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Alter et ego (Carnet)
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27 janvier 2012

Impossible athéisme ?

Né de parents catholiques, j'ai été baptisé avant de savoir parler. On ne m'a donc pas vraiment demandé mon avis. En revanche communion, profession de foi (en procession et aube blanche !), confirmation (avec onction frontale de la main même de l'évêque), ça je l'ai fait volontairement. Parfaitement conditionné et tout à fait obéissant j'ai passé ces épreuves non sans quelque fierté (mais aussi un léger sentiment de ridicule...). J'ai même été enfant de choeur (et ça c'était plutôt rigolo...)

Messes jusqu'à la majorité. J'ai suivi la famille sans réelle rébellion, gâchant ainsi nombre de matinées dominicales. J'ai même continué un peu au delà, sans doute avec le souci de rester "quelqu'un de bien".

Mon dieu ! Comment ai-je pu endurer cela ?

Dieu ? Euh... je ne me souviens pas avoir cru un jour à son existence. Ce n'est pas faute de m'être concentré pour tenter de rentrer en contact ou d'avoir cherché à voir descendre son esprit pendant "l'élévation". Mais que dalle : j'ai jamais rien vu ni rien senti. Par contre je "croyais" à l'histoire du gars nommé Jésus et j'ai toujours pensé que les paroles qu'on lui attribue étaient dignes d'être méditées.

J'ai cotoyé pas mal de personnes qui se sentaient proches de "Dieu" et croyaient en son existence. Des prêtres, bien sûr, mais aussi quelques moines et religieuses. J'ai assisté aux offices dans un monastère, pris des repas en silence, écouté des témoignages de foi... J'ai trouvé ça beau. J'ai vu la lumière qui irradiait dans certains regards, le sourire rayonnant, la joie de vivre. C'était beau mais hors de mes aspirations.

Ma vie de jeune adulte m'a peu à peu écarté de l'église, que j'ai pourtant longtemps regardée avec respect. Je m'intéressais à cette "famille" dont j'étais issue tout en m'en éloignant irrésistiblement. Je ne pouvais plus adhérer à des dogmes que je trouvais idiots, et surtout à un sexisme anachronique : c'est parce que la prêtrise était interdite aux femmes que j'ai pris mes distances.

Nos trois enfants n'ont donc pas été baptisés à leur insu. Bizarrement ils ont quand même voulu suivre le catéchisme et... se sont fait baptiser !

A cette époque j'avais déjà quitté la religion catholique, grâce aux Témoins de Jeh*vah ! Non parce que j'aurais été converti par les adeptes du "Royaume" et au mythe délirant des 144.000 élus, mais parce que, par goût pour la réflexion et par curiosité, j'ai accepté de discuter avec le jeune couple qui était venu sonner à notre porte un dimanche matin. Non, je ne les ai pas foutu dehors comme il est de bon ton chez la plupart de ceux qui en parlent : j'ai expliqué où j'en étais dans mon rapport aux religions. Comme la discussion durait ils ont proposé de revenir et c'est ainsi que je les ai accueillis à plusieurs reprises. Avec eux j'ai jeté un regard encore plus critique sur les enseignements de l'église catholique... et affermi mon rejet vis à vis de toute forme d'endoctrinement religieux. Loin de m'avoir converti ils m'avaient immunisé. J'avais alors une trentaine d'années.

J'aurais voulu me faire débaptiser et quitter la religion catholique, mais apparemment ce n'est pas possible : on y entre sans pouvoir en sortir. Alors je me suis déclaré agnostique : dans l'incapacité de me déterminer sur l'existence ou non d'une "entité supérieure", d'une sorte de "dessein", quoique réfutant tout amalgame avec le "Dieu" anthropocentré des religions.

Finalement, après ce long parcours, j'ai de plus en plus de mal à concevoir l'existence de je ne sais quoi qui gouvernerait aux destinées de l'univers et ses milliards de galaxies (et je ne parle même pas des infinitésimales poussièricules que sont les humains...).

Non, pour moi il n'y a rien. Rien qui ressemble à ce que des humains appellent "Dieu". 

Il me semble donc être passé, sans vraiment m'en être rendu compte, du côté des athées...

