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Alter et ego (Carnet)
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5 avril 2010

Le virtuel : entre réalité et imaginaire (3)

 

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Un Je virtuel
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Quand je parle de la façon dont je me perçois je me sens sincère. Quand j’écris sur ce blog je procède de même. C'est-à-dire que je crois vrai ce que j’énonce à l’instant où je le fais. Je considère que c’est la réalité de ce que je suis.

Or, comme je l’ai décortiqué dans mes textes précédents, cette réalité-là n’est que le reflet de ma pensée au moment où je transcris, sans distinction de ce qui serait réel, virtuel et imaginaire. En outre, il peut y avoir une intention, un message, un objectif dont je n’ai pas forcément conscience. D’ailleurs, selon que j’énonce à voix haute, que j’écrive ici ou en privé, ou encore pour moi seul, je ne dirais pas exactement la même chose : la "réalité" varie selon la représentation que j'ai de mon interlocuteur. Le décalage vient de la présence ou, au contraire, absence de l’autre et de mes projections sur lui, sur elle. Depuis longtemps j'ai remarqué que je me sentais plus libre de m’exprimer par écrit, donc « plus vrai », alors que cette authenticité n'est qu'artificielle. Simple distorsion due à la privation des interactions réelles et directes du sensoriel et de l'émotionnel. Or on sait l’influence considérable qu’elles peuvent avoir dans la communication. La présence réelle de l'autre influe donc grandement sur ce que je suis... réellement. Un peu comme quand on imagine à l'avance ce qu'on va être face à une situation et qu'on découvre après coup avoir été tout autre !

Pour moi c’est principalement sur ce point que l’expression intimiste-relationnelle sur internet se distingue du réel et « fausse » la réalité. Il y a un décalage. Une sorte de dédoublement de personnalité. Quand il s'agit d'identité, de conscience de soi, ça peut devenir troublant... Qui suis-je vraiment ?! Je peux me découvrir différent de ce que je croyais, tant dans un sens "positif" que "négatif". Outil de conscientisation de soi, donc, mais à utiliser avec précautions. Depuis que j’ai pris conscience des risques insidieux de ce mécanisme j'ai réduit la fréquence de mes interventions dans ce registre. J'évite les tentatives auto-analytiques...

Mais je m'interroge... Si une certaine confusion existe dans la communication distante, qu'en est-il de la communication directe ? Jusqu'à quel point le contact réel m'en met à l'abri ? Il y a toujours une part de réalité dans ce que je révèle de moi : je décris ce que je suis habituellement, du moins selon la conscience que j’en ai, validée par le regard des autres. Mais il y a aussi une part virtuelle, qui se manifeste sous une forme inconsciemment persuasive : je cherche à être perçu conformément à la représentation que j’ai de moi. Même si je sens confusément que je ne suis pas toujours, ou pas autant, ou pas encore conforme à l’image que j'ai envie de montrer. Il y a enfin une part imaginaire (fantasmée), auto-conditionnante, plus ou moins inconsciente : j’aimerais bien être comme ça (ou ne pas l’être), je fais ce que je peux pour y parvenir, et peut-être qu’en me le répétant et en l’affirmant devant autrui ça m’aidera à le devenir plus rapidement !

Dans ces trois composantes le « je suis » correspond en fait à un « je crois que je suis », qui peut être démarche authentique (recherche de soi), déni (refus d’acceptation de soi), ou conformisme (par rapport à des injonctions parentales enkystées en soi, par exemple). Il peut aussi y avoir du « j’ai envie qu’on croie que je suis… », voire « j’ai envie de croire que je suis… » (pas forcément dans un sens favorable...). Ce ne serait alors pas tromperie délibérée, mais plutôt manipulation inconsciente des autres et de soi. Un « je » virtuel, selon le sens que je donne à ce mot : un « je » potentiel, ou imaginaire. Ce que je serais... si j'osais l'être. Ce « moi virtuel » peut m’aider à construire mon identité, mais il peut aussi me maintenir dans l’illusion, me leurrer sur ce que je suis vraiment...

Selon que je sois en présence réelle de l’autre ou qu’il soit absent/distant, la part imaginaire aura plus ou moins de place pour s’étaler. Dans tous les cas l’autre reste un miroir qui me permet de me définir, mais plus il m’oppose sa réalité, son altérité et sa différence, et plus je prends la mesure de mes limites et contours. Sur internet, privé de la réelle présence de l’autre, je me retrouve surtout face à moi-même… et mon imaginaire, mes fantasmes, mes projections. Même si la pluralité des regards peut apporter un éclairage nouveau et me faire prendre conscience de ce que j'ignorais de moi... mais avec une empreinte bien moindre que ce que fait ressentir le réel.

