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Alter et ego (Carnet)
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12 juillet 2009

Respiration

Je reviens vers cet espace d'expression sans savoir ce que je vais écrire.

Pourquoi y revenir si aucun besoin n'est là ? Je ne sais pas...

Peut-être est-ce parce que je sais que quelque chose s'y libère,
systématiquement, même lorsque je n'ai « rien à dire »...

* * *

J'ai pris conscience que ce que je proposais ici de mon intimité pouvait me mettre en situation de mal-être. Des réactions publiques à mes écrits peuvent me perturber et me faire consacrer une énergie mal employée, excessive, qui se dissipe en inutiles frictions. Je sais toute la valeur de la confrontation à autrui, mais je crois que cette valeur tient aussi de l'acceptation d'une inutilité : il est parfois vain d'expliquer, de tenter le dialogue quand c'est un avis fermé qui m'est jeté à la face. Quand l'autre n'est pas suffisamment ouvert et réceptif à ce qui peut le déranger il est inutile d'insister.

Honnêtement, je me sens assez indifférent à ce qu'on peut penser de moi... sauf quand c'est exprimé sur la place publique. Si j'apprécie les échanges collectifs, c'est avant tout pour l'apport positif que chacun peut en tirer. J'aime les commentaires "constructifs", qui permettent à chacun d'aller plus loin, ensemble. Ils peuvent être critiques, marqués par le désaccord, inviter au questionnement, peu importe, du moment qu'ils sont dans l'acceptation de la différence... Par contre, dès qu'ils deviennent jugeants ils excluent. Et je n'aime pas ça !

Je n'ai pas envie de consacrer de l'énergie à lutter contre ce type d'exclusion dérisoire. Je n'ai pas envie de voir mes sensibilités égotistes réveillées et prendre une place prépondérante. Je crois avoir mieux à faire. Mieux à proposer.

Un moment tenté par la privatisation des commentaires je n'en ferai finalement rien : j'ai à apprendre à réagir face aux interprétations et appropriations de mes mots par les autres. J'ai à accepter de voir parfois mes paroles déformées et travesties. Offertes, elles ne m'appartiennent plus vraiment. Et puis j'accorde trop d'importance à vos encouragements, apports, interpellations, pour m'en priver. Vos interventions relancent et entretiennent le dialogue intérieur source de mes écrits. Il suffirait que je cesse de me disperser en vaines explications, répétitions et reprécisions quand la sincérité de mon exploration est mise en doute. Vous, lecteurs, comme moi, avons tout à y gagner.

* * *

Ce que je viens d'écrire découle évidemment de quelques uns de mes récents billets, mais mon silence n'était pas dû qu'à cela : je vivais. J'ai beaucoup échangé ces derniers temps, de vive voix et en présence. Partage inscrit dans le réel, indispensable à mon équilibre et mon ancrage tout autant que le sont l'écrit et la réflexion en solitaire. Chacune de ces composantes nécessite que lui soit consacré temps et espace. Lorsque l'une devient prépondérante, je ressens le besoin de rétablir l'équilibre.

Retrouver des moments de solitude après avoir beaucoup partagé.
Rencontrer après avoir longtemps réfléchi en autarcie.
Alternance d'ego et d'alterité.
Respiration

