Respiration
Je reviens vers cet espace d'expression sans savoir ce que je vais écrire.
Pourquoi y revenir si aucun besoin n'est là ? Je ne sais pas...
Peut-être est-ce parce que je sais que quelque chose s'y libère,
systématiquement, même lorsque je n'ai « rien à dire »...
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J'ai pris conscience que ce que je proposais ici de mon intimité pouvait me mettre en situation de mal-être. Des réactions publiques à mes écrits peuvent me perturber et me faire consacrer une énergie mal employée, excessive, qui se dissipe en inutiles frictions. Je sais toute la valeur de la confrontation à autrui, mais je crois que cette valeur tient aussi de l'acceptation d'une inutilité : il est parfois vain d'expliquer, de tenter le dialogue quand c'est un avis fermé qui m'est jeté à la face. Quand l'autre n'est pas suffisamment ouvert et réceptif à ce qui peut le déranger il est inutile d'insister.
Honnêtement, je me sens assez indifférent à ce qu'on peut penser de moi... sauf quand c'est exprimé sur la place publique. Si j'apprécie les échanges collectifs, c'est avant tout pour l'apport positif que chacun peut en tirer. J'aime les commentaires "constructifs", qui permettent à chacun d'aller plus loin, ensemble. Ils peuvent être critiques, marqués par le désaccord, inviter au questionnement, peu importe, du moment qu'ils sont dans l'acceptation de la différence... Par contre, dès qu'ils deviennent jugeants ils excluent. Et je n'aime pas ça !
Je n'ai pas envie de consacrer de l'énergie à lutter contre ce type d'exclusion dérisoire. Je n'ai pas envie de voir mes sensibilités égotistes réveillées et prendre une place prépondérante. Je crois avoir mieux à faire. Mieux à proposer.
Un moment tenté par la privatisation des commentaires je n'en ferai finalement rien : j'ai à apprendre à réagir face aux interprétations et appropriations de mes mots par les autres. J'ai à accepter de voir parfois mes paroles déformées et travesties. Offertes, elles ne m'appartiennent plus vraiment. Et puis j'accorde trop d'importance à vos encouragements, apports, interpellations, pour m'en priver. Vos interventions relancent et entretiennent le dialogue intérieur source de mes écrits. Il suffirait que je cesse de me disperser en vaines explications, répétitions et reprécisions quand la sincérité de mon exploration est mise en doute. Vous, lecteurs, comme moi, avons tout à y gagner.
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Ce que je viens d'écrire découle évidemment de quelques uns de mes récents billets, mais mon silence n'était pas dû qu'à cela : je vivais. J'ai beaucoup échangé ces derniers temps, de vive voix et en présence. Partage inscrit dans le réel, indispensable à mon équilibre et mon ancrage tout autant que le sont l'écrit et la réflexion en solitaire. Chacune de ces composantes nécessite que lui soit consacré temps et espace. Lorsque l'une devient prépondérante, je ressens le besoin de rétablir l'équilibre.
Retrouver des moments de solitude après avoir beaucoup partagé.
Rencontrer après avoir longtemps réfléchi en autarcie.
Alternance d'ego et d'alterité.
Respiration