiseaux, célébrant la fête des sens. Les soirées s'allongent, les peaux se dénudent. Sous le signe du renouveau la vie m'est heureuse et tout porte à l'insouciance. Un état qui m'est cher. De « carpe diem » à « profiter de l'instant présent », n'ai-je pas fait de l'insouciance un art de vivre ? « On verra bien » pourrait être ma première devise. J'y trouve ma sérénité.

Pourtant, quoique je me reconnaisse toujours dans cette vision "positive" de l'existence, je ne parviens plus à me défaire d'un « jusqu'à quand ? » qui s'invite avec de plus en plus d'insistance. Impossible de l'oublier bien longtemps. D'ailleurs je ne le souhaite pas et c'est pourquoi je continue à m'informer. Je veux rester lucide, conscient. Vigilant. Je sais bien que le devenir de la société dans laquelle je vis échappe presque totalement à mon pouvoir d'action, ce qui devrait m'inciter à un salutaire "lâcher-prise", mais puis-je faire comme si ma relative insouciance pouvait continuer éternellement ? Probablement pas. La sérénité ne durera pas, j'en suis de plus en plus convaincu, et je veux regarder cette perspective en face. Rien ne dure, rien n'est jamais acquis, je le sais. Maintenant, en plus de le savoir, je le ressens. Viscéralement. La part du doute s'amenuise et mon optimisme vacille.

En apparence il est intact [sauf dans mes écrits] mais je ne vois décidément plus l'avenir de notre monde comme avant. « Voici venu le temps du monde fini », disait Albert Jacquard dans une formule à double sens qui me plaît. Désormais chacun de mes actes, chacune de mes pensées, chacun de mes projets, se cogne durement à cette implacable réalité. Non seulement je me savais mortel, de même que tous ceux que je connais, mais maintenant notre société, la civilisation d'abondance dans laquelle nous sommes nés, m'apparaît comme mortelle. Et même à l'agonie. C'est comme si une autre mort avait réduit mon horizon, s'annonçant bien plus tôt que l'échéance que j'imaginais. Notre société pourrait bien mourir avant moi, m'obligeant à la voir de disloquer dans les affres de la douleur, nous livrant tous à un sort incertain...

« Tant mieux », diront certains, clamant que ce monde est vraiment trop moche. Peut-être à raison, pour ses parties les moins réjouissantes. Mais pour le reste ? Pour tout ce qui fait l'équilibre de nos existences ? Et leur beauté ?

« Retroussons-nos manches, ne baissons pas les bras ! » diront d'autres, privilégiant l'action en vue de sauver ce qui peut l'être. C'est l'attitude que je choisis... sans bien savoir par où commencer ! Je veux dire : pour les actes vraiment engageants.

« Je crois qu’il est peut-être trop tard. Mon propos n’est ni optimiste ni pessimiste, ni conservateur ni réactionnaire. Je ne crois pas au meilleur avec une montée indéfinie vers le progrès. Je ne crois pas au pire avec promesses de damnations et d’apocalypses. Je ne crois pas que nous pourrions garder ce qui est encore debout ni même que nous pourrions restaurer un ordre ancien. Nos sociétés ressemblent à un navire en grande difficulté qui continue de voguer sur des eaux toujours plus houleuses. La voie d’eau est largement ouverte dans la coque du bateau qui coule et il n’y a plus rien à faire d’autre que de mourir debout, avec élégance ». Ces mots ne sont pas ceux d'un écologiste désespéré (?) mais ceux du philosophe Michel Onfray, au sujet de son livre "Décadence", décrivant la faillite de nos sociétés occidentales et judéo-chrétiennes [source].

