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Alter et ego (Carnet)
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4 juin 2017

Un optimisme hésitant

J'avais commencé à écrire un billet plutôt optimiste sur l'ambiance écolophile du moment. N'étant pas vraiment satisfait de sa tonalité j'ai traîné pour le mettre en ligne, si bien qu'entretemps la décision de Donald Trump de faire sortir son pays des accords sur le climat est intervenue. 

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Difficile, désormais, d'en faire abstraction. Mon optimisme restauré a pris un coup dans l'aile. Bien que ce ne soit pas une surprise, le choix débile de Trump m'a stupéfait : comment peut-on vouloir faire passer des intérêts particuliers et à court terme avant la sauvegarde générale ? Je savais que ce président était particulièrement stupide mais je pensais que son entourage "sensé" saurait le ramener à la raison face à l'enjeu planétaire. Il n'en fut rien, hélas.

Triste constat.

 

Un point positif, toutefois, qu'il convient de souligner : le tollé international que cela a déclenché. C'est à cela que l'on sent que les mentalités ont évolué favorablement. Le changement climatique est très largement considéré comme un enjeu majeur au plus haut niveau des états. Même si, dans les faits, les évolutions ne se mettent en place que très (trop ?) lentement, la prise en compte est réelle. Du coup, les résistances au mouvement enclenché sont de plus en plus perçues comme anachroniques. C'est bon signe.

En France on se souvient qu'après le prometteur "Grenelle de l'environnement" qu'il avait initié en 2007, Nicolas Sarkozy avait fini par déclarer, quelques années plus tard, que « l'écologie, ça commence à bien faire ! ». La phrase se voulait assassine, sur un ton critique agacé, mais en la lisant au sens littéral elle était finalement plutôt prémonitoire.

Récemment on a vu, lors de l'élection présidentielle, que ces idées-là avaient désormais la cote. Pas suffisamment pour l'emporter, mais atteignant quand même un niveau d'adhésion record. Deux candidats mettaient l'écologie - au sens le plus large - au coeur de leur programme et, s'ils avaient eu l'intelligence de s'allier, auraient pu faire de cette priorité une réalité. Quoi qu'il en soit j'ai senti que, cette fois enfin, une prise de conscience massive influait de façon décisive sur le vote. Il y avait une mise en accord avec l'inquiétude diffuse et persistante autour de notre avenir humain commun. Je crois qu'on est passé tout près d'un point de basculement. Du coup il aura été frustrant de constater que non, ce ne serait encore pas pour cette fois...

Déçu, oui.

Toutefois, après quelques semaines, le nouveau paysage ne me paraît finalement pas aussi terne que je le craignais. Des signaux ont suscité mon intérêt : que pouvais-je espérer de mieux que la création d'un "Ministère de la transition écologique et solidaire" ? Vous rendez-vous compte ? Un Ministère de la TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET SOLIDAIRE ! Un solide trépied de termes qui reprend le souhait de toute personne un tant soit peu désireuse de changer de paradigme. De plus il s'agit d'un ministère d'état, placé au sommet de la pyramide gouvernementale ! Enfin... pas tout à fait au sommet, quand même. Et c'est ce qui suscite immédiatement un scepticisme certain. Quel seront les possibilités d'action de ce ministère stratégique ? Quelles sont les réelles intentions écologiques du nouveau président ? Qu'aura t-il retenu du message transmis par un vote d'adhésion à d'autres idées que celles qu'il promouvait ? Il est encore bien trop tôt pour le savoir...

