Le libre choix de la solitude
À la suite du précédent billet Charlotte a laissé ce commentaire :
Est ce vraiment un choix libre que celui de la solitude?
N'est ce pas plutôt le résultat d'un choix inconscient qui nous échappe pour une grande part et où finalement la liberté n'a pas grand chose à voir mais dont on se revendique pour se rassurer, se valoriser.
L'homme est un être social. L'homme n'est pas fait pour vivre seul.
Mais aussi, ne sommes nous pas responsables de nos choix de vie?
Je me pose la question.
La question sur le libre choix de la solitude, qui s'ouvre sur celle de la responsabilité de nos choix de vie, m'interpelle.
De façon générale, sommes-nous libres de nos choix ? Je crois qu'il est impossible d'évaluer les parts de conscient et d'inconscient qui régissent chacun de nos choix de vie, qu'il s'agisse de solitude, de profession, ou d'achat de voiture. Même nos choix réfléchis, donc tout à fait conscients, résultent de processus inconscients...
Mais tenter de généraliser m'emmenerait trop loin et je vais plutôt observer comment j'ai fait moi-même le choix de la "solitude", c'est à dire de vivre seul. Il n'était pas initial et résulte de divers aléas survenus tardivement dans mon existence. Ce n'est qu'après avoir longtemps choisi de partager une vie de couple que j'ai choisi de rester seul... du moins tant que je maintiendrai ce choix, qui ne se veut aucunement définif. Tout comme j'ai choisi d'exercer un métier à un moment de ma vie, un autre plus tard, puis encore un autre avant de changer encore éventuellement. À mon sens il est fondamental de considérer le choix comme étant en permanence lié à la notion de temporalité : le choix est lié à l'instant. Il peut se reconduire indéfiniment ou changer en fonction des circonstances et de l'équilibre de divers besoins largement inconscients.
Mon choix actuel de vivre seul résulte d'un fort besoin de me sentir libre. Puisque ce besoin prédomine je ne suis donc pas attiré par l'idée de systèmes relationnels qui me paraissent aliénants. Mais mon choix pourra éventuellement être remis en question si vivre à deux (ou plus), me semble un jour plus enrichissant, plus satisfaisant, plus à même de répondre à un besoin d'équilibre intérieur... quitte à y perdre une part de liberté. Là se situe la liberté du choix : le changement d'orientation est possible à tout moment. Et là se situe ma responsabilité : choisir d'être en équilibre. Ou du moins d'y tendre...
Choix, liberté, responsabilité : c'est le trépied sur lequel repose notre équilibre.
C'est ainsi que, pour se sentir en équilibre, le choix de vivre seul peut être vu comme rassurant ou valorisant. Peut-être... mais pas davantage que l'est le choix de (re)vivre en couple, en cohabitation ou en en communauté. Tout choix peut-être "rassurant" (pour soi) et "valorisant" (dans le regard d'une population qui s'y reconnaît).
L'homme est un être social, j'en suis convaincu, mais vivre seul n'implique pas une exclusion du champ social, tout comme vivre à deux n'est pas signe d'une ouverture au monde. Vivre seul ce n'est pas vivre en ermite, à de rares exceptions près. C'est simplement un autre mode de socialisation. Là encore tout est question de choix : on peut vivre seul et rencontrer beaucoup.