Mais ce n'est pas si simple, parce que le fait que tant de gens agissent en suivant des doctrines censées avoir été dictées par "dieu" fait exister cette entité, ce concept érigé au rang de guide suprême. Il m'est donc difficile de me dire athée puisque, du seul fait que des gens y croient, dieu existe !

L'athéisme peut-il exister si dieu existe pour d'autres ? Je suis sûr que plein de personnes érudites se sont penchées sur ce paradoxe mais je vous avoue que je ne vais pas me prendre le chou avec ça...

 

 

Je ne crois pas au divin extérieur à soi mais, en revanche, crois que l'humain peut accéder à une conscience qui le dépasse. Une conscience très personnelle, intime, indicible, dont la perception collective relierait les hommes. Quelque chose qui paraîtrait à la fois tellement grand et tellement exigeant envers soi que le projeter vers une divinité toute puissante permettrait d'en alléger la charge...

 

Commentaires
F
La nature ou l'écosystème de notre planète est d'une grande beauté complexe <br /> <br /> <br /> <br /> Comme la beauté d'un tableau de Picasso, Van Gogh ou Matisse, aucun de ces tableaux n'auraient jamais pus apparaitre par le hasard sans ces artistes peintres, il faut donc forcément un artiste a cette très belle et tres grande nature <br /> <br /> <br /> <br /> La "théorie de l'évolution" n'est pas une réponse sufisante, car les artistes aussi font évolués leurs oeuvres avant de les terminées définitivement <br /> <br /> <br /> <br /> La beauté est inhérente a l'intelligence ?<br /> <br /> <br /> <br /> http://dieu-atheisme.over-blog.com
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P
Je me sens très proche de la pensée de Comte-Sponville et j'admire toujours la clarté de ses propos, de son élocution...<br /> <br /> <br /> <br /> J'adhère bien sûr totalement à la distinction qu'il fait entre spiritualité et religion.<br /> <br /> <br /> <br /> Et puis j'aime bien cette phrase : « Comment, en multipliant les mots, pourrait-on faire un silence ? ». C'est ce que je me suis souvent dit quand je ressentais le "besoin" d'écrire pour trouver une certaine paix...<br /> <br /> <br /> <br /> Merci Lukéria :o)
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L
Extraits d'un entretien avec André Comte-Sponville<br /> <br /> Un peu long, mais intéressant !<br /> <br /> <br /> <br /> "Vous publiez L’esprit de l’athéisme, son sous-titre : introduction à une spiritualité sans Dieu, pose évidemment bien des questions puisque le mot de spiritualité peut se référer non seulement à la religion, mais surtout à la quête de transcendance. Pourquoi avoir choisi cette formule ?<br /> <br /> <br /> <br /> André Comte-Sponville : C’est vrai qu’en Occident cette expression semble paradoxale. On a été habitué, pendant vingt siècles d’Occident chrétien, à ce que la seule spiritualité socialement disponible soit une religion, au sens occidental du terme, c’est-à-dire une croyance en un Dieu, un théisme. On a donc fini par croire que les mots “religion” et “spiritualité” étaient synonymes. Il n’en est rien. Il suffit pour s’en rendre compte de prendre un peu de recul, aussi bien dans le temps, du côté des sagesses antiques, que dans l’espace, du côté des sagesses orientales, spécialement bouddhistes ou taoïstes. On découvre vite qu’il existe d’immenses spiritualités sans croyance en un Dieu ou en une transcendance. C’est ce que j’appelle des spiritualités de l’immanence. Mon sous-titre n’aurait pas du tout choqué un épicurien ou un stoïcien de l’Antiquité. Il ne choquerait pas un bouddhiste d’aujourd’hui. Il n’est paradoxal que dans un univers monothéiste, et judéo-chrétien en particulier. <br /> <br /> <br /> <br /> Comme je suis athée, j’ai dû m’appuyer sur des traditions différentes, à savoir les sagesses grecques, d’une part, et les spiritualités orientales, d’autre part. Sans mépriser pour autant la tradition judéo-chrétienne, qui m’intéresse surtout par sa morale, celle des Évangiles. Mais bouddhisme ou taoïsme sont plus proches de ma conception de la spiritualité, pour la simple raison qu’elles ne font aucune référence à quelque Dieu que ce soit. Pour un athée, c’est quand même plus commode !