respiration

Commentaires
K
Oui Pierre, la vie est dure. Je comprends qu’on se la rende la moins dure possible. Je pense que tout le monde le fait (du moins, si on n’est pas maso ;-) ).<br /> De toute façon, on n’a pas toujours les moyens d’aider l’autre... et dans ce cas, c’est vrai qu’il doit se débrouiller seul... parce que la vie est ainsi.<br /> <br /> Tu as bien fait de ne pas trop écouter mes attentes. Je crois que quand il y a frustration de l’un, il ne faut pas chercher trop loin : c’est que les gens ne s’accordent pas bien. Tout simplement. Il ne faut pas trop s’acharner et laisser les choses se faire... et comme tu le dis si bien, si les choses ne se font pas, c’est qu’elles ne devaient pas se faire.<br /> Je crois que j’ai tendance à un peu trop m’acharner là où il n’y a pas lieu.<br /> <br /> Pour ce qui est de ta sensibilité, je pense que tu la redoutes et qu’elle te pousse à te protéger. Mais je ne te jetterai pas la pierre, étant donné que j’ai fait ça pendant 36 ans.<br /> Avec ma récente rechute, j’ai compris pas mal de choses. Et surtout l’influence qu’avait cette anesthésie volontaire mais inconsciente (parce que j’étais en fait trop sensible) sur mes relations. Et encore aujourd’hui, j’ai du mal à me montrer chaleureuse. Comme tu l’as constaté récemment.<br /> <br /> Comme je te l’ai souvent dit, nous nous ressemblons beaucoup... ce que je crois toujours. ;-)<br /> <br /> Tu écris « Nous ne grandissons pas en étant éternellement protégés de la réalité de la vie. » et je crois que tu ne dois pas l’oublier... ;-)
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J
Oui, sourire, je suis d'accord avec toi, je ne voyais pas du tout une idée d'élitisme là-dedans (ma formulation visait putot de taquiner Pierre et je crois qu'il a compris)je vois néanmoins une idée d'affinités electives qui font que les relations seront plus "faciles" entre gens de même "ressentis et désirs" bref, je résume poarce que j'ai du mal à écrire tout ça mes pensées vont plus vite que mes doigts et quand Pierre dit que cela serai tbien plus simple de vive voix, j'espere avoir un jour une autre occasion de le rencontrer ppour en papoter, tout en espérant que mon impulsivité, ma "violence" et mon ton peremptoire prfois ne l'effarouche pas et ne le bloque pas dans une coquille hérmétique, rire!!!<br /> Tu prends l'exemple de la dépression...j'ai moi-même souffert de dépression et je confirme il est très difficile d'en faire part et de faire comprendre aux Autres ce qu'il en est...<br /> ... et moi aussi la démarche de pierre m'interesse :-) sur son gros tas de mots je prends et je laisse et parfois je réagis. ;-)
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S
Alors là, suis pas d'accord!... Julie!<br /> <br /> Et scrogneugneu, c'est moi qui vais me fâcher!<br /> <br /> Allez, on range les coquilles de Caliméro!<br /> <br /> Bon, perso, je n'en suis pas DU TOUT au même stade que Pierre...<br /> <br /> Pis, je n'ai absolument pas envie d'essayer d'arriver à ce stade... il chemine doucement mais surement vers le détachement quasi-bouddhiste, voire vers un certain stoïcisme alors que je me repais joyeusement dans un épicurisme assumé et dans l'audace la plus complètement casse-cou, quelqu'en soit le coût et le coup...<br /> <br /> Nous changeons donc,.. en sens inverse, lui et moi :-)<br /> <br /> Et sur le thème des relations interpersonnelles, alors que j'ai un temps moi aussi cru à la possibilité et au caractère souhaitable de "l'indépendance affective", je m'accepte délicieusement comme "dépendante affective" potentiellement sujette à de futures atroces souffrances lol<br /> <br /> Et pourtant, la démarche de Pierre m'intéresse... je la respecte et je l'admire, non parce que je l'"envie" ou ai envie d'adopter la même, mais parce que 5 ans de cotoiement plus ou moins proche de cet homme m'a convaincue que cette démarche est celle d'un être authentique, généreux et courageux...