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Alter et ego (Carnet)
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19 octobre 2015

Le laboureur

En racontant mes états d'âme j'ai pour modeste ambition de toucher un petit bout de l'universel. Pour ce faire j'aimerais assez que mes écrits aient un petit air léger et enjoué, soient à la fois pertinents, intéressants et variés, afin de susciter de nourrissants échanges. Hélas... je n'écris évidemment pas comme cela. Pas comme je le voudrais. Ni dans le style, ni dans la tonalité, ni même par le contenu. L'inspiration, cette muse par laquelle je me laisse volontiers guider, me ramène souvent vers l'expression mal calibrée de pensées redondantes jetées un peu en vrac. A partir d'une idée de départ je me laisse toute liberté de suivre le chemin que dessinera l'enchainement des mots. C'est ma part de spontanéité. Mais en même temps, sitôt que les mots commencent à couler, j'oriente, limite, canalise et bride certains traits de mon expression selon je ne sais quels paramètres obscurs. L'autocensure veille. Par pudeur, je m'interdis certains développements qui pourraient m'exposer plus que je le souhaite. C'est normal, probablement assez sain, et nous agissons tous, peu ou prou, de façon similaire.

Sur le fond, toutefois, j'aimerais savoir prendre davantage de recul. Être plus évocateur que descriptif. Idéalement j'aimerais parler moins de "moi" et être plus général dans mon propos [je... je, JE... vous voyez, il est toujours dans mes pattes, celui-là !]. J'aspire aussi à être plus enthousiaste, plus positif. Le must serait d'être moins sérieux... Mais bon, je fais avec ce que je suis. C'est ma marque de fabrique, style laboureur. Alors, avec un brin d'admiration, je lis celles et ceux qui, sur leurs blogs, ont un talent que j'aimerais avoir. Sophie est de ceux-là. Son évocation toute simple d'un voyage en solitaire, à peu près aux mêmes dates que mon parcours acadien, m'a enchanté. J'ai trouvé son récit léger, précis, épuré. Frais et sautillant.

 

IMGP5008

Cabot trail, Cap Breton, Nouvelle-Écosse

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Bien sûr comparaison n'est pas raison et ce n'est pas en ce sens que je mets en exergue la différence narrative. Non, c'est parce que dans son récit la rencontre a été un élément majeur, alors que dans le mien elle est restée embryonnaire. Ce qui a retenu mon attention c'est l'apparente aisance de l'auteure à rencontrer l'autre alors que, de mon côté, j'ai vanté... les attraits de la solitude. Certes, il y en a, indéniablement. Mais ceux de la rencontre ne lui enlèvent rien ! On peut fort bien allier solitude et rencontres, alternativement. C'est d'ailleurs ce qui est apparu dans les commentaires qui ont suivi mon texte. J'ai alors compris que mon récit était faussé par une mise en avant un peu trop poussée des plaisirs de la solitude. Mais étais-je moi-même dupe de mon insistance ? Ma dernière phrase ne mettait-elle pas en question tout ce qui l'avait précédée ?

Je n'en fais pas mystère : écrire sous d'autres regards est pour moi un moyen de "rencontrer" l'autre, mais aussi de me trouver. En exposant mes réflexions je me donne la chance d'avoir des avis différents, contraires, ou confortants. C'est une façon d'affermir mes idées, de les remettre éventuellement en question, ou de m'ouvrir à des modes de pensée qui me sont inconnus. Pour différentes raisons je n'ai pas souvent ce genre de partage en face à face avec des personnes de mon entourage. Ou du moins pas sur les sujets que j'aborde ici et qui me tiennent à coeur. Nombre d'entre eux reviennent régulièrement - obstinément, devrais-je dire - au premiers rang desquels la liberté, la solitude et les relations fortes tiennents des places de choix. A l'évidence il y a entre ces trois éléments quelque chose qui n'est pas vraiment stabilisé. Rien de difficile à vivre là dedans, seulement un équilibre en latence. "Ça" travaille en moi, encore. Lentement, patiemment. Quête existentielle à la fois sereine, continue, et tenace, dont l'énigme cherche à se résoudre par l'écriture. Grâce à votre présence...

