Fragments de voyage (1)

Comment transmettre les sensations d'un voyage ? Comment décrire les contrastes qui font passer des grands espaces aux lieux confidentiels, de la modernité à la nature sauvage, des couleurs explosives aux nuances les plus subtiles, des détails à l'immensité ? Comment dire l'infinité des fragments qui font qu'un mode de vie, par ses différences, devient une autre culture ?

Un voyage ça ne se raconte pas : ça se vit.

Alors... qu'en dire ? Le désir est là de partager cette richesse. Peut-être pour faire un peu rêver... peut-être pour réveiller l'envie de partir... Parce que partir est toujours une aventure et qu'à ce titre cela demande une énergie préalable. Celle d'oser quitter le confort des habitudes rassurantes. Celle d'oser affronter l'inconnu et remettre en jeu des certitudes étriquées. Le monde est tellement différent dès qu'on s'éloigne du sien. La vie est dans le changement, et les voyages y sont propices. Voyager les yeux grands ouverts c'est aussi avancer vers soi.

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Prendre la route, m'éloigner des villes et des grands axes a l'allure très américaine ;

La route historique, étroite et sinueuse, traverse les anciens villages. Les maisons y ont des couleurs et une architecture parfois fort originale.

Le Québec, c'est le pays des couleurs ! .

Suivre le Saint Laurent, fleuve gigantesque qui oriente le paysage ;

Découvrir les premières forêts colorées, à l'incroyable diversité .

Une nature plus sauvage dès qu'on s'éloigne du fleuve et de ses rives habitées... .

Immensité

(à suivre...)

Comments

[Pierre]

Josiane, si je retrouve l'étroitesse de la réalité il m'appartient de l'élargir, en orientant mieux mes choix : m'ouvrir davantage à ce qui me fait du bien et me tenir à l'écart de ce qui est "étroit" (bien souvent une certaine tournure d'esprit des personnes que je cotoie, voire de la culture ambiante...).

Camille, bien sûr le voyage est avant tout intérieur. Le dépaysement géographique ne fait que le favoriser, le stimuler, pour peu qu'on s'en laisse l'espace mental. C'est en ce sens que j'ai fait ce voyage.

Et comme tu le soulignes, Nadine, l'ouverture vers l'inconnu nous met face au réel et ses surprises, réduisant le risque d'une pensée en circuit fermé... à l'abri de toute déstabilisation.

Annick, en relisant ton intervention je réalise que je suis allé exactement dans le même sens que toi en te répondant à Josiane, plus haut :o)

[Annick]

"Le retour au quotidien me fait cependant mesurer à quel point, durant ces quelques jours, je me suis "évadé" d'une réalité que je retrouve... encore plus étroite que je n'en avais conscience"

Quelque soit le voyage, que l'on soit parti loin ou moins loin, que ce voyage ait été dans un pays ou dans une activité, qu'il se soit fait seul ou en compagnie, si l'évasion a été rendez-vous il est difficile effectivement de se retrouver confronté au quotidien... A chacun d'élargir ce quotidien afin que son étroitesse ne nous étouffe pas.

[nadine]

pour moi ce n'est pas une boucle !...un échange est ouvert ....et des paradoxes, il en existe en permanence.
Poursuivre l'échange, pourquoi pas ...à l'occasion !

[camille]

....est de se comprendre, mais c'est intéressant aussi de *nous* comprendre, non? aussi, comme essaie de le faire pierre depuis X années, mettre en mots ce qu'on ressent pour en faire *profiter* les Autres, c'est enrichissant ;-)

je n'ai pas dit que la boucle était bouclée, j'ai juste posé la question de savoir SI la boucle était bouclée par rapport à ce que nous venions d'échanger toutes les deux (et également par rapport aux paradoxes soulevés);-)

doit-on poursuivre?