<br /> <br /> Je n'interprète pas comme toi ses mots "ne peuvent comprendre que ceux qui sont parvenus à ce stade" (pas les mots exacts, j'ai la flemme de les rechercher)... je n'y vois pas la connotation de supériorité élitiste et entendue entre gens qui-savent-ne-pas-souffrir que tu y perçois... Je pense qu'il a simplement voulu dire qu'il y a des choses, des ressentis, des émotions, des sentiments, qu'on ne peut vivre que quand on est dans un certain état d'esprit... que quand onest passé par certaines phases de vie, certaines étapes... Je vois ceci comme la dépression qui m'a clouée au sol pendant de longs mois et dont je ne suis pas encore tout à fait sortie, 2 ans après... c'est très difficile de faire comprendre l'état dépressif à celui qui ne l'a pas connu... même s'il est rempli de "compassion" et de désir de "compréhension"...<br /> <br /> Voilà, je m'arrête là...<br /> <br /> Ah non, une dernière choses... ne jamais croire qu'on a parlé/écrit pour *rien*.... tu as semé une graine (ou plusieurs), avec tes mots... et parfois, tu as la surprise rapidement ou longtemps après, de t'apercevoir qu'elles ont **germé**.<br /> <br /> Bonne journée à toi<br /> <br /> SolAnge
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P
Naaoonnngrrrroaaar, j't'en veux paarrrrgh ! ;o)<br /> <br /> Hé hé, ça ne me dérange pas qu'on me pousse dans mes retranchements, ça fait sans doute ressortir quelque chose de plus authentique, moins calibré et apprêté :o)
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J
hihihi Pierre, tu m'en veux pas, hein, je n'ai aucun intérêt perso à défendre, j'aime bien "pousser" c'est tout ;-))) Je t'aime bien Pierre :-)))))
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J
Oups! j'ai lu ton 46 comm, que tu devais écrire pendant que je rédigeais le mien... :-) Je crois que ta dernière phrase : "Sans doute pas très facile à comprendre tant qu'on n'est pas parvenu à ce stade." résume bien le sentiment que j'ai et qui me fait penser que mon précedent commentaire est parfaitement inutile. Dans le sens où comme je le pense souvent, ta démarche est la tienne et respectable, et finira par s'ajuster à des personnes qui auront -et seulement ces personnes là à mon avis- qui auront fait la même globalement et en seront au "même stade"...pour les autres, petites créatures faibles tributaires de leurs affects et de leurs impulsions, rire, la souffrance sera forcemment au rendez-vous..(je parle dans le cadre evidemment d'une relation "sentimentale? affective? amoureuse?? j'avoue ne plus savoir quel mot employer, rire!! Bises affectueuses Pierre.
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P
Wouaaaah, l'autre ! Dis donc, tu serais pas en train de me faire la morale, Julie ? ;o)<br /> <br /> Tout ce que tu dis est ÉVIDENCE (dommage que je puise pas écrire en caractères taille 48). Je le sais bien et le pratique, comme je l'ai pratiqué durant 25 ans de vie de couple ! Donner de soi, faire des concessions et sacrifices, répondre aux attentes... parce qu'on a envie d'offrir ce plaisir, parce qu'on aime, parce que c'est ça aussi la tendresse et l'attention.<br /> <br /> Non mais pour qui on me prend ici ? Hé oh, c'est pas fini de me faire passer pour un égoïste sans coeur ?<br /> <br /> « Une relation c'est une interaction, l'un est l'autre sont responsable des ressenti de l'un et l'autre au moins à 50% si je réagis comme ça c'est aussi que ce que tu fais me pousse à réagir ainsi et aussi parce que ma nature, mes manques,mon passé en rajoutent une couche! »<br /> <br /> Entièrement d'accord avec toi ! Mais sans oublier que ça va dans les deux sens. Actions et réactions réciproques. Si j'ai tel ou tel comportement c'est aussi parce qu'en face de moi il y a un comportement qui m'y conduit.<br /> <br /> Ce n'est pas en se mettant dos à dos qu'on arrive à quelque chose, mais en se mettant ENSEMBLE, donc en passant par le dialogue. Dialogue avec l'autre ET dialogue intérieur.<br /> <br /> Je ne crois pas être en reste en ce qui concerne le dialogue.<br /> <br /> Se souvenir aussi qu'on ne se rencontre pas par hasard et qu'on va souvent vers qui peut nous aider à avancer en nous-même... <br /> <br /> Et ne jamais oublier que ce qu'on entend d'une histoire n'en est qu'une des versions. Entre TA vérité et MA vérité il y a LA vérité, rappelle SolAnge. Ça s'appelle les faits.<br /> <br /> Pour ta frsutration je la comprends, mais si ça peut te rassurer je me suis dit que j'avais de quoi écrire une trentaine de billets rien que pour "répondre" à ton commentaire tant il ouvrait de pistes ! Preuve que je n'y ai pas été indifférent, loin de là.<br /> <br /> Rognnntudjuuuuuu !
