La saveur des rencontres

Hier il a plu. Temps gris, humide et brouillardeux, nettement rafraîchi. Un peu de répit pour les plantes assoiffées. Un peu de temps pour rester dans la maison. C'était parfait !

J'ai pu travailler sur mon interminable mémoire, laissé en jachère pendant plusieurs mois. Je crois que je me suis lancé dans quelque chose d'un peu trop ambitieux, avec un sujet qui me travaille autant que je le travaille ! Ah, le couple... quel mystère quand on cherche à décrypter ce qui le fait naître, exister, durer. Une véritable enquête qui présente autant d'aspects énigmatiques que de logiques basiquement primaires.

Oui, je le reconnais, ce qui touche à la rencontre amoureuse m'intéresse. Tenter d'en comprendre les principaux mécanismes occupe une large part de mes écrits depuis des années. Pourtant je ne suis plus directement concerné, sauf en tant que support occasionnel, réceptacle temporaire, miroir intermittent, Objet de désir fugitivement investi.

Du bon côté, quoi...

Du côté de l'attirance et de la curiosité. De celui qui n'a d'autres attentes que de vivre la découverte dans d'agréables moments de rencontre. Celui qui n'ayant pas besoin d'amour n'en ressent pas le manque. Celui qui ne s'inquiète pas de la durée, saisissant le présent qui passe. Celui qui pourrait n'avoir d'autre souci que le maintien de son équilibre intérieur... s'il ne se préoccupait aussi de ce que vit l'autre.

C'est là que ça se complique ! Car c'est à moi qu'il revient de dire oui ou non. À moi qu'il revient de décider si j'accorde ce qui m'est demandé, selon que j'en ai envie ou pas. À moi de résister aux pressions. À moi de frustrer ou de réjouir. Ma liberté est en balance avec la satisfaction d'autrui. Parce que refuser une demande peut créer des tensions, dire non m'est parfois difficile. Mais refuser m'est indispensable si je ne veux pas me sentir envahi, étouffé par des demandes qui m'oppressent.

J'ai besoin de me sentir libre ! Ce qui signifie que je ne le suis pas vraiment...

C'est peut-être pour ça que je parle aussi souvent des relations affectives dans ce qu'elles ont de complexe. Parce que le souci de mon équilibre intérieur me conduit à faire des choix qui ne sont pas toujours compris ou acceptés. Des choix qui peuvent susciter des réactions, parfois vives. Agressives. Une violence qui alors me perturbe. Un sentiment de rejet qui m'atteint encore. Je ne suis pas suffisamment aguerri pour endurer cela sans dommages. Pas suffisamment audacieux pour préserver ma liberté. Alors j'analyse a postériori, je décortique, je comprends, je repasse toutes mes convictions à la moulinette de l'expérience pour en extraire une pensée qui tienne compte de mes dernières découvertes. En espérant faire mieux la fois suivante...

Je cherche de nouvelles façons de vivre des partages dont les saveurs plaisent à chacun. Un subtil dosage entre de multiples ingrédients : liberté, plaisir, aventure, confidences, douceur, curiosité, découverte, inattendu...

J'essaie, je tâtonne, je goûte.

[Mais qu'est-ce qui fait que j'en parle autant ?] 

Comments

[Tanakia]

Pierre, cela n'a rien à avoir avec ce billet ci, mais je sais que le sujet violence vs agressivité te parle. je t’invite à aller lire ce billet :
http://www.pedagopsy.eu/agressivite_violence.htm

[Pierre]

> "r", ou "e." je l'avais déjà écrit une fois : je ne comprends quasiment rien à la plupart de vos commentaires, sans queue ni tête ou hors-sujet. Ça ne serait pas vraiment dérangeant si leur abondance ne tendait vers l'envahissement. En outre vous semblez effectivement faire un énorme transfert. Le mieux serait que vous vous absteniez de l'exposer ici : c'est gênant. Tout cela ne concerne que vous.

Ouvrez un blog, écrivez un journal, allez voir un psy... mais, s'il vous plaît, n'envahissez pas cet espace.

Si vous persistez vous étaler autant sur ce blog j'activerai la modération des commentaires. Je vous remercie d'avance pour votre compréhension et vous souhaite une bonne soirée.


> Josie, sous-entendrais tu que je suis un idéaliste ? Rhôôôô, quelle idée !

Sérieusement, je ne suis pas si sûr qu'il n'y ait pas de façon de "bien aimer". Par contre, je ne crois pas que ça se situe dans le domaine de l'intensité amoureuse. Et tu as raison : mieux vaut avoir un certaine nombre de compatibilités sur les points qui nous sont essentiels. Le reste... on peut toujours s'en accomoder.

C'est vrai que c'est pas évident tout ça, c'est une des raisons qui font que "l'amouuur" (celui dont on est censé rêver) ne m'attire pas en tant que tel et que je ne le "cherche" pas. Si une rencontre particulière fait un jour que je suis attiré... je pourrait voir ce que mes années de théorisation m'auront appris ;o)

Bises !


> Isla, merci de sortir de l'invisibilité :o)

Ce que vous décrivez correspond à un mécanisme amoureux très fréquent : être comblé de bonheur quand l'autre répond aux attentes, totalement désemparé, vide, triste et en colère dans le cas inverse. Mais avec un solide travail sur soi il est possible de prendre conscience de ce qui se joue là et d'en sortir...