Des propos qui s'accordent curieusement avec ceux de Pablo Servigne, un des vulgarisateurs actuels de la notion d'effondrement, résolument plus optimiste : « À l’échelle de la société (...) être prêt à bien vivre les catastrophes qui arrivent, c’est donc d’abord accepter qu’elle puissent mettre fin à notre civilisation. Ce n’est qu’en envisageant le pire (un effondrement brutal et violent) que l’on peut non pas éviter un effondrement, mais espérer trouver un chemin pour diminuer les souffrances, le nombre de morts violentes et l’anéantissement des autres êtres vivants. C’est aussi en acceptant la mort que l’on peut ouvrir la voie à une possible renaissance... après l’effondrement. » [source]

Les deux points de vue se rejoignent partiellement sur le diagnostic : accepter l'inéluctable effondrement civilisationnel ; moral et physique. Ils divergent sur ses causes (quoique...) et surtout sur ce qui pourrait en résulter : la mort... éventuellement suivie d'une renaissance. Pas au sens d'une résurection, mais au sens de "autre chose". Avec beaucoup d'incertitudes, vu l'ampleur planétaire de nos interconnections, mais résolument avec espoir. Je voudrais m'y accrocher mais je ne sais pas comment m'y prendre.

Le lecteur incrédule se demandera : la mort de notre civilisation est-elle sérieusement envisageable ? Oui, et il est peu probable qu'on y échappe. L'échéance, encore imprécise mais proche et potentiellement soudaine, nous concerne tous. Les modèles d'effondrement multifactoriel et incontrôlable sont très sérieusement étudiés par de nombreux chercheurs de plusieurs disciplines et s'affinent depuis des décennies. Présentés dans une multitude de livresarticlesconférences, le phénomène est donc, c'est certain, connu des décideurs et autorités politiques. Le prennent-ils au sérieux ? C'est moins sûr. On parle climat, énergie, mais pas d'effondrement systémique [trop effrayant]. On peut cependant supposer qu'il s'anticipe discrètement au plus haut niveau. Malheureusement, à force d'attentisme, la plupart des pistes technologiques visant à éviter la catastrophe, qui, il y a encore quelques années, pouvaient paraître prometteuses [si toutefois on s'était décidé à les prendre à temps...], s'avèrent être devenues aujourd'hui des culs-de-sac. Ceux qui ont tiré les sonettes d'alarme, et que l'on aurait dû écouter, le disent clairement : « il est déjà trop tard ». Parce que l'indispensable "transition énergétique", visant à réduire notre consommation d'énergies fossiles, nécessite de disposer d'une énergie abondante au moment même où celle-ci va se raréfier. Pas de production éolienne de substitution, ni solaire, ni même nucléaire, sans pétrole pour en fabriquer les éléments, les transporter, les assembler, les entretenir ! Or il semble certain que le pétrole viendra à manquer avant que ladite transition n'ait pu se généraliser. Quand bien même on disposerait de pétrole, il faudrait absolument se garder de continuer à le brûler afin d'éviter d'accroitre dangereusement le taux de CO2 dans l'atmosphère et les océans ! De toutes façons, même si on résolvait ce problème énergético-climatique, il n'y aurait pas sur terre suffisamment de certains minéraux, ou d'énergie pour les extraire, en vue de fabriquer la quantité nécessaire d'éoliennes, panneaux photovoltaïques et batteries de stockage ! De plus, notre modèle économico-financier ne fonctionne que par le principe d'une croissance continue au prix d'une dette croissante. Sans elle, tout s'effondre. Et ne parlons pas du risque de pénurie alimentaire... Bref, quel que soit le bout par lequel on prend le problème on en revient systématiquement au même résultat : notre modèle de société, écologiquement insoutenable, est une impasse. Condamné, il est déjà virtuellement mort.

Les pistes de sorties, et il y en a, résident donc dans un autre modèle de société. Résolument solidaire, fraternel, humaniste, égalitaire, sobre, il trouverait sa source dans le meilleur de l'humain. Agir en ce sens est donc un acte de foi. Mais cet hypothétique renouveau, pour advenir, nécessite un certain nombre de renoncements, et pas des moindres, pour les individualistes épris de liberté que nous sommes devenus. Il semble que nous n'aurons pas d'autres choix que de les accepter, tôt ou tard...

