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Alter et ego (Carnet)
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29 novembre 2008

La colère qui libère

Je n'en parle qu'à demi-mots, mais ça couve en moi depuis longtemps. Trop longtemps. Ça vient de loin, de très très loin. Jour après jour ça évolue et se transforme, mais il faudra bien que ça sorte. D'une façon ou d'une autre. Ma libération en dépend.

Pendant plusieurs semaines j'ai tenté d'écrire quelque chose qui puisse servir d'amorce, sur l'espace plus intimiste de mon journal, mais à chaque fois que je me mettais devant le clavier beaucoup trop de pensées affluaient. Une bousculade de mots et d'idées contradictoires déboulait dans une cohue ingérable. Alors je refermais tout.

Insatisfait de cette abdication je sentais bien qu'elle était préférable. En attendant de savoir quoi faire...

J'ai fini par comprendre qu'il y avait beaucoup trop de colère en moi pour que je puisse m'en libérer comme ça. Une énorme colère qui aurait déferlé dans les hurlements braillards d'une charge assassine... si je l'avais lâchée.

Moi qui suis habituellement si calme...

Alors je me suis demandé que faire de cet impétueuse fureur. J'ai senti que comprendre son origine était prioritaire. D'abord préciser, scinder, détailler plutôt que de me laisser aveugler par une masse imposante que, de toutes façons, je ne pourrais cerner d'un seul coup. Une évidence s'est imposée : les conciliabules feutrés du coeur et de l'esprit resteraient infertiles aussi longtemps que les tripes en seraient maintenues à l'écart. Il était temps d'écouter cette voix du ventre à égalité avec les autres.

Mais sans précipitation...

J'ai laissé mes pensées me travailler, me tirailler au gré de mes propres contradictions. Et finalement j'ai laissé la vie me distraire, me happer, m'accaparer. Disperser mes préoccupations. Ventiler le noyau de ma concentration. Ne pas le laisser se dilater en s'échauffant en circuit fermé.

Prendre le temps, sans perdre la détermination...

Ce n'est que lentement que j'ai retrouvé un apaisement relatif après la mise en ébullition. Équilibre sans doute précaire, encore susceptible d'être déstabilisé, mais je crois que le plus fort de la tempête a été traversé. Sans dommages apparents.

Je ne sais pas encore s'il me sera utile de raconter d'où m'est venue cette colère, mais ce qui est certain c'est qu'elle a surgi de plus loin que ce qui l'a déclenché. Du fond de mes entrailles, de l'origine de ma conscience. De l'enfance. Quarante ans plus tard quelque chose a été ravivé avec suffisamment de violence pour être mis à jour. Il y a eu "trop", vraiment trop pour que ma capacité d'absorption l'accepte...

explosion

(image piquée sur internet)

Cette colère, cette rage devrais-je dire, j'ai choisi de m'en servir. Plutôt que de laisser se disperser l'explosion disproportionnée qu'elle aurait pu produire, je veux utiliser son énergie de façon productive. Exploiter la colère. Intuitivement j'ai préféré procéder à quelques explosions souterraines préventives. Invisibles et sans bruit. Pour évacuer le surplus. Des mots jaillis dans les spasmes d'une jouissance, mais à l'abri de tout autre regard que le mien.

Ce faisant, aurais-je trop bridé ma colère ? L'aurais-je, une fois de plus, refoulée ? Niée ? N'était-ce pas une superbe occasion de m'émanciper enfin de tergiversations à rendre fou ? Exulter dans la destruction irréversible d'une oeuvre inaccessible ? Tentation des instants de folie rédemptrice, quand la liberté passe par la mise à mort.

Je me suis longuement interrogé.
J'ai aussi entendu ce cri impérieux du ventre, la nécessité qu'il s'exprime.

N'était-ce pas le moment de profiter de cette énergie considérable pour dynamiter un excès de contraintes et d'injonctions ? Mais lesquelles ? et d'où, de qui, étaient-elles venues ? Pourquoi les avais-je acceptées ? Contre qui, contre quoi étais-je en colère ?