Comme j’ai un peu baroudé entre illusions et réalité, j’ai conscience que ce que j’énonce au « je » n’est pas forcément vrai. Je fais donc preuve de prudence en présentant mes croyances puisque j’ignore jusqu'à quel point elles correspondent à une réalité. Avec des « je pense », « je crois », « je suppose », je tente d’être dans la réalité de l’incertitude. Je garde une part de doute. Mes affirmations de la réalité telle que je la perçois restent virtuelles, fondées sur ce que je crois être vrai. Dûment tempéré par ces précautions visant à laisser des alternatives et autres échappatoires, j’expose quelques unes de mes pensées devant un « auditoire ». Tentative de validation vaguement illusoire puisque la non-contradiction n’affirme rien, pas plus que la contradiction n’infirmerait mes dires. Même l’unanimité approuvant mes propos ne serait pas garante de réalité. C’est un peu le piège de l’expression de soi : ne jamais être certain que ça corresponde à une réalité qui, par ailleurs, n’existe que dans la marge étroite de l’ici et maintenant.

En fait quand je tente de me définir ce n’est pas à vous qui me lisez que j’écris, mais à moi-même en m’appuyant sur ce que j’imagine de vous. Et parce que, désireux de sincérité, je ne pourrais pas être dans une auto-tromperie durable, arrive tôt ou tard un moment où je découvre, le cas échéant, ma propre supercherie. Elle sera alors dépecée pour continuer à me rapprocher d’une vérité de ce que je suis. Travail de Sisyphe…

J’exprime cela en évoquant mon propre cas… mais je ne crois pas faire de projections outrancières en supposant que c’est pareil pour tous ceux qui tentent de se définir. Je crois qu’on ne parle pas de ce qui serait évident et ne poserait aucun problème. Tout ce qui est affirmé au nom du « je suis » rentre peu ou prou dans les trois composantes : réel, virtuel et imaginaire.

Je ne parlerai pas du « tu es », soumis exactement au même phénomène, parce que sa part imaginaire est immédiatement décelable.

En conclusion - et c'est là que je voulais en venir en publiant ma série de textes - je crois avoir souvent dépassé les limites de l'outil "blog" en ce qui concerne ses potentialités de conscientisation. La possibilité qu'ont les lecteurs d'interagir publiquement favorise une fantasmatique qui, pour être intéressante à observer, n'en constitue pas moins un sérieux parasitage, propre à fausser ce qui est recherché. Il m'est donc devenu nécessaire de renoncer à ce registre...

 
IMGP8984
 

Et pendant ce temps... le printemps est réellement là !

