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Alter et ego (Carnet)
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31 octobre 2010

Critiquer l'intime

Il y a quelques années, au tout début de la déferlante blog, un joyeux agitateur adepte des coups de pieds dans les paisibles fourmillières avait eu la délicate idée de critiquer les journaux intimes en ligne. Comme on critique un livre, ou un film. Avec candeur ce nouveau venu considérait que ce qui s'exposait en public s'exposait aussi à être critiqué. En toute logique c'est un point de vue qui se défend... Sauf que l'intime publié n'est pas une oeuvre, mais une partie de la personnalité de son auteur. Critiquer "l'oeuvre" revient donc à critiquer la personnalité de l'auteur.

Il se trouve que mon journal en ligne, dont on ne saurait affirmer qu'il se situait au devant de la scène et de l'agitation, avait été choisi comme premier cobaye. J'ignore les raisons de ce privilège mais il n'était certainement pas étranger au fait que, à cette époque, j'essayais de jouer un rôle fédérateur dans la réflexion sur l'écriture de soi en public. Une place qui me rendait un peu plus visible que d'autres. Or émerger, de quelque façon que ce soit, attire les regards, voire les jalousies. Je suppose que quelque chose de ma personnalité "bien pensante" avait fait le reste, en agaçant le téméraire pourfendeur de bons usages et d'ambiance feutrées. Ce qui fait que, loin de limiter sa critique à mon style d'écriture ou à la forme narrative, c'est aussi ma façon d'être et de me présenter qu'il avait épinglées.

J'avais très mal ressenti cette critique, que j'avais prise bien plus au sérieux que son auteur à l'humour potache ne semblait le souhaiter. Je m'étais senti mis à nu devant "tout le monde" [les lecteurs du blogueur, en fait...], exposé au regards sur une estrade sans l'avoir choisi. Bien mal inspiré je m'en étais ouvert publiquement, ce qui n'avait fait qu'attiser la curiosité d'une faune inconnue avide de polémiques. Expérience dont je garde le souvenir désagréable et qui me conduit, depuis, à éviter ce genre de situation...

Car paradoxalement, bien que je dévoile assez largement ce qui m'est personnel, je n'aime pas "m'exposer" (dans les deux sens du terme). Je suis mal à l'aise dès que je sens trop de regards converger vers moi. Gêné quand on parle de moi d'une façon trop éloignée de l'image que je souhaite donner. Or cette image participe à la prise de conscience/confiance que me permet l'écriture sur internet. J'accorde ce pouvoir à l'outil d'expression. Dans ces conditions publier mes ressentis intimes a, depuis toujours, quelque chose d'aberrant et d'un peu casse-gueule. Si je continue malgré tout c'est pour la découverte et le partage de ressentis : les miens en échange des votres, ici ou sur les blogs de lecteurs. J'y trouve un enrichissement certain et j'aime l'idée de ce genre de partage. Au point d'en faire un peu de prosélytisme...

Mais je crois que je reste imprégné par la "vieille école" : la lecture des écrits intimes devrait se faire avec empathie et respect de la sensibilité de l'auteur. C'est à dire sans émettre de jugements négatifs, sans conseils ni reproches. J'y vois la condition sine qua non d'une écriture-lecture partagée au plus près de l'intime dicible. Je crois que la richesse des échanges vient de l'expression d'une sensibilité aux limites de la vulnérabilité. Exposer ce domaine fragile aux regards de tous c'est évidemment prendre le risque de se voir bousculé. Adopter une attitude bienveillante serait, pour le lecteur, la contrepartie à payer. Fort heureusement, la plupart du temps, les commentateurs ne versent pas dans la critique. Ils ne sortent pas du pacte qui consiste à ne pas "agresser" celui qui se met à nu. Ou du moins cela reste à un niveau tolérable. Pour ma part, avec les années, je me suis aussi un peu épaissi le cuir...