Me sachant vivre mieux dans la paix que dans la guerre j'ai considéré que je ne devais surtout pas me tromper d'objectif. Tout en gardant ma colère intacte dans son essence je voudrais optimiser sa puissance. La canaliser. J'ai pu sentir la force qu'elle représente et dont je sais pouvoir me servir. Dont je veux me servir, désormais...

C'est un ressort en tension. Il garde une énergie salutaire prête à se libérer. Mais à bon escient.

Commentaires
P
Alainx, j'entretiens avec la colère un rapport complexe. J'en ai tout simplement peur...<br /> <br /> Mais comme tu le dis, je ne peux pas la maîtriser constamment. Non seulement ça me met "en péril", mais en plus c'est comme si ça amputait une partie de mon existence. Je dois donc expérimenter et apprivoiser cette énergie.<br /> <br /> Tiens, ça me fait penser que j'ai rêvé cette nuit d'une situation où la colère me "sauvait"...<br /> <br /> Fillebavarde, je ne me prononcerai pas sur le fait qu'il soit "normal" ou pas de pleurer un amour qui vous abandonne, mais je suis certain qu'en comprenant ce qui est réactivé on peut trouver les leviers sur lesquels agir. C'est ainsi que j'ai procédé lorsque je me suis trouvé à la situation que tu décris, et j'ai retrouvé la paix au fur et à mesure de ce que je découvrais. Ce peut-être très long quand un ensemble complexe est réactivé...<br /> <br /> Cette connaissance des ressorts inconscients est effectivement la meilleure façon de ne pas se tromper de cible, ce qui ne ferait que surenchérir dans la complication. Il y a quand même quelques vertus à ne pas laisser la colère jaillir trop impulsivement :o)<br /> <br /> (le "tu" est bienvenu)<br /> <br /> Coumarine, ce qui m'inquiète dans la colère c'est qu'elle peut se tromper de cible. D'où mes précautions de tempérance. La colère est saine, certes, mais j'en redoute les dégats. Mal orientée elle peut être pire que ce qu'elle pourrait désamorcer.<br /> Je crois que je cherche quelque chose d'aussi improbable qu'une « colère calme ». Une colère mesurée, déterminée, ferme, mais sans l'aspect explosif, voire hystérique que l'on connaît tous. J'aimerais pouvoir être capable de dire ce qui me met en colère, ce que je ressens, c'est à dire pointer précisément sur ce que je n'accepte pas. Et non pas me "décharger" sur autrui en n'ayant pas suffisamment fait le tri de ce qui m'appartient et de ce qui vient de lui.<br /> <br /> Idéaliste ? oui... il paraît... ;o)<br /> <br /> Pati, merci pour ce que tu me dis :o)<br /> Oui, je crois que le temps que je prends pour aller au fond des choses me permet d'aller en profondeur. Ma colère finira par sortir, comme elle est déjà sortie par petits morceaux. Mais comme je le dis juste au dessus, je ne voudrais pas qu'elle soit déplacée, blessante pour autrui. J'ai tellement été "détruit" par les colère de mon père que je suis devenu hyperprotecteur... à mon détriment. Quoique ce serait assez simpliste d'en rester à ça : je bénéficie quand même de cette retenue en ayant cette capacité d'aller toujours plus loin à la recherche de ce qui vient de moi et ce qui vient de l'autre. D'un inconvénient (la retenue), je tire un avantage (l'analyse méticuleuse). Ce n'est certainement pas un hasard et je pense que cela convient à ma nature. Patience et précision.
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P
alain, chais pas pourquoi, mais je crois que je t'aurais bien aimé, en thérapeute ;)<br /> <br /> Pierre. tu es (de loin aujourd'hui) le blogueur que je lis le plus régulièrement. et tu sais pourquoi ?<br /> parce qu'en dehors du fait que tes notes sont intéressantes, bien sûr, elles sont toujours pour toi un moteur à aller de l'avant. Quelle que soit la question soulevée (et Dieu sait combien tu t'en poses! lol) tu arrives toujours (au bout d'un temps plus ou moins long) à y répondre, et que cette réponse te fasse avancer, et modifier ce que tu veux modifier. tu ne contournes pas l'obstacle, tu l'affrontes et c'est tellement chouette de voir ça :))<br /> certains effets prennent le temps de se mettre en place. Mais d'autres... ça fuse d'un coup, presque.