Commentaires
P
J'imagine bien ton passage intersidéral, Alain :o)<br /> <br /> Tu vois, l'état intérieur dans lequel cette suite de textes m'a laissé... c'est de m'être "débarassé" de quelque chose d'encombrant ! J'ai eu besoin de poser cet état des lieux pour m'en délester et passer à autre chose. Depuis je me sens plus léger, notamment dans mon rapport à l'écriture sur ce blog. Quelque chose s'est dénoué. J'ai été vraiment soulagé de prendre conscience de l'aspect "imaginaire" de mon personnage ici. J'ai laissé tombé un souci obsédant et intenable de sincérité. On s'en fout de la sincérité ! Ce n'est pas un but en soi. Pas besoin de "tout dire", chose impossible d'ailleurs. Oui, « tyrannie » et « idéal moral », comme tu le dis...<br /> <br /> « Répondre à la question qui je suis ? c'est toujours répondre le jour J et à l'instant T ». Oui, "ici et maintenant", selon la formule consacrée. Même quand "l'ici" est dans un monde imaginaire.<br /> <br /> Pour l'inconscient je parle de la part qui m'inhibe, parce qu'elle me pose problème et que je cherche à résoudre ce qui s'exprime à travers ce langage-là. Mais il est certain que ce même inconscient me mène aussi vers des élans inverses, désinhibiteurs, libérateurs, allant dans le sens d'aspirations fortes, vitales et donc très "positives". Si j'en suis là, dans une évolution profonde du regard que je porte sur l'autre et sur moi, c'est bien parce qu'il y a eu ce dialogue interne de l'inconscient quand ma "liberté spontanée" à voulu partir à l'aventure dans le vaste monde. Je peux même dire que c'est la perception puissante et viscérale de cet "élan vital" qui m'a donné la force et le courage de changer de regard sur la vie. Je pourrais parler avec beaucoup d'enthousiasme de cet appel issu de mes profondeurs, mais j'en suis encore à régler ce qui le retient :o)<br /> <br /> Merci pour ton avis.
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A
Passant par là, entre deux voyages intersidéraux dans le monde virtuellement réel, je laisse une trace de mon passage imaginaire.... ;)<br /> <br /> je n'ai pas beaucoup le temps, et j'avoue manquer de courage, pour commenter l'ensemble que tu viens de publier.<br /> Je me suis surtout demandé dans quel " état intérieur" cela te laissait...<br /> <br /> Il m'a semblé qu'il y avait des approches conceptuelles sujettes à confusion. En particulier entre le « qui je suis vraiment » et qu'est ce que je montre de moi à autrui ?<br /> J'ai cru voir, mais je me trompe peut-être, une sorte de tyrannie sous-jacente qu'il y aurait un idéal moral à être toujours conforme à l'intégralité de qui l'on est en présence d'autrui.<br /> le seul idéal, si idéal il y a, c'est être vrai avec soi-même...la vérité se mesurant à l'aune du travail de connaissance de soi que l'on a fait, à l'étape où on se trouve.<br /> <br /> Est-ce que l'on sera différent demain ?<br /> c'est absolument évident !<br /> Nous sommes tous devenus très différents du bébé que nous avons été, et nous serons des vieillards très différents des adultes à maturité que nous sommes actuellement...<br /> Fort heureusement d'ailleurs ! Ça s'appelle l'évolution ! Il semblerait que ce soit inhérent, tant à la condition humaine, qu'aux lois de la nature, et autres lois de l'univers...<br /> <br /> Répondre à la question qui je suis ? c'est toujours répondre le jour J et à l'instant T.<br /> ce n'est pas pour autant que la réponse n'a pas toute sa valeur de vérité et de réalité à la date susdite.<br /> <br /> Enfin, je dirais que tu accordes une place trop prépondérante à ce que tu appelles « l'inconscient »,et sur lequel tu donnes généralement des appréciations négatives, ce qui est dommage.<br /> L'inconscient comporte fondamentalement une force positive en nous.c'est-à-dire quelque chose qui nous est bénéfique.
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P
Chris, la question des "fantasmes" et autres projections est au coeur de ma réflexion. Bien des malentendus, aux conséquences parfois importantes, peuvent venir de là. Et peut-être même influer de façon déterminante sur des trajectoires de vie !<br /> <br /> Voila pourquoi je cherche à nettement discerner ce qui tient du réel et de l'imaginaire (fantasmes). Ici on est dans l'imaginaire, j'en suis maintenant persuadé après avoir longtemps tenu une thèse irréaliste ("plus vrai que la réalité"). Ce qui n'empêche pas de ressentir réellement des émotions et à échanger dans ce domaine ou celui des idées :o)<br /> <br /> Ma région ? Rhône-Alpes, pas loin du massif de la Chartreuse. Ici aussi la végétation se réveille à peine, même si ça va très vite dès qu'il fait beau. Il y a du retard cette année...<br /> <br /> Josiane, j'aime bien cette citation : « Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur sur la réalité ». Quant à cet espace d'expression et de "discussion", il est libre. Ça me fait plaisir quand je vois que des échanges s'instaurent :o)