 

 

Commentaires
C
Je crois qu'il faut être abonné donc voilà : <br /> <br /> <br /> <br /> Dès 2010, les Économistes atterrés, un collectif né dans la foulée de la crise financière, dénonçaient les politiques d’austérité mise en œuvre en Europe. Dans Changer d’avenir, qui sort aux éditions Les Liens qui Libèrent, les Atterrés nous pressent de repenser radicalement notre modèle économique et social. Il ne s’agit plus de savoir comment stimuler la croissance (ou organiser la décroissance), mais d’opérer « une grande bifurcation. » Entretien avec Benjamin Coriat, professeur à l’Université Paris-XII et membre du CA des Économistes atterrés.<br /> <br /> <br /> <br /> Votre collectif a critiqué sans ménagement les programmes de MM. Fillon et Macron, « les deux candidats – je vous cite – des classes dirigeantes ». Mais Changer d’avenir montre que l’enjeu, de votre point de vue, n’est pas (seulement) le nom du futur locataire de l’Elysée…<br /> <br /> <br /> <br /> Notre souci principal n’est pas d’attaquer tel ou tel candidat, même si certains ont des propositions très nocives que nous dénonçons. Notre collectif est né dans la foulée de la crise de 2008, pour proposer un diagnostic différent et réfuter la réponse européenne basée sur les règles budgétaires et la déflation salariale. Cette réponse néolibérale, à laquelle nous nous opposons, est un échec. Nous l’avons dit et redit. Cette fois, nous pensons qu’il faut aller plus loin ; qu’une grande bifurcation est nécessaire ; et nous dénonçons la poursuite d’une politique qui nous mène tout droit au précipice.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous vous référez à l’anthropocène – cette idée que nous serions entrés dans une nouvelle ère, dans laquelle l’activité humaine est devenue le principal déterminant de l’évolution de la Terre. C’est un moment clef de votre réflexion, n’est-ce pas ?<br /> <br /> <br /> <br /> Absolument. Il s’agit, pour nous, d’un tournant. La crise a été totalement sous-estimée. Elle n’est pas seulement économique et sociale. Nous faisons référence à l’anthropocène, non parce que nous serions des nouveaux convertis, mais parce que nous partageons cette idée que notre modèle économique a atteint ses limites écologiques. La nature ne le supporte plus et le manifeste au travers du changement climatique et d’autres phénomènes, comme, par exemple, de graves sécheresses dans des régions qui n’en avaient jamais connu.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour autant, vous refusez l’idée que l’acteur, à la fois coupable et victime, de la crise écologique serait l’espèce humaine. Pourquoi ?<br /> <br /> <br /> <br /> Car ce n’est pas l’activité humaine en elle-même qui est en cause, mais un certain type d’activité, motivée par le productivisme et la recherche du profit à tout prix. Il nous paraît erroné de traiter de la crise écologique sans qu’il soit question de capitalisme, de rapports sociaux, d’inégalités… Prenons un exemple. Face à la raréfaction des ressources pétrolières, la pire option a été choisie : le gaz de schiste, qui augmente les émissions de CO2 et menace les nappes phréatiques. Ce n’est pas un choix respectueux de l’homme, mais celui de lobbies puissants qui ont su, dans certains pays, imposer la poursuite de leurs intérêts propres – au détriment de l’intérêt général.<br /> <br /> <br /> <br /> L’ère de la croissance forte est terminée, écrivez-vous. Mais vous ne prônez pas la décroissance. Pourquoi ?<br /> <br /> <br /> <br /> Nous ne sommes pas partisans de la décroissance. Mais nous pensons qu’il faut arrêter de penser en termes de croissance. Dans le modèle que nous préconisons – le seul soutenable –, certains secteurs seront en décroissance, notamment ceux liés aux énergies fossiles. Et d’autres seront en croissance : les services aux personnes, notamment aux personnes âgés. Mais pas seulement ! Parce que l’enjeu sera de rendre écologique tout une série d’activités industrielles qui, aujourd’hui, ne le sont pas. Lorsqu’Arcelor était en crise, certains avaient imaginé de construire une aciérie qui aurait été extrêmement économique en carbone et même à énergie positive. Cela n’a pas été fait, mais c’était possible. Nous avons d’immenses chantiers à développer dans les technologies écologiquement soutenables et qui permettent d’envisager une réindustrialisation de nos pays.