<br /> <br /> <br /> <br /> N. C. : Certains de vos pairs vont hurler à la manipulation philosophique !<br /> <br /> <br /> <br /> A. C.-S. : Mais lorsqu’on est athée on a aussi besoin d’une vie spirituelle ! Il suffit pour cela d’avoir un esprit. Et je ne crois pas que les athées aient moins d’esprit que les croyants ! L’athéisme est une position spirituelle, et c’est d’autant plus vrai de l’athéisme philosophique : toute philosophie, même matérialiste, relève par définition de la pensée, donc de l’esprit. Non, pourtant, que métaphysique et spiritualité soient la même chose. La métaphysique est une spéculation, un raisonnement, une théorie. La spiritualité est davantage une contemplation, une expérience, une pratique. J’avais d’ailleurs pensé d’abord appeler ce livre Traité du silence, pour indiquer le vrai paradoxe : essayer de dire avec des mots, de penser avec des concepts, quelque chose qui n’est pas un mot, ni un concept, quelque chose qui est d’abord une expérience, une pratique, un silence, et qui me paraît être le sommet de la spiritualité.<br /> <br /> <br /> <br /> N. C. : Nombre de philosophes français, dont Michel Onfray, vont être choqués par les thèses défendues dans ce livre...<br /> <br /> <br /> <br /> A. C.-S. : Michel Onfray est un ami, que je choque ou agace souvent ! Il m’a envoyé son Traité d’athéologie, que j’ai lu presque aussitôt. Je lui ai envoyé un mail de remerciement, dans lequel je lui disais que je trouvais son livre talentueux, comme d’habitude, mais trop polémique pour mon goût : “On a le sentiment, lui disais-je, que ton talent est indissociable de ta colère.” C’est d’ailleurs moins un livre sur l’athéisme qu’un pamphlet contre la religion. Et il m’a répondu que j’avais raison. “Quand je pense à mon enfance, me dit-il, je suis en colère.” Moi, quand je pense à mon enfance, j’ai envie de pleurer. Ce ne sont pas les mêmes affects... Pour Michel, l’écriture est un travail de révolte, de combat, voire de haine. Pour moi, ce serait plutôt un travail de deuil et de miséricorde, disons d’acceptation ou d’apaisement. Chacun son problème. Chacun son combat (oui, la paix en est un aussi). <br /> <br /> <br /> <br /> De fait, pour revenir à notre sujet, je n’ai aucun compte à régler avec la foi : j’ai été élevé dans le christianisme, mais bien loin d’en vouloir à cette religion, j’ai plutôt vis-à-vis d’elle un sentiment de gratitude, car ce que j’ai rencontré de mieux comme adulte, dans toute ma jeunesse, ce sont deux aumôniers. Ils m’ont donné une plus belle image de l’humanité que ma famille (qui était douloureuse, haineuse, pathologique) et que la plupart de mes professeurs. Mon éducation religieuse, pendant l’enfance et l’adolescence, a été une sorte de protection contre une famille fracassée et fracassante. Je n’ai donc aucune haine contre le christianisme, bien au contraire !<br /> <br /> <br /> <br /> Je me définis comme athée fidèle : athée, car je ne crois pas en dieu ; fidèle, car je me reconnais en certaines valeurs judéo-chrétiennes, spécialement dans l’esprit des Évangiles. Mon premier maître de morale, ce fut Georges Brassens, dont l’œuvre a accompagné toute ma jeunesse. Ce mécréant était lui aussi imprégné de la morale des Évangiles, et c’est tant mieux. On n’a pas besoin de croire en Dieu pour comprendre que l’amour vaut mieux que la haine, que la générosité vaut mieux que l’égoïsme, que la douceur et la compassion valent mieux que la violence et la cruauté ! Plus tard, sortant de l’immoralisme soixante-huitard, lorsque j’ai eu des enfants, j’ai vite compris que non seulement il n’était pas interdit d’interdire, mais que de plus les valeurs que je tenais à leur transmettre étaient clairement des valeurs judéo-chrétiennes. <br /> <br /> <br /> <br /> J’ai donc essayé de bâtir ma maison sur différents rocs, disons sur quatre pierres d’angle : les sagesses grecques anciennes, surtout l’épicurisme et le stoïcisme ; les spiritualités orientales, surtout bouddhistes et taoïstes ; la morale judéo-chrétienne ; enfin le naturalisme classique, spécialement chez Spinoza et les matérialistes français du xviiie siècle (Diderot, La Mettrie, etc.), mais qui se prolonge, en fait, jusqu’à Marx ou Freud.