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J
Merci Chris d'avoir rectifié mes pensées sur tes propos que j'ai dans un premier temps mal interprétés; tout comme l'avait fait Pierre en précisant qu'il n'avait pas pris ces photos de la manière dont je l'avais imaginé...j'ai simplement coloré tes mots et les photos avec mon ressenti du moment, néanmoins, cela n'enlève rien à ce que tu es, ni à la beauté des photos...je me sers seulement de ce que je lis et de ce que je vois, pour toujours approfondir ce que je ressens...mais sache Chris qu'en aucun cas je n'ai porté de jugement sur ce que tu as écrit, bien au contraire, car c'est ce partage de points de vue qui m'intéresse ici, c'est venir "papoter" sur nos ressentis, avec chacun notre manière d'avancer, tout en ayant conscience que je peux me tromper sur les propos de l'autre et vice versa...les mots restent des mots...le plaisir de venir ici est "autre chose" et cette citation: "Le plaisir peut s'appuyer sur l'illusion, mais le bonheur sur la réalité." peut être une autre illustration de ce que je viens d'essayer de dire. Merci Pierre pour cet espace d'écriture dont je me suis servi sans te demander l'autorisation!
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C
En réponse à Josiane je dirais que si j'ai écrit que je n'existerais plus c'était juste en rapport à la disparition de ce blog. Je voulais écrire que si ce blog fermait, je n'existerais plus pour son auteur. Et c'est ça qui me rendrait triste. Et c'est une des règles fondamentales du blog, de gérer le présent et l'avenir d'un blog.<br /> <br /> Pour toi Pierre, après relecture de ces textes, je comprends un peu mieux ce que tu as voulu écrire. Mais tu vois, ma première interprétation de tes mots qui m'ont fait froid est une illustration que non seulement le lecteur fantasme sur l'auteur mais en plus interprète à sa façon les écrits. Et cela rejoint ce que je t'écrivais dernièrement à propos de la Réalité de chacun. Toi quand tu écris tes mots, tu sais le sens que tu y mets. Tu connais même le "ton" sur lequel tu les écris. Moi, lectrice, je ne sais pas tout ça et je lis tes mots avec MA rélaité du moment présent. <br /> Cependant, je suis bien contente de m'être trompée. Et je reviendrai ici bien sûr. <br /> C'est vraiment très bon de discuter, tu as raison. <br /> Je voulais également revenir sur une de tes phrases à propos de tes photos prises depuis ta fenêtre. Eh bien, je trouve ça super que tu puisses les prendre depuis ta fenêtre, c'est magique. Je ne t'ai jamais imaginé rester à l'affût. Pas de fantasme de ce côté-là. Tant pis, hein?<br /> Peux-tu juste dire de quelle région tu prends ces clichés? Juste pour avoir un repère par rapport à mon jardin à moi qui commence tout juste à se réveiller. Ici, en Lorraine, tout en haut de la Lorraine, il fait encore froid. Mais ça vient, tout doux.
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P
Josiane, tu écris : « tant que ton blog restera ouvert, je sais que je peux y revenir...et cela est pour moi réconfortant...je sais que tu existes, quelque part tu es encore là. » Cette façon de percevoir les choses rejoint la mienne, dans la vie en général et sur internet aussi. Pour moi il est important de savoir que les personnes qui comptent son "là", quelque part, joignable et accessibles si j'en ressens le désir. C'est ce que j'appelle "être en lien". Je crois que je n'aurais aucune raison de supprimer totalement mon existence parmi les personnes qui m'ont fait le plaisir et le bonheur de "m'accompagner" dans ma démarche. J'ai vécu avec tristesse la "disparition" de nombreux blogs et n'agirai pas de même (sauf si des circonstances particulières devaient m'y conduire).<br /> <br /> J'aime beaucoup l'idée que tu avance de « chercher à savoir pourquoi on est touché ». Souvent ce n'est pas évident de trouver l'origine... Pour ma part je sais que l'importance des liens, de « savoir l'autre là », se rattache à une phobie de la perte, de l'abandon. Depuis que je l'ai compris je m'attache autrement :o)<br /> <br /> Tout ce que tu dis de moi me touche beaucoup et m'est infiniment précieux. Je crois que je me suis un peu "perdu" dans l'imaginaire pendant un épisode de ma vie (pour mieux me trouver, fort heureusement !) et il m'en reste des séquelles, des manques, des "trous" qui perturbent encore le processus de reconquête de confiance (en moi, en l'autre, et dans le lien). Bon, mais je suis pas là pour raconter ma vie, hé hé...