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J
"Quand j'écoute la frustration de l'autre (...) J'essaie de voir ce que je peux faire, mais je ne vais pas me "sacrifier", fausser ce que je me sens être, pour réduire artificiellement et temporairement la souffrance de l'autre. Ce serait de la tromperie, de la manipulation."<br /> <br /> ** Il me semble pour ma part qu'écouter la frustration de l'autre est déjà un grand pas, sourire, je connais des personne qui refuse de l'entendre, qui la nie, voir qui use de la force ou de la colère pour la baillonner chez le partenaire. Lol nous sommes donc loin de tout ça ici, n'est-ce pas?! ;-) Néanmoins quand on qse place dans la position bienveillante d'entendre la frustration de son partenaire et que l'on a la volonté aimante et sincère d'y apporter une réponse (et je parle aussi en rapport à ma propre expérience) et bien la réponse on la trouve et elle est toute simple : savoir temporairement, ponctuellement et légèrement s'oublier" pour "faire plaisir" à l'autre, celui qu'on "aime" qui nous plait, pour lequel on a de la tendresse, ou tout autre sentiment quel qu'il soit mais suffisant en tout cas pour que l'on ait cette enve de faire ce petit, délicieux et si petit "sacrifice" que de laisser de coté ses propres besoins (non vitaux hein?;-) un instant!!Je ne crois pas qu'agir ainsi ponctuellement c'est se "fausser, se sacrifier" ni que la démarche soit celle de l'artifice!! Quand bien même et à condition evidemment que cela ne se reproduise pas trop souvent ou tout du moins que cela soit discuté avec l'autre (que lui aussi se rende compte de l'effort (agréable car animé de sentiment et d'amour) consenti pour lui dans le but de lui montrer sa non-indifférence, et quand bien même donc : une souffrance de l'autre ne mérite t-elle pas que l'on use "d'artifice" pour la soulager ne serait-ce que temporairement pour ensuite conduire l'autre rassuré vers plus d'autonomie?? Je ne crois pas que faire cela se soit se perdre ou se sacrifier...quansd on sait qui on est, quand on connait ses besoins, ses faiblesse, on ne se perd pas à user de quelques "artifices"(le terme me déplait) pour aider l'aiutre ponctuellement à se dépatouiller de ce qui est encore fragile chez lui... c'est un peu la tendresse ça non?<br /> <br /> "Une personne qui ressent de l'indifférence est en souffrance, certes... mais dans quelle mesure ne choisit-elle pas de ressentir les choses ainsi quand, manifestement, l'autre n'est pas indifférent ?"<br /> <br /> ** Le sentiment d'indiférence est très complexe il rejoint souvent celui de l'abandon,et je ne crois pas qu'il se résume en une seule cause, source ou attitude!! Je pense aussi qu'une personne qui se sent "rejetée" qui ressent de l'indifference à son égard a justement besoin de "preuves" d'amour, d'intérêt, d'affection peut-être plus qu'une autre c'est certain, la question serait plutot de savoir si on a le désir de lui apporter ces preuves, plutot que de dire qu'"elle fait le choix" de ressentir cette indifférence!!! Pour cela encore il faut un minimum d'empathie, d'implication, de ressenti et de risque, donc dans l'act exprimer son intérêt peut-être de façon plus accentuée, plutot que de taire sa non-indifférence!! <br /> <br /> Mais il semblerait que ces propositions soient finalement contraires à la démarche de ce qui est dit ici,(l'autre devant acquérir une telle autonomie affective que tous les sentiments qu'il ressents ne sont que de son fait???) à savoir la libraimance serait-ce la liberté d'être aimé seulement comme on le souhaite? Deux être maitre d'eux-même, dont l'échange serait fluide, détaché de toute émotion si ce n'est peut-être au final de se voir renvoyer une image positive et d'ailleurs dans l'amour n'est-ce pas toujours plus ou moins le but poursuivi?? La libraimance (au delà du concept de plusieurs amours ce que je conçois bien, l'exclusivité est loin d'être un must quand elle plus ou moins imposée) n'est-elle pas finalement que pour soi, car si l'on veut être aimé, désiré, exactement comme on est, peut-on réellement aller vers l'autre, fondre un peu de soi-même dans