Il faut bien comprendre que dans l'intimité exposée, qu'on appelle aussi "extimité", l'élément prééminent c'est l'intime. Pas l'exposition ! C'est une intimité choisie qui est affichée en public et il est important que cela reste dans cette hiérarchie. L'intime prime sur la mise en public. Si c'était l'inverse ce serait de l'exhibitionnisme. Alors quand cette inversion conduit des lecteurs à puiser dans les éléments épars de l'intimité d'un auteur, dans le but de les exposer publiquement pour donner de lui une image « plus réelle », on rentre dans une situation assez glauque qui n'est pas sans rappeler le monde des paparazzi. C'est le réveil du côté sordide du voyeurisme. Celui-là même qu'exploite souvent une presse sans scrupules, avec le malaise qu'il peut engendrer.

Face à l'extimité, ce que ne comprennent pas certains commentateurs un peu "rentre-dedans", c'est que s'ils se laissent aller à ce penchant ils risquent fort de perdre l'objet de leurs critiques. Pour ma part, dès que je me sens jugé défavorablement j'ai tendance à répondre de façon défensive/agressive puis à me replier dans le silence. Je m'efface de la scène publique, c'est un réflexe automatique.

Cela dit... je reviens toujours ! Ce qui signifie que je trouve aussi mon compte en étant bousculé. Peu à peu j'apprends à cerner les contours de ce qui est dicible sans trop de risques et de ce qui ne l'est pas sans conséquences. J'ai bien conscience que certaines de mes idées peuvent déranger. Ce qui n'est pas pour me déplaire, d'ailleurs...

Je reconnais que je suis moi-même assez ambigü avec cette intimité dévoilée, dont j'apprécie de savoir qu'elle peut amener à une réflexion et une prise de conscience chez mes lecteurs. J'aime un peu bousculer certaines idées toutes faites. Ça fait partie de l'enjeu. Mais je ne suis pas pour autant en capacité d'endurer une mise en lumière soudaine de mes failles et autres incohérences apparentes. Je n'ai pas les moyens de résister sans sourciller à la pression des regards sur moi. D'un côté la contradiction me galvanise, de l'autre elle me fragilise. La ligne de partage se situe là où le public et le privé se séparent. Entre les idées et la personne qui les émet.

Il n'est pas très difficile, au fil du temps, de déceler dans ce que je raconte des incohérences partielles entre le discours et les actes. Parce qu'entre ce que je crois être, ou voudrais être, et ce que je suis il y a un écart possible... que peuvent mettre en lumière des lecteurs avec plus ou moins de tact. Acculé, implicitement sommé de m'expliquer pour rester cohérent, je peux alors me sentir pris dans le piège d'un dévoilement excessif, par moi-même tissé. Flagrant délit de contradiction ! Et devant tout le monde, en plus ! « Tu n'es pas ce que tu dis être, tu ne corresponds pas à l'image que tu cherches à donner de toi ! ».

Merci de me rappeler qu'entre la prise de conscience et la mise en actes il faut du temps... mais il est dommage d'oublier qu'entre ce que j'ai écrit un jour et ce que je suis devenu depuis il peut y avoir un écart important. C'est assez logique puisque c'est un des objectifs de ma démarche d'écriture...

Est-ce que je ne chercherais pas à être contredit, finalement ? Mes écrits ne seraient-ils pas une mise à l'épreuve constante du regard d'autrui ? Une façon de mettre en évidence des points que j'aurais à travailler ? Auquel cas je ne peux qu'accepter le verdict, même si je préfère me faire discret à ce moment-là.

Quoi qu'il en soit, parce qu'elle est commentable par tous sans protection particulière, l'expression sur un blog ne convient pas au dévoilement intime tel que je l'ai pratiqué pendant des années dans la discrétion relative d'un "site personnel". À l'origine ce "Carnet" que vous lisez, version commentable de mon journal intime, avait été ouvert expérimentalement pour prendre du recul avec un dévoilement intime surabondant. Je pensais que la présence de commentateurs m'empêcherait d'être dans un registre trop personnel. Cinq ans plus tard l'objectif est partiellement atteint, avec une belle surprise due à la qualité générale des échanges, qui me pousse souvent à explorer plus loin. Mais c'est aussi ce qui m'amène régulièrement sur le fil du rasoir...

J'en arrive sans surprise à la conclusion que, pour mon cas, l'intimité la plus sensible supporte mal la critique publique. Mon intimité n'est pas commentable sans précautions. Mais comme il n'est pas question que je demande à être "protégé", c'est à moi de trouver comment m'exprimer sans me surexposer. Ici ou ailleurs, avec ou sans commentaire, en y répondant ou pas.