<br /> <br /> En tout cas tu me confirmes que je n'écris pas "pour rien" et que mes mots sont... importants (?), ou du moins ont du sens pour des personnes qui me lisent. Tant mieux, c'est pour ça que j'écris en public !! ;o)<br /> <br /> Anne (ma chère Anne...), oui, bien sûr que ça peut être positif. Il n'empêche qu'on peut aussi s'égarer dans le regard que l'autre (les autres) porte sur nous. Surtout si cet autre (ces autres...) est investi d'un crédit, d'une confiance, d'une importance qui fait qu'un "pouvoir" lui est accordé. C'est le grand risque de ce monde "virtuel" : surinvestir l'autre, projeter sur cet autre toute une fantasmatique. Ça peut aussi exister dans le réel mais avec moins de risques, il me semble.<br /> <br /> « Et toi, comment prends-tu et gères-tu la différence entre ce que tu crois être et l’image que te renvoie la personne qui est en face de toi ? ». Eh bien... ce peut-être une très intéressante voie de conscience... ou quelque chose d'assez perturbant. C'est là qu'entre en jeu la confiance dont je parle : confiance en soi et en l'autre, pour toujours garder contact avec soi. Ne pas se "perdre" dans les avis de l'autre, qui peut être dans ses propres projections. Franchement, je crois qu'il y a là un grand risque !<br /> <br /> Mais j'aime bien ce que tu dis d'un "moi-pluriel". Pour ma part je crois que j'avais tendance à fonctionner selon l'idée d'une entité unique, cohérente, entière. Or plus le temps passe plus je me sens multiple, variable, différent en moi-même et donc... insaisissable par moi-même. Je comprends (réalise, intègre) que je ne suis pas "ceci ou cela" mais ceci ET cela", qui peut être une chose et son contraire. Et il en est de même pour tous, évidemment. Grande révélation...<br /> <br /> [merci pour ton passage...]<br /> <br /> Calmamityjane, ouais, pas sûr qu'on aboutisse un jour ;o)<br /> <br /> « Toute la palette des émotions est servie en un clic, au choix, en libre service, facile ». C'est ça le danger : la facilité d'accès aux émotions ! Quand on aime les sentir nous traverser il est si facile de venir chercher sa "dose" d'émotions. Avec un risque non négligeable d'addiction (le mot est fort, mais il y a de ça). La preuve : je suis encore là, en train de "discuter", alors que j'ai d'autres choses à faire ;o)<br /> [ouais mais c'est bon de discuter, hein ?]<br /> <br /> Les questions que tu te poses sont aussi les miennes : qu'est-ce que je cherche/trouve ici ? Euh... j'ai pas encore trouvé la réponse. Alors je cherche encore ;o)<br /> <br /> Je me dis que ça me fait avancer, sans que je sache forcément en quoi ni comment. Il y aurait d'autres façons possibles, mais celle-là semble me convenir depuis un certain temps (pas toujours, puisque régulièrement je m'interroge sur le bien fondé de cette pratique...).<br /> <br /> Fille bavarde, loin de toutes mes considération philosophico-rébarbatives il y a en effet le printemps, la nature, les éléments. Et c'est une sacrée source de réel, de "pieds sur terre", qui m'est indispensable. Si tu savais comme je suis loin d'internet et des questions que je m'y pose quand je fais mes photos ou me promène :o)
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F
Le printemps est "réellement" là...<br /> Nous inondant de couleurs...nous offrant parfois même des moments "irréels"...<br /> Merci pour tout ces mots que tu déposent là...et qui automatiquement nous questionnent dans notre réel...<br /> Bonne fin de journée à toi...
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C
Et bien, je ne m’étais pas exprimée sur cette série de textes, non par manque d’intérêt, mais j’attendais la finalité de ta réflexion, si fin existe bien sûr ; dans ce domaine, je ne suis pas sûre qu’on aboutisse un jour. Il me semble qu’on ne fait que régulièrement creuser un sillon comme un laboureur…attendre que la graine germe et enfin, parfois, observer l’ampleur de la récolte.<br /> <br /> Le réel, le virtuel, l’imaginaire… nous avons besoin de tout cela à la fois, conscience et inconscience. L’homme grandit en s’identifiant, en se projetant consciemment ou pas, rêvant de devenir. Voilà l’imaginaire ! <br /> <br /> Le virtuel est bien différent, en tout cas, comme le vivent certains d’entre nous…écran et clavier interposés, écriture ou lecture silencieuses, sans mise en danger, sans prise de risque de déplaire, cachés mais pourtant reliés. Reliés par un fil ténu, plus solide que n’importe quel acier, comme une addiction à ce vaste univers où il suffit d’un clic pour ressentir, joies, colères, rires, indifférences, empathies, compréhension, sentiments…Toute la palette des émotions est servie en un clic, au choix, en libre service, facile. <br /> <br /> Tellement facile, qu’il est tentant d’inventer quelquefois, de s’inventer un monde irréel, en complet décalage avec la réalité. J’ai croisé des personnes qui s’inventaient des rôles, des vies. C’est perturbant et déstabilisant et même douloureux. <br /> Etre conscient de la tromperie mais ne pas pouvoir s’en défaire, c’est cela qui est douloureux. <br /> L’attachement ou le détachement, c’est terrifiant dans les deux sens.