l'autre et vice versa , pour que les deux être se rejoignent sans la barrière de l'individualité? <br /> Toujours rendre responsable l'aiuutre de ce qu'il ressent, sans avoir cette démarche tendre d'aide et de concession parfois, je trouve ça un peu fort quand même, si chacun est responsable de ce qu'il ressent, finalement à quoi sert l'autre? (je résume mais bon) Ce que je veux dire, c'est trop facile de dire : tu ressens de la frustration alors va donc voir en toi ce qui fait que tu te sentes si frustrée!! ok c'est bien, mais je dirais aussi : et si moi j'allais voir ce qui en moi fait que je frustre les gens? la position de victime existe bel et bien et certes il faut en sortir (je sais de quoi je parle :-) mais la position de "bourreau existe aussi, il serait bon que certain s'en rende compte!! Un e relation c'est une interaction, l'un est l'autre sont responsable des ressenti de l'un et l'autre au moins à 50% si je réagis comme ça c'est aussi que ce que tu fais me pousse à réagir ainsi et aussi parce que ma nature, mes manques,mon passé en rajoutent une couche! voilà... désolé pour ce loooong comm, rire. (mais je me suis sentie FRUSTR2 que tu ne reprennes pas mes propos du précédent comm point par point na ! :P
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P
Hum... nous voila un peu dans les confidences privées et j'espère que pas trop de monde viendra lire ce 46eme commentaire...<br /> <br /> Oui, il m'est difficile de me voir partiellement responsable de souffrance, parce que je voudrais apporter du bonheur plutôt que de la souffrance.<br /> <br /> Oui, je souffre de voir souffrir, même si j'ai acquis cette capacité d'endurer la souffrance que je cause malgré moi.<br /> <br /> Nous avons souvent parlé de cela avec (toi) Kyrann, qui aurait aimé beaucoup plus que je ne pouvais offrir. J'ai choisi de m'écouter et de ne pas aller au delà de mes possibilités. L'image du coffret de plomb m'a fait rire, mais elle est tout à fait juste !<br /> <br /> SolAnge, il y aurait beaucoup à dire sur la délivrance que j'ai pu attendre autrefois. En effet... aurais-je vraiment été "délivré" ? Et de quoi ? Est-ce que mon cheminement n'a pas été bien plus abouti parce que je me suis retrouvé seul face à moi-même ? Il a fallu que je touche la douleur de la perte (angoisse d'abandon, etc.) et que je la vive jusqu'au bout, jusqu'à épuisement, pour en sortir "vivant". Mon émancipation était à ce prix. Je crois que plus jamais je ne serais "dépendant" de l'affection d'autrui. Quelle liberté intérieure ! Et c'est grâce à cette autonomie affective que je pense pouvoir aimer vraiment, à ma mesure et non pas en me perdant dans des désirs déconnectés de la réalité de l'autre.<br /> <br /> C'est parce que je suis "détaché" d'attentes que je peux m'attacher librement. Et supporter sans dommages de voir l'autre s'éloigner...<br /> <br /> Sans dommages mais pas sans tristesse ni sentiment de... dommage.<br /> <br /> Maintenant je me sens capable d'aimer "vraiment", et de *donner* sans attentes. Donner vraiment, et pas prêter. Donner à la hauteur de ce qui m'est possible. Parfois c'est peu. Trop peu, apparemment.<br /> <br /> Sans doute pas très facile à comprendre tant qu'on n'est pas parvenu à ce stade.
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P
Kyrann, il y a quelques mots que j'ai trouvé lumineux autour de la quête du bonheur que nous souhaiterions tous : « qui a dit que la vie n'était pas dure ? ».<br /> <br /> Oui, souvent c'est dur. Souvent nous sommes frustrés. Le bien-être est un combat... contre soi.<br /> <br /> Quand j'écoute la frustration de l'autre en vue de voir comment la réduire, je ne garantis aucun résultat. J'essaie de voir ce que je peux faire, mais je ne vais pas me "sacrifier", fausser ce que je me sens être, pour réduire artificiellement et temporairement la souffrance de l'autre. Ce serait de la tromperie, de la manipulation.<br /> <br /> Une personne qui ressent de l'indifférence est en souffrance, certes... mais dans quelle mesure ne choisit-elle pas de ressentir les choses ainsi quand, manifestement, l'autre n'est pas indifférent ?<br /> <br /> Je parle-là de ma propre expérience, éclairée par mon cheminement depuis.