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Alter et ego (Carnet)
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26 avril 2021

Le temps de penser (suite)

En vrai, si je me laissais aller... je crois que je passerais beaucoup de mon temps libre à écrire ! Je me complairais dans l'écriture, je m'y vautrerais sans vergogne, je m'en nourrirais en continu dans une forme d'autologophagisme (se nourrir de ses propres mots), pour ne pas dire d'onanisme scriptuel : jouir de ce qui émane de moi. Il y eut une époque ou je me sentais exister plus intensément par l'écriture. Il se pourrait donc que je n'écrive plus [pour le moment] pour éviter de me laisser happer par le logos, justement, ce qui se fait nécessairement au détriment de l'existence réelle. Pour éviter aussi d'aborder des sujets trop sensibles pour que je me risque à les mettre en mots. Car les mots font exister ce qui, sans eux, peut rester indéfiniment à l'état de latence. Je me sais pratiquer cette forme d'abstinence volontaire, reportant à plus tard une éventuelle délivrance.

M'occuper de mon intériorité ou m'occuper du monde ? Je donne actuellement la priorité au plus noble, au plus altruiste, au plus nécessaire... et je délaisse ce qui, cependant, gagnerait à être réfléchi pour que je devienne plus performant. Car je reste quelqu'un qui doute, qui n'ose pas affirmer ses idées, qui cherche à éviter les oppositions frontales. Or, parfois, il faut savoir s'imposer quand en face les idées sont étriquées, frileuses, rétrogrades, égoïstes. Cela demande alors une confiance en soi, une assurance que je n'ai pas suffisamment pour garder mon esprit clair en toute circonstance. Je reste émotif, sensible, donc vulnérable. Ce peut être une qualité entre personnes bienveillantes, c'est une faille face à des personnes manipulatrices ou peu scrupuleuses.

J'envisage donc, depuis plusieurs mois [procrastination...], de me faire aider pour assurer un peu mes défaillances. Non plus sur un plan psychologique, puisque je pense avoir désormais suffisamment d'assise et de connaissances de moi-même pour "faire avec" ce que je suis, mais par une approche comportementale : savoir exprimer mes idées, savoir rester en contact avec mes émotions sans qu'elle me submergent, savoir prendre la parole avec efficacité. Le tout en tenant compte de ma particularité de pensée, en nuances et multiples ramifications. En quelque sorte je voudrais pouvoir mieux utiliser mes potentialités pour les mettre au service d'une cause plus grande que moi. Revenir un peu vers mon ego pour mieux aller vers une altérité élargie : non plus seulement mes proches, mais "la société" [à petite échelle], dans une démarche politique.

Car je dois bien m'y résoudre, je suis entré dans une démarche politique : au service de ce que je crois juste, utile, nécessaire, pour la collectivité. Les suffrages de l'an dernier ne m'ayant pas permis d'accéder à des fonctions de quelque influence, je me suis débrouillé pour être au coeur de la mission qui m'importe... et d'influencer directement là où se préparent les décisions. Finalement c'est une chance puisque je peux consacrer mon temps à la prospective, sans devoir gérer les contingences du quotidien.

Mais je m'égare.

Pour en revenir à mes questionnements autour de l'écriture [écrire ou ne pas écrire, telle est la question...], ils me tarabustent discrètement, comme en témoignent mes sporadiques interventions depuis... plusieurs mois (ou années ?). Je me souviens des bienfaits apportés jadis par l'introspection, en période de grandes réflexions existentielles, et je constate que je n'y ai plus recours. Conformément à ma propension à chercher à comprendre, la question revient souvent, que j'évacue rapidement en me disant "pas le temps". Ni d'y réfléchir, ni d'écrire pour y réflechir. C'est peut-être une erreur : ce n'est jamais du temps perdu que de chercher à comprendre ce qui nous anime.

Et justement, à propos de temps : puisque j'en manque pour penser (mais aussi méditer, contempler, observer, lire, écouter, jardiner, randonner...) je songe, depuis la période bienheureuse du 1er confinement, à réduire mon temps de travail. J'avais énormément apprécié ce temps suspendu, cette parenthèse dans la routine habituellement rythmée par l'alternance hebdomadaire travail-repos. Et comme, de plus, réduire ses revenus est la meilleure façon de diminuer son empreinte carbone... tout concorde. Je n'ai plus qu'à franchir le pas ! Ma seule (?) retenue provient du désinvestissement de ma "mission" professionnelle que cela implique. Étant responsable de l'organisation générale, si je réduis mon temps de travail cela va nécessiter des changements allant au delà de ma personne. Il me faut donc "lâcher prise" et cela m'est difficile puisque demandant une forme de désengagement (qui viendra pourtant tôt ou tard, par l'âge). Je pourrais aussi prendre une année sabatique, voire arrêter complètement en prenant une retraite anticipée. Je pourrais enfin m'engager dans une autre activité, plus en concordance avec mes préoccupations écologiques. Bref, je pourrais changer de voie, une nouvelle fois.