<br /> <br /> Cet effet miroir, que tu décris si bien, me fait, en tout cas pour ma part, me questionner très souvent. <br /> Qu’est ce que je recherche ? Qu’est ce que ça m’apporte ? Ai-je besoin de ces « relations » virtuelles ? Pour combler quoi ? Quel vide ? Pourquoi ai-je ce besoin factice d’aller chez les autres afin de puiser une sorte de « signe » de reconnaissance ? En quoi cela me fait avancer personnellement ? <br /> J’ai des doutes, nombreux sur l’utilité de la chose. Autant, je suis quelqu’un de normalement « sûre » d’elle-même, autant cette part là prend de plus en plus de place et le décalage entraîne une souffrance.<br /> <br /> Il suffirait alors de volonté, de limiter cette addiction et ainsi « être » tout simplement…trop simple et tellement difficile à la fois.<br /> <br /> Ce que j’écris reste embrouillé, pourtant si clair dans ma tête, je ne sais si tu comprendras.<br /> <br /> J’attends de voir et lire comme la plupart de tes lecteurs vers quels autres registres tu vas te diriger…
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A
« il y a enfin une part imaginaire (fantasmée), auto-conditionnante, plus ou moins inconsciente : j’aimerais bien être comme ça (ou ne pas l’être), je fais ce que je peux pour y parvenir, et peut-être qu’en me le répétant et en l’affirmant devant autrui ça m’aidera à le devenir plus rapidement ! »<br /> <br /> Ca me parait une chose assez positive si ça permet d’évoluer dans le sens qu’on désire... Et je crois que c’est effectivement parfois efficace. Surtout si en face, quelqu’un est là pour dire que oui, on tend vers ce qu’on énonce ou qu’au contraire, on s’en éloigne.<br /> <br /> Et toi, comment prends-tu et gères-tu la différence entre ce que tu crois être et l’image que te renvoie la personne qui est en face de toi ?<br /> <br /> Dans ma lecture actuelle, il me semble comprendre que les orientaux considèrent la personne comme une suite d’actions et de pensées... et du coup l’ « ego » perd toute réalité concrète.<br /> Ce que tu dis là, va assez dans ce sens puisque tu sembles dire qu’il est très difficile de définir un « moi » ou un « ego », ne serait-ce que parce qu’il est évolutif et différent en fonction de la personne qui nous fait face...
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J
Bjr Pierre, En ce moment je n'ai assez de temps disponible pour lire en profondeur ce que tu écris, je "survole" mais tant que ton blog restera ouvert, je sais que je peux y revenir...et cela est pour moi réconfortant...je sais que tu existes, quelque part tu es encore là. Ceci dit, virtuel ou pas, écriture, lecture, l'important à mes yeux c'est ce moment où l'on prend conscience qu'il est indispensable de chercher à se connaître...et ce travail passe par le regard et l'écoute des autres mais (selon moi) surtout par l'écoute de nos propres émotions. Par exemple, je vois Chris qui dans un premier temps se dit triste et dit que si tu fermais ton blog, elle n'existerait plus. Moi aussi je serais triste mais en même temps je chercherai pourquoi je suis triste, qu'est ce qu'il me manque, qu'est-ce qui fait que je me sente si désemparée...tes réflexions me font avancer mais ne changent en rien ce que je suis, elles me permettent d'approfondir...je te perçois comme quelqu'un de sincère et j'apprécie ta manière d'écrire, c'est donc cela que cela que je viens chercher ici, chez toi. La sincérité d'un homme qui cherche à se connaître, qui aime partager ce qu'il voit (les photos), ce qu'il ressent, et dans la réalité, dans ma vie de tous les jours, c'est cela aussi que j'apprécie, la sincérité, les gens "vrais", les gens qui vont au fond des choses et qui ne restent pas dans l'apparence, dans le "faire-semblant". Alors tu vois, finalement je cherche dans le virtuel, la même chose que dans le réel et je laisse l'imaginaire de côté aussi souvent que cela m'est possible, car je pense que c'est l'imaginaire qui m'a souvent joué des tours...voir les choses telles qu'elles sont vraiment! Ca c'est difficile! Ne pas les voir telles que je voudrais qu'elles soient! Je ne sais pas Pierre, si j'arrive à me faire comprendre, mais ce qui est important c'est que je me comprenne moi-même, Non? A+
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