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Nb : ne souhaitant pas consacrer un temps considérable à débattre de ce sujet je ne répondrai pas forcément aux éventuels commentaires. Je les lirai cependant tous, comme je le fais systématiquement.

Commentaires
P
Nicole, quand je parle de « construire ma représentation de moi », c'est par analogie littérale à une construction "pierre par pierre", si je peux hasarder cette formule. Disons brique après brique... Il n'y a pas de notion d'ordonnancement, si ce n'est que poser une brique permet d'en poser d'autres à la suite.<br /> <br /> Sur le deuxième point tu as raison : la compréhension est limitée, notamment par l'absence des signaux non-verbaux.
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N
J'ai retrouvé mon identité habituelle (rachel est le prénom d'une collègue qui a emprunté mon ordi pour quelques heures).<br /> je bute tjs sur "construire ma représentation de moi".<br /> est ce une construction au sens de modèle (comme modèle matheux) ? pourquoi le besoin de "construire", est-ce ordonner les éléments par importance, catégories ... <br /> <br /> je ne crois pas que ce que j'avais en tête etaient (seulement) les projections. Elles sont un élément dans la mesure où ce que je te donne à lire peut effectivement être une projection, mais je voulais aussi dire que ce que je comprends de toi à la lecture (puisque je ne peux pas m'appuyer sur la communication non verbale) est forcèment limitée à ce qui m'est accessible puisque je suis un être fini à la compréhension forcèment imparfaite et biaisée par essence.<br /> <br /> Et c'est sans compter les imperfections de ma maitrise de la langue écrite ( comme me l'ont généreusement fait remarquer des collègues experts es-lettres).
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P
Alainx, je suis d'accord avec ta première phrase, mais pas trop avec le paragraphe suivant, du moins pour ce que j'en comprends. Je ne crois pas que l'affirmation de soi "en soi" puisse précéder l'affirmation face aux autres. Selon moi les deux se développent et se confortent simultanément, dans un constant va et vient de validation. Je crois vraiment que nous nous construisons depuis l'enfance *dans le regard de l'autre*, même s'il se diversifie au fil du temps.<br /> <br /> Seul face à moi-même je n'ai pas de difficulté à "être" ! Ce n'est qu'en présence de l'autre (ou en l'imaginant) que ça se complique...<br /> <br /> Ma valeur propre, je n'en doute que face aux autres (qu'ils me jugent ouvertement ou pas, d'ailleurs).<br /> <br /> Et je ne sais pas si nous parlons des mêmes peurs, mais pour ma part je sais qu'en les affrontant (ce qui n'est pas "lutter contre"...) je m'en libère. Au contraire, tant que je me laise dominer par une peur... j'ai tendance à la surdimentionner. Par exemple je redoutais de me retrouver "seul" jusqu'à ce que ce soit le cas... et que je me rende compte que ça n'a rien de dramatique :o)<br /> <br /> Je ne partage pas non plus ce que tu dis du « jouer à se faire peur » des enfants. Au contraire je pense que ce genre de jeu est déterminant dans le processus d'autonomie, en "apprivoisant" et dédramatisant une situation imaginée comme angoissante.<br /> <br /> Pour moi les actes existentiels ne peuvent se poser qu'avec un stock de courage (confiance en ses capacités) suffisant, même s'ils le renforcent ensuite ! Mon cher Alain, je suis assez étonné de voir à quel point nos approches sont différentes. Je suppose que chacun de nous fait comme il le sent le mieux pour lui-même :o)<br /> <br /> Personnellement les « il faut » ne me conviennent pas. Je fonctionne bien mieux au "j'ai envie" ou "je ressens", ou "je crois"...<br /> <br /> Quant au courage... je me souviens que pour les nombreux actes existentiels que j'ai posés, notamment ces dernières années et d'autant plus que c'était difficile, cela m'a demandé à chaque fois de rassembler mes ressources profondes et mon courage (d'oser et d'être). Je ne pouvais pas aller au delà de ce que ce courage me permettait sans réveiller des angoisses profondes qui auraient anéanti toute vélléité de surpassement.