[nadine]

... autre chose...

la perception de la réalité me semble faussée en restant dans son cocon.
Seul l'imaginaire voyage, mais pas la personne en tant qu'être vivant.
Peut être que cette personne souhaite rester dans son cocon, par peur de découvrir ou d'éveiller des frustrations que son imaginaire ne supporterait pas ?... ou parce qu'elle a subi de profondes meurtrissures dans sa vie réelle et qu'elle veut se préserver ??

[nadine]

Pourquoi dis tu la boucle est bouclée, Camille ??

C'est pas parce que le réel ne correspond pas à l'imaginaire qu'on s'était forgé dans certains cas, ou parce que le réel ne répond pas à l'imaginaire qu'on souhaiterait, dans d'autres cas, qu'il faut en tirer la conclusion que l'imaginaire et le réel sont incompatibles dans tous les cas !!
Tout se résumerait-il à l'image ???
...incompatibilité du rêve et de la réalité ?

La dimension sensorielle ou sensuelle peut avoir existé, puis disparaître, ou ne jamais exister parce que le courant ne passe pas... c'est indépendant de notre volonté.

... moi aussi, c'est peut être tiré par les cheveux...mais je me comprends !!...

[camille]

l'apport de l'extérieur est important: il faut 'juste' l'avoir *vécu* (MAIS il peut ne plus exister....une relation achevée, par ex)

ce que j'opposais, c'est l'imaginaire et le vécu avec cette subtilité qui fait qu'on peut avoir 'vraiment' vécu des situations comme si elles étaient 'imaginaires' (ou bien 'déformées' par nos perceptions)

rien n'est *simples* mais tout est *passionnant*

merci de ta remarque, nadine: je *l'interprète*, la *vois* ds sa dimension 'sensuelle, sensorielle' et je suis convaincue de sa nécessité quasi 'absolue' pour alimenter notre imaginaire (et justement, même *en présence*, elle est parfois 'absente', cette dimension! sourire :-))

la boucle est bouclée?

mon expression manque de clarté mais j'expérimente, j'essaie qd même :-(

[nadine]

Camille tu écris ...
"voyager sans quitter sa maison "
... oui !... si on veut, mais à condition d'avoir un apport de l'extérieur pour alimenter l'imaginaire... seul, on a vite fait de tourner en rond dans son cocon !!
Internet est là pour ça, mais il ne délivre pas de sensations visuelles, olfactives, tactiles et émotionnelles réelles.
C'est bon de "toucher" le réel parfois.

[camille]

....c'est, à mon sens, confronter l'imaginaire avec le réel ;-)

les rencontres (avec un paysage, une personne, une culture) nous amène à cette confrontation

cependant, on peut aussi "voyager les yeux grands ouverts", tout en se fabricant un cocon et se donner l'illusion à la fois du *voyage* et de la *rencontre* intérieure et/ou extérieure....ça m'est arrivé ;-)

ah, ces paradoxes! ;-)

du coup, ce n'est pas 'forécement' une question de moyens financiers: on peut *réellement* voyager 'intérieurement' sans quitter sa *maison*

merci, pierre, tu sais que je ne me lasse pas des photos et là, je savoure ;-)

[Josiane]

Pierre, ta réponse à ma question, me montre qu'en effet tu as continué ton voyage intérieur tout en effectuant ce voyage qui a été pour toi d'une si grande intensité.J'en retiens qu'il ne peut effacer ce qui a touché le coeur,que malgré tout tu trouves dommage de ne pouvoir partager la beauté éblouissante de l'instant présent (ce que tu essayes toutefois de partager avec nous par ces si belles photos)et qu'au retour après cette "évasion" tu retrouves la réalité bien plus étroite que tu ne le pensais. Donc, comme le dit Nadine, tu es revenu bel et bien métamorphosé. Disons qu'à travers la question que je posais, je voyais le désir qui était suivi du plaisir, mais sachant que le plaisir ne dure pas, je cherchais à savoir si la joie de vivre était plus forte après, ici et maintenant...