Voilà, c'est fait. On a un tout beau président tout neuf. Confortablement élu pour éviter le pire. Il parle bien, il est jeune, il est intelligent, et même brillant. Il se montre à l'écoute [ou fait mine de l'être...], il prône la bienveillance...
Que du rassurant ! Nous voilà tranquilles...
Rendormez-vous braves gens : dorénavant tout sera comme avant !
Je sais pas pour vous, mais j'avoue avoir été rassuré de voir qu'on échappait, cette fois encore, au pire du pire. Ou du moins à une des dimensions du pire. Après l'élimination du rance Fillon, celle de l'amère Le Pen : ça fait du bien. D'une certaine façon j'étais donc soulagé que Macron soit élu, même si ce résultat était quasiment garanti. Mais maintenant on fait quoi ? Je fais quoi ?
Le problème écologique n'a pas changé d'un iota après cette élection. Le défi à relever est toujours là, colossal. Ma conscience, un temps distraite, revient à la réalité.
Avec ceci, par exemple : Élection présidentielle 2017 : le naufrage continue (& non, Mélenchon ne diffère pas vraiment des autres)
Outre l'article, je mets ici en exergue un commentaire qui le complète avec pertinence :
« Le grand vainqueur de ces élections porte un nom : l’illusion. Il faut croire qu’elle est tenace. Nous nous y accrochons comme le naufragé se tient à l’ancre de son navire en perdition, et finit par être emporté avec elle dans le fond des abîmes.
Cette fois, ça va changer, une nouvelle tête à l’Elysée et vous allez voir, en attendant, place au spectacle, divertissement garanti, esclandres et suspenses assurés, le meilleur en boucle, en hologrammes autant de fois qu’il possible.
On pourrait en rire, d’ailleurs cela arrive, même si c’est un rire qui étrangle, parce que très vite, la catastrophe revient hanter la conscience, parce que ce qui se dit est d’une telle insignifiance face aux enjeux, que la sidération laisse sans voix – et, pour ma part, sans voix à donner à auncun(e) prétendant(e) au pouvoir d’Etat.
Dans ces débats tronqués, ce qui fait de nous des vivants sur une terre habitable, devient accessoire. La beauté, les êtres sensibles, le miracle qu’est la vie, plus rien n’a vraiment d’importance. Priorité à la relance, à la science et à la technique, aux innovations numériques, à l’industrialisation du monde, à sa marchandisation, à la croissance, à la conquête de nouveaux espaces : le ciel, la mer, la réalité et l’humanité augmentées…
Surtout, ne jamais parler de limites. Ne pas mettre en question notre mode de vie. Il n’est pas négociable. Mais pas d’inquiétude. Le grand défi écologique sera relevé, grâce à la transition, la planification, peu importe le nom qu’on lui donne. Il sera remporté grâce à ce qui, précisément, détruit le monde : l’imaginaire prométhéen, la fuite en avant technologique, industrielle, consumériste, technocratique…
A ce stade, ce n’est plus de la contradiction, mais de la schizophrénie. Le déni est en passe de devenir de la forclusion.
Non seulement, l’impuissance du politique est devenue massive, mais en plus, aux maux qui rongent nos sociétés, il en ajoute un autre : le leurre. Les élections ne sont rien d’autre qu’un jeu de dupes, un troc tacite : notre consentement contre une dose d’illusions.
En ce sens, le politique ne fait guère que suivre – tout en la précédant aussi, hélas – la grande masse que nous sommes, et qui n’a pas vraiment envie de prendre la mesure du désastre, et encore moins des changements qui nous incombent pour y faire face. Autant déléguer à d’autres le soin de faire – ou plutôt de ne pas faire – à notre place et, quand l’heure du désenchantement aura sonné, les remplacer par de nouveaux illusionnistes. Et comme il faut donner envie d’y croire, le spectacle de cirque nous sera offert, dissimulant bien mal les batailles d’égos, les calculs misérables, les enjeux futiles. Et, s’il le faut, nous faire peur, pour mieux nous faire adhérer et pour faire diversion.
Pendant ce temps, le saccage en règle peut continuer, les espèces peuvent s’éteindre une à une, les plus pauvres succomber la faim au ventre, le chaos climatique rendre inhabitable des régions entières, l’eau des rivières et de la mer mourir tout comme les terres agricoles.
Je sens venir la question : Et toi, tu proposes quoi ? Concrètement ? Quelles mesures, quels moyens, quelles échéances ?
Je n’ai pas de programme, même pas de groupies ni d’hologramme. Je n’ai qu’une modeste intuition. Ce qui nous incombe, c’est de reprendre possession de nos imaginaires, sans calculs, sans attente. La bataille à mener est avant tout celle des idées et de la langue. D’elle seule pourra venir un soulèvement des cœurs et des actes en conscience. Nous avons à conquérir quelque chose de beaucoup plus vaste que l’espace, les océans ou la technologie : l’autonomie de notre pensée, de nos savoirs et de nos vies. »
Frédéric Wolff [source]
Je réfléchis depuis le premier tour à m'engager. Les Colibris ? Des associations citoyennes ? Des associations écologiques ?...
Je n'ai pas la réponse pour le moment mais suis persuadée que le travail commence aujourd'hui...