<br /> <br /> <br /> <br /> N. C. : Ma découverte personnelle, lorsque en 1968 je me suis mis à étudier les sagesses orientales, a été de constater que leurs philosophies se trouvaient basées sur une praxis, des techniques physiques telles que les différents yogas, le zazen, le chi-qong..., véritables gymnosophies, des gymnastiques de sagesse qui permettaient d’avancer dans la réflexion par une pratique corporelle de la méditation. Et, à ce sujet, je lisais récemment une formule de Yehudi Menuhin : “Il n’est pas nécessaire de méditer au nom de Jésus, de Bouddha ou de quoi que ce soit. Il suffit de tout simplement méditer. Méditer.” Qu’en pensez-vous ?<br /> <br /> <br /> <br /> A. C.-S. : Il a évidemment raison. D’ailleurs, si on médite au nom de quelqu’un, ce n’est plus vraiment une méditation, ou elle n’est plus vraiment libre. Disons que c’est plutôt une forme de prière, de religion, de soumission... Très peu pour moi ! Je m’intéresse au bouddhisme depuis trente ans, au taoïsme depuis une dizaine d’années. Ces deux traditions orientales ont en commun d’être des pensées de l’immanence et de la libération. Pour le philosophe matérialiste et rationaliste que je suis, ce sont des pensées plus proches que l’hindouisme, qui est une pensée de la transcendance, ou que les trois monothéismes, qui se veulent expressément soumission à Dieu. L’immanence, cela veut dire qu’il n’y a rien d’autre que tout : pas de Dieu créateur, pas d’esprit transcendant ou extérieur au monde. Il n’y a que le devenir, que l’éternelle impermanence de tout. Le philosophe athée se sent tout à fait à l’aise avec les textes de ces traditions, bien plus que dans les textes juifs, chrétiens ou musulmans. En revanche, au niveau des pratiques méditatives que vous évoquez, il est davantage démuni : il ne trouve pas grand-chose, dans notre tradition, pour le guider ! Pierre Hadot a écrit un beau livre sur les exercices spirituels dans l’Antiquité, mais ce ne sont guère des exercices corporels ! Ce sont des exercices intellectuels ou mentaux : un épicurien doit penser que la mort n’est rien et se le répéter jour et nuit, un stoïcien doit penser que tout fait a ses causes et qu’il ne sert à rien de refuser le réel, etc. Tout cela est spirituel, certes, mais d’abord intellectuel et mental. Or, quand le philosophe occidental s’intéresse aux traditions orientales, il découvre que l’essentiel est... d’apprendre à respirer. Cela lui fait un drôle d’effet, car chez Épicure, Épictète, Platon, Aristote... il n’a pas lu une ligne là-dessus ! <br /> <br /> <br /> <br /> Il y a là une vraie singularité orientale, et une vraie différence avec nos propres traditions : il s’agit en Orient de sagesses incarnées, de sagesses exercées, comme dit mon ami Jacques Castermane, de sagesses qui incluent un travail sur le corps, sur la posture, sur la technique (par exemple les arts martiaux), avec une pratique très précise et très exigeante. Comme je suis un pur produit de l’Occident, et comme je me méfie de l’exotisme, de l’éclectisme ou du tourisme spirituel, je me suis d’abord méfié de cet aspect. Le yoga ? La méditation ? Ce n’était pas mon genre ! Je n’en avais pas moins certaines expériences méditatives, mais comme M. Jourdain faisait de la prose : sans le savoir. Par exemple un soir, en Espagne (j’avais dix-neuf ans, j’y passais l’été pour perfectionner mon espagnol en vue du concours de la rue d’Ulm), je me revois allongé sur le gazon de la cité universitaire où j’habitais, une nuit, dans un état à la fois de disponibilité et d’attention, de vide et de plénitude, de sérénité heureuse, que je retrouverai décrit, des années plus tard, dans des livres sur le zen ou la méditation. Une espèce de mystique de l’immanence est ainsi née en moi, presque à mon insu, que j’ai plus tard revécu dans d’autres expériences, que je raconte dans ce dernier ouvrage.