<br /> <br /> > Rachel, tu me demandes : « Est ce que tu penses que tu es ce que nous croyons que tu es ? » Oh non, je ne le crois pas ! Il n'empêche que cette pluralité de regards (ici et dans la vie concrète), malaxée avec mon propre regard, me permet de mieux me définir. Savoir comment je peux être perçu m'instruis sur les perceptions croisées et me permet de me "reconnaître" ou me distinguer de ces regards.<br /> <br /> Ensuite il me semble que tu décris le phénomène des projections (voir l'autre à travers notre propre filtre). C'est bien ça ?
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R
"construire ma représentation de moi"<br /> <br /> ai-je bien compris : tu cherches dans nos réactions ce que tu es ? comment nous te voyons ? ce que nous projetons sur toi ? <br /> Est ce que tu penses que tu es ce que nous croyons que tu es ? ( merci M Pirandello). <br /> <br /> Je vois une contradiction avec : "En exposant "qui je suis"". De mes lectures précédentes, j'avais retenu que tu cherchais en te confrontant à autrui " qui tu étais". Là, je comprends que tu cherches à nous décrypter nous, dans le sens où, je ne suis capable de décrypter l'autre qu'avec mes propres moyens donc avec ce que mo, je suis.<br /> <br /> Je ne suis pas sure d'être claire, en tout cas ce dernier commentaire de ta part me semble relever d'une construction au ?ème degré.<br /> <br /> merci d'avoir lu jusqu'au bout ;-))
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A
l'antidote à la peur du jugement des autres, c'est l'identification de sa valeur propre, son potentiel, ses atouts, ses certitudes existentielles, etc...<br /> <br /> C'est à cela qu'il faut travailler en premier.<br /> L'affirmation de soi.<br /> <br /> il me semble que souvent on confond affirmation de soi en tant que telle (c'est-à-dire en soi et face à soi seul)<br /> et l'affirmation de soi face aux autres.<br /> cela ne tient pas du même dynamisme interne.<br /> Vouloir commencer par la deuxième chose, c'est toujours assez casse-gueule !!<br /> <br /> Vouloir lutter contre ses peurs est un leurre, parce que cela ne fait que les entretenir et les faire prospérer...<br /> <br /> c'est un peu comme les enfants qui aiment "jouer à se faire peur". plus ils avancent dans ce jeu... Plus ils ont peur... !<br /> pourquoi les enfants aiment jouer à se faire peur ?<br /> C'est que cela ressemble tellement à la sensation d'existence...<br /> Un peu comme la pub pour le Canada dry dans le temps...ça ressemble... Mais ce n'est pas ça !<br /> <br /> il faut poser des actes existentiels.<br /> Cela se fait à partir du *courage d'être*
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P
> Yogi, nous sommes au moins d'accord sur ton dernier paragraphe ;o)<br /> <br /> > Josiane, j'aime bien la métaphore du thé et des petits gâteaux. En effet ceux qui les apportent peuvent les choisir "doux et sucrés", voire mielleux ou "salés et épicés", peu importe. Tout comme le thé du jour peut avoir un goût qui ne plaît pas à tous. Mais la moindre des politesses c'est que ceux qui viennent boire ce thé n'en critiquent pas la préparation : je préfère qu'on ne vienne pas me dire que je ne sais pas faire et que je devrais le préparer autrement.<br /> <br /> > Anne, peur et envie ne sont-il pas des contraires ? Je crois que si la peur peut rendre agressif, l'envie aussi (désir d'être ou d'avoir). Pour ce qui est de l'injustice, à chacun de voir en soi ce qui déclenche un sentiment agressif quand on la sent bafouée sans en être directement victime. Moi j'ai ma propre explication, comme je l'ai détaillé, mais il y en a probablement d'autres et je serais intéressé d'en avoir un aperçu.