<br /> <br /> Je peux paraître très dur en écrivant cela, mais je sais par expérience personnelle que certaines duretés sont salvatrices. Si j'ai pu sortir d'une grande souffrance c'est parce que j'ai rencontré en face de moi une attitude ferme. Ce qui a été dur à vivre m'a permis de changer ma façon d'être. Je ne crois pas que la douceur soit toujours la meilleure aide que l'on puisse apporter. Nous ne grandissons pas en étant éternellement protégés de la réalité de la vie. Entre adultes l'important est que chacun reste cohérent avec lui même et ne cède pas devant les exigences de l'autre qui pourraient pervertir la sincérité du lien.<br /> <br /> Je peux être extrêmement ferme sur ce point... pour vivre une relation équilibrée ou chacun se sent libre d'être soi.<br /> <br /> Pour ce qui est du désir, il s'agit d'un macanisme extrêmement complexe et en mouvement permanent où chacun ne tient qu'un seul des éléments de manoeuvre. Je ne pousse personne à ne plus me désirer, mais à me désirer de façon compatible avec mes propres désirs (et réciproquement). Sinon c'est sans issue. L'intimité profonde n'est possible que dans ce respect de l'autre et de ses désirs.<br /> <br /> SolAnge, j'apprécie que tu me vois éloigné de cette "indifférence" que l'on m'attribue parfois. Je dois dire que ça me peine encore plus que ça me blesse, parce que je sens cela comme profondément faux et injuste. Je ne sais pas s'il existe des personnes indifférentes aux autres, mais pour ma part je ne peux le concevoir. Et c'est précisément parce que je ne suis pas indifférent qu'il m'arrive de me tenir à distance. Parce que l'autre m'affecte dans son mal-être. Sentir quelqu'un de "mal en lui-même" me touche en profondeur, et me touche parfois tellement que je ne peux rien faire d'autre que me préserver.<br /> Ça ressemble à de l'indifférence, mais c'est son contraire. Peut-être parce que je me sens trop non-différent, trop "pareil", et me mest facilement en "sympathie" (= souffrir avec). Le métier auquel je me destine me mène vers des personnes en souffrance et j'apprends à me différentier de l'autre. Ce qui consiste à ne pas m'identifier et à bien remettre ces personnes face à leur propre responsabilité dans ce qu'elles vivent et ressentent. On n'est que rarement "victime" des autres, mais très souvent de soi.<br /> <br /> Je le sais d'autant mieux que j'ai pris conscience de ma propre attitude victimaire, jusqu'à il y pas si longtemps. Si maintenant je me dis globalement heureux, en paix et serein, c'est parce que je ne suis plus en guerre contre l'extérieur, mais en travail intérieur.<br /> <br /> Oui, cent fois oui, ça vaut le coût/coup de me confronter à vos remarques, à vos désaccords, à votre différence. C'est génial la différence, pour évoluer :o)<br /> <br /> Le doute est salvateur, j'en suis convaincu depuis longtemps. Si je parviens au bien-être actuel c'est parce que je suis en doute constant. Ou du moins... prêt à remettre constamment en question mes certitude du moment.<br /> <br /> Pour ce conditionnel autour de la souffrance de mes partenaires... oui, il est surprenant (il m'a écahappé). Je sais qu'il leur arrive de souffrir. Je sais aussi que cette souffrance est... un choix de leur part (choix inconscient) et sur laquelle elles ont un pouvoir. D'où mon conditionnel : cela dépend d'elles. <br /> <br /> Est-ce que je suis responsable d'une part de leur souffrance ? Oui, puisque si j'agissais conformément à leurs désirs elles ne souffriraient pas. Alors qu'en restant dans la relation je deviens co-participant de leur souffrance. Je pourrais partir en leur disant que leur souffrance me fait souffrir et là chacun ne serait responsable que de sa propre souffrance. Sauf que... ben justement, je pense avoir la capacité de supporter de les voir en souffrance sans pour autant les abandonner pour me préserver. Je pense qu'on peut s'entraider dans nos difficultés respectives en en parlant, en vivant ce que l'on peut vivre, en étant attentif à ce que vit et ressent l'autre. Toute relation est une chance d'évolution, même quand elles ont quelque chose de difficile à vivre. Surtout là, d'ailleurs...<br /> <br /> A te lire, il semble que nous soyons sur un chemin comparable :o)
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