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne suis pas bouddhiste, ni n’envisage de le devenir. La pratique du zazen m’intéresse davantage, en l’occurrence, que sa théorie. Méditer au nom de Jésus ou de Bouddha, c’est toujours s’éloigner de ce que Simone Weil appelait “l’attention absolument pure”. Cette formule est l’une de celles qui m’ont plus accompagné, ces dernières années. Cette “prière” ne demande rien, et ne se fait pas avec des mots. Ce n’est donc pas une prière : c’est une pure présence à la présence, ce que l’on peut vivre de plus haut en matière de spiritualité.<br /> <br /> <br /> <br /> N. C. : Cela veut-il dire qu’une spiritualité, disons, laïque serait accessible à tout un chacun ?<br /> <br /> <br /> <br /> A. C.-S. : Elle est laïque en ceci qu’elle n’a pas besoin d’Église. Un vrai mystique n’a pas besoin de dogmes, ni de foi, ni d’espérance. C’est d’ailleurs pour cela que les mystiques, dans toutes les religions, ont eu si souvent maille à partir avec leurs Églises respectives, qui se dépêchent de les excommunier, comme Maître Eckhart chez les chrétiens, ou de les brûler vif, comme Al Halladj chez les musulmans. Spiritualité accessible à tout un chacun ? Oui, mais à condition d’avancer sur ce chemin ; car il ne suffit pas de dire “je suis attentif deux minutes et j’attends que l’éternité me tombe dessus” ! Il ne suffit pas non plus, disons-le pour finir, de philosopher. La philosophie est une pensée ; cela se fait avec des mots et des raisonnements. La sagesse serait plutôt un certain type de silence. La philosophie est un travail ; la sagesse, un repos. Mais la philosophie, ses concepts et ses arguments, tendent vers la sagesse et la préparent, afin de faire advenir ce silence en soi. Et vous savez comme moi que se taire, y compris intérieurement, est une des choses les plus difficiles qui soient. Philosopher, c’est parler pour se taire ; le contraire donc du bavardage, qui consiste à parler pour parler. <br /> <br /> <br /> <br /> C’est pourquoi la philosophie est nécessaire, et c’est pourquoi elle ne suffit pas. Comment, en multipliant les mots, pourrait-on faire un silence ? Comment, à force de travail, pourrait-on obtenir un repos ? Il faut donc autre chose, non à la place de la philosophie, mais en elle ou à côté : c’est ce que j’appelle la spiritualité ou la méditation.
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P
Josiane, merci d'avoir fait part ici de ton vécu intérieur. Oui, certaines choses ne peuvent se décrire. On ne peut que tenter d'en proposer un aperçu...<br /> <br /> <br /> <br /> Bonjour et bienvenue Nadine Etis. Je n'irai pas jusqu'à dire que "penser l'inexistence de Dieu" *indique* qu'il serait en nous... En cela je distingue totalement le concept et ce qu'il représente.
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N
Le fait de penser Dieu y compris dans son inexistence semble indiquer au moins que Dieu est en nous. Peut-on distinguer Dieu de son concept? Sans doute, mais c'est alors surtout façon de parler et vue de l'esprit.<br /> <br /> Ceci dit, on ne peut confondre cette dialectique foi/raison sur l'existence de Dieu avec la manifestation temporelle, politique, historique de la croyance en Dieu. Toute religion reste très terre à terre et rend compte de l'homme qui la pratique, qualités et défauts confondus, pas de Dieu.
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J