Cependant, ce que je retiens de cette période électorale, c'est que certaines forces apparemment immuables ont été sévèrement bousculées et que le paysage politique en a été transformé. Il s'est donc bien passé quelque chose. Il se passe quelque chose, qui dépasse évidemment l'enjeu électoral. À toutes les échelles. J'aimerais que ce soit le mouvement profond que, avec tant d'autres, j'appelle de mes voeux depuis des dizaines d'années. Je l'envisage car, à force de m'informer, et contrairement à ce que je croyais il y a quelques temps lorsque je déplorais que "rien ne bouge", je vois maintenant une multitude de signes. Je perçois, malgré l'inertie d'ensemble, un changement dans les mentalités. Je sais aussi qu'institutionnellement les pratiques évoluent et qu'un mouvement de fond est lancé, même si on n'en voit encore pas beaucoup les effets. Certes, c'est assurément trop lent... mais tout de même ça évolue favorablement. Initiatives individuelles, associatives, industrielles, locales, régionales, étatiques, internationales...

Naïveté de ma part ? Peut-être... mais je crois que l'optimisme est meilleur moteur d'action que le pessimisme. Je veux cependant rester lucide : nous n'en sommes qu'au début. Tout reste à faire et le chantier est titanesque. Les pistes d'action, quant à elles, sont multidirectionnelles. Les délais sont courts, certes, mais nous sommes nombreux et il suffirait d'agir efficacement.

Il y a quelques jours j'assistais à une réunion de présentation d'une monnaie locale, qui se met en place à l'échelle d'une métropole élargie. C'est un système très organisé, mais entièrement sous initiative démocratique et citoyenne. Le principe est vertueux : favoriser l'économie locale, donc la production à courte distance (avec effets écologiques induits), en court-circuitant (en partie) le grand système financier spéculateur. Ça peut paraître dérisoire mais c'est aussi un levier de prise de conscience collective.

Un peu partout je vois se créer des jardins partagés, favorisant une certaine autosuffisance et créant du lien social. Le mot "permaculture" sort des cercles confidentiels d'initiés et commence à se propager. Non seulement comme méthode culturale, mais aussi comme mode de vie : culture de la permanence. L'écologie est de moins en moins vue comme un mode de vie fantaisiste pour quelques illuminés soucieux des petits oiseaux (quoique les critiques lourdingues continuent à fuser). Le principe de la Transition (écologique, énergétique, sociale...) essaime un peu partout dans le monde...

Peu à peu des normes environnementales de plus en plus restrictives se mettent en place, malgré les tentatives de ralentissement et blocage des lobbies et autres organisation professionnelles peu soucieuses du bien être général. C'est lent, ça résiste, mais ça bouge. Bien sûr il y a des marche-arrière, des décisions fondées selon des principes hors d'âge, une vision périmée du monde... et pas qu'aux États-Unis. Mais on peut espérer que ce genre de soubresauts aparaîtront de plus en plus comme anachroniques.

La semaine dernière, en réunion préparatoire au conseil municipal, j'ai réagi à des spéculations sur le développement du territoire intercommunal : les échanges ne tournaient qu'autour d'une vision périmée de l'avenir. Comme si tout allait continuer indéfiniment selon des logiques dépassées : déplacements domicile-travail, individualisme territorial, zones commerciales lointaines. J'ai rappelé à mes collègues élus que le changement climatique et la raréfaction des ressources allaient complètement bouleverser nos habitudes. Qu'il n'était plus temps de raisonner selon les principes de l'ancien monde, celui duquel nous sortons déjà. L'avenir, désormais, doit tenir compte du nécessaire recentrage sur le local, sur une reconquête des solidarités perdues. Personne n'a contesté... et l'échange vain s'est arrêté là. Imaginer le nouveau monde nous laisse sans voix.

 

 

  

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Micro-paysage d'une feuille de Gunnera manicata

 

 