Un travail qui demande du temps et de la détermination. Vous semblez en avoir.


> Siestacorta, tu sens bien la complexité de la chose ;o)

« Peut-on être détaché et doux ? Peut-on montrer son empathie et ne pas être absorbé par l'amour, l'autre ? »

Pfooouuu, pas facile ! Quand le "détachement" (non-dépendance ? autonomie ?) fait souffrir l'autre, la douceur semble inefficace et expose au rejet.

J'aime bien tout ce que tu exprimes ici...

> Charlotte, tu crois que c'est possible de tomber "fou amoureux" après avoir autant décortiqué les choses ? Amoureux peut-être, mais "fou"... j'en doute. Ou alors ça indiquerait une tendance masochiste. Ou une jouissance régressive (ce qui revient un peu au même...).

Moi, raisonnable ? Oooooh, mais où vas-tu donc chercher des idées pareilles ??? ;o)

Ouais, bon, je reconnais ce léger défaut de fabrication. Je crains, hélas, qu'il faille que je m'en accomode encore un certain temps.

Merci de me faire confiance : je fais certainement ce qui est "bon" pour moi. Ne serait-ce que parce que je crois le faire. En tout cas je me sens aller vers toujours plus d'accord entre mes idées, mes objectifs, et mes comportements. N'oublions pas que nous n'avons pas tous les mêmes.

Un festin ? Hmmmm, je pense plutôt à un repas gourmet : qualité plutôt que quantité ;o)

[charlotte]

Il y a beaucoup de théories qui ne tiennent pas la route dans la pratique.
Ce que je veux dire c'est que je voudrais voir comment tu vas réagir si tu tombes de nouveau fou amoureux!
Parfois je te trouve trop raisonneur ou trop raisonnable.
Tu as sans doute raison, tu te connais mieux avec les années,la maturité et le travail fait sur toi.C'est toi qui sais ce qui est bon pour toi.
J'aime ton dernier paragraphe qui me fait dire: Bonne dégustation!on dirait qu'il s'agit d'un festin!

[Siestacorta]

"Parce que le souci de mon équilibre intérieur me conduit à faire des choix qui ne sont pas toujours compris ou acceptés. Des choix qui peuvent susciter des réactions, parfois vives. Agressives. Une violence qui alors me perturbe. Un sentiment de rejet qui m'atteint encore."

Arf... Assumer la liberté qu'on a choisi !
Si on est rejeté après qu'on nous ait proposé un attachement qui ne nous convient pas... Pourquoi n'arrive-t'on pas à être heureux de ce détachement ?

L'autre le manifeste avec violence, comme si notre détachement était violent aussi ?
Peut-on être détaché et doux ? Peut-on montrer son empathie et ne pas être absorbé par l'amour, l'autre ?

La liberté que nous cherchons ou affirmons, comment en faire quelque chose de tendre ? Tendre-émouvant, mais pas sables mouvant ?

Je crois que ce qui fait qu'on s'emmêle pas les pieds, c'est un équilibre, une force intérieure. Une confiance en soi, en ce qu'on désire ou non, une satisfaction de l'obtenir... une sincérité avec notre dési.
On ne va pas vers les autres par curiosité "pure" : ce ne sont pas des insectes qu'on observe à travers une vitre, une loupe... Ce sont des gens, pas des "situations à observer". On aime l'effet qu'ils nous font, l'effet qu'on leur fait. On aime. Pas forcément d'Hamouwr, mais avec du sentiment, de l'épiderme, nos idées.
Aimons sans attendre autre chose que le plaisir qu'on a à le faire. Le reste, on s'en occupe au fur et à mesure... Pas avant ("et si je fais ça, ça m'engage trop ?") ni après ("oh, je suis très fort : j'ai compris que quand une femme me crie dessus, ça m'énerve").
Juste avec ce qu'on a, au moment où on le vit.

[isla]

Je viens vous lire régulièrement depuis une année. Ce dernier message m'interpèle, mon ex-amant aurait surement pu en être l'auteur.
Aujourd'hui, je peux enfin comprendre sa façon de penser, votre message m'a aidé à le discerner, mais aussi à comprendre pourquoi j'ai réagi avec autant de violence.
Cette phrase : À moi de frustrer ou de réjouir, c'est ce qui se passait entre nous, un OUI de sa part me remplissait de bonheur et de joie... un NON, était la fin de tout... il se protégeait en s'éloignant de moi, il me protégeait aussi... mais c'était notre liberté, j'ai rien compris sur le moment... j'ai pris cela comme une punition. Maintenant, je comprends mais c'est trop tard.
Je vais donc essayer de mieux réagir face à l'autre, éviter le sentiment de rejet et qu'il m'atteigne de moins en moins. Et surtout, ne plus oppresser l'autre par quelques demandes de ma part. Je vais donc tâtonner aussi... pour trouver une certaine liberté et paix dans mes relations affectives.

[Josie]

Pierre,

en te lisant j'ai l'impression que tu cherches la panacée universelle pour bien aimer....Or je sais qu'il n'y en a pas.
tes choix, tes décisions, tes oui ou tes non, seront en accord avec la personne que tu auras en face si celle ci a le meme objectif ou la meme vue sur la relation que toi....sinon...il y aura toujours des tensions, des coléres, des rejets....

L'amour en toute liberté ca existe sans doute, mais entre deux personnes qui veulent la meme chose, or.....c'est pas si évident que ca.

bisous a toi