<br /> <br /> ici, tu parles de colère. je ne reviendrai pas sur ce qu'a dit alain, qui est fort juste, se suffit à lui-même et dont je pense le moindre des mots.<br /> non, je dirai juste qu'en quelques allusions, ici, ou lues chez moi par exemple, tu as su poser la bonne question et tu commences à y répondre. je suis épatée par ta force à te bousculer, Pierre. je trouvais important de te le dire.<br /> <br /> que ça te foute la trouille, ce maelström bouillonnant en toi, je peux comprendre. mais je sais que toi, tu ne le laisseras pas te submerger. tu sauras y faire face, le disséquer, et le faire tien. et je sais même que si d'aventure tu avais un doute, ou une hésitation, tu saurais demander de l'aide. pour continuer ce travail de fourmi, et de titan à la fois, que tu as entrepris ici depuis déjà pas mal de temps.<br /> <br /> admirative, oui. mais surtout contente de voir qu'enfin vont sortir de tes entrailles des sentiments qui seront bien mieux hors toi que dedans.
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C
Pierre...<br /> je trouve aussi que cette colère est salutaire<br /> Mais elle t'effraie encore par sa violence que tu soupçonnes, non?<br /> Je relève que par deux fois au moins tes mots la tempèrent:<br /> - "Mais sans précipitation..." <br /> - "Il garde une énergie salutaire prête à se libérer. Mais à bon escient.<br /> Cela m'a frappée à la lecture...
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F
En envoyant le commentaire j'ai pensé que mon tire le plus juste devrait être : "De l'enfant a l'adulte et de l'adulte a l'enfant"...cela me parait bien plus juste.
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F
Je viens de lire ton billet et je ne pouvais passer sans y répondre tellement il me parle.<br /> Je traverse actuellement un divorce et tout ce que cela entraine en questions...en prise de conscience...Décidée a suivre une thérapie ma thérapeute m'a expliqué qu'il n'etait pas vraiment normal de pleurer ainsi un mari qui a décidé de partir...<br /> Elle utilise avec moi la psycho-généalogie et apres avoir tracé quelques "branches" m'a ouvert les yeux...m'a ouvert des portes...les portes de l'inconscient...<br /> Comme tu le dis si bien le présent nous renvoie dans le passé et lorsque l'on arrive a pointer sur ce qui a ravivé les douleurs (anciennes...cachées...refoulées)...on avance mieux.<br /> J'ai une énorme colère au fond de moi...je pensais qu'elle etait adressée a mon ex mari...et je comprends que son abandon a tout simplement fait rejaillir mon histoire a moi.<br /> Je suis un peu comme toi...je veux la comprendre...c'est une telle energie en nous.<br /> Mais en attendant parfois elle pointe son nez...et c'est tout un travail de ne pas la laisser s'échapper car il serait dommage qu'elle vienne gronder dans une situation qui ne serait pas la sienne.<br /> Ton image est a la hauteur de cette "bombe" qui doucement fait tic-tac au fond de nous.<br /> Bonne soirée...(je me suis permise d'utiliser le "tu").
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A
mon cher Pierre, il était temps !! ;)<br /> <br /> on ne peut garder, sans péril pour soi, les colères lointaines enfouies au fond du ventre et constamment refoulées...<br /> Et il faut qu'elles sortent avec leur violence originelle...<br /> Suffit de diriger celle-ci sur un "objet symbolique", et évidemment pas sur une personne de l'entourage... (Sauf si c'est un thérapeute évidemment !! lui sera comment agir !! A moins qu'il n'ait la trouille.... ! et se mette à l'interdire....!!)<br /> <br /> tu pourrais acheter une poupée vaudou à l'effigie de Sarko !! ou de Ségolène !! au choix !! ;))<br /> mais des gros coussins bien durs !! c'est pas mal non plus !!<br /> j'en avais quelques-uns dans mon cabinet...
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