Bonsoir Pierre et bonsoir à vous tous. J’hésite un peu à laisser un commentaire et pourtant j’ai tellement envie d’apporter mon petit témoignage par rapport à ce billet que je me lance ! Moi aussi comme certains d’entre vous j’ai reçu une éducation catholique, mais je ne peux absolument pas dire si le grand chamboulement qu’il y a eu dans ma vie depuis 5 ans est dû à cela car c’est à ce moment là que j’ai eu le besoin de tout remettre à plat pour repartir en quelque sorte à zéro…j’étais tellement mal que j’ai pensé au pire et puis « quelque chose » s’est passé en moi mais je n’ai pas vraiment de mots pour le décrire…mais c’est comme si je reniais moi aussi ma religion sans pourtant vouloir, comme on dit, jeter le bébé avec l’eau du bain, et j’ai eu envie de me « rééduquer » à ma manière…moi aussi j’hésite à dire que c’est la grâce qui m’est tombée dessus, car je ne sais pas ce que c’est…mais cependant c’est un changement radical de ma vision du monde qui m’a sauvée…moi aussi j’ai lu un tas de livres dits spirituels pour voir si je pouvais trouver des ressemblances avec ce que je vivais et j’en ai trouvées ! Aujourd’hui je ne me sens pas appartenir à aucune religion…suite à ce qui se passait dans ma vie j’ai entrepris une formation, non pas pour changer de métier mais dans laquelle j’ai appris à relier la spiritualité à la psychologie et à la philosophie. C’est un vaste programme mais qui correspond à ce je souhaitais, pourtant sans vraiment le savoir…je n’avais en réalité surtout pas envie que ce que j’avais ressenti s’en aille de moi sans que j’ai pu en faire quelque chose…et je peux dire que je continue à cheminer tranquillement dans cet état d’esprit à travers lequel j’ai trouvé la sérénité, la liberté, parfois même (et c’est très fugace) une joie sans raison qui est tellement bonne ! Ce n’est pas une joie parce que j’ai quelque chose, oh non ! mais c’est une joie parce « je suis » tout simplement. Une joie que j’ai envie de partager en faisant plaisir, en offrant un sourire, un réconfort à mes proches ou à d’autres…maintenant donner un nom à cela ? je dis souvent l’Amour…parce que je ne sais pas comment en parler…des fois je dis que c’est une grande force intérieure mais ce ne sont pas les mots qui sont importants car même quand je parle de spiritualité je ne fais en réalité que parler de ce qui n’est pas matériel, c’est tout…peut-être pas aussi simple que ça non plus mais je ne sais pas en parler autrement. Ce n’est que mon témoignage et je serai sûrement incomprise par ceux qui n’ont pas vécu ce grand chamboulement, mais ce n’est pas grave, je tenais seulement à essayer d’exprimer ce que j’ai vécu et ce que je vis…Bonne soirée!
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L
Juste un petit mot pour dire, qu'effectivement, mon commentaire de 13h26 était une réponse à celui Yogi. Merci de me l'avoir fait remarquer et toutes mes excuses à Yogi !
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P
> Lukéria, ce texte que tu me proposes décrit en effet cet "éveil" qui m'est un jour tombé dessus sans que je m'y attende ni ne le recherche. Jusque-là je n'en ai pas fait grand chose, même si je sais que mon rapport à l'existence et aux autres en a été transformé. Alors il me plaît de lire que, pour ceux qui ont vécu quelque chose de semblable,'un processus se met en place graduellement pour "intégrer" ce nouvel état de conscience. Tout cela échappe en effet au mental, dont l'intervention ne peut que perturber l'intégration : chercher à comprendre ou expliquer c'est s'éloigner de ce qui est venu comme une... grâce.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est difficile d'employer ce mot, parce que je ne crois pas que tout cela puisse être compris par qui ne l'a pas vécu. Et on peut vite passer pour un illuminé (dans le sens péjoratif du terme...) :o)<br /> <br /> <br /> <br /> Mais bon... c'est ma réalité. Je ne fais qu'en témoigner et peu importe ce que d'éventuels sceptiques pourraient en penser.<br /> <br /> <br /> <br /> Alors merci pour ce texte, Lukéria, qui met des mots sur ce que je n'évoque pratiquement jamais.<br /> <br /> <br /> <br /> [pour ton commentaire de 13h26 il y a une petite confusion d'interlocuteur] ;o)<br /> <br /> <br /> <br /> > Nicole, je n'ai pas dû être touché par la grâce des mathématiques parce que texte du SCMCA m'a paru fort complexe, polémique, et je n'ai pas saisi ce qu'il cherchait à démontrer.