<br /> <br /> Comment se place le critiqueur de blog ? Euh... faudrait lui demander ;o)<br /> <br /> A mon avis il aimerait simplement que les choses soient autrement, conformes à ses désirs (pojetés sur le blogueur)<br /> <br /> Je suppose que mes propos, à ces moments-là, "dérangent" ( = suscitent un malaise, ou *mal-être*, comme je le disais au départ). Je constate que les critiques devienent plus fortes et nombreuses quand j'aborde un certain type de sujets : ma façon de vivre les relations sentimentales hors d'une certaine norme. Que ce soit dans le rapport que j'entretiens avec mes partenaires ou dans mon choix de rester solitaire, d'ailleurs. Il n'y a qu'à voir le nombre de commentaires quand j'aborde ces sujets...<br /> <br /> Pourquoi cette augmentation des comms, avec souvent des avis critiques ? Je l'attribue à un réflexe de défense contre les idées/questionnements que je mets en avant. Je pense qu'elles sont perçues comme "menaçantes" par certain(e)s. Je sens, à tort ou à raison, une forme de pression pour que revienne à des idées plus "normales".<br /> <br /> L'agressivité vis à vis de personnes calmes ? Euh... là encore faut chercher en soi :o)<br /> Peut-être de la jalousie devant un stoïcisme qui paraît inatteignable par soi ? Une impression que ça manque de vie, donc que c'est un peu "mort" ? Une envie de casser cette image dérangeante ? Un agacement devant ce qui apparaît immobile ?<br /> <br /> « pourquoi toi, qui crains les jugements et l’agressivité, expose-tu ton « intimité » ou ton « extimité » ou ... toi, tout simplement ?<br /> ». <br /> Ouh la, grande et intéressante question ! Euh... je m'expose probablement pour me confronter à ma peur...<br /> Puisque j'ai *peur* des jugements (qui m'inhibent ou me révoltent), j'ai envie de me guérir de cette crainte qui perturbe mon épanouissement. En exposant "qui je suis", je vois ce qui se passe : acceptation, appréciation, indifférence, rejet, etc. Je ne cherche pas le « bâton pour me faire battre », mais quelque chose de consistant sur quoi construire ma représentation de moi. Si je me cogne trop fort à un obstacle "agressif", qui me blesse, c'est embêtant parce que cela me fait me rétracter. D'où l'importance de sentir une "résistance", qui me rendra vigilant, mais que je ne me fasse pas mordre trop brutalement, ce qui ne fait que confirmer que j'avais raison d'avoir peur !<br /> <br /> > Tina, c'est je crois que tu décris très bien la situation :o)
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T
Anne, le commentateur veut il être agressif au départ, se sent il lui-même agressif ou est il perçu, reçu comme tel ? <br /> <br /> Ce qui rend le commentateur « agressif », c’est peut être la frustration de se sentir inutile, quand le désir qu’il a de vouloir aider n’est pas reçu, le fait de se sentir impuissant lorsque que l’on pense que l’autre a besoin d’aide, ou d’éclaircissements, de conseils.<br /> <br /> Ce qui part d’un bon sentiment, de la part du commentateur, aider l’autre en le bousculant un peu, vouloir aider, est perçu comme déplacé, agressif, comme un manque de respect.<br /> <br /> Il est en effet facile d’interpréter que quelqu’un qui se confie intimement demande une aide, or ce n’est apparemment pas le cas, Pierre nous dit qu’il attend un partage, une écoute, un regard, mais pas un jugement, ni une aide.
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A
Pierre, j’adhère (presque) à ta vision des choses : l’agressivité est une réaction à la peur et « l’agressivité positive » est plus une pulsion de vie...<br /> <br /> Petit exercice : je cherche ce qui peut mener à l’agressivité :<br /> Je crois qu’il y a l’angoisse. La différence entre l’angoisse et la peur est souvent négligeable pour beaucoup, ça ne l’est pas pour moi.<br /> Il y a le stress... mais qui se ramène souvent à la peur ou l’angoisse de ne pas réussir ce qui nous est demandé par un supérieur ou la vie en général.<br /> Il y a l’injustice. Mais apparemment, tu le places dans une peur global par rapport à un groupe... J’avoue que pour ma part, j’ai du mal.<br /> La jalousie... mais il est largement admis que c’est une peur de perdre l’autre.<br /> L’envie... là, je ne vois pas trop la peur...<br /> Ceci n’est pas exhaustif, mais je reconnais que la peur est souvent l’explication à l’agressivité.<br /> <br /> Je me demande comment se place le « critiqueur » de ton blog... ?