Qu'est-ce qui m'en empêche ? Pas grand chose. Il me faut simplement le temps suffisant pour laisser émerger en moi l'envie dominante. J'ai la chance de voir s'approcher [déjà !] l'âge de la retraite, donc le privilège inestimable de recevoir de l'argent sans obligation de travailler. Je peux choisir ce que je vais faire de ce privilège.

Actuellement je consacre une grande part de mon temps libre à m'informer, à tenter d'assembler dans toute leur complexité des idées antagoniques... et à rédiger des argumentaires en vue d'une prise en compte des enjeux planétaires au niveau local [restons modeste]. Je le fais par nécessité existentielle : si je ne le faisais pas je ne me sentirais pas en accord avec mes convictions. En dissonance. D'une certaine façon, en réalisant mes aspirations les plus fortes, je me sens à la juste place. Je pourrais vivre autrement, de façon plus insouciante, mais y trouverais-je mon équlilibre ? Bien sûr, je pourrais aussi choisir de privélégier une vie plus aventurière, plus contemplative, plus relationnelle, plus... oisive. Je pourrais même chercher à retrouver une vie amoureuse, domaine laissé en déshérence depuis maintenant fort longtemps. Qui sait, d'ailleurs, si ma désertion de l'espace sentimental n'a pas permis que je m'intéresse à tout autre chose ? En faisant le choix - un peu forcé - de m'émanciper affectivement, qui sait si je ne me suis pas ouvert des possibilités inatteignables autrement ? Libre d'attaches (ou presque), je le suis aussi de me faire plaisir comme bon me semble. Ainsi, je m'accorde autant de temps qu'il me semble utile pour enrichir et étayer mes connaissances.

Bon, d'accord : je reconnais que vivre en relative autonomie me prive de l'échange d'idées et que les plaisirs du partage sont réduits. Les rencontres collectives en visio, aussi nombreuses et diverses soient-elles, n'ont ni la saveur ni l'intensité du face à face, voire du tête à tête. Je me rassure en me disant qu'on ne peut pas tout avoir...

Et je me demande, au moment de publier, si tout ce qui précède a un autre intérêt qu'être posé là, comme jalon d'une pensée qui se cherche, hésite, tâtonne.

Commentaires
C
« on ne peut pas tout faire : prendre le temps et courir après le temps. »<br /> <br /> C'est tellement vrai ! je me permets de rebondir sur ta dernière phrase. Je me rends compte qu'elle date du 4 mai...Plus de deux mois. <br /> <br /> Je pense souvent à toi. Je sais que tu sais ma situation.<br /> <br /> Et que tu ne m'en veux pas de ne plus être assez présente.<br /> <br /> C'est la vie. les choses évoluent sans cesse, et il nous faut nous adapter, sans cesse aussi.<br /> <br /> je t'embrasse<br /> <br /> Avec toute mon amitié fidèle qui te reste.<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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B
Une vraie pensée se cherche, hésite, questionne, et cela prend du temps. Et donc, on ne peut pas tout faire...<br /> <br /> Cela faisait un moment que je n'étais pas passée par ici...
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M
Moi j'aime te lire. Et ton texte d'aujourd'hui me plonge dans ma propre pensée que j'essaie d'approfondir ces temps-ci.<br /> <br /> C'est le 1 et le zéro. J'ai compris plus profondément hier la valeur du UN. <br /> <br /> Dans ma vie quand je place le UN en premier tous les zéros qui suivront seront des plus, plus, plus.<br /> <br /> Dès que je place un zéro ou des zéros avant le UN peu importe leur nombre ils perdent leur valeur, leur puissance.<br /> <br /> Et souvent c'est ce que l'on fait on agit, pose des actions, entre en relation avant même d'avoir positionné le UN ce qui amène un résultat mitigé souvent aucun résultat.<br /> <br /> Je ne sais pas si ça fait sens pour toi mais quand je te lis tu sembles placer le UN à l'endroit où les 0 porteront fruits mais on reste sur ses gardes car il est facile de placer les 0 avant soi dès qu'on oublie notre but. Maty
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B
Tout ce qui précède, même hors de cet article, a un autre intérêt qu'être posé là.. Jalons, balises, bouées, tous ces mots laissés à butiner détaillent votre pensée, la clarifient et éclairent forcément celle de vos lecteurs. Merci pour ce temps de vous aux autres.
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