Commentaires
U
L’évocation dans mon précédent commentaire d’un paradoxe puissant à libérer face aux pollueurs de la planète dont nous faisons partie est une analogie au contexte de management humain dans la mise en œuvre de projets comme le « solidaire » par exemple pour n’en citer qu’un. Précisons : je pars toujours du principe qu’il faut à la fois séparer et connecter des forces antagonistes. Pourquoi ? Pour créer de la structure . Et quand il y a structure , il y a conduite de changement….. sans omettre le fait que les chemins de traverses sont des passages obligatoires . <br /> <br /> <br /> <br /> Le symbole avait été extrêmement fort il y a peu : Chine et Etats Unis , deux géants de la pollution ratifiant dans un même élan l’accord de Paris sur le climat. Huit mois plus tard , les routes se séparent. L’image de la Chine et son intérêt pour le virage énergétique en prenaient un coup. Les sommets européens sont l’occasion de mettre en scène des convergences de stratégies d’intérêts opposés. C’est plus qu’ un savoir faire. On ne se hasarde pas dans ce genre d’entreprise sans savoir, sans expérience, sans maturité et diplomatie.<br /> <br /> <br /> <br /> Ainsi donc oui je pense qu’il faut séparer et connecter pour conduire le changement.<br /> <br /> <br /> <br /> Séparer : exploiter le potentiel du paradoxe nécessite de commencer par respecter les besoins , distincts des entités aux objectifs différents. Ceci demande de séparer et de valoriser chacun de manière indépendante. On peut encore détailler et aller plus finement dans la description des façons d’y arriver mais mon propos ici est de montrer la grandeur et le chantier que ca représente.<br /> <br /> <br /> <br /> Connecter : ceci implique de trouver des liens et des synergies entre chaque objectif.<br /> <br /> <br /> <br /> Ne faire que l’un ou que l’autre est néfaste. Le succès d’une conduite de changement dépend de notre capacité à séparer et à connecter . Des entités, des pays, des cultures antagonistes échouent à tirer profit les uns des autres. « Le vivre tous ensemble » et le «sauvons la planète « … nous les ferons avancer que dans l’innovation et la création de valeurs communes. Et risquer et progresser en se servant des paradoxes est notre aujourd’hui et très certainement notre demain.
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U
Quand on part du principe que la solution est plurielle , que les ressources sont précieuses ( abondantes de préférence )et que le rôle de tout un chacun ( salariés dirigeants, associations diverses , bénévoles , l'individu ....)est de faire face aux changements plutôt que de les combattre alors un équilibre dynamique peut être atteint . Cette notion est au cœur de la gestion des paradoxes. Rallier les cœurs et les esprits est difficile et chronophage .... à tous les niveaux . En outre , les conflits se nourrissent quand une identification des rôles et des responsabilités aux objectifs se manifestent trop profondément . Pour mener à bien cet objectif du vivre ensemble en sauvant la planète , libérer la puissance des paradoxes est de rigueur et au cœur de ce qui nous attend tant au niveau collectif qu'individuel .
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K
Que penses-tu de cette petite vidéo :<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=dyGBIBvzzn4
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C
Ton billet m'a réjouie à plus d'un titre. D'abord parce qu'il parle d'optimisme, même hésitant, même mesuré, tu prononces le mot et cela me réjouit.<br /> <br /> Disons que je me sens moins seule au pays des pessimistes.<br /> <br /> Quoique j'aie lu une phrase très juste, cette semaine: "un pessimiste n'a jamais de mauvaises surprises". <br /> <br /> Ensuite, parce que tu donnes des raisons d'espérer, de fonder cet optimisme. Tu connais ma position je ne la re-détaillerai pas. <br /> <br /> Je suis certaine que la prise de conscience progresse chaque jour.<br /> <br /> Et puis ma position est qu'il est trop tard pour être pessimiste, comme dit un ami à moi. De toutes façons, à notre échelle individuelle, si nous voulons garder de l'énergie, il nous faut l'être. Puisque nous n'avons aucun contrôle direct sur la situation à l'échelle mondiale.<br /> <br /> Enfin, je vois que tu as pigé le truc du colibri: chaque goutte d'eau compte. Et ce que tu as fait en conseil municipal est une super goutte d'eau de colibri. Tu te serais senti mal si tu n'avais pas exprimé clairement ta position. Et certainement semé quelque graine dans l'esprit de tes concitoyens.<br /> <br /> Bises toujours solidaires<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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M