<br /> <br /> <br /> <br /> Avec comme objectif la transition écologique, autrement dit : le passage à des modes de production et de consommation plus économes en énergie et en matières premières. Il faudra changer notre façon de vivre ?<br /> <br /> <br /> <br /> Oui. Mais cela ne signifie pas nous vivrons moins bien. Nous aurons sans doute moins de biens de consommation, mais ils seront plus durables. Et d’autres services seront disponibles. Nous ne sommes pas des utopistes. Ce que nous proposons ne va pas se réaliser dans les cinq prochaines années. Mais il faut, dès maintenant, prendre les bonnes décisions, effectuer les bons investissements qui orienteront nos systèmes économiques vers la transition écologique. Celle-ci ne se fera pas en huit jours.<br /> <br /> <br /> <br /> Ni par la (seule) main invisible du marché, dites-vous également.<br /> <br /> <br /> <br /> Ceux qui comptent sur le marché se trompent. Le marché a choisi le gaz de schiste ; nous privilégions les énergies renouvelables. Mais pour cela, il faut une action<br /> <br /> <br /> <br /> publique, une action collective, mise en œuvre par les États, les régions, les collectivités locales… Soyons clairs : nous n’opposons pas le public et le privé. Mais nous sommes convaincus que seule l’action publique peut initier la transition écologique au niveau nécessaire – par exemple, en imposant des circuits courts dans les appels d’offres ou en favorisant la rénovation thermique des logements via des aides et des crédits à taux privilégiés – à la suite de quoi l’investissement privé suivra.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous dites ne pas vouloir vous résigner à voir le débat politique « confisqué par une vraie droite néolibérale et une fausse gauche social-libérale ». La vraie gauche, où est-elle ?<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne citerai pas de nom, notamment parce que nous sommes un collectif qui comme tel ne soutient aucun candidat. Mais pour nous, la gauche est du côté de ceux qui pensent : (1) que l’écologie est non seulement une nécessité, mais une opportunité ; (2) que l’initiative citoyenne, notamment via les coopératives et l’économie sociale, est essentielle ; (3) que l’intervention publique est nécessaire ; et (4) qu’avec la mondialisation, les inégalités ont atteint un niveau insensé, qu’il faut donc mettre fin à la financiarisation de l’économie et revenir vers une société plus égalitaire.
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C
J'ai compris que tu n'étais pas un adepte de fb mais bon voici un lien, certains réfléchissent à la suite...à lire peut-être<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.facebook.com/atterres/?hc_ref=NEWSFEED<br /> <br /> http://plus.lesoir.be/node/89856
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O
Bonjour Pierre,<br /> <br /> <br /> <br /> Je suppose que vous connaissez déjà le blog de Fabrice Nicolino ? sinon, je ne peux que vous en recommander la lecture qui, je pense, pourrait s'accorder avec vos (nos !) préoccupations actuelles. Sa "déclaration d'intention" est ici :<br /> <br /> https://fabrice-nicolino.com/?page_id=11<br /> <br /> <br /> <br /> Quant à la dérision, elle ne fait pas avancer le Schmilblick, je trouve et puisqu'il est question de big bang, autant en parler de manière élégante et avec un peu de hauteur comme le fait si bien l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan, passionnant encore, dans son dernier ouvrage : "la Plénitude du Vide". <br /> <br /> <br /> <br /> http://cheminentete.com/
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A
Et oui ! Le monde court à sa perte !<br /> <br /> De source bien informée il paraît que ça a commencé dès le big-bang.<br /> <br /> C'est dire si l'arrivée de la fin n'a pas fini de commencer à débuter et à poursuivre sa continuation vers la suite du début du commencement de cette fin finale qui devrait se terminer à une date prochaine qui sera précisée par la suite.<br /> <br /> <br /> <br /> En attendant : je m'en vais au restaurant me délecter d'un succulent repas.<br /> <br /> Oui je suis je suis d'une inconscience crasse…<br /> <br /> mais que veux-tu : mourir pour mourir ! Autant que ce soit dans la joie…<br /> <br /> bon week-end quand même !<br /> <br /> Tu vas sucer de la glace ?<br /> <br /> Bah non, je suis bête, la planète se réchauffe… plus de glace…
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