<br /> <br /> <br /> <br /> > Alainx, ce genre d'expérience spirituelle peut en effet fort bien s'accommoder avec la foi chrétienne. Et ce qui aura été une surprise pour moi c'est qu'elle peut aussi fort bien s'en passer.<br /> <br /> <br /> <br /> > Cloudy, il n'y a en effet pas de lien direct entre l'appartenance à une église et la façon que l'on a d'être en relation avec l'autre. Cela dit... nous appartenons à une culture dite "judéo-chrétienne" et celle-ci influe très fortement sur notre rapport à l'autre. Difficile de discerner ce qui serait nos idéaux personnels de ceux qui émanent de notre culture...<br /> <br /> <br /> <br /> > Lukéria, ce dont tu témoignes est effarant. Même si ce genre de comportements déviants et totalement inverses aux principes chrétiens est connu, en avoir un aperçu direct de ta part me fait prendre conscience qu'ils étaient sans doute beaucoup plus fréquents que je l'imaginais.<br /> <br /> <br /> <br /> > Yogi, tes connaissances sur le sujet m'impressionnent...
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Y
@ nicole 86 : Bon, faites quand même attention à vos références ... l'article de la SCM-SA me paraît bien un modèle d'anti-référence. Après avoir justement rappelé que leur point de vue (les mathématiques seraient inventées et non découvertes) n'était partagé par quasiment aucun mathématicien, ils en appellent deux à l'appui de leur thèse mais enchaînent alors les contresens dans l'interprétation de leurs textes, avant de se tirer des balles dans le pied avec des exemples qui montrent l'inverse de ce qu'ils entendent leur faire dire.<br /> <br /> <br /> <br /> On ne va pas en faire des tonnes ici mais en gros : la SCM-SA (notons que malgré son titre ronflant il s'agit d'une PME de 10 personnes et non d'un Institut) confond la carte (le formalisme mathématique) et le territoire (les concepts / règles / lois sous-jacentes), interprète D.Ruelle de travers (des mathématiques "différentes" ne signifie pas que les nôtres seraient fausses, mais qu'elles n'auraient pas nécessairement été découvertes, ou dans un ordre différent) et est contredit par ses propres exemples (des êtres gazeux, pour autant qu'ils soient distincts les uns des autres, auront bien accès au concept de "nombre entier"). Etc etc ...<br /> <br /> <br /> <br /> Ceci dit un petit googlage montre toutes les casseroles que traîne le patron de la SCM, y compris la négation du réchauffement climatique (pas seulement de son origine, mais de sa réalité même), et on se dit que cet illuminé a pris comme principe de prendre le contre-pied de la communauté scientifique, quoi qu'il en coûte en absurdité.
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L
Une autre chose dont je ressens le besoin de parler sur mon vécu au sein de l'église catholique. Ma mère étant très malade, j'ai passé, étant enfant, une année dans un pensionnat tenu par des religieuses, de vraies pestes, la méchanceté à l'état pur, aussi bien entre elles (jalousies, mesquineries) que vis-à-vis des petites filles que nous étions. Un jour, où l'on se promenait dans la ville, en groupe, deux par deux, un jeune garçon m'a souri dans la rue et je lui ai rendu son sourire. Une des bonnes soeurs qui nous accompagnait a fondu sur moi et m'a balancé deux gifles en me traitant de vicieuse. J'avais sept ans et je ne savais pas ce que ce mot voulait dire. Mais je ne l'ai pas oublié ! Et pourtant qu'il a-t-il de plus beau qu'un échange de sourires entre deux êtres ? <br /> <br /> <br /> <br /> Je pourrais en écrire un roman, tant il y a eu de scènes plus terribles les unes que les autres durant cette année. Je pleurais toutes les nuits dans mon lit, de me sentir ainsi abandonnée dans un milieu hostile. Jamais je n'ai reçu de leur part le moindre réconfort. Quelle image ces femmes qui avaient consacré leur vie à Dieu pouvaient-elles véhiculer ? Quel était leur Dieu ? Je me pose encore la question. Mais certainement pas un Dieu d'amour !
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