En Belgique, on discute. La ministre "responsable" pense qu'on pourrait être moins "ambitieux"...<br /> <br /> http://www.lalibre.be/actu/planete/marghem-souhaite-assouplir-l-ambition-climatique-de-la-belgique-et-se-fait-allumer-59362f35cd7002254341ab54
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H
Je loue votre optimisme, aussi nuancé soit-il.<br /> <br /> <br /> <br /> Quelle autre option d'une certaine manière, c'est le seul ingrédient à notre disposition pour continuer d'espérer.<br /> <br /> <br /> <br /> Seulement sans une volonté politique globale de l'ensemble des Etats toutes les initiatives locales que vous évoquez, aussi positives soient-elles, n'inverseront pas la tendance.<br /> <br /> <br /> <br /> On ne peut que se féliciter de l'accord de Paris. En même temps on peut se demander si tous ces gouvernants ont pris la pleine mesure des enjeux de la catastrophique situation dans laquelle notre planète se trouve.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous le dites très bien dans l'une de vos réponses, nous vivons encore dans une zone de confort qui nous rend encore très abstraits nombre des sombres prévisions posées par la communauté scientifique.<br /> <br /> <br /> <br /> Faudra t-il prochainement quelques nouvelles catastrophes dites naturelles et plusieurs milliers ou centaines de milliers de morts pour que nos gouvernants comprennent la réalité des choses et leur urgence ?
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M
Des gouttes d'eau qui font du bien ...<br /> <br /> https://www.facebook.com/TransitionEcologiqueEtSolidaire/videos/1462246403831458/
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C
Franchement Pierre tu pensais que la transition écologique serait au coeur de notre société future? vraiment? hum...<br /> <br /> Quand on voit ce que donnent les avancées des différentes cop, ce n'est pas très réjouissant ! <br /> <br /> Bon en même temps, il y a tant de personnes qui souffrent de malnutrition, de maladies, de conflits, de pauvreté etc de part le monde, comment leurs dire d'être économes, de faire attention aux ressources, à la terre qu'ils ont sous leurs pieds si déjà, nous qui vivons dans l'opulence, nous n'y arrivons pas.<br /> <br /> Nous peuples des pays développés, nous préférons épuiser les ressources, en Guyane, au Canada, en Papouasie, au pôle nord, en Afrique et que sais je encore...et envoyer nos saloperies de déchets industriels et technologiques en Inde, en Chine, en Afrique, tant que nous ne voyons pas les méfaits des gens qui se mettent les pieds et les mains dans les produits toxiques...on est loin de l'économie d'eau au robinet et du recyclage du papier...<br /> <br /> On pourrait nourrir la planète entière, on ne le fait pas ! on pourrait soigner la totalité des humains, on ne le fait pas ! on pourrait aider au développement des pays en difficultés, on ne le fait pas ou si peu ! <br /> <br /> L'humanité dépense son énergie en religions mortifères, dans le pouvoir de l'argent et de l'individualisme, dans le superficiel.<br /> <br /> Voilà la réalité...<br /> <br /> Alors oui, chacun peut amener sa petite goutte d'eau aux rivières en formation et s'en réjouir, cela suffira-t-il?<br /> <br /> Bonne journée ;)
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K
Oups ! chez moi il y a 204 vues au lieu de 12 ???
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K
Il me semble que de plus en plus, les peuples s'en vont dans une direction et les gouvernements dans le sens contraire. Tu parles de permaculture, oui c'est que de plus en plus d'entre nous veulent et les gouvernements eux ratifient des ententes avec monsanto,... les gens veulent créer une monnaie locale, les gouvernements veulent éliminer l'argent liquide,... etc.<br /> <br /> Mais si nous sommes assez nombreux, les gouvernements n'auront pas le choix, à moins de montrer leur vrai visage et là ce ne sera pas beau ! C'est pour ça qu'il faut allonger mur à mur les mesure d'urgence.<br /> <br /> Mais il y a de l'espoir, la preuve : Ils ont dit nous sommes au service du peuple et non des dirigeants<br /> <br /> https://youtu.be/xrthTkjob_g
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