Silence absolu
Pour n'entendre aucun bruit d'origine humaine il faut se trouver loin de tout. Loin des villes, bien entendu, mais aussi loin des villages et des hameaux. Très loin, hors de portée de sons. Il faut surtout, et c'est difficilement évitable, être à l'écart des couloirs aériens. Le bruit des avions se propage infiniment loin.
Mais quand ces conditions sont réunies, au moins temporairement, alors on peut entendre le silence de la nature. Sons infimes et discrets le plus souvent. Harmoniques.
Le silence absolu, lui, est quelque chose d'encore plus rare. Imaginez : pas le moindre son. Ni chant d'oiseau, ni vrombissement d'insecte, nul souffle de vent, aucun clapotis d'eau. Rien.
Ce silence je l'ai vécu à plusieurs reprise aujourd'hui. Silence de l'air, face à l'immensité d'un paysage s'étendant à perte de vue. Silence de l'eau, au bord d'un lac miroir cerné d'une forêt de conifères. Le silence vert des mousses, dans un boisement impénétrable. Chacun de ces silences absolus avec sa propre tonalité muette.
En cheminant je pensais à cette nature "humanisée" que je peux parcourir à ma guise. Sans intervention humaine, sans chemins ou sentiers tracés et entretenus, la nature ne se laisserait pas pénétrer. Une forêt "sauvage" est un inextricable enchevêtrement de végétaux vivants et morts. On ne peut s'y déplacer que lentement, péniblement, sinueusement.
S'il fallait de nouveau y vivre, parce que notre inconséquence commune nous y aura conduit, l'homme moderne serait très démuni. Le rapport des forces serait rétabli.
Silence aérien de l'horizon à perte de vue
(Parc des Monts Valin)
Au delà de l'horizon collinéen, vers le grand nord
(plus aucun village avant ceux des Inuit, 1000 km plus au nord)
Silence absolu de l'eau en miroir
(et zéro degrés au thermomètre)
Bien au dessus du silence, les cris lointains des oies des neiges
(formation de 75 oiseaux en haute altitude)
Méandres
Art naturel
Rencontre fortuite : Tétras du Canada (?)
Seul et heureux