 

Commentaires
P
écrire... sous le regard des autres... pour se rencontrer...c'est bien cela. C'est un effort inhabituel d'écrire sous le regard des autres. Non seulement ne pas se fâcher si on lit par-dessus l'épaule de celui qui écrit, mais inciter à cette indiscrétion. Quand j'étais pré-adolescent, mon père m'avait ordonné de tenir un journal... et de le lui montrer chaque soir. C'était peut-être absurde - je ne sais pas. Il y a dans l'exercice quelque chose qui participe de la confession. Je m'y livre aussi dans le blog que je viens d'ouvrir - avec sans doute une perversité certaine. L'acte d'écrire est en principe intime et narcissique, celui de publier exhibitionniste. Un journal comme le vôtre, une confession comme la mienne, que le lecteur peut observer en cours d'écriture, constituent, je le pense, une expérience nouvelle d'écriture. En tout cas bravo!
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M
Cher Laboureur, je souris à votre dernier texte. Merci d'avoir mis en référence mon texte et d 'avoir vanté mon écriture et mon aventure. Ca fait, sans aucun doute, un bien fou ! Effectivement, pourquoi comparer se demande Lukeria. La comparaison me blesse souvent. J'essaye -et c'est difficile- de m'en libérer. Si je me compare à vous, par exemple, Pierre, je serais complètement déprimée de n'avoir pas encore autant de lecteurs assidus sur mon blog que vous, avec des échanges aussi profonds. Pour ma part, le coeur de toute action réside dans l'intention. Quelle était votre intention en entreprenant ce voyage ? Ensuite, pourquoi vous juger si durement? Soyez tendre avec vous même. Vous avez osé l'aventure de trois semaines dans un voyage solitaire et nomade. Le voyage n'est pas seulement géographique. En ce qui concerne l'écriture en Je, elle est inévitable quand on partage ses expériences. Elle n'est ni dérangeante ni égotique. Je l'utilise dans tous mes textes, la mélodie passe par le prisme du ressenti des émotions. Le lecteur ressent et n'ai pas abasourdi par le Je uniquement centré sur lui-même. J'aime vous lire, je me sens proche de ce que vous ressentez même si nos chemins sont différents. Et je vous laisserai, cher laboureur, avec ce que lisais sur un autre blog récemment [http://lescarnetsdemademoiselle.com/] : « Je ne partage pas mes pensées pour changer celles des autres, je partage mes pensées pour que ceux qui pensent comme moi réalisent qu’ils ne sont pas seuls. » Grâce à vous Pierre, je me sens moins seule. Merci. Tendrement, Sophie
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L
Mais Pierre, pourquoi comparer ? Tu es toi, et c'est très bien ainsi ! . C'est la diversité que j'aime, chacun a sa propre tonalité dans l'écriture de son vécu, reflet de sa personnalité. J'ai bien aimé le blog de Sophie, mais je ne commenterais pas depuis si longtemps chez toi, si le tien ne m'apportait pas énormément. <br /> <br /> <br /> <br /> Je lis beaucoup de blogs, et je ne commente pas, peut-être parce que c'est trop personnel, cela me touche, mais je n'arrive pas à commenter. Les échanges chez toi sont très nourrissants, c'est d'ailleurs ce qui m'avait frappée quand je suis arrivée sur ton blog, cette qualité des échanges. Et ils le sont, car, contrairement à ce que tu sembles penser, tu abordes souvent les choses de manière générale, ce qui permet à d'autres de se livrer à travers leur propre sensibilité et leurs expériences. Ton blog est beaucoup plus ouvert à la parole que bien d'autres. En ce sens, il me semble qu'il ne faut rien changer. Tu aimerai sans doute, parfois, te livrer de manière plus personnelle, mais tu sais aussi que se livrer, c'est s'exposer... <br /> <br /> <br /> <br /> Oui, tu exprimes ton besoin de solitude, mais je ne te sens pas coupé des autres. Je dirais même que tu es plutôt plus à l'écoute des autres que bien des personnes, si j'en crois la manière dont tu réponds à chacun avec infiniment de respect et de bienveillance. Et c'est cela aussi que l'on aime chez toi.
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F
On a toujours à apprendre, et des autres, et de soi. Les échanges, que ce soit avec la nature ou avec d'autres personnes, aident grandement... Nous sommes tous très différents, et nos demandes et besoins ne sont pas les mêmes. Tu savoures des voyages en solitaire, Sophie les savoure d'une autre façon, il n'y a pas de bonne ou mauvaise façon, chacun choisit ce qui lui convient. Mais je ne t'apprends rien. :-)<br /> <br /> Belle semaine à toi, Pierre.
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P
Re, <br /> <br /> <br /> <br /> j'ai lu l'article de cette sophie. tellement véridique ... <br /> <br /> j'avoue que ces mots m'ont transportés également, tellement réalistes. <br /> <br /> Bonne soirée, <br /> <br /> Je devrais penser à écrire tout dans le commentaire à l'avenir ^^
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P
Oh viens de cliquer sur le lien ... <br /> <br /> Me suis fais fait des films ... <br /> <br /> La ressemblance était vraiment troublante n'empêche ... <br /> <br /> <br /> <br /> Bonne soirée, et toute mes excuses ...
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P
Bonsoir,<br /> <br /> <br /> <br /> peut-être que je me fais des films ... Mais est-tu en train de parler de moi?<br /> <br /> Si ce n'est pas le cas, honte à moi d'être si égocentrique. <br /> <br /> Mais vu que je parle dans un article des "Sophie" J'avoue que la ressemblance est troublante ...
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