Rire de l'absurde
C'est une idée bien à la mode : « il n'y a pas de hasards ». On peut plus justement parler de coïncidences et de synchronicités, qui nous font percevoir avec une acuité particulière certains éléments à un moment adéquat de notre parcours. C'est ce qui m'est arrivé aujourd'hui...
Il se trouve que, il y a quelques jours, j'ai farfouillé dans un de mes poussiéreux dossiers consacrés à mes premières correspondances d'amitiés-amoureuses sur internet [oui, au début j'imprimais les correspondances, comme s'il s'agissait de bonnes vieilles lettres sur papier]. J'ai rapidement abandonné cette dispendieuse pratique, mais je conserve encore ces volumineux dossiers qu'il ne me viendrait pas à l'idée de relire : c'est du passé. Sauf le dernier, fort peu épais [parce que j'ai cessé d'imprimer], dans lequel j'ai parfois été chercher des éléments de compréhension de ce qui est advenu ultérieurement. Donc je cherchais les tout premiers échanges qui avaient eu lieu avec mon amie Libellule. J'ai retrouvé ma première missive et le début de la correspondance qui a suivi. Je ne vous ferai pas état des émotions contradictoires qui m'ont traversé parce que je suis totalement incapable de faire le tri dans cet imbroglio rigolo-tristo-absurde. Mais ce qui est certain c'est que j'étais davantage heureux que triste. Bon, j'ai rapidement laissé tout ça en plan, parce que... parce que ça ne mène à rien de regarder l'absurdité dans le blanc de ses yeux glauques. Voilà !
Quand je dis que j'ai laissé en plan, c'est à prendre au sens littéral : tout étalé par terre dans la pièce où je range ces dossiers ! Et puis aujourd'hui ces feuillets attirent de nouveau mon regard et je saisis quelques pages agrafées, à demi-relues. Le début je le connais quasiment par cœur parce que c'est en quelque sorte une référence quant à ma pratique de l'écriture intime en ligne. La suite, je l'avais rarement relue et je ne me souvenais pas de ce qu'elle évoquait. Mais si j'avais imprimé ces quelques pages, c'est qu'elles avaient du sens. Ah ça, pour en avoir elles en avaient ! Et il restait intact, drôlement actuel !
Parce que là, paf, la surprise ! Je redécouvre le récit d'une situation euh... très comparable à ce que... [pfff... que c'est compliqué de dire sans dire...] enfin bref : je lis ce que j'avais besoin de lire. Quelque chose qui correspond à une intuition profonde et insubmersible. Ça m'a fait un bien fou ! Donné un sourire jusqu'aux oreilles, en même temps que je me disais « Mon Dieu, quelle absurdité ! » [je ne dis jamais "mon dieu", sauf quand ça dépasse l'entendement]. J'ai fait le geste de me taper la tête sur les murs [heureusement que personne ne me voit...], et j'ai senti monter le goût des larmes d'une sorte de bonheur teinté d'impuissance.. Avec une envie énorme de voir se dissiper des montagnes de malentendus. Woufff, depuis combien de temps n'avais-je plus ressenti ce genre d'émotions ? Combien d'années ? [bonne nouvelle : ma capacité à m'émouvoir est restée intacte, hé hé...]
Bon, je peux pas vous dire ce que j'ai lu, ni même vous en donner une idée, mais ça m'a vraiment fait du bien. Je me suis senti... à ma juste place et cela m'a fait ressentir une grande assurance, une force intérieure. Celle qui si souvent me fait défaut...
Là où la coïncidence prend son sens c'est que cette lecture surgit au moment-même où opère un grand remue-méninge dans mon encéphale. Parce qu'il y a une sorte d'hésitation entre deux voies : celle que, en toute logique intellectuelle et raisonnable, je SAIS devoir choisir et celle qui, en toute humanité intuitive et émotionnelle, je SENS se choisir.
Peut-être n'aurez-vous pas compris grand chose à tout ça, mais j'avais envie d'en dire quelques mots. J'en profite pour préciser que, sans que cela n'apparaisse dans mes écrits, un très important remaniement intérieur opère en moi en ce moment et que ce mouvement ne me laisse pas beaucoup de disponibilité pour répondre aux éventuels messages. Mais c'est pour la bonne cause : je sens bien qu'il se passe de bonnes et belles choses en moi [yes !]. Par ailleurs je m'absente encore pour quelques jours...