<br /> <br /> Et du coup... je me demande comment situer les personnes qui deviennent agressives au contact de personnes passives, calmes, stoïques, etc...<br /> Quelqu’un a un avis sur la question ? Ca m’aiderait bien ! ;-)<br /> <br /> Et une autre question me vient (que tu poses souvent dans tes textes), pourquoi toi, qui crains les jugements et l’agressivité, expose-tu ton « intimité » ou ton « extimité » ou ... toi, tout simplement ?<br /> Quelque part, c’est un peu tendre le bâton pour te faire battre. Même si tu as réussi assez bien à attirer un lectorat qui te correspond bien.<br /> <br /> « la peur du "différent de soi" pourrait bien être un des plus efficaces ferments de ce qui rend "con" »... effectivement ! :-)) Mais faut quand même y ajouter une certaine résistance... pour ne pas dire une résistance certaine au « penser par soi-même ». ;-)
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J
Bonjour Pierre et bonjour à vous tous... j'aime bien venir ici le matin lire ce que vous avez dit pendant que je dormais...je n'ai rien à rajouter, ce qui est intéressant c'est de voir nos différents points de vue...<br /> "Le conflit est la rencontre de deux idées, de deux raisonnements, de deux personnalités. Source de relation, d'énergie et de richesse s'il est accepté et géré, il est le passage nécessaire vers la construction du monde" Caroline Tillon<br /> "Je cherche à trouver une personne qui pense le contraire de moi. Je l'écoute. Je cherche à comprendre pouquoi elle pense ainsi. Je reconnais son point de vue comme pertinent en égard à son histoire personnelle. Je discute et réfléchis avec cette personne pour faire la synthèse de nos deux anlayses." Isabelle Filliozat <br /> <br /> "Peut-être est-ce sur ce point que nous ne tombons pas d'accord : je ne parle pas de peurs systématiquement égocentrées, même si elles sont "viscérales". PIERRE<br /> <br /> "Et je constate qu'une fois de plus nous n'avons pas la même vision des choses :-) ... Mais bah, toi et moi, cela n'a au fond guère d'importance, si cela permet au moins d'alimenter la réflexion des autres lecteurs(trices) YOGI<br /> <br /> Il me semble que "l'esprit du salon de discussion" est là...on ne peut guère aller plus loin puisqu'on ne connaît pas l'histoire personnelle de l'autre...cependant je confirme ce que je dis souvent ici...c'est très enrichissant!<br /> Merci à vous tous, mais bien sûr surtout Merci à toi Pierre de nous inviter dans ce salon, tu fais le thé et on appporte les gâteaux...la cerise sur le gâteau c'est ce que chacun de nous pourra recueillir pour son développement personnel, pour son bien-être, pour son évolution...<br /> Bonne journée à vous tous avec au passage une petite bise envoyée à l'intention de Julie...
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Y
@ calamityjane : Ma "relative animosité' était une litote. Ce genre de propos me met hors de moi ; ils ont complètement à voir avec le bien et le mal et pas seulement avec mes valeurs, mais la digression nous entraînerait trop loin :-)<br /> <br /> @ Pierre : Le type dont je parle exprime ses opinions, tout comme nous tous sur ce fil ou sur les fils précédents qui ont déclenché tout ce débat. Il est tout à fait dans l'échange avec les gens autour de son canapé, exactement comme nous ici.<br /> <br /> J'ai simplement pris ce cas extrême, d'opinions largement jugées choquantes ou révoltantes, pour faire passer mon point qui était "notre indignation - et notre agressivité - face à une opinion exprimée n'est pas nécessairement due à la peur".<br /> <br /> Car pour moi en effet, je ne qualifie pas de "peur" le sentiment que j'ai face à une opinion en opposition avec mes valeurs, sauf, me semble-t-il, à poser le prisme de la peur sur toute notre relation au monde.<br /> <br /> Et je constate qu'une fois de plus nous n'avons pas la même vision des choses :-) ... Mais bah, toi et moi, cela n'a au fond guère d'importance, si cela permet au moins d'alimenter